Racine carrée de 14954 ? [Intrigue II - Terminé]

Quel papier ! Quelle thèse ! Quel génie ! Il est bien dommage qu’il ait commis une petite erreur arithmétique. Cette bêtise dévalide, presque, l’entièreté de sa théorie. Soit il a été trop confiant et orgueilleux vis-à-vis de ses capacités mentales, soit il fait partie de ces dinosaures incapable de maitriser les logiciels de calculs avancés. Dans le premier cas, il est grand temps qu’il cesse de s’entêter à prouver son incapacité et accepte le soutien des fidèles de ma jumelle, Technologie. Dans le second cas, je lui paierai moi-même une formation avancée aux nouvelles technologies. Ma sœur et moi avons pris, véritablement, forme ensemble. Un tel phénomène ne se produit pas « par hasard » dans l’Ether. Nous sommes fortes qu’ensemble, et nos plus jeunes fidèles l’ont compris. Les plus vieux sont encore coincés à une époque trop lointaine, ou le minitel était la norme.

Fort heureusement, la piste innovante explorée avec timidité par ce scientifique n’est pas affectée. Il y a encore une possibilité d’une découverte majeure ! Je l’appelle pour en discuter en long et en large. Pendant trois longues et jubilatoires heures, nous échangeons sur les différents points. A plusieurs reprises, je regrette amèrement de ne pas être présente. Mon premier pouvoir est d’inspirer. Or, je ne peux le faire qu’en étant proche physiquement. Plus ce contact se prolonge, plus il est durable et plus il est intense. Je ne suis pas encore à ce niveau-là avec ce jeune scientifique. Il est, finalement, temps de remédier à la problématique. Je ne peux pas laisser passer l’opportunité de me lier plus sérieusement avec un esprit aussi prometteur !

Puis, subitement, il me raccroche au nez. Apparemment, il reçoit ce soir.

J’inspire profondément, tentant de calmer ce cœur palpitant sous l’effet de l’excitation et l’adrénaline. Malheureusement, la chute est désagréable et agaçante. Je reprends contact avec cette réalité décevante régie par des macaques qui ne connaissent rien en tableau périodique ou par des institutions politiques appartenant presque toutes à Argent. Je me sens un cyborg au milieu des singes, si une image est nécessaire pour décrire ma situation – et ma profonde apathie. Il y a bien quelques êtres qui sortent du lot, mais ils m’agacent bien vite avec leurs faiblesses de la chair, de l’argent ou du pouvoir. Puis, Belzébuth a épuisé mes réserves de patience de la journée : je ne pourrais pas supporter un autre idiot.

De fil en aiguille, la décision est prise.

Une heure et demie plus tard, je toque à la porte du scientifique. Il est surpris de me voir, mais il ne me refoule pas. Il ne peut pas. Si notre lien est ténu, il est établi malgré tout. Son esprit prend plaisir à ma compagnie, car il est stimulé constamment – et jusqu’à épuisement. Déjà, son regard brille d’une lueur pétillante, plein d’intelligence. Cette vision m’enchante, m’arrachant presque un demi-sourire. Cette esquisse se fane bien vite lorsqu’un corbeau de taille humaine se présente derrière l’hôte des lieux.

Encore un type qui pense par son pénis. Décidément, divins, créatures ou humains, ils sont partout !

La surprise passée, le trouble me gagne. Elle est étrange. Ses signes vitaux, son odeur, sa peau … A l’image de cette flic corrompue, la dame de ce soir présente simultanément les symptômes d’une morte et d’une vivante. Dans tous les cas, elle n’est pas humaine. D’ordinaire, je me fiche royalement de leur occupation. Or, ce soir, il est question de mon fidèle – et futur protégé. Qui qu’elle soit, ou quoi qu’elle soit, je dois m’assurer qu’elle n’est pas un danger – ni une future distraction – pour ma poule aux œufs d’or (ou plutôt, aux calculs en or).

- Docteur Beypazari, vous avez coupé subitement l’appel. Nous commencions, à peine, à explorer les possibilités et les solutions à votre problème majeur.

J’ai eu le temps de maitriser mon turc. Il est courant, mais l’accent américain prêche et dévoile bien vite mes origines.

- Bonsoir, je suis le docteur Elizabeth Johnson. Je suis enchantée de vous rencontrer.

La phrase est dite avec courtoisie, quoique automatisme. La vérité est que je me fiche de son existence même – tant qu’elle se passe hors de ces murs et loin de mon scientifique.

- Oh, je vois que vous êtes à table. Je vais me joindre à vous. Je n’ai toujours pas diné.

Sans plus de scrupules, je m’installe à une place sans couvert. Le scientifique s’étonne, esprit torturé entre son libre-arbitre, le charme naturel de la demoiselle et mon pouvoir. Il bredouille, il lance un regard désolé à la brunette puis il disparait.

- Il est extrêmement malpoli, en Turquie, de renvoyer un invité, même s’il vient à l’improviste. Notre bon hôte va déposer la troisième assiette et dissiper toute confusion.

Je la rassure modestement, les traits aussi neutres que froids. Je ne suis pas stupide, ni naïve. J’ai largement saisi les sous-entendus mais je ne suis guère d’humeur à me prêter à ces jeux d’hypocrisie. Tout au long de la journée, et presque quotidiennement, Belzébuth m’épuise largement avec ses petits jeux du langage, tantôt moqueur, tantôt taquin. A chaque fois, j’ai à maintenir mon indifférence ou une prétendue frigidité sociale afin de le tromper au mieux, le moment venu. Pour le moment, il vaut mieux que mes ennemis et alliés pensent que je manque de manière et que je suis ignorante aux concepts moraux. Ils ne doivent pas deviner que je les connais parfaitement et que j’ai choisi sciemment de les ignorer. La nuance est importante, bien trop subtile pour en saisir pleinement toutes les conséquences futures.

- Cette conversation est hautement importante. Elle l’est davantage, maintenant que je sais que vous êtes là.

Je continue à glisser quelques regards à la dame, tentant de déceler sa nature. En vain ! Dans tous les cas, elle m’interrompt, se penche vers moi et m’ordonne. Un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. Qu’il est drôle qu’un humain, ou une créature, ou une divinité d’un panthéon étrange puisse envisager qu’il, ou elle, peut donner des ordres aux nouveaux dieux. Ils ne sont même pas fichus de discerner notre puissance. Sans être une déesse guerrière, je peux aisément écraser cette insolente. Est-elle seulement au courant ? J’en doute au vu de son ton, de son regard ou de sa gestuelle.

- Je ne suis pas la seule force en action, à cet instant-ci. Il est divisé entre deux envies, deux volontés. Il est plutôt sage que vous cessez votre propre manège. Vous n’êtes pas de taille face à moi.

Je lui réponds, d’un murmure. Notre hôte s’étonne de ces messes basses et tente de s’y mêler. Je l’embobine avec un ou deux mensonges. Sa raison résiste un temps, mais cède bien vite face à son adoration pour moi. Pourtant, il ne mène pas large pour autant. Il est tiraillé moralement. Ce combat se reflète sur son physique : rouge, suant, fébrile. Il risque de s’effondrer d’un moment à l’autre. Je l’invite à se préparer un ayran. Il concède, considérant que l’idée est bonne. Je gagne quelques minutes d’intimités avec l’impertinente et j’octroie un semblant de paix à mon fidèle.  

- Vous n’êtes pas une humaine, ni une déesse. Vous n’appartenez pas à mon panthéon. Vous êtes donc une créature étrangère. Quelle insolence ! Quelle bêtise ! Une esclave d’une divinité quelconque ne peut pas me donner d’ordre. Il est important de connaitre sa place et, surtout, son rang en ce bas monde.

Mon ton est plein de condescendance, mon regard aussi glacial que dur. J’ose espérer qu’elle comprend, maintenant, à qui elle a affaire. Malheureusement, je doute que ces quelques mots vont la convaincre de lâcher l’affaire. Les vieux panthéons ne sont pas connus pour être raisonnables, logiques ou modestes. La folie, l’orgueil, l’amour du pouvoir les animent tous - incluant leurs maudites créatures.

J’écoute les idioties de cette créature née dans la fange de l’Humanité. Elle se croit supérieure, alors qu’elle n’est qu’une caprice de divinités antédiluviennes. Elle et ses créateurs n’ont plus leur place dans ce nouveau monde que mon panthéon sculpte. Ils sont les parasites de l’évolution et de la révolution. Ils sont les boulets qui retiennent encore les Hommes à leurs vieilles pratiques barbares et désuètes. Ils sont tout bonnement inutiles.

- Si vous jugez cet homme comme ennuyant, alors j’ai une bien triste annonce à vous faire. Vous manquez de la matière grise nécessaire pour saisir pleinement et totalement la beauté de son esprit et de ses théories. Il va changer ce monde ou, plutôt, il va semer les graines de révolutions futures. Les générations qui vont suivre vont l’adorer pour son travail.

Je me saisis d’un verre et le remplis nonchalamment d’eau. Ce corps ne nécessite que d’être nourri et hydraté. L’alcool est davantage un poison qu’une bénédiction, une superficialité qu’une nécessité. Je m’en passe donc si je le peux. J’y trempe mes lèvres lorsque je dois faire acte de présence à des cérémonies ou soirées importantes pour la collecte de fonds.

- Il est mon fidèle. Je vous déconseille très fortement de vous en approcher ou de le malmener avec vos pouvoirs.

Je reprends ma place, verre d’eau en main. De l’autre côté de la porte, j’entends le bruit désagréable d’un homme qui vomit. Il craque donc, incapable de supporter la charge de deux pouvoirs. Je ferme les yeux, me concentre tant sur le bruit que sur ce petit rythme cardiaque que j’entends faiblement. Un sourire satisfait s’étire sur mes lèvres. Il survivra à cette nuit. Il sera simplement très épuisé pour les prochains jours. Je me note de lui octroyer un arrêt maladie. Je ne peux pas le perdre, décidément.

- Qui suis-je ? Je ne me présente qu’à ceux qui le méritent.

Je prends quelques gorgées de cette eau insipide. Puis, je fixe la brunette détestable.

- Essayez de deviner ma fonction ou mon identité. Je puis vous assurer que vous avez assez d’éléments en main pour y arriver. Nul besoin d’être Einstein pour savoir qui je suis.

Suffisance, condescendance, assurance … le cocktail délicieux pour ma personne, une immondice pour mes interlocuteurs. La colère mène, souvent, à des bêtises et à des erreurs. Qu’en est-il de cette femme particulière ? Est-ce qu’elle va laisser ses bas instincts prendre le contrôle, ou va-t-elle prouver le contraire et faire preuve de logique, raison et intelligence ?

En parallèle, je prends mon téléphone, active discrètement la fonction appareil photo, le relève et appuie aussitôt sur le bouton. Aussitôt après, je range l’appareil dans ma poche, à l’abri de main chapardeuse. Est-ce que j’ai pu prendre une bonne photo ? Est-ce que ma cible a fui à temps ? Je ne saurais pas, et je ne pourrais pas vérifier maintenant. Il est plus ardu d’arracher un bien dans la poche d’une déesse, qu’entre ses bras tendues.

- Au cas où il arrive malheur à mon fidèle, je m’assurerai personnellement que vous en êtes pas la cause. De nos jours, nous pouvons tant faire avec une seule et unique photo.

Si je ne suis pas une déesse guerrière, je ne suis pas pour autant une déesse passive. Je refuse qu’on mette en danger mes fidèles. J’ai encore à me venger de ce fichu démon pour avoir ruiné les capacités intellectuelles d’une future brillante doctorate, mais est empêchée en raison de notre alliance. Je ne ferais pas preuve de la même retenue avec cette inconnue, qu’importe son panthéon. Les anges et démons de l’Unique sont intouchables, pour le moment, mais je me fiche royalement des créatures. Ils sont des produits consommables.

- Je vois. Vous êtes donc une créature faite pour tenter ou pour effrayer l’humanité. Vous représentez donc les défauts primaires des hommes et des femmes, transmises de génération en génération via la génétique. Je dois vraiment me penser sur la séquence génétique de l’humanité et rayer les anomalies et les abominations de votre type à la source même.

La mémoire du monde se découpe en deux catégories. Il y a la mémoire inscrite par l’humanité dans des livres – ou via une tradition orale. Malheureusement, sa destruction entraine irrémédiablement ma propre destruction. La tâche est trop risquée. Et puis, il y a la mémoire inscrite dans les gênes même des hommes et des femmes – des émotions, des instincts. Là, le travail est plus malléable et accessible mais est de longues haleines. La séquence génétique est plus complexe qu’elle n’en a l’air.

- Canines allongées. Une activité anormale des hémoglobines. Des signes vitaux incohérents avec ceux d’un humain lambda. Une situation de quasi-morte. Vous êtes une vampire, selon les légendes populaires. Une oupyr appartenant au panthéon slave, selon les mythologies de ce monde.

Elle serait un excellent sujet d’étude, tant à Belzébuth qu’à moi. Est-ce que son cœur est véritablement photosensible ? Si elle est quasiment morte, pourquoi certaines fonctions vitales se maintiennent, là où d’autres ont abandonné leur rôle depuis bien longtemps ? Enfin, quels neurones transmettent les ordres du cerveau aux canines et vice versa ? Est-ce un acte volontaire ou, à l’image du sexe des hommes, un membre qui agit indépendamment et selon des stimulus visuels, olfactifs ou autre ?

- Polymorphie ? Intéressant. Ne vous inquiétez pas sur nos moyens. Nous avons assez d’outils en main pour vous retrouver, qu’importe votre sexe, votre identité et votre apparence. Vous n’êtes pas la première créature ou divinité ayant ce type de capacité.

Internet, Technologie et Media forment un trio dévastateur quand il est question de traquer une personne. L’une peut pirater les données de mon scientifique et obtenir bien des informations – ses derniers achats, son activité, ses visites et rendez-vous …. L’autre développe des machines incroyables, mettant à mal les talents et les pouvoirs de bien des créatures et divinités. Enfin, la dernière a un sacré réseau d’informateurs, dans toutes les classes et les métiers de cette société humaine. On ne la retrouvera pas en un claquement de doigts, évidemment. Mais sa traque n’est pas une mission impossible.

- Je vois. Il continue encore son trafic de médicaments. Très, très dommage alors que je l’ai déjà averti de mon mécontentement.

J’ai une aversion toute particulière vis-à-vis de mes fidèles qui pervertissent mon domaine au profit de celui d’Argent. Je considère un tel acte comme une trahison tant à mes dons qu’au précieux temps que je leur accorde régulièrement. Cet homme a déjà été pardonné une fois, parce qu’il est extrêmement brillant. Cependant, est-il suffisamment génial pour que je le pardonne une seconde fois ? Perdue dans mes pensées, je m’en extirpe difficilement.

La dernière remarque du corbeau ne me fait ni chaud, ni froid. Je l’ignore, même. Elle me passe par-dessus la tête. Elle vole tout aussi haut que les mille remarques quotidiennes et agaçantes dont me gratifie Belzébuth. Je dois lui reconnaître ce talent, en toute franchise. Grâce à lui, j’ai appris à ignorer 97.56% de ce type de remarque, ce qui représente une hausse d’environ 45.34% sur une période d’un an. Je retire donc quelques avantages à trainer avec le bras droit de Lucifer.

- Je suis agacée. Il est sur le point de faire une découverte phénoménale. Mais il m’a insulté pour la seconde fois.

Plus j’y réfléchis, plus je constate que je ne suis pas d’humeur à le pardonner.

- Il faut donc accélérer le processus. Pourriez-vous désactiver votre pouvoir ? Je ne souhaite pas qu’il fasse interférence.

La question tient davantage de la politesse que de la nécessité. Je suis une déesse, je suis de facto plus puissante que cette chose. Qu’elle montre croc et pouvoirs, je lui rabattrai le caquet. Tranquillement, ignorant ce corbeau, je pénètre dans le havre de paix du scientifique et me cale à ses côtés. Traits figés et durs, je le pousse à récupérer sa thèse et à l’étudier.

- Page 6, page 15, page 18, il y a des erreurs au paragraphe respectif 2, 1 et 3.

Debout, en hauteur, je pose une main sur sa tête et concentre tout mon savoir. L’homme bouille aussitôt d’une grande activité cérébrale. Il marmonne, il bredouille, il gribouille furieusement. Il ne sue plus : il nage. Ses yeux ne tardent pas à s’injecter de sang, sa respiration est hachée, son rythme cardiaque s’accélère. Je reste stoïque, fixant attentivement ses résultats. Ils s’améliorent. Il se corrige. Il innove.

Je n’écoute que d’une oreille distraite la vampire. Elle m’importe assez peu. Qu’est-ce qu’elle produit pour ce monde, pour la science, pour l’Humanité ? Absolument rien. Elle n’est qu’un grain de sable dans l’immense sablier du temps. Sa marque n’aura touché qu’une poignée d’hommes et de femmes et elle s’estompera au fur et à mesure que la mémoire de ces derniers fera défaut – ou qu’ils crèveront. Et elle restera ce grain de sable insignifiant car ses ambitions sont éphémères et simples : manger, vivre.  

Je préfère me concentrer entièrement aux écrits de mon fidèle. Perverti par les promesses vaines et superficielles d’Argent, l’homme résiste un tantinet à mon pouvoir. J’ai à forcer davantage pour qu’il exprime pleinement son haut potentiel ! Dans mon dos, je sens que la créature s’agite et s’excite. Je lève les yeux au ciel. En plus d’être vulgaire et inutile, elle est affamée comme un loup ! Une femme intelligente gaspillerait son temps et son énergie à la confection d’une poche de sang artificielle et ainsi se débarrasser de sa dépendance maladive aux humains.

Enfin, l’homme m’offre ce que je désire. Sourire satisfait aux lèvres, je m’arrête et m’éloigne.

- Que dites-vous ? Il est condamné.

À peine ai-je dit ces quelques mots que la victime se plaint d’une migraine phénoménale. Quelques secondes plus tard, sa tête tombe très lourdement à même la table et il respire à grande peine. Le temps que j’appelle les ambulances, qu’il soit évacué jusqu’à l’hôpital et qu’un diagnostic soit établi, il mourra d’anévrisme.  

- Je vous conseille, très fortement, d’aller remplir votre ventre ailleurs. Si on le retrouve mort dans des conditions très suspectes, la police va assurément enquêter. Et vous comme moi nous passerons bien de la curiosité des forces de l’ordre turcs.

Tranquillement, je le prends dans mes bras et l’allonge sur son lit. Ensuite, je scanne scrupuleusement chaque page de sa thèse avec mon téléphone. Enfin, je me saisis de mon manteau et sac et m’apprête à partir.

- Je vous souhaite une très bonne soirée et, dans l’espoir de ne jamais vous revoir autour de mes fidèles. Quiconque est lié au domaine des sciences sur Istanbul, ou ailleurs, est mon fidèle. Que je ne vous surprends plus à traîner autour d’eux.

Et sans plus un regard ou un mot, je quitte cette scène. J’en profite pour envoyer la photo prise de l’inconnue à ma sœur et à lui demander de commencer à farfouiller la base de données turque – d’abord – à la recherche d’une identité, vraie ou fausse. Si nous ne trouvons rien, j’étendrais aux Balkans. La demoiselle est une oupyr. Il y a de fortes chances qu’elle soit née là-bas, dans un quelconque pays de l’Est.

Et si c’est encore un échec, alors j’orienterai mes recherches sur un tout autre sujet : sa faim. Il suffit que je mette la main sur tous les rapports de légistes sur des morts suspects, causés par anémie ou par une attaque sauvage et, ou, brutale. Les vermines sortent toujours de l’ombre pour assouvir leurs plus bas instincts. Et chaque vermine est liée à plus puissant qu’elle. J’ai besoin de savoir si ce corbeau nocturne est affiliée étroitement à un divin et, si oui, si ledit divin traine sur Istanbul.

Je ne peux pas souffrir d’une quelconque concurrence de ces vieux dieux barbares. Qu’ils s’entretuent pour l’Europe. L’Orient est mon prochain terrain de jeu, après les Etats-Unis et l’Asie. Quoique … L’Asie commence à être menacée avec ces Japonais et Hindous. Enfin, chaque chose en son temps …