Que restait-il d’Amanda Duchesnay ? Probablement pas grand-chose hormis des souvenirs enfermés dans une carcasse animée par des forces contre-nature, rien de ce qu’elle était aujourd’hui ne constituait ne serait-ce que la moitié de ce qu’elle avait été avant de mourir. Une faim insatiable de chair humaine parfois si forte qu’elle perdait toute volonté qu’elle devenait une machine de chair animée uniquement par le désir de se nourrir sur des corps, vivants ou morts. Une position qui l’amenait à obéir aux ordres de son nécromant -comme ceux des dieux du panthéon vaudou- même lorsque ceux-ci étaient à des années lumières de la moralité. Condamnée à faire le sale boulot pour un homme sans scrupule dont le gang diffusait de la drogue sur le territoire américain et à présent en Europe, devant s’assurer que les conteneurs partaient dans la bonne direction et devant régler certains problèmes quand certains commençaient à causer des remous. Perdue entre l’envie de ne porter aucune attention au monde qui l’entourait et la volonté de la capitaine de police de faire son travail, de mettre à mal des trafics en tout genre, stopper la progression de criminels. Mais exit le Havre et l’étrange inconnu, Istanbul la requérait.

Dès qu’elle eut l’information de graves effets secondaires de la drogue distribuée -Yellow Moon- commençaient à faire du bruit dans cette grande ville de Turquie, elle dû s’y rendre alors dans l’urgence. Si certains consommateurs étaient touchés par des diarrhées ou encore des vomissements, d’autres subissaient des effets bien pires et parfois de manière définitive. Si elle doutait que le gang ait pu vicier la recette, le doute pouvait être permis, il lui fallait cependant interroger le principal suspect : le revendeur turque. Vouloir se droguer pour connaître des sensations unique était vraiment le pire fléau qui puisse exister. Se fut alors accompagnée de plusieurs de « ses » hommes qu’elle passa toute la journée du 6 novembre à interroger -et pas de la plus douce des manières- celui qui avait réceptionné la précédente livraison et qui l’avait redistribuée à ses différents minions pour qu’ils l’écoulent dans les rues de la ville. Elle avait grand soin d’éviter de lui briser la mâchoire ou de toucher le moindre organe vital, sinon c’était prendre le risque de le tuer et de perdre un temps précieux. De la strychnine avait été notamment ajoutée à la recette, venant entrer en contradiction avec le Xanax déjà présent.

Elle avait alors ordonné le retrait immédiat des pilules et leur destruction, veillant à ce que les ordres soient bien transmis et exécutés. Mais pas un seul instant elle n’aurait cru entendre parler du créateur de la drogue en question -devant être de base un médicament pour les astronautes- et encore moins devant trouver un potentiel « client » à Tarlabasi. Et si elle avait eu la capacité de le faire, elle aurait soupiré à la vue de la rose rouge dans la main de cette jeune à plusieurs mètres d’elle. Amanda poursuivit son chemin jusqu’à finir par s’arrêter près d’elle. La mention de son identité, elle fronça légèrement les sourcils sans toutefois concéder à répondre. Alors elle laissa simplement la jeune femme exposer parler. L’écoutant silencieusement, Amanda l’observa jugeant suspecte cette requête sans toutefois le faire remarquer à haute voix. Elle était déjà morte, que pouvait-il lui arriver de pire ?

- Très bien, répondit-elle avant de prendre la direction de ces ruines indiquées par cette « cliente » et ce ne fut que lorsqu’elles y furent arrivées qu’Amanda reprit la parole. Qu’est-ce qui vous intéresse ?

Yellow Moon. Cette drogue allait assurément causer bien des problèmes et de part les ordres donnés par son nécromant elle serait directement responsable qu’il adviendrait si elle ne prenait pas les mesures nécessaires. Les chimistes de son « maître » ne pouvaient décemment pas se permettre de vicier un produit qui serait livré sur un nouveau marché mais au vu de l’interrogatoire musclé qu’Amanda avait entreprit à son arrivée à Istanbul, il semblait que les chimistes locaux aient pris la liberté d’ajouter de la strychnine afin d’augmenter les effets psychotropes de la drogue. Or il ne suffisait que de quelques microgrammes par kilos en trop pour que l’amplification des sens et respiratoire favorisée par l’alcaloïde se transforme en spasmes musculaires sur tout le corps, en convulsion puis en mort par asphyxie. Et il était hors de question que cela se propage dans toute la ville plus que de raison. Les ordres avaient été donnés pour que tout soit récupéré et détruit sans plus attendre mais de nombreuses pilules avaient déjà été écoulées entre le moment de la livraison et le jour où elle était arrivée sur place. Mais dans l’immédiat il y avait une autre affaire dont il fallait s’occuper.

La femme qu’Amanda avait rejointe ne s’était pas embarrassée de grandes palabres pour s’adresser à elle, allant droit au but : discuter à propos du Yellow Moon. Si elle l’avait observée quelques instants, ayant quelques réserves sur les intentions de cette Elizabeth Johnson, Amanda n’avait pas cherché sur le moment à en apprendre plus car la rue n’était pas le meilleur des lieux pour avoir une discussion sur un tel sujet. Elle l’avait alors lui jusqu’à un vieux bâtiment désaffecté et tenant -et c’était un miracle- à peine debout. Ce fut qu’une fois qu’elles y furent entrées que la goule ou la policière ou la femme de main -peu importe- reprit la parole pour questionner la femme sur ce qui l’intéressait sur Yellow Moon. Silencieuse et ne décrochant pas son regard d’Elizabeth, Amanda écouta attentivement ce qu’elle avait à lui dire. Un ravage parmi certains étudiants de l’université. Effets similaires à un médicament expérimental. Bordel, dans quel merdier on l’avait mise ? Le visage fermé elle conserva le silence, même lorsque son interlocutrice lui demanda de lui fournir les détails sur les effets observés pour que ce « médicament » puisse être corrigé au plus vite. Mais rapidement, ses sourcils vinrent se froncer légèrement.

Avait-elle bien entendu ce qui venait d’être dit ? Cette Elizabeth venait-elle bien de lui demander ce qu’elle était ? Dans quel merdier elle venait de se mettre en se rendant à ce rendez-vous ? Elle serra les mâchoires un instant avant de se rapprocher d’un pas.

- Un de vos laborantins à revendu la formule à mon employeur qui l’a fait répliquer exactement comme ce qui était indiqué sur la formule. Le problème ici est le revendeur qui a unilatéralement décidé d’ajouter sa touche personnelle pour je cite « une meilleure expérience » mais il ne devrait plus y avoir de problèmes mes hommes parcourent la ville pour récupérer et détruire le produit, répondit-elle tout d’abord avant de croiser les mains dans son dos. De la strychnine a été ajoutée pour augmenter les effets psychotropes, certains consommateurs ont eu vu leur sens être décuplés en plus d’une prise de masse musculaire et de puissantes hallucinations. Mais pour ce qui est des effets secondaires… il a été remonté de cas de violents vomissements, de diarrhées mais surtout des spasmes musculaires qui se sont transformés en convulsion. Un cas est allé jusqu’à l’arrêt cardiaque. Inutile de préciser qu'il y avait déjà un mort au compteur, il y avait un autre point important sur lequel elle devait réagir et qui ne pouvait aucunement être ignoré. Comment cette Elizabeth pouvait-elle savoir ce qu'elle était ? S'agissait-il d'un coup de bluff ? Non ça ne pouvait pas être ça, le terme humain avait été employé... comme si Elizabeth n'était pas un être humain. Un créature capable de sentir ce qu'elle était ou une divinité ? Amanda plissa légèrement les yeux et s'avança encore d'un pas. Et vous. Qui êtes-vous pour sentir l'aberration que je suis ?

Il allait de soi qu’Amanda n’appréciait aucunement la situation actuelle à Istanbul, non seulement des hommes et des femmes se trouvaient en danger à cause de la volonté d’un seul homme mais aussi parce que le trafic qui se jouait pouvait à tout moment être mis en péril par les autorités. Si cette idée que tout puisse s’arrêter pouvait un tant soit peu la réjouir, elle savait qu’un avenir radieux ne pouvait exister pour elle : elle pouvait autant subir la colère de son nécromant comme elle pouvait se retrouver en prison et souffrir de la Faim qui ne pourrait être satisfaite. Et rien hormis la volonté de son nécromant ne pouvait jusqu’à présent mettre fin à son existence. Répondant aux questions de la dénommée Elizabeth Johnson, elle resta impassible. Si seulement on ne l’avait pas choisi elle, il n'y aurait pas tout ce sale boulot à exécuter, elle n’aurait pas à rester près de cette femme qui semblait vouloir faire d’elle un larbin pour lui rapporter toutes les informations concernant les effets que la drogue avait eu sur les consommateurs stambouliotes. La dose de strychnine était bien trop élevée pour que la drogue puisse circuler sans « danger » et Elizabeth semblait en accord avec la décision de la retirer sans tarder.

Un instant les sourcils d’Amanda se froncèrent avant que son visage ne retrouve son impassibilité.

- Ce sera fait.

Répondit-elle, notant dans un coin de son esprit que dès qu’elle serait sortie d’ici elle donnerait ses ordre pour la clinique de Tarlabasi…. Bien que ça ne lui plaise pas vraiment d’exécuter la moindre directive venant de cette femme et avec cette Elizabeth il fallait rester alerte de part les questions qu’elle pouvait poser mais surtout être méfiante sur ce qu’elle pouvait être. Parce que s’il était possible de s’interroger sur quel genre de personne Amanda était, bien peu étaient à même formuler une question sur ce qu’elle était et cette poignée était composée de nuls autres que les dieux et leurs créatures. Et cette femme ne pouvait pas être humaine pour faire cette demande de manière aussi directe. Au regard de la réflexion qu’elle exposait, Elizabeth ne semblait pas une créature comme l’était Amanda : jeune et manquant de parfaite connaissances sur tout ces dieux existants. Vieux panthéons… Duquel était-elle pour faire référence aux autres de cette manière ? Amanda ses figea un instant. Des prouesses ?!

Alors qu’Elizabeth reprenait, Amanda senti ses poings se serrer derrière son dos.

- Il n’y a que les dieux pour s’enorgueillir de leurs créations sans se soucier un instant des impacts qu’elles peuvent avoir. Pour vous, les humains ne sont bons qu’à croire en vous et donner de la puissance pour qu’en retour vous puissiez vous jouer d’eux comme s’ils n’étaient que des fourmis sous une loupe. Les dieux étaient tous plus égoïstes les uns que les autres.  Vous êtes loin d’avoir tort, Elizabeth. Et si vous voulez éviter de trouver une nouvelle envelopper corporelle je vous conseille fortement de cesser votre analyse.

Si ça lui était encore physiquement possible, les paroles de la mystérieuse divinité pourraient tout à fait rendre malade Amanda qui éparpillerait sur le sol le contenu de son estomac. Elle n’avait pas croisé beaucoup de dieux depuis que d’humaine elle était devenue goule et avait ainsi rejoint ce monde à la fois ésotérique et religieux, mais les paroles qui étaient prononcées correspondaient parfaitement à la vision qu’elle avait désormais des divinités dans leur ensemble. Être une goule était le résultat de pouvoirs divins conférés à un homme qui les employaient selon la volonté des dieux et ses propres desseins. Comment était-il possible d’entrevoir dans cet situation dégradante et contre-nature, une quelconque avancée scientifique ? Certes l’Humanité n’aurait pas fait tout ce parcours existant innocemment entre chasse et jardins fleuris mais tout de même, en quoi l’existence d’aberrations créées par les dieux pouvait constituer un développement ? Amanda se donna une gifle mentale, elle reprochait l’analyse de la déesse et voilà qu’elle-même se mettait à analyser ses paroles comme si elle s’apprêtait à en faire une dissertation. Il fallait qu’elle cesse de réfléchir et qu’elle se concentre sur le plus important : la déesse qui tentait de percer à jour sa nature.

- Peut-être mais vous pouvez toujours vous contenter de ne pas formuler à votre haute votre analyse.

S’il était dans la nature de la divinité d’analyser alors combien de temps mettrait-elle à comprendre qu’elle avait devant elle ? Restant les poings serrés derrière le dos, la curiosité d’Amanda la poussait à rester et écouter cette analyse qui lui était exposée. Elizabeth n’était pas dans le tort, elle avait bien été humaine et éprise d’un humain il y a des années. A la mention de la difficulté de détruire l’enveloppe d’une divinité, Amanda haussa un sourcil : peut-être difficile de s’en approcher mais pour ce qu’il en était lorsque la distance était nulle ? A moins que le corps soit aussi résistant que Superman dans les comics, ils existaient dans des êtres faits de chair et de sang dont la Faim pouvait tout à fait se régaler. A cette pensée, elle se mordilla la lèvre inférieure. Chassant dans un coin de son esprit l’envie -encore faible- d’arracher avec ses dents lambeau par lambeau le visage de cette divinité et de s’en délecter, Amanda se concentra sur la suite des paroles d’Elizabeth qui lui énonçait les options limitées dont elle disposait.

- Si en tant que divinité liée aux sciences c’est son amélioration que vous cherchez alors ce serait avec grand plaisir que je vous transmettrait les coordonnées de mon employeur. Je n’ai que faire de cette drogue, la seule chose qui m’importe c’est de m’assurer de les récents désagréments ne se reproduisent pas. Desserrant les poings, elle laissa ses bras retomber le long de son corps. Puisque vous aimez analysez, je vais donner quelques éléments : le panthéon auquel j'obéit est ancien et à traversé l'océan. Je suis devenue un monstre contre mon gré, grâce à des pouvoirs qui ne devraient pas être utilisés. Et à cause de ça, je dois continuer à exister quand les autres meurent.

La divinité semblait tant se plaire à analyser ce qu’elle avait en face d’elle, à vouloir percer les mystères qu’Amanda ne souhaitait pas révéler si aisément, que cela avait quelque chose effrayant et de dérangeant. Si elle était encore vivante, la goule qu’elle était aurait probablement frissonné de dégoût face à tant de fascination sur sa condition. Il n’était pas question qu’elle lui révèle elle-même quel genre de créature qu’elle était : elle n’éprouvait pas d’attrait à l’idée de devenir une bête de foire pour satisfaire la macabre curiosité de cette déesse. En réponse à ses paroles, cette dernière commença à énumérer quelques panthéons qui étaient connus pour avoir voyagé sur l’océan et Amanda s’employa à rester de marbre même lorsque le nom de son désormais panthéon fut prononcé. La religion se fichait de frontières, portée par les Hommes elle s’étalait par-delà les frontières comme nombre d’êtres vivants qui au gré des saisons changeaient de lieu de vie. La créature conserva son regard posé sur le visage de la brune. La divinité disposait d’un excellent esprit d’analyse, réduisant drastiquement le champ des possibles en l’espace d’à peine quelques phrases mais il n’y aurait aucun échappatoire tant que la réponse ne serait pas trouvée.

Des noms de divinités furent cités. Sakpata et Damballa étaient respectivement les lwas des maladies et de la connaissance. Manwu était Dieu chez les vaudous. Viracocha était le Créateur de l’univers chez les incas, si sa mémoire était bonne. Pour le reste, par déduction elle supposait qu’il s’agissait de divinités liées à la création, aux maladies, à la connaissance ou encore à la mort des panthéons qui venaient d’être cités : Nordique, Inca et Japonais. Tous gâchaient leurs créations car eux-mêmes étaient des gâchis selon cette mystérieuse divinité. Amanda plissa légèrement les yeux lorsque la déesse exclu un premier panthéon car trop éloignée de qui elle était et un second car il s’agissait de ses paroles qui semblaient entrer en contradiction avec les valeurs dudit panthéon.

- Vous vous approchez de la bonne réponse. Il reste pourtant déterminer si je viens plus du Nord ou du Sud des Etats-Unis. se contenta-t-elle de répondre avant qu’Elizabeth ne reprenne de plus belle, mettant cette fois la lumière sur cette haine qu’Amanda pouvait éprouver sur sa condition mais surtout en lui demandant si elle avait pensé à demander l’aide d’un autre panthéon. Amanda fronça légèrement les sourcils.

Comment aurait-elle pu songer à ne serait-ce que demander l’aide d’un dieu ? Il s’était passé tant de chose en si peu de temps, elle avait dû apprendre à gérer sa nouvelle condition, s’éloigner des siens, subir les ordres de son nécromant… Mais surtout, pourquoi se serait-elle tournée vers des dieux ? Nul n’avait empêché son nécromant de la relever d’entre les morts et ce dernier avait reçu ses pouvoirs d’un des lwas. Si eux n’en avaient cure, pourquoi ça serait différents pour les autres ? Par volonté d’avoir une obligée sous leur coupe ? Elle avait déjà bien assez avec son bourreau actuel qui pouvait la prêter à qui bon lui semblait comme Angela avait été prêtée à Marie Laveau. Mais sur quelle voix Elizabeth voulait s’engager ? Pourquoi mentionner « notamment » le fait d’envisager l’aide d’un panthéon ennemi ? Elle posait beaucoup de questions et Amanda avait l'impression d'être disséquée sur place tant par les mots que par le regard que lui adressait la déesse…

- Contacter un autre panthéon… pour m’en retrouver plus esclave que je ne le suis actuellement ? Non merci. Elle secoua légèrement la tête avant d’à nouveau accrocher le regard de son interlocutrice. J’ai l’étrange sensation que cette question n’est pas anodine et que vous n’êtes pas qu’une simple divinité versée dans la médecine… vous avez parlé des vieux panthéons comme si vous n’en faisiez pas partie. Soit, vous avez trahis les vôtres pour la puissance. Soit, vous êtes de ceux qui veulent anéantir ce passé qui subsiste dans la Foi des Hommes. Je suis encore loin d’être experte de ce monde mais je sais tout autant que vous analyser les paroles de mon interlocuteur.

Elle n’aimait ce qu’elle entendait ni cet intérêt que lui portait une Elizabeth qui essayait de percer à jour ce qu’elle était. Ce qu’elle devait accomplir pour le compte de son nécromant semblait presque lui avoir attiré plus de problèmes en l’espace de quelques semaines en Europe que sur plusieurs années en Louisiane. Peut-être devait-elle mettre ça sur le compte de l’enchaînement de rencontres relativement étranges. Quoi qu’il en soit Amanda ne sentait pas à l’aise en la présence de cette mystérieuse divinité versée dans la médecine qui ne cessait de l’analyser comme si elle n’était rien d’autre qu’un animal en cage. La goule qu’elle était avait pour obligation d’obéir aux dieux de son panthéon, à son nécromant, mais il était hors de question qu’elle donne satisfaction à Elizabeth : puisque cette dernière semblait tant aimer disséquer ce qui s’offrait à son regard, pourquoi aurait-elle facilement des réponses à ses questions ? Amanda se contenta alors d’aiguiller sans toutefois lever le voile sur ce qu’elle était avant de laisser s’exprimer les sentiments qu’elle pouvait éprouver quand à quitter des maîtres pour en trouver de nouveaux qui se serviraient tout autant d’elle que les précédents. Pourquoi cette divinité parlait-elle de ce qui s’apparentait à une défection ?

Qu’était-il possible de tirer de cet échange ?

Cette question n’était rien d’autre qu’une porte ouvrant sur un vaste domaine constitué de questions ne cessant de tourner en boucle dans l’esprit d’Amanda : Qui s’adressait-à elle ? Pourquoi voulait-on se servir de sa vision tranchée des divinités pour la mener vers un autre panthéon ? Quel pouvait bien être le gain d’une telle action pour cette divinité ? Que ferait-elle lorsqu’elle saurait ce qu’était cette femme avec qui elle avait conversé ? Lorsque semble résonner le vibreur d’un téléphone, Amanda aurait pu soupirer de soulagement si elle avait eu la capacité de le faire. Tout ce pan de conversation qu’elles avaient la dérangeait et elle ne souhaitait qu’une chose : partir le plus vite d’ici, régler le problème pour lequel elle était venue. Réfléchir à la question d’une défection… Que se passerait-il si les vaudous étaient éliminés ? Trouverait-elle enfin le doux repos de la mort ? Elle se détestait, détestait obéir à celui qui l’avait « créée » mais quant à éprouver l’envie de transmettre toutes les informations qu’elle avait à sa connaissance sur les vaudous, à des divinités considérées comme ennemies…

- J’y songerais le jour où je serais qui vient de s’adresser à moi et quel bénéfice vous tireriez de ma décision, finit-elle par répondre tandis qu’Elizabeth s’éloignait d’elle pour quitter ces lieux qu’Amanda comptait ne pas fréquenter à nouveau à moins qu’elle n’y soit forcée et lorsqu’elle fut certaine que la déesse soit définitivement partie, Amanda quitta à son tour cette zone.