Réaction classique. L’homme a pu revoir le fantôme de sa femme, et maintenant, il en demande plus à Selene, qu’il prend pour une médium, en crachant son venin et en la pensant sans cœur parce qu’elle est, en fait, incapable de faire plus. Mais la question mérite d’être posée. Le sait-elle, seulement, ce que c’est que d’être humain  ? Et bien, en vérité, elle pense le savoir. Elle ne l'a pas toujours su, puisqu'elle s'est incarnée, un jour il y a de cela quelques cinq milles ans, dans la Grèce Antique. Incarnée, car Hecate est née déesse, née de croyances très vives, à l'époque, en la magie. Il lui a fallu du temps pour trouver un équilibre avec les vivants, elle qui s'est toujours sentie plus à l'aise avec les morts. Elle a longtemps vécu dans le monde souterrain, tenu compagnie à Hadès et Perséphone, ou même à Nyx, ne revenant sur terre que pour collecter ce qu'elle ne trouvait pas en bas pour ses préparations. Bien que faisant partie des douze olympiens, Hecate a toujours été une déesse discrète, du style à se contenter de son nombre d'adeptes, sans chercher à en avoir plus, déjà, à l'époque, timide. Quand son panthéon a provoqué inimitié et attaques venant du panthéon celte, Hecate a courageusement fait face avec les siens mais lui manquait la volonté d'écraser son adversaire, de le mettre définitivement à bas... Pour la simple et bonne raison qu'elle ignorait comment faire pour tuer un dieu, ce qui était autant une bonne qu'une terrible nouvelle. D'un côté, ils ne pouvaient pas mourir, de l'autre, leurs ennemis non plus. C'est pour ça que les choses ont fini par se tasser pour eux, bientôt relayés dans l'histoire pour l'ère du christianisme qui les enverrait tous, dieux païens, en même temps que les nordiques, les slaves et divinités africaines, plus tard, dans l'oubli. Hecate a profité de l'oubli pour se retirer du monde le temps d'une vie d'homme. Pendant une cinquantaine d'années, elle s'est établie, a eu un mari, des enfants qui ont grandi, puis des petits-enfants, et quand ça n'a plus fait sens pour elle, elle est repartie. La déesse n'oubliera jamais cette parenthèse dans sa longue vie, une expérience comme elle en connaîtrait peu.

Et toi, est-ce que tu sais seulement de ce que c'est, que d'être humain?! » L’homme est là, à supplier, sous l’œil indifférent de la déesse. «Il n’y a rien de plus que je puisse faire. Vous avez la réponse à votre question. Maintenant, veuillez me laisser je vous prie. » L’homme n’a pas l’air décidé à en rester là. Calmement, Selene siffle. Quelques secondes plus tard, alors que l’homme tente de la dominer par sa taille, ses deux mains resserrées en poings, deux énormes chiens noirs entrent dans la pièce et s’interposent entre leur maîtresse et son client, tous crocs dehors et bave aux babines. L’homme esquisse un mouvement de recul, les chiens regagnent pour Selene le terrain qu’elle avait perdu. « Je me répète. Je ne peux rien de plus, veuillez me laisser. La porte, derrière vous. » La porte de son bureau, attenant à son manoir, où elle recevait les âmes plus désespérées, bien souvent celles prêtes à sacrifier toutes leurs économies. Ce genre de réaction, au terme de sa séance, est en fait bien anodin. En cela, ses chiens lui sont d’une aide précieuse. Assez menaçants pour que l’homme sorte en maugréant, et que, l’instant d’après, Hecate ne lui en interdise le passage.

Les clients contrariés sont le premier de ses maux, mais maintenant, elle s’y est faite. Passer ses nerfs sur les mortels qui l’interrompent pendant quelque chose d’important a un effet très thérapeutique sur la gestion de la colère, de même que récompenser les méritants, mais tout cela ne sera jamais équivalent à la réalisation d’un rituel, accompagnée de son coven. Pour l’instant, avec sa fraîche arrivée à Paris, elle repart de zéro et doit se reconstruire une communauté. Ce sera facile. Les médecines alternatives ont le vent en poupe et on ne compte plus les pseudos sorcières adeptes des pendules et du tarot. Néron, son énorme –même pour cette race- terre-neuve, à sa droite, aboie d’impatience, finalisant de sortir sa maîtresse de sa brève rêverie autant par le son mélodieux de sa voix que par les éclaboussures de bave qu’il envoie valser partout. Le mécréant parti, il est l’heure de la récompense. « Oui oui, ça va, j’arrive… » Elle tente de le faire patienter, mais la mule trépigne, piaffe et geint, et avec lui Brutus, son dog allemand. Les griffes des deux bêtes attaqueraient le carrelage si elles pouvaient, les deux grands nigauds dérapant d’impatience au moment de se ruer sur leurs gamelles respectives. Il semble à Selene qu’elle a à peine le temps de se retourner qu’ils ont déjà terminé. « Morfales combat… » Elle s’amuse, en constatant les auges nettoyées de toute trace de croquette par deux tornades noires à quatre pattes.

Et pendant ce temps, son thé l’attend. Il est encore chaud quand elle le porte à ses lèvres, appréciant toujours le frais et la simplicité du thym mélangé au miel et au citron. Il y avait longtemps qu’elle n’avait plus repensé à son passé… Déesse, son essor avait été chaotique. Son enveloppe a été détruite deux fois en un temps très court, deux fois assassinée par un homme, mais pas le même. Le cycle s’est achevé quand elle s’est réincarnée dans la fille du second. C’était sa pénitence. Elle se souvient de comment étaient les Olympiens à leur première incarnation, encore grisés de leurs pouvoirs et se sentant invincibles. Zeus l’a accueillie chaleureusement parmi les douze, mais, dans son for intérieur, Hecate sait qu’il s’est toujours méfié d’elle. Quant à Héra, l’absence d’intérêt mutuel entre son cher époux et la nouvelle déesse l’a encline à une certaine sympathie à son encontre. Elle a demandé à vivre au royaume d’Hadès, écœurée pour un temps par les Hommes, et par leur nature violente. Il lui semblait impensable d’éprouver autre chose qu’un froid dédain pour l’expression la plus violente de l’Homme, à savoir la guerre, hélas, Hecate s’est laissée séduire comme une débutante. Alors qu’elle voyageait sur la terre à la recherche d’ingrédients pour ses préparations, elle est tombée sur un Arès très mal en point, salement amoché par une créature. « T’aurais dû voir l’autre… » Qu’il a rit, avant de tomber dans les vapes, et dans les bras d’une Hecate qui avait prévu autre chose de sa journée que de tenir la main à un dieu mourant… Elle est restée incertaine un moment avec le dieu inconscient dans les bras, sans trop savoir quoi en faire… Elle a hésité à le laisser là, il finirait bien par guérir tout seul, ou alors quelqu’un reviendrait finir le travail ? Elle ne l’a pas laissé là.  Elle s’est donné du mal pour le sauver, et ils ont parlé. Il fallait le garder éveillé. Le temps est vite passé. Hecate a pu l’aider, et le remettre sur pieds en déployant tout son savoir-faire en termes d’onguents et de soins. Et elle avait été faible. Comme une jouvencelle. Elle se rendrait compte plus tard que le dieu de la guerre avait la fâcheuse tendance à éveiller son côté jouvencelle… Combien de fois, au total, avait-il fini par la délaisser au profit d’Aphrodite, pour ne citer qu’elle ? Elle-même a perdu le compte, c’est dire…Et pourtant, quand ça avait été le moment fatidique de la première mort d’Arès, Hecate a laissé tomber tout ce qu’elle était en train de faire pour pouvoir être là et lui tenir la main au moment de rendre son dernier souffle. « A très vite, sale con… » Elle lui a chuchoté, le sourire aux lèvres... Avec le temps, c’était devenu un gag récurrent entre eux.

Maintenant qu’ils ont mangé, les chiens s’excitent parce qu’ils savent ce qui vient ensuite. Ça aboie, ça grogne, ça piaffe en accompagnant la petite femme d’un mètre soixante jusqu’au placard duquel elle sort laisses et harnais. Ça peine à tenir en place, Selene galère un moment à mettre le premier avant de hausser le ton « Néron ! Brutus ! » Elle adorait s’entendre crier le nom de ses chiens. Les deux énergumènes tournent une tête à l’oreille dressée et la langue pendante vers leur maîtresse, se calmant juste le temps de lui permettre de les équiper. Hecate a toujours eu des chiens. De gros chiens. Aimer les chiens, ça doit être un truc de dieux des enfers. Snickers aux pieds, longue jupe noire, débardeur au motif ésotérique sur le dos, bob sur la tête et lunettes colorées en forme de cœur sur le nez, le véhicule modèle réduit d’Hecate, Selene, passe enfin leurs laisses à ses deux compagnons et les voilà partis. Direction le bois de Vincennes pour pouvoir faire un peu courir tout ça.

La balle jetée, la chevauchée des walkychiens suit, et Hecate en revient à ses souvenirs. Elle a un sourire aux bacchanales auxquelles elle s’est adonnée avec Dyonisos, en partie pour vivre autre chose, pour être traitée différemment qu’en pis-aller, rôle dans lequel Arès l’avait reléguée. L’époque romaine a été particulièrement fastueuse pour elle, qui l’a passée dans l’effervescente compagnie du dieu des festivités lui-même, pour qui elle nourrit beaucoup d’affection, une affection qui perdure aujourd’hui, au point qu’il ait été le premier qu’elle ait appelé à son arrivée à Paris, et le seul qu’elle ait prévenu qu’elle arrivait. Elle et lui se retrouvent, ils ne sont pas des dieux guerriers et par les temps qui courent, on se pose la question de l’intérêt de leur domaine, jusqu’à leur incarnation. Une chance que le doute soit le meilleur allié d’Hecate.

La balle de tennis repart, et les deux molosses avec, suivit par le regard attendrit de leur divine propriétaire. Hecate a toujours eu des chiens. Des chiens noirs. Elle apprécie la loyauté et le caractère protecteur de ces bêtes, à qui elle s’efforce d’offrir une vie pleine et riche. Elle les emmène partout, et ils restent même avec elle dans sa boutique. Leur gabarit impressionne, dissuade les braquages potentiels, autant que certaines clientes, facilement impressionnables. Avec ses bagues, ces cristaux aux doigts, au cou et aux oreilles, et ses plumes et tresses dans ses longs cheveux couleur aile de corbeau, on s’attend plus à la voir avec un chat. Erreur, Hecate ne jure que par les chiens. Biens traités, ce sont des compagnons comme l’homme n’en mérite pas sur cette terre. Mains dans les poches, elle se souvient de la dernière fois que le panthéon s’est uni sous un sentiment de menace. C’était lors de la guerre avec les celtes pour l’Europe de l’Ouest. Si elle a pu épier leurs opposants grâce à l’aide de ses milliards d’espions et aider son panthéon à remporter des victoires décisives, la guerre ne se mène plus en pleine forêt de nos jours, et elle doute d’être une quelconque utilité… Nonobstant, elle serait là, pour soutenir les efforts d’Hera dans son effort pour garder le panthéon soudé. Elle ne ferait pas cavalier seul.

Il se met à bruiner. Hecate laisse faire, accueillant la pluie sur son visage, ses cheveux, ses vêtements, sans sourciller. Ses périodes de retrait dans le monde souterrain mises à part, elle a toujours vécu avec les saisons, par tous les temps alors la pluie ne l’a jamais dérangée, même si la grecque regrette déjà le climat doux et particulièrement généreux de la Grèce. Quitter sa maison entourée d’oliviers sur un parc d’un peu moins d’un km² avait été un crève-cœur. Selene adorait sa maison. Elle avait pour habitude de regarder le soleil se lever et se coucher, le premier avec un café ou un thé, le second avec une bière ou un hydromel. Elle a cherché ici, à Paris, une bicoque avec un terrain… Pas moyen. Les maisons avec jardin n’ont rien de bicoques, donc elle est maintenant l’heureuse propriétaire d’un manoir parisien avec parc privatif. Cher ? Odieusement, mais traverser les siècles et rester pauvre, ça demande de la volonté. Une fois n’est pas coutume, elle accueillerait cette fois son coven dans le luxe plutôt que dans la frugalité.

Ca la changera drastiquement de ses habitudes. Déesse discrète, après la chute de son panthéon, Hecate a survécu en parasite des communautés, pendant des siècles. Sa technique était toujours la même. Elle arrivait dans une communauté, récemment veuve et débarquant tout droit de la campagne, se présentant avec des paniers de muffins, des tartes, des gâteaux ou autre, elle était généralement bien accueillie. A ce stade, la femme la plus influente de la communauté vient la jauger. Hecate s’y soumet de bonne grâce, ce qui pousse la femme à la prendre sous son aile et à en faire son amie. Quand le degré de confiance était suffisant, elle initiait alors cette femme à la sorcellerie, et, très rapidement, aidée de l’influence de cette femme, elle se retrouvait alors avec un coven comptant de nombreuses âmes, toutes des femmes, prêtes à s’adonner à ses rituels. Seulement, Hecate le sait bien, elle ne fait que s’asseoir sur une poudrière. Le schéma se répète inlassablement. Dès que le secret du coven est découvert démarre la chasse aux sorcières. Lors des procès de Salem, elle a partagé le sort de ses sœurs de coven et est morte brûlée vive sur un bûcher. Après cela, le retour à l’éther lui a été salutaire.  Elle ne s’est réincarnée que bien plus tard, dans l’Europe du XVIIIe siècle. C’est à cette occasion qu’elle tombe sur les créations du dieu slave Chernobog, Jana et, plus tard, Johannes. Ce qu’a réussi à faire Chernobog est un tour de force, et elle attend, encore aujourd’hui, ardemment une occasion de le rencontrer pour lui faire part de son admiration, et lui demander… Comment ?

Selene pousse un profond soupir et relance la balle, referme son gilet en cache-cœur sur elle pour se protéger un peu du froid, rendu plus mordant avec la fine pluie qui s’était mise à tomber un peu plus tôt. Elle doit encore installer sa boutique comme elle le souhaite, l’ouverture étant prévue dans une semaine. Elle se laisse un délai de trois mois pour reconstituer un nouveau coven. Les médecines alternatives font leur grand retour, il n’existe que peu de personnes dans ce monde, s’il en existe, capables de lui apprendre quelque chose au niveau des plantes et de leurs effets, elle croit dans une expansion rapide de sa clientèle, et le coin ésotérisme rameuterait toutes les sorcières potentielles. Oui, c’est beaucoup plus facile quand on peut afficher pignon sur rue. Les temps changent et, pour la première fois depuis des millénaires, ça l’arrange. Intérieurement, la déesse se réjouit néanmoins de l’arrivage d’une variété extravagante de plantes dont elle fera des boutures qu’elle mettra en vente dans son magasin. Être entourée de vert, il n’y a que ça de vrai. Peut-être y aurait-il même des méritantes qui pourront s’adresser une dernière fois à un disparu, si elles le souhaitent. Après tout, elle aussi une déesse du monde souterrain.

Avant de te lancer corps et âme sur le forum, nous tenions à te donner quelques informations importantes ! Promis cela ne prendra pas beaucoup de temps.

Allez, c'est parti !  

•• Un doute, une interrogation? Viens poser Une Question.
•• Essentielles pour le forum Participer Aux Animations et plus particulièrement à la mission vote pour aider à faire connaitre le forum. Tu pourras gagner des gains qui te seront des plus utiles sur le forum  !
•• Parce que sans, on peut se sentir tout nu, viens par ici Demander Un Rang.
•• Plus largement (et je ne parle pas du tour de taille de mon beau frère   tu trouveras l'ensembles des démarches administratives dans ce forum
••Le grand classique, avec un petite subtilité, ouvrir un sujet demande de Liens ET de rps (oui, on est des fous, on a regroupé deux sujets en un). Bien sur, penses à passer dans le sujet des autres pour te créer des liens et obtenir des rps !
•• Si tu veux de lancer dans le grand bain, et que tes actions est un impact sur l'intrigue, partir à la recherche d'objets divins... Rendez-vous dans ce sujet.
•• Pour que ton personnage puisse communiquer, prends le temps de lui ouvrir un sujet contacts.
•• Viens Créer un Scénario / une banque de pré-lien ou proposer aux membres qui sont en train d'en créer un un lien avec ton perso !
•• Plus trop envie de rp ? Rejoins nous dans Le Flood et si le cœur t'en dit, vient t'amuser dans Les Jeux. Enfin, tu peux rejoindre notre discord.
•• Une absence ou un ralentissement? Viens nous prévenir dans ce forum !
•• Enfin, tu les connais sans doute déjà, mais je t'oriente vers la présentation Du Staff.

Et voilà c'est fini, je vais rendre mon micro et repartir tyranniser les membres dont tu fais désormais pleinement partie  Te voilà paré à affronter le monde ! Comme on dit chez moi... Y'a plus qu'à! Bon jeu à toi!