•• Guerre du Golfe (1990-1991), 4-5 ans  ••

Si je ne me rappelle pas où je suis née ou qui sont mes parents, mes souvenirs sont très vifs vis-à-vis de ce conflit. Les orphelins sont vite oubliés au milieu de ces disputes de grands hommes. Nous pouvons crever de faim – littéralement –, personne ne lève le petit doigt. J’en ai vu un paquet de copains squelettiques, qui finissent par ne plus se relever – si une balle ne les fauche pas avant. S’il est difficile à trouver à manger en temps de paix et de richesse, c’est tout bonnement impossible en temps de guerre. Il faut prendre son courage à deux mains et aller chercher sa propre pitance, soit en quittant la zone sécurisée et explorer les environs sauvages mais sujets à des conflits entre deux armées, soit en tentant de piquer dans les réserves et les magasins. Moi, j’ai opté pour la seconde option et je me suis faite prendre la main dans le sac, par la pire espèce en ce bas monde : un divin.

•• La tyrannie du divin (1992-2001), 6-14 ans  ••

Le dieu m’a trouvé bien drôle, avec ma tenue en lambeau, mon air hagard et surtout mon absence totale de pédigrée. Je n’ai ni nom, ni prénom, ni ami, ni proche, ni connaissance là où je vis. Je suis littéralement personne. Il a cherché longuement un nouveau bouffon pour l’amuser et le servir. Et il m’a trouvé, bonne poire affamée et prête à tout pour un bout de pain rance. Ce connard m’a recueilli, ou plutôt, il m’a asservi et façonné. Soudainement, Samara devient Oumar. Oumar par-ci, Oumar par-là.

Divinité guerrière violente et chaotique, elle m’a entrainé dans son sillage, d’un conflit à un autre, d’une horreur à une autre. Je l’ai vu négocier avec les grands, vendre des flingues à deux parties opposées, manipuler et manigancer les conflits, torturer pour ses besoins ou pour son plaisir et, surtout, malmener autant les innocents que les coupables. Là, j’ai compris qu’il faut des flingues ou le pouvoir pour se faire entendre – ou les deux idéalement. La paix n’est qu’une pause, le temps que chacun fasse le plein de poudre, de nucléaire, de lame et autres joyeusetés.

J’étais sa petite assistante, prenant note, tenant les outils, apportant mon aide dans quelques opérations de tortures ou d’interrogatoires ou d’assassinats – car il faut bien émuler la colère des foules avec des martyres –, m’entrainant à être son chien de garde à terme. Pour chaque bon service, j’ai droit à un repas par jour. Pour chaque rire que je lui arrache, j’ai droit à une sucrerie. Enfin, une fois par trimestre, j’ai droit à une nouvelle tenue.  A cette époque-ci, c’était beaucoup pour la gamine des rues que j’étais.


•• La première cellule déicide (2002-2005), 15-18 ans  ••

Moi, je ne pensais pas le trahir en toute honnêteté. Non pas parce que je l’adorais, mais parce que je n’ai jamais envisagé qu’il existait d’autres options. Le mal s’est insinué bien différemment. Ce divin a été dans le collimateur de plusieurs personnes, allant d’une cellule déicide à des divinités de panthéon étrangère. Et puis, il y a ces bons samaritains qui refusent qu’une jeune fille soit victime d’injustice. J’ai eu droit aux deux types : l’ennemi déicide et le samaritain à visage humain.

Le premier a étudié longuement la divinité guerrière et a préparé un beau plan pour la piéger et la tuer. Le second m’a bousculé avec sa compassion, sa protection et sa sincérité et m’a ouvert les yeux sur le monde.

J’ai commencé à me rebeller, remettant en question les pratiques de la divinité. Je le bouscule, je l’étonne, je l’énerve. Distrait de ses tâches, sa colère et sa méfiance sont tournées entièrement vers moi. Il n’a pas vu venir le coup de ses ennemis. Une nuit, tout est parti en feu et en flamme, littéralement. Il a fui in extremis, m’abandonnant entre les mains des déicides. Ils m’ont recueilli, ils m’ont longuement interrogé et, surtout, ils ont cherché ma famille. Et ils ont compris que je n’ai rien, absolument rien.

Je suis restée avec eux durant trois longues années.

Une année enfermée dans une cellule, quoique nourrie convenablement. Mes tâches quotidiennes se résumaient à décrire mon quotidien avec la divinité, à reporter toutes ses connaissances et rencontres et à décrire ses pouvoirs avec détails. J’étais une petite mine d’information.

Deux années à m’intégrer parmi eux. Car ils m’ont convaincu que les divins sont le mal. Et qu’il faut les combattre.

•• La seconde cellule déicide (2006-2010), 19-23 ans  ••

Si j’ai fini par adopter la cause déicide et que la cellule déicide m’a adopté, le passif a été trop lourd pour que je reste là-bas. La majorité de cette cellule a été une victime de cette divinité que j’ai servie et, malgré toute ma collaboration, je reste le toutou du divin pour certains. Ma présence était une source de tension. Alors, j’ai été transféré dans une nouvelle cellule.

La situation s’est nettement améliorée. Si je me suis assez vite distinguée pour mes compétences, je ne me suis pas aussi bien intégrée. Enfant de guerre, chien de garde d’un divin, prisonnière puis adoptée d’une cellule … je n’ai pas vraiment eu d’occasion de développer mes compétences sociales. J’ai passé la majeure partie de mon enfance et de ma jeunesse à apprendre à me battre, à connaitre les façons de torturer autrui, à décrire toutes les créatures et divinités que j’ai pu croiser directement ou indirectement – et donc à avoir droit à des enseignements poussés pour que je donne des noms précis et clairs. Il n’a jamais été question d’avoir des amis, des petits copains et j’en passe.

J’ai été cette marginale qui bat à plat couture ses camarades déicides, qui passe ses pauses à lire ou à interroger les archivistes et qui enchaine les missions. Sans surprise, j’ai vite gravi les échelons. D’élève, je passe assistante d’un mentor. D’assistante de mentor, je suis à deux doigts d’être promue mentor. Finalement, on me transfert ailleurs. Une cellule a besoin des meilleurs éléments pour des missions extrêmement risquées. Je ne refuse pas. Je ne cours pas derrière l’argent ou les promotions, mais derrière les divinités capricieuses et odieuses, qui s’amusent des vies humaines sans aucun scrupule.

•• La troisième cellule déicide (2011-2015), 24-28 ans  ••

Je les ai croisés là : Donovan et les autres. J’ai appris là, à faire des concessions et des compromis avec les aberrations divines. J’ai touché là, ma première arme divine – je l’ai effleuré et ça m’a suffi. J’ai été libre, parmi eux. Capturer, torturer et tuer, ou tuer tout simplement … la priorité est l’éradication du mal. Le bonus est l’obtention d’informations supplémentaires. Et je m’y adonne entièrement et totalement.

Jusqu’à ce que je commette cette maudite erreur. Une gamine maudite, très récemment, par une créature mythologique. Les arguments ont fusé de tout part. Moi, prise d’un instinct maternel impromptu, persuadée qu’il ne faut pas la tuer car elle n’a rien fait et qu’il doit exister un remède à son mal. Les autres, qui se divisent entre les pro et les contre. La tuer ou ne pas la tuer, telle est la question. Et je me porte garante de la petite.

Belle connerie. Un beau jour, un article de presse relatera en détail un odieux carnage dans le voisinage où la petite a été déposée. J’ai enquêté, mais priant à chaque instant qu’elle n’est pas la cause de cette horreur. Elle l’était, malheureusement, incapable de maitriser la violence de sa nouvelle nature. Alors, je l’ai tué. Et je me suis jurée que je n’hésiterai plus avec les non humains ou les humains maudits.

La mort est le seul remède au Mal.  

•• L’agent nomade, depuis 2016, 29 ans  ••

Après une longue discussion avec la cellule, nous avons convenu qu’il est impossible que je prenne la direction d’une cellule ou que je devienne un mentor. Je manque cruellement de soft skills, alors que j’ai un talent considérable pour la mise à mort. Il a été entendu que je sillonnerai ce beau monde, à la poursuite de créatures et de divinités, que j’interviendrais là où la mission est la plus sensible, importante ou complexe.

Et pourtant, ces six dernières années ont été les plus riches de mon existence. Livrée à moi-même, j’ai eu à interagir longuement et fréquemment avec autrui pour les interroger dans le cadre de mes enquêtes surnaturelles dans quelques petites localités – si aucune cellule ne me donne une mission –, pour mes courses hebdomadaires ou pour tromper mon ennui et ma solitude. Je me suis découverte quelques qualités humaines et, surtout, un certain talent artistique. Je dessine, j’écris des vers ; je m’amuse avec les couleurs, les formes et les vers. Je me suis aussi découverte une sacré passion pour la culture geek.

Je vis cette enfance jamais vécue … à ma trentaine passée.
Il n’est jamais trop tard, dit-on.

Avant de te lancer corps et âme sur le forum, nous tenions à te donner quelques informations importantes ! Promis cela ne prendra pas beaucoup de temps.

Allez, c'est parti !

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Et voilà c'est fini, je vais rendre mon micro et repartir tyranniser les membres dont tu fais désormais pleinement partie Te voilà paré à affronter le monde ! Comme on dit chez moi... Y'a plus qu'à! Bon jeu à toi!