Time to bargain

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis cette soirée où bien malgré elle, Circé avait été entrainée dans les méandres du labyrinthe de Poséidon et affronté les pièges qui y avaient été installés par le génie qu'avait été Dédale. Ce ne fut que dans les heures suivant sa sortie de cette prison que la magicienne pu connaître l'étendue de cette soirée mouvementée : au travers de messages reçus de ses alliés ou membres de son panthéons et sur les chaînes d'informations mentionnant des milliers de disparitions partout dans le monde. Parmis ceux qui n'étaient pas revenus, bon nombre d'entre eux servirait de tribu pour le Minautore si toutefois ils ne succombaient pas avec les autres aux différents pièges dévastateurs. Il était certain qu'après tout cela, les Olympiens ne seraient pas en odeur de sainteté auprès de leurs alliés nordiques et slaves comme auprès des humains. Comment pourrait-il en être autrement quand l'objet des tant de disparitions avait été offert à un mortel, par un dieu, des millénaires auparavant ? Quoi il en soit, même si elle savait qu'elle ne pouvait être l'instigatrice de cet événement, ce fut poussé par le lien de sang partagé avec le Minotaure que Circé avait décidé de prendre les devants auprès d'Héra : il était tout bonnement hors question d'être prise pour cible alors qu'elle n'était pas coupable. Si cela avait été le cas, elle aurait pris soin de ne pas s'y retrouver enfermée et aurait épargné ses alliés.

Tranquillement, les pas de Circé la menaient vers cette destination qu'elle avait indiqué à la déesse qu'elle s'apprêtait à retrouver. Une mains fourrée dans sa poche de manteau et la seconde tenant fermemant le parapluie au-dessus de sa tête, la magicienne promenait son regard noisette sur les visages qui allaient et venaient de différentes directions, protégés par des chapeaux, des capuches ou comme elle, des parapluies. Peut-être que parmis eux se cachaient des ennemis divins dont elle était incapable de sentir la présence tant qu'ils n'utilisaient pas leur pouvoirs, tout comme il pouvaient se trouver des cafards humains faisant partie de ce monde du crime dans lequel elle s'était taillé la part du lion. S'ils se cachaient parmis les mortels, elle finirait bien par les apercevoir et prendrais la poudre d'escampette sans se faire prier. Et si elle n'était entourée que de mortels n'ayant pas le moindre grief, lui étant parfaitement inconnus, elle n'en serait pas mécontente. Son regard finit par accrocher un visage encadré par une longue chevelure rousse qui avançait dans sa direction et la brune senti au fond de ses entrailles qu'il s'agissait de celle qu'elle devait retrouver ce matin. Prenant une profonde inspiration, elle avança légèrement son parapluie pour que la déesse puisse trouver un semblant d'abris sous la pluie.

- Je ne sais pas si je dois me sentir désolée pour ceux qui ont croisé la route d'Astérion ou pour mon neveu lui-même qui n'a pas dû recevoir de tribu depuis que Thēseús est passé par-là... commença-t-elle avant d'observer de bas en haut la déesse. Si tu as eu affaire aux même pièges que moi, tu sembles t'en être bien remise. Mais est-ce que ça va ? reprit-elle avant de l'inviter à entrer dans le marché de Montmartre.

La dernière fois qu'elles s’étaient retrouvées, la soirée qui sonnait comme un piège avait réellement tourné comme tel, voyant des déicides surgir de nulle part pour s'en prendre à plusieurs divinités et créatures, voyant le dieu celte Teutatès faire littéralement tomber le ciel sur la tête des invités. Heureusement pour la magicienne elle s'était retrouvée en compagnie de Loki et ce dernier l'avait tirée d'affaire grâce à ses pouvoirs. Cette rencontre n'avait pas pour objectif d'être un aimant à problèmes, du moins c'était ce qu'espérait Circé qui n'hésiterait pas à fuir en laissant sur place la déesse du foyer, mais elle en était plutôt le résultat : la labyrinthe avait attiré des milliers d'êtres en son sein et seuls une poignée en était ressortis avec des séquelles plus ou moins importantes. Observant les traits d'Hestia, la brune haussa un sourcil le temps d'un instant.

- Rares sont ceux à être heureux de me voir, je peux compter sur les doigts d'une main ceux qui le disent sans arrières pensées, répondit-elle tout d'abord tandis que son esprit notait les réponses que lui donnait Hestia. Astérion était brutal, Circé ne pouvait le nier, mais ce n'était pas de sa faute, il avait été fait ainsi pour punir des mortels : lui aussi n'était qu'un jouet des dieux -d'un dieu- dont ils avaient fini par se lasser et oublier jusqu'à quelques jours auparavant. La déesse avait combattu le Minotaure et elle avait affronté une sorte de bombe nucléraire magique ? A nouveau la magicienne haussa un sourcil, intriguée cette fois-ci par ce qui avait pu être à l'origine de cette "bombe". Dédale avait été un génie pour garder les tribus et Astérion dans le labyrinthe mais une bombe ?! Cela ne lui ressemblait pas. Peut-être s'agissait-il du pouvoir d'une dinivité mais laquelle ? Non je ne l'ai pas revu et ce n'est pas plus mal, je ne sais pas s'il m'aurait reconnue ou s'il ne m'aurait considérée que comme un en-cas. Et elle preférait ne jamais apporter de réponse ce genre de questionnement. Une breloque oui mais une breloque qui vaut une belle somme de billets... Tu parle d'une bombe magique, tu sais d'où elle provenait ? C'est trop destructeur pour ressembler à Dédale.

Protégées par le parapluie de la brune, les deux grecques avancèrent parmi les passants et le regard de Circé commença à se promener sur les différents étals qui avaient été installés sous des sortents de tonnelles de fortunes pour protéger les biens exposés. Meubles anciens. Collection de vinyles. Services de table. Horloges et montres. Il y avait de quoi faire et si elle le voulaig, la magicienne pouvait acheter le moindre élement se trouvant sur ce marché.

- Tu as dis ne pas avoir été en bonne compagnie. Avec qui étais-tu ?

Rares étaient ceux disant être heureux de la voir, dont la sincérité transparaissait dans la voix sans le moindre doute, et la déesse du foyer en faisait partie. Une douceur qui manquait cruellement aux autres dieux qui avaient depuis longtemps oublié l’importance d’un foyer dont les fondations devaient rester solides. De ces frères et sœurs, de ces neveux et nièces, aucun d’entre eux semblait mesurer l’étendue de la pourriture qui avait affaiblit leur demeure et qui voyait désormais l’une des leurs se tenir aux côtés d’adversaires, non du leur. Sans foyer, était-il réellement justifié de se battre ? Circé laissa un léger soupir s’échapper avant de raffermir sa prise sur la poignée du parapluie.

- Nous ne le saurons probablement jamais. Et puis Astérion n’est qu’un exemple parmi tant d’autres que les humeurs des dieux causent des dégâts irréversibles, réagit-elle alors que son regard survolait les alentours et que leur discussion se poursuivait. Peut-être que son neveu de Minotaure, affamé comme il avait dû l’être lorsqu’ils s’étaient trouvés dans le labyrinthe, n’aurait pas songé un seul instant à faire d’elle autre chose que son en-cas. Qu’il ne l’aurait pas écoutée, mi-homme mi-bête qu’il était. Et si elle savait qu’elle aurait ressenti de la peur en le voyant attaquer, sa colère n’aurait été dirigée qu’envers les dieux l’ayant fait ainsi pour punir des mortels. Elle en aurait voulu aux dieux et pas envers lui. Elle en voulait aux dieux d’avoir fait d’Astérion ce qu’il était et qu’ils se contentent de l’oublier à nouveau plutôt que de mettre définitivement fin à son existence. Rappelant ses pensées à l’ordre, la magicienne se concentra sur les mots d’Hestia qui n’étaient pas dénués d’intérêt : la bague avait été chargée de magie et si elle avait perdu de son importance, elle n’en gardait pas moins une valeur sur laquelle il était possible de jouer, et puis il y avait cette histoire de bombe magique…

- Hmm je vois, répondit-elle en se passant une main dans les cheveux avant de se figer dans son geste alors que la déesse lui révélait des identités ou les races des êtres qui s’étaient trouvés avec elle dans le labyrinthe. Une nouvelle déesse, soit. Loki allait probablement laisser exploser sa colère prochainement. Un autre nordique s’était trouvé là. Un agent monothéiste, semblait-il qu’il s’agissait de Lucifer. Là encore une colère allait probablement être exprimée et la brune en ressentirait l’onde de choc. Loki et Lucifer… quel duo infernal cela avait dû être. Une sirène, une humaine et un… vampire. Son regard se braqua sur le visage de la déesse puis fronçant légèrement les sourcils, elle se retint de questionner Hestia sur l’oupyr qui s’était retrouvé au milieu de tout ça. Tout ceux présent dans ton groupe sont sortis ? Il pouvait s’agir de n’importe quel oupyr mais s’il s’agissait de Johannes… Il y avait deux humaines, une déesse venue d’Asie, Nyx, une oupyr et un dieu… dont je n’ai su déterminer le panthéon. Tout le monde est sorti.

Doucement mais sûrement elles avançaient à travers la foule et peu à peu une sensation commença à se diffuser dans le corps de la magicienne, se transformant en une force guidant instinctivement ses pas.

- Nous cacher dans la foule. Il y a des oreilles et des yeux partout, je ne pouvais pas échanger avec toi, même sur mon propre domaine, cela aurait été perçu comme un affront et je n’aime pas rendre des comptes, répondit-elle avant d’hocher la tête à la nouvelle question de la déesse qui semblait sentir la même chose qu’elle. Lui indiquant de la suivre, les pas de la magicienne la firent passer devant plusieurs étals avant qu’elle ne commence par passer non loin de l’un d’entre eux et s’arrête brusquement des objets de confection islandaise. Il y avait des pulls traditionnels, des bracelets en pierre de lave ou encore des colliers avec des symboles runiques. Mais ce qui attira l’œil de Circé ce fut cette broche en métal portée par cette vieille femme qui tenait l’étal, une broche dont se dégageait de la magie. Bonjour, ce sont de magnifiques produits que vous avez là. Faits main, n’est-ce pas ? lança-t-elle avec un grand sourire. Et que dire de cette broche que vous portez ! Un bijoux de famille ?