Have to find Them

Have to find Them

Torben Badenov & Samara Al Abayid

« QG des déiciedes, Paris, 12 mai 2022 »

Apprendre à se connaître. Un peu. Le minimum n’est peut être pas suffisant, alors un peu plus. Alors je dois apprendre tout court, en premier lieu. Parce que je reste nouveau dans ce métier, dans ce nouveau business de la mort. Je tue depuis longtemps, et je l’ai fait dans beaucoup d’endroits. Mais c’est une question de cibles. Ce ne sont plus les mêmes, aujourd’hui. Et ce serait bien difficile de dire, de soutenir, ce que je peux faire désormais pour devenir meilleur. Les dieux ne sont pas des mortels. Ils ne sont absolument pas sensibles aux mêmes choses. Je ne saurais dire si un inventaire de leurs faiblesses existe, mais je sens que j’ai besoin de quelque chose d’autre, de plus précis, de plus scientifique, de plus professionnel. Parce que Zoï, toute talentueuse qu’elle est, s’appuie d’abord sur ses qualités à elle. Son impulsivité, sa vitesse et ses réflexes, sa force évidemment. Mais je n’apprends pas grand-chose de plus sur le divin pour l’instant, en dehors évidemment de sa haine.

J’ai donc demandé à des « collègues », rencontrés lors d’une réunion précédente, qu’on puisse se retrouver sur un de mes temps de repos, ou plutôt, sur un de ceux de Zoé. Finalement ce que je connais le plus en matière de mythologie, c’est essentiellement ceux qui s’en sont pris à ma famille. Les vampires, ou oupyrs selon la légende slave qui les a vus naître. Ce sont mes ennemis de toute façon, les uns comme les autres, et je n’ai absolument aucune pitié à avoir. Mais je dois en savoir plus. Avec un simple sac à dos et mes affaires de sport, au cas où on voudrait me montrer des choses qui nécessiteraient que je me change en cours de route, j’ai de quoi m’entraîner. Et je passe la porte avec la conviction de l’homme sûr, qui sait ce qu’il vaut, qui sait ce qu’il est, et ce qu’il n’est pas.

Je me dirige vers un escalier, dans ce bâtiment ancien qui est sous loué par plusieurs boîtes détenues par des propriétaires différents, tous détenus par des personnalités différentes, elles-mêmes à des degrés d’utilisation, de location ou de réquisition différentes de la part de l’organisation. J’arrive dans une grande salle, qui sert visiblement à l’expression artistique de jeunes gens du quartier ; je reconnais une grande vitre et une barre le long du mur pour la danse classique, des instruments de musique à corde ou à vent plus loin, et des tapis de sport dans un autre coin. Des bureaux et des tables, près de l’entrée d’un petit vestiaire. Et une silhouette que je reconnais, haute et altière, d’une femme brune qui a l’air aussi dangereuse pour mon regard averti qu’agréable à regarder. De là où je suis, elle ressemble à ces filles du Mossad que j’avais pu rencontrer en Azerbaïdjan, une gueule d’ange et une tueuse patentée. J’arrive donc, l’air serein, calme, la montagne de muscles tranquille.

| Bonjour, Mrs Al Abayid. Merci d’avoir répondu à mon appel. J’espère que la route ne vous a pas causé trop de dérangement ? |

(c) DΛNDELION

Torben Badenov - Coup de Grâce

Soothsayer, can you save them?
Can you see the streets in blood?
The remnants of your name?
Soothsayer, can you save them?
Torben (c)codage - Kanala - texte (c)Soothsayer - Zach Hemsey

Have to find Them.

Torben Badanov & Samara Al Abayid « QG des déiciedes, Paris, 12 Mai 2022»

Si mon entourage me qualifie d’une bourreau du travail avec un trouble obsessif, je me considère davantage comme guerrière érudite. Lorsque qu’ils terminent une mission, qu’importe qu’elle soit un succès ou un échec, la majorité aime se détendre soit avec des amis et famille, soit autour de la boisson et de la bonne tablée généreuse, soit tous ces éléments à la fois. Pour ma part, je me retire dans la bibliothèque ou bases de données des déicides, complète le tout avec toute nouvelle observation que j’ai pu faire durant la mission, réétudie ladite mission – erreurs à ne pas commettre, par exemple – et me prépare presqu’aussitôt à la suivante, ou cherche des informations furieusement sur l’emplacement de ce foutu Seth. Ce chacal échappe entre mes doigts constamment, en se foutant bien de ma gueule à chaque fois.

Ha.Ha.Ha. Oumar, je t’ai bien eu mon petit crustacé. A la prochaine !

Salaud.

Toujours est-il que si les critiques sont aisées à mon sujet, en plus des circonstances de mon enrôlement parmi les déicides, il n’est pas rare que je sois consultée pour divers sujets, voire envoyée aux quatre coins du monde pour des missions très périlleuses, voire suicidaires. Si j’ai la compétence, j’ai également cet avantage de n’avoir rien à perdre. Ni famille, ni ami, ni honneur, ni argent, ni maison. Libérateur pour certains, déprimant pour d’autres. Pour ma part, la situation ne me fait ni chaud, ni froid. J’ai grandi avec rien, j’ai connu un peu d’opulence ici et là, j’ai connu autant l’esclavage par un divin que la liberté de l’Homme … Je crois que mon trésor n’est nul autre que ma propre vie. Et elle s’est endurcie, la petite vie.

Mon rendez-vous du jour arrive. Torben Badanov, garde du corps de Zoé, expert en explosif. Si mes souvenirs sont bons, bien évidemment. L’homme a un accent à couper le couteau, mais je ne lui jette pas la pierre. Je roule mes r, joue suavement avec certains mots, assène d’autres avec grands bruits, habitude de la petite dame des pays bénis par le soleil tout au long de l’année. Si je contrôle ledit accent assez bien, à force de nombreuses années d’entrainement, les situations stressantes ou pressantes ne sont pas en ma faveur. Bah, à quoi bon s’embêter ? Au final, mon corps me trahit largement.

- Vous pouvez m’appeler Sam. Et nous pouvons nous tutoyer, aussi. Enfin, si vous voulez.

J’hausse les épaules à sa dernière remarque.

- Je voyage depuis que je suis petite. Je n’aime pas rester bien longtemps au même endroit. Qu’en-est-il de vous … ou toi ? La vie à Paris est plaisante ?

Je n’aime pas car je suis bien incapable d’apprécier la paix d’un village ou me complaire du chaos d’une guerre. Je recherche le premier lorsque je suis plongée dans le second, et inversement. A moins que je ne fuie quelque chose … ou que je ne m’octroie pas le droit de vivre ma vie, en arrêtant de pourchasser Seth par exemple. Bien des questions philosophiques que je préfère noyer dans la lecture de comics. D’ailleurs je range ma dernière acquisition, Oshi No Ko tome 3, dans mon sac. Décidément, qui aurait cru que la vie d’une Idole peut être aussi prenante avec une petite dose de réincarnation et une affaire de meurtre !

- Apparemment, je peux aider. Par contre, je ne suis pas sûre d’avoir compris la demande.

Le monde des déicides est très, très large. Si je peux couvrir un large rayon allant de connaissances mythologiques à des techniques de combat, je n’ai pas la science infuse. Il est assez fréquent que j’ai à consulter d’autres collègues, spécialisés davantage dans un domaine, pour compléter mes connaissances un brin plus générales.

Codage par Magma.

Traquer. Piéger. Tuer.