Depuis le début du mois les évènements survenus au cours de la soirée du Nouvel An et dans les jours qui avaient suivis, n’étaient plus qu’un souvenir aussi bien dans les esprit humains que dans celui fort occupé de Circé. Un tsunami avait touché Massalia, la noyant sous les flots méditerranéens, entraînant une folie humaine devant être matée avec force par le gouvernement français. Une coupure des moyens de communication durant vingt-quatre heures. Ces premiers jours semblaient n’avoir été qu’une mise en bouche, préparant un terrain fertile pour la mort, des corps exsangue ayant été retrouvés un peu partout dans le pays. Mais outres les affrontements entre divinités pouvant faire rage sur le continent, ce fut la sensation viscérale que des morts divines étaient survenues qui avaient plongé l’esprit de la sorcière grecque dans une tempête ne semblant pas être prête d’être calmée.

Son regard observait la scène qui se déroulait devant elle. Elle avait été prévenue qu’un voleur avait été appréhendé et lorsqu’elle était descendue au sous-sol du casino, elle avait découvert un croupier en piteux état après avoir connu ce qui semblait être un interrogatoire musclé. Si la brune devait reconnaître une constante traversant les époques et ne variant pas d’un iota, c’était bien le fait qu’elle détestait lorsque son hospitalité était remerciée par la vilénie, lorsqu’un invité -ici un employé- se prenait d’envie de la voler. L’homme avait été maintenu fermement à genoux sur le sol tandis que les pas de Circé l’avaient vue s’éloigner momentanément des trois humains pour ouvrir le coffre-fort. Elle prit un flacon et elle était ensuite revue vers celui qui avait osé commettre un larcin.

- Je n’ai jamais aimé ceux qui osent s’en prendre à mes biens alors que je leur ai offert quelque chose. Ceux qui on osé me voler n’ont plus jamais recommencé…

Alors qu’elle s’apprêtait à ôter le petit bouchon scellant le flacon, elle senti le sol se dérober sous ses pieds et l’entraîner dans une chute dans l’obscurité. Un instant son cœur sembla s’arrêter sous l’effet de la surprise avant que face à la soudaineté de sa chute, les jambes de Circé ne se dérobent sous son poids lorsque ses pieds touchèrent à nouveau le sol. Prenant une profonde inspiration pour tenter de chasser la crainte qui s’était diffusée dans son corps, elle serra contre elle son poing serrant sa potion et elle se releva doucement, tapant les pans de son pantalon couvert de… terre ? Ses sourcils se froncèrent un instant avant que ses yeux ne s’écarquillent. Où était-elle ? Pourquoi ? Son regard parcouru les différents visages autours d’elle : qui étaient ces femmes et cet homme ? L’une d’entre elles ne lui était pas inconnue -heureusement- et une autre ne tarda pas à s’exprimer, directe. Sa langue claqua contre son palais alors qu’elle se tournait vers ce qui semblait être le chemin pour avancer. Un sol quelque peu terreux. Des murs végétation. Le ciel n’était que ténèbres. Rien de tout cela n’était engageant et la sorcière d’Eéa avait l’étrange impression que ce lieu ne lui était pas inconnu.

- Attirer de parfaits inconnus dans un tel endroit ne fait pas partie de mes activités. D’ordinaire, ils viennent à moi, répondit-elle tout d’abord avant de se retourner vers la divinité qui venait de s’exprimer. Je pense que celui nous ayant attiré ici serait idiot de se trouver parmi nous, répondit-elle, taisant la terrifiante hypothèse que son esprit lui soufflait concernant ce lieu.

Doucement, presque de manière imperceptible, les poils se dressaient sur la nuque de Circé tandis que sa mémoire lui soufflait le nom de cette harpie qu'elle avait tant pu haïr : Pasiphaé. Cette sœur qui avait épousé un des nombreux fils humains de Zeus et roi de Crète, Minos. Un idiot qui avait osé contrarier un dieu, faisant en payer le prix à son épouse. La brune coula un regard vers Cassandra, cherchant sur les traits de la déesse une quelconque marque d'appréhension quant à ce qui les attendait, avant de poser sur regard l'homme qui s'était rappproché d'elle. Elle haussa un sourcil, la confondait-il avec une autre femme ? L'homme approcha son visage du sien, venant lui murmurer quelques mots. Elle senti ses yeux s'écarquiller de se surprise, le souvenir de Belzébuth dans sa villa italienne revenant a la surface de son esprit, tandis qu'il s'éloignait déjà en s'adressant aux autres femmes. Au moins pourrait-elle compter sur un autre vieil allié... Oui, il fallait réfléchir ensemble pour sortir de ce qui pourrait tout à fait être un châtiment aux Enfers.

Chacun allait de sa réflexion mais tous tendaient vers la même hypothèse : ils trouvaient dans un labyrinthe. La grecque se pinça lèvres avant de prendre une profonde inspiration, desserrant légèrement sa poigne sur sa potion. Nyx avait raison il fallait avancer et ne pas attendre que le danger parvienne jusqu'ici : de tous ceux qui étaient présents, Circé serait la seule à se relever dans le même corps, le sien, et il n'était pas question qu'elle reste piégée des siècles à mourir continuellement. Aussi, il n'était peut-être pas judicieux de ne partager son hypothèse qu'à Belzébuth, dont le bras semblait déjà être pris par cette brune (Keyra) qui elle aussi voulait avancer.

- Ce n'est pas n'importe quel labyrinthe, je crois qu'il... s'agit du labyrinthe. Celui qui fut autrefois au coeur de la Crète, offert au roi Minos. Celui dans lequel furent envoyés toutes les neuf années par Athènes, sept jeunes hommes et sept jeunes femmes. Celui dans lequel le fils maudit de ma sœ... Elle secoua légèrement la tête avant de s'éclaircir la voix. Pourquoi fallait-il que d'une manière ou d'une elle paie les humeurs des dieux ? Elle posa son regard sur la jeune fille (Tatiana) qui, farfouillant son sac, venait d'énumérer ce qui pourrait lui être utile pour se défendre. Prend tout ce qui peut te servir, jeune fille. Mais dès que tu vois le danger arriver, cours aussi loin que tu peux et laisse des marques pour que l'on te retrouve. Vous aussi, dit-elle à la jeune femme qui semblait complètement perdue et en proie à la peur (Lélia). Allons-y et ne restons pas seuls dans le labyrinthe, nous n'aurions aucune chance.... Jeune fille, quand nous prenons un tournant marque-le de sorte à ce que l'on sache de quelle direction venons. C'est la meilleure solution sans le fil d'Ariane.

Tandis qu’elle communiquait des informations sur l’endroit dans lequel il se trouvait,  Circé observa un instant Nyx avant que son regard se porte tour à tour sur les deux jeunes femmes qui semblaient être humaines au regard de leurs réactions. Si cela était nécessaire elle pourrait semer la confusion dans leur esprit afin qu’elles soient plus ouvertes aux suggestions, l’une ou l’autre ferait un bon appât pour fuir. Quant aux autres…Celle originaire de l’Extrême Orient semblait prête à veiller sur la petite blonde et lorsqu’elle suggéra qu’un des trois autres -Circé comprise- devrait se charger de la protection de l’autre humaine, le grecque prit une profonde inspiration tandis que l’autre brune (Keyra) demandait qu’ils fassent en sorte que l’humaine (Lélia) ne saigne plus. Elle sursauta lorsqu’en un instant celle qui se révélait être un oupyr se retrouva si proche d’elle.

Poursuivre ses explication et révéler son identité ? Ou se contenter que du minimum ? Quoi qu’il en soit, Circé ne pu retenir un sourire impressionné aux mots de la jeune femme (Tatiana) : très respectueuse et au fait de comment se comporter en présence de dieux. Une prêtresse ? Une progéniture divine qui n’avait pas encore tourné comme celle de Zeus ? Intéressant.

- Il a été demandé à Dédale d’améliorer ce cadeau divin pour s’assurer qu’Astérion et les humains qui lui étaient offerts pour le nourrir ne sortent jamais du labyrinthe. Ce doit être la magie du labyrinthe qui nous a attirés ici et je doute qu’il laisse Ariane intervenir comme la dernière fois. Alors attendez-vous à ce qu’à tout instant nous soyons pris en chasse par le Minotaure ou que nous activions des pièges, répondit-elle à l’attention de Belzébuth, de la petite blonde et de l’asiatique. S’avançant vers le démon et l’oupyr qui avaient commencé à avancer, l’enchanteresse lança par-dessus son épaule à l’attention de l’humaine « blessée » (Lélia) qui semblait : Les humains oublient si facilement les histoires, quel dommage… Si je devais t’offrir le gîte et le couvert, un dieu avisé te dirait d’y réfléchir à deux fois avant de boire quoi que ce soit. J’en ai déjà trop dit et je ne voudrais pas donner des idées à l’oupyr et la déesse qui s’occupe de la petite. Ecoute-la d'ailleurs, elle sait comment se comporter en présence des dieux ! Puis elle tourna le visage vers Belzébuth et l’oupyr, parlant suffisamment fort pour que la dénommée Tatiana, l'entende. Commençons par aller à droite puis suivons le mur de gauche et marquons les tournant. Je n’ai qu’une fiole, je ne pourrais pas l’utiliser indéfiniment si nous enchaînons les déconvenues.

Elle commença alors à avancer à leur côté tandis qu’un aquilon se levait, annonciateur de ce qui pouvait les attendre plus loin, chargé d’une magie venant envelopper Circé et qui la vivifiait tandis qu'avec une force folle, il la transportait plusieurs mètres en arrière, au croisement opposé à celui qu’elle avait indiqué.

Se trouver dans cet endroit faisait remonter à la surface de l’esprit de Circé des souvenirs qu’elle s’était employée à enfouir profondément. Des frères et une sœur qu’elle n’avait jamais vraiment cessé de haïr même lorsque Pasiphaé avait payé les errements de son époux, ils avaient tant cherché à nier son existence que Circé s’était satisfait des mésaventures qu’ils avaient connus. Sentant une vague de soulagement l’envahir momentanément à la mort de chacun d’entre eux mais aujourd’hui sa sœur venait la hanter. Chassant ses souvenirs, la sorcière s’employa à donner des détails sur le labyrinthe afin que les autres se tiennent prêts à affronter ce qui se présenterait à eux. Ou à fuir. Des différents échanges, deux patronymes purent être mis sur deux visage : Keyra Weiss pour l’oupyr, Tatiana Dourov pour la blonde. Seuls les plus expérimentés semblaient déterminés à ne pas prononcer leur nom actuel.

Un vent violent finit par se lever, les faisant reculer de plusieurs mètres sans toutefois leur porter atteinte. Une mise en bouche de ce pouvait les attendre à mesure qu’ils s’enfonceraient dans le labyrinthe. Lorsqu’elle put avancer de nouveau, non sans avoir prévenu Belzébuth sur sa capacité à utiliser ses pouvoirs et donné une direction à suivre, elle fut rejointe par Nyx qui s’adresser discrètement à elle.
- Poséidon l’a maudit, tout est possible, répondit-elle tout aussi discrètement avant qu’une brume épaisse ne se lève peu à peu autours d’eux jusqu’à finalement les envelopper totalement. Alors qu’elle prenait une profonde inspiration, Circé commença à sentir la faiblesse imprégner ses membres avant qu’une violente quinte de toux vienne s’emparer d’elle. Portant sa main à sa bouche, la brune toussa plusieurs fois et à chaque expectoration du sang venait tâcher sa main.

Dieux que Dédale avait été brillant.

Sa main enserrant à nouveau avec force sa fiole, Circé attrapa le bras de Nyx de sa main ensanglantée pour la rapprocher du mur de végétation que l’enchanteresse commença à longer tandis que la voix de Belzébuth s'éleva non loin d'elles.

- Keyra écoutez-le, je ne tiens pas à ce que la Soif Rouge vous pousse à nous vider de notre sang au pire moment ! lança-t-elle en continuant à s'avancer prudemment. Ce n'est qu'une mise en bouche de ce qui peut nous attendre ici, ne traînons pas ou cette brume aura tué ces humaines avant même que l'on puisse réciter les décimales de Pi.