One coffee later.. - Zoé

Je n'étais pas vraiment du genre à arpenter les centres commerciaux, on va dire que le Diable que j'étais avait un peu d'autres choses à faire de ses journées, entre l'Enfer à gérer, car contrairement à ce que pouvaient penser mes frères ou certains démons, j'y allait bien plus régulièrement que ce que les apparences laissaient croire, surtout pour vérifier que les trois soeurs restantes n'aient pas eu la bonne idée de tenter de forcer leur cage. Normalement ce n'était pas possible, mais comme Guerre était sortie, maintenant les autres allaient se dire que leur temps était venu aussi. Je ne savais pas vraiment ce que mon père avait en tête avec elles, et si je n'étais pas trop chaud pour Guerre initialement, avoir les 4 de sortie, ça annonçait surtout un bordel sans nom sur Terre et personne n'était prêt pour ça. Tout le monde, chaque panthéon avait sa propre version de l'apocalypse ou de ce qui s'en rapprochait. Les grecs avec leurs guerres contre leurs aïeux, les nordiques et le Ragnarok, les Celtes et le ciel qui va leur tomber sur la tête, les Incas et la fin du monde.. les Nouveaux Dieux, je n'en sais rien et à vrai dire ça ne m'intéresse pas. Mais la version Apocalypse chez nous.. pour en avoir un aperçu constant en Enfer, je suis peut être le premier à ne pas vouloir la lâcher tout de suite et en dernier recours, quand on a plus vraiment d'options. Mais va-t-on m'écouter ? Non, qui suis-je après tout ? Juste le Diable.

Le Diable qui est obligé d'aller se chercher ses propres costumes, parce que son assistante est occupée avec Lilith. ça m'avait encore bien fait lever les yeux au ciel quand j'avais appris ça. Elle en a toute une ribambelle et elle est encore obligée de prendre la seule plutôt correcte que j'ai trouvé pour s'occuper. Voilà pourquoi je me retrouve là, en train de me hâter pour aller chercher mes trois costumes.

Mais quelque chose m'arrête. Dans une boutique, je reconnais une énergie particulière. La mienne. Un sourire sur les lèvres, je rentre sans même chercher à comprendre, alors que je vois deux flèches taillées et observe le vendeur qui est occupé avec des clients, qui tente de vendre une réplique d'excalibur. Une fausse bien entendu, la vraie est quelque part en Angleterre, enterrée bien profond, du moins la dernière fois que j'ai pu la voir il y a 3 siècles. Finalement, il se retourne vers moi avec son sourire, auquel j'ajoute le mien. "Bonjour Monsieur, comment puis-je vous aider ?" Je garde un instant de silence. "J'aimerai vous acheter ces deux flèches." Fis-je en sortant ma carte black. Le vendeur, je pouvais aisément voir l'appât du gain dans son regard et il se hâta derrière la caisse, avant de m'emballer les deux flèches. Pourquoi les deux me direz vous ? Très simple. La première, c'était mon essence divine, je l'ai ressenti immédiatement. Par contre, la seconde, je ne l'ai pas reconnue, et pourtant elle dégageait quelque chose aussi. Enfin.. 3000 euros plus tard, parce que ça coûte cher les babioles d'antiquaire, je sors du magasin, plutôt satisfait d'avoir eu à aller chercher mes costumes seul.

Enfin ça, ce fut jusqu'à ce que je me prenne de plein fouet une personne, qui me fit lâcher mon sac au sol, faisant tomber les deux flèches par la même occasion, alors que la personne que j'ai bousculé semblait être recouverte de café. Quel dommage.. enfin, si elle regardait devant elle, elle n'aurait pas ce probl.. tiens, je la connais celle là. "J'étais initialement parti pour m'excuser et vous proposer de vous acheter des habits pour compenser le café qui a taché ceux là, mais visiblement vous n'aimez pas mon argent." Lui dire bonjour ? A celle là ? Jamais de la vie. Je préfère faire la paix avec mon Père.

"J'ignorais qu'en plus d'être une femme d'affaire, vous aviez un potentiel comique inexploité." Me passant une main sur le visage, pour essayer de contenir mon calme face à la jeune femme, que je ne pouvais décemment pas attaquer, au risque d'envenimer les relations au tribunal, mais Père sait que ça me démangeait d'une force, elle finirait en Enfer aujourd'hui même. "Cependant, je ne saurai que trop vous conseiller de garder ça pour votre cercle intime, au risque de finir au chômage." Mon regard était froid, alors que je la voyais ramasser MON sac. Alors ça, cependant ce n'était pas envisageable, avec son téléphone. Je ne sais pas ce qu'elle s'apprête à faire la Miss Pimbêche, mais déjà qu'elle me casse les pieds professionnellement parlant, elle va laisser la divinité tranquille une bonne fois pour toute, avant que je ne décide réellement de m'énerver.

"Je vous remercie cependant d'avoir récupéré mon sac. Je le veux bien." Fis-je en tendant la main dans sa direction. Je n'allais pas le demander deux fois. Il y avait là dedans deux objets d'une valeur inestimable. Déjà pour commencer un morceau de ma fourche, et deuxièmement un objet donc je n'avais encore pas la connaissance, mais ce qui était certain, c'était qu'elle n'allait pas repartir avec. "A moins que vous désiriez être accusée de vol ? Surtout alors que nous sommes en plein contentieux judiciaire, cela serait assez embarrassant pour vous." Je laisse passer quelques secondes, avant de reprendre. "Je vous propose même ceci, étant donné que je suis la personne qui ne regardait pas devant moi, je vous repaie un café, ainsi que le prix du pressing pour vos.. vêtements." Enfin, si c'était ce qu'elle appelait vêtements bien entendu, je ne me serai pas permis d'appeler ce genre de tissu des vêtements. A la limite une friperie bon marché, et encore.