Il fallait faire quelque chose. Alors j'étais partie avec Teutatès et Taranis pour chercher des traces de Loki. Pas pour le combattre, enfin je sais que les deux autres en seraient ravis, mais plus pour trouver d'éventuelles erreurs, faiblesses qu'il aurait pu laisser ou essayer de dissimuler. Des semaines de recherches, de fuite, de combat aussi à une ou deux reprises, mais rien de problématique. Enfin si, j'avais noté deux points compliqués. Le premier c'est qu'on ne trouvait rien, ni en Allemagne, ni en Angleterre. Le second, c'était Teutatès. Je sentais bien que quelque chose n'allait pas. Il n'était pas... Je ne sais pas... Je le sentais différent, sans que je ne sache ni pourquoi, ni ce que je pouvais faire pour l'aider. Je me sentais presque impuissante et ça m'agaçait profondément. Alors je ne disais rien, me contentant de l'observer, d'attendre, de voir s'il y avait du changement, que ce soit en positif tout en priant intérieurement que ça ne se dégrade pas. Je me rendais alors compte que je prie plus souvent ces derniers mois que le reste de ma vie. Quand on sait à qui adresser ses prières, c'est tout de suite plus facile.

Le retour en Angleterre avait été compliqué pour moi. Pour diverses raisons, mais il le fallait. On avait rapidement parlé de cette malédiction qui pesait sur ma famille depuis trop longtemps et qu'il fallait y mettre un terme. Oui, mais comment ? J'avais toujours pris ça pour une histoire qui se racontait dans ma famille, mais c'était pourtant la réalité. Ma famille avait été maudite pour s'être détournée des celtes. Aujourd'hui, j'inversais la situation et cela n'avait donc plus lieu d'être. Mais je sais que ce n'est pas aussi facile. Au cours de nos pérégrinations, on était passé pas loin de mes terres familiales, qui me reviennent de pleins droits vu que je suis la dernière héritière. Mais je ne peux pas m'y rendre, je doute bien que les déicides n'aient toujours pas digéré ma trahison et je ne veux pas prendre de risque. Mais c'était dur d'un point de vue personnelle, parce que je n'avais toujours pas pu me rendre sur la tombe de ma mère. Pas plus que je ne savais si elle avait été tuée ou si elle s'était donné la mort. En bonne catholique qu'elle avait été, je doute fortement de la seconde hypothèse, mais qui sait.

Puis on avait été vers le Nord pour se rapprocher du tombeau d'Odin. Malheureusement, à part des Valkyries, nous n'avons rien trouvé. Les garçons ne sentaient rien de particulier et ce fut un autre échec. C'était rageant de savoir qu'il devait forcément y avoir quelque chose, quelque part qui nous indiquerait la marche à suivre. Loki était un dieu intelligent et avait plusieurs coups d'avance sur nous. Contrairement aux deux autres, je ne le traitais pas de tous les noms, n'étant qu'une humaine après tout et je ne voulais pas m'attirer les foudres d'un tel dieu, mais il est vrai qu'il faut que cette guerre avec les nordiques se termine. D'une manière ou d'une autre. Je voyais les ravages qu'il provoquait parmi ceux que je servais et ça ne me disait rien qui vaille. Et encore moins avec un Teutatès qui ne semble pas au mieux de sa forme. Je l'avais ramené dans le monde des Hommes, parce que j'avais sentis qu'il le fallait. Et si j'avais fait une erreur au final ? Et si tout ça, c'était trop pour lui ?

Mais la cerise sur le gâteau vient des informations. Marseille, Esus, les morts, j'avais beau fixé l'écran de télévision, je ne comprenais absolument pas ce qui c'était passé. Ni même pourquoi on était ciblés à ce point. Esus st ce qu'il est, mais jamais il n'aurait pu déclencher un tel cataclysme. Enfin, pas un tsunami en tous cas. C'était trop étrange. La nuit suivante avait été difficile pour tout le monde. Mon téléphone a sonner une partie de la nuit entre les échanges de messages avec Méduna et les notifications qui arrivaient les unes après les autres, ajoutant d'autres mauvaises nouvelles sur celles déjà présentes. J'étais inquiète, mais je faisais au mieux pour rester un minimum optimiste auprès des deux autres. Il en fallait bien un sur notre trio.

Lorsque je me réveille, je vois que les deux autres ne sont pas là. Alors j'en profite pour aller flâner un peu en ville. Mes pas me guident alors vers la petite bibliothèque de la ville et j'y passe des heures, cherchant une information, n'importe lequel dans les livres les plus anciens que je pouvais consulter. Nous avions besoin de quelque chose. Et ça me permettait aussi de ne pas penser au reste. La journée passe trop vite et je sursaute quand la bibliothécaire m'informe qu'elle va fermer. Je m'excuse, range les livres et quitte l'endroit. Je prends la direction du bar ou je sais que j'y retrouverais les deux autres. Mais je ne trouve que Taranis dans un premier temps. Je prends place a ses côtés, lui adresse un sourire, mais je vois sur son visage, la fatigue et l'inquiétude. " Qu'est-ce qui se passe ? Avait il appris une mauvaise nouvelle de plus ? Je fixe de nouveau la télévision qui passe en boucle les derniers évènements survenus chez nous. Puis Teutatès nous rejoint et je ressens comme un soulagement de nous savoir tous les trois ensemble. Il a aussi commander de la bière et nous annonce la suite du programme. Je reste silencieuse dans un premier temps. Le serveur apporte les boissons et il paye avant de porter un toast et boire sa chope d'une traite. J'échange un regard avec son frère avant de boire une gorgée de la mienne. " Je refuse que tu continue tout seul. L'un de nous doit rester avec toi." Je le ressens comme une nécessité. Et j'avais aussi cesser de le vouvoyer pour plus de simplicité. " Je vais rentrer et apporter mon aide à Méduna. Si je ne suis plus avec vous, vous n'aurez pas à vous souciez de moi et vous pourrez agir plus efficacement." Je serais plus utile à ses côtés, c'est une évidence au vu de ce qui se passe en France. Je pose les yeux sur Taranis, attendant une réaction de sa part.

Si je n'avais pas pris conscience de ce qui se jouait à Marseille, je commençais doucement à voir les implications et surtout, en voyant les images diffusées à la télé, je prenais conscience de l'ampleur du massacre. Parce que ça ne pouvait pas être autre chose qu'un massacre, tout cela pour un peu plus de popularité, pour un regain de foi, mais surtout pour mettre à mal les celtes. Nous avons été trop visibles ces derniers temps, on parlait un peu trop d'eux et on en payait indirectement les conséquences. Mais croire qu'Esus était capable d'ensevelir une ville sous l'eau, c'était ridicule. Il aurait frappé des gens ou insulté la moitié de la France que ça aurait été tout de suite plus crédible. Mais si j'en avais conscience, c'est parce que je les voyais souvent. Les celtes dans leur ensemble, que ce soit par le biais de Taranis ou Teutatès et désormais Meduna. Et ça m'inquiétait autant que ça me rassurait dans un sens. Ce n'était pas la Bretagne, ni même l'Angleterre qui avait été touchée. Bien sûr que c'était dommageable pour le nombre de vies perdues, mais... Ce n'était pas chez eux. Chez moi.

Mais au lieu de m'inquiéter de ça, je m'inquiète du fait de laisser l'un des deux dieux que j'accompagnais seul. Parce que je sentais qu'il se passerait quelque chose. Je ne suis pas devin, je ne sais pas ce qui va arriver dans une heure, mais j'ai cette intuition qui me dit que quelque chose ne va pas. J'eus pourtant un léger sourire sur le coin des lèvres à ses dires. " Je sais, mais ces évènements vont changés beaucoup de choses, n'est-ce pas ?" Ma malédiction, bien qu'emmerdante et tragique quelque part parce que je ne méritais pas de payer pour les égarements des miens, passait au second plan depuis quelques mois. Quand il sera temps d'y mettre un terme, je m'y attèlerais, en attendant, je peux très bien vivre avec encore un peu. J'écoute l'échange entre les deux frères sans dire un mot. Je sais moi qu'Esus n'y est pour rien, mais je sais aussi que la majorité des hommes sont perdus avec toutes ces révélations et que certains sont prêts à croire n'importe quoi. Les hommes sont ainsi faits et j'aurais pu être un de ceux-là, si l'histoire de ma famille n'avait pas rencontré celle de plusieurs dieux. Mon regard se pose parfois sur la télévision et un flots d'émotions me traversent, allant de la tristesse à l'écoeurement puis la colère.

Et quand Teutatès reprend la parole, je ressens de la culpabilité. Parce que s'il est de retour parmi nous c'est à cause de moi. Et s'il n'arrive plus à gérer toutes les émotions qu'il ressent, c'est peut-être parce que je l'ai ramené trop tôt. Je ne sais plus vraiment comment me situer par rapport à ce fait. Mais il semble d'accord avec Taranis sur la nécessité de retourner auprès des deux reines. Je les regarde tour à tour et ils sont sérieux, l'un comme l'autre. Je l'avais aussi suggéré, donc je soupire légèrement et hoche la tête. " Je crois que ça vaut mieux que je sois avec elles." Peut-être que je n'aurais pas dû partir, j'aurais peut-être pu épauler Meduna malgré le fait que je ne sois qu'une humaine. Je suis peut-être la mieux placée pour dire aux humains que les celtes ne sont pas la menace qu'ils s'imaginent, mais avec les deicides bien sur les dents après ma trahison, ce n'est peut-être pas le moment de mettre le feu aux poudres de la sorte. Je souris néanmoins quand il me rassure et m'indique d'aller voir Morrigan et Dagda. Si je sais que la première se méfie de moi comme la peste, je n'ai pas encore vu le second.  " Je vis avec cette malédiction depuis ma naissance, je peux bien vivre avec encore quelques mois." Mon ton est légèrement amusé, mais je reprends un peu plus sérieuse. " Dès que j'en saurais plus, je te tiendrais informer." Mais je ne veux pas le gêner dans ses projets à lui.

Je bois une gorgée de ma bière et je pose les yeux sur lui quand il explique à Taranis le but de tout cela. Je fronce légèrement les sourcils. " Le fait que tu ne... contrôle plus rien, est-ce que ça a un rapport avec le fait que je t'ai sortit de l'Ether trop tôt ?" J'ai besoin de cette réponse, qu'elle soit positive ou négative m'importe peu, mais j'ai besoin d'avoir une explication, parce que j'ai l'impression que les deux sont liés. " Les Egyptiens ne sont pas alliés aux Grecs ? " Même si je connais bien la mythologie greco-romaine à cause des nombreuses traces, les mythes égyptiens sont un peu plus obscurs pour moi, de même que leur entente ou pas. Les alliances des dieux en général échappe à ma compréhension visiblement.

Je vis avec cette malédiction et je le vis assez bien en réalité, elle fait partie de ma vie depuis ma naissance et même si bien évidemment, je serais contente de m'en débarrasser, je peux attendre un moment plus propice à cela. De ce que je comprends il veut poursuivre seul et je sais que je serais utile ailleurs. Avec cette histoire qui nous tombe sur la gueule, il va falloir gérer les choses de manière intelligente pour ne pas que ça nous retombe dessus encore plus. Mon rôle est de soutenir les dieux de ce panthéon et si Teutatès juge que mon rôle est ailleurs, de même que Taranis, alors je retournerais en France. De toute façon je ne suis pas une guerrière, donc en cas d'attaque, je ne leur serais pas réellement utile. Je suis donc résignée, mais je ne perds pas espoir pour autant de voir cette malédiction familiale être abolie un jour ou l'autre. Cela prend du temps, or, nous en sommes en pleine tourmente et nos efforts doivent être tournés vers autre chose. " Je sais, ne t'en fais pas, je serais patiente jusqu'au bon moment." Encore faut-il que le bon moment arrive, mais chaque chose en son temps. Je souris quand il parle de Dagda. Je ne l'ai pas encore vu, mais j'ai entendu parler de lui et les avis sont assez mitigés. Cela dit tout le monde semble s'accorder sur le fait qu'il sait pas mal de choses et qu'il faudrait que je le rencontre. " J'irais le voir si je le peux." Toute aide est bonne à prendre après tout.

Je me concentre de nouveau sur Taranis et ses propos. Les nouveaux dieux sont aussi une menace qu'on a tendance à légèrement oublier. Ils sont puissants, et ont su s'imposer. " Ils ont forcément d'autres ennemis." Comme tout le monde je suppose. " Tu as une idée de l'endroit où les trouver ?" Cela ne peut pas être assez simple de suppose. J'eus un sourire quand il mentionne Sequanna. " Je suis en contact avec elle occasionnellement, j'irais la voir dès que possible." Je crois que je gagne sa confiance au fur et à mesure de nos rencontres. Je l'aime bien, elle est intelligente, jolie, mais il se dégage d'elle une douceur que j'apprécie. Me confier à Meduna je peux le faire, j'ai une relation basée sur la confiance avec elle, en revanche, avec la Morrigan, c'est plus complexe, mais je peux toujours essayer et voir où ça me conduira et les réponses que ça m'apportera.

Pour autant je m'étonne que Teutatès mentionne les Egyptiens, je les pensais alliés avec les Grecs. Et je m'inquiète dans le même temps, de le voir tomber dans un nouveau piège. Et plus encore, de devoir refaire le même rituel que j'eusse accompli il y a quelques mois maintenant. Je ne sais pas si j'aurais la force de recommencer. Mais la question ne se pose pas, n'est-ce pas ? Taranis me rassure quant au fait que les problèmes de son frère n'ont rien à voir avec moi, ni même avec le fait que je l'ai sorti de l'Ether. Mais la question se pose légitimement pour quelqu'un comme moi. " Je ne sais pas, ça aurait très bien pu être de ma faute. Ce n'est pas parce que je connais la plupart de vos légendes, de vos mythes et de os us et coutumes, que je sais comment vous fonctionner." Mais j'essaie. Je ne prends pas mal la boutade de Taranis, je sais qu'il ne dit pas ça contre moi.

Je n'écoute pas exactement ce qu'il se dit après, j'écoute brièvement, comprenant qu'ils parlent de tactique, de meneur d'hommes ou quelque chose comme ça. Puis j'entends mon prénom. Ou plus exactement, celui d'une divinité celte. Si ma mère avait toujours assurée que mon prénom était d'origine slave parce qu'elle le trouvait joli, je ne peux m'empêcher de me poser la question. J'ouvre les yeux grands comme des soucoupes quand j'entends l'allusion de Teutatès et je cache au mieux la légère rougeur sur mes joues. " Dans l'idéal, il faudrait trouver toutes les divinités de votre panthéon." Mais je hoche la tête écoutant la suite de ses propos. " Je ferais de mon mieux pour vous aidez à comprendre le fonctionnement général et la doctrine des deicides. Vous allez voir, c'est passionnant." Pas tant que ça dans le fond. " Je suis une humaine parmi des dieux, c'est ça ma force en réalité, vous faire voir que l'Humanité ne se résume pas à un groupe qui veut votre peau. Je crois qu'il y a moyen de gagner du soutien si l'on joue bien." Mais rien n'est moins sûr.