[FB] La caída de un imperio

Plusieurs années s’étaient écoulées depuis que les premiers visages blancs vêtus de lumière avaient posé pied sur les terres de l'Empire. Plusieurs années que les premiers affrontements avaient éclatés à mesure que ces hommes venus par la mer s'avançaient dans les terres. Si Pachamama avait pu intervenir pour appuyer ces hommes et ces femmes qui faisaient l'empire, elle s'était rapidement retrouvée démunie lorsqu'un mal commença à se propager entre les différentes tribus à mesure que les hommes de fer avançaient. De fortes douleurs dans le moindre muscles, une forte fièvre forçant à l'alitement, des táches apparaissant rapidement sur le peau et se diffusant sur tout le corps avant de se transformer en pustules. Un mal qui tuait rapidement et qui n'avait pas épargné l'empereur Huayna Capac. Comment lutter contre cet ennemi invisible qui affaiblissait les Hommes lorsqu'il ne les tuait pas ? Comment repousser ces étrangers alors que ceux pouvant encore porter les armes se déchiraient entre eux pour soutenir le successeur qu'ils jugeaient capable de régner ? Si elle ne se résoudre à abandonner ses fidèles qu'elle s'employait à faire quitter leurs villages avant l'arrivée des espagnols, elle ne pouvait intervenir pour faire cesser les affrontements : les Hommes devaient se battre par eux-mêmes et vaincre ces adversaires venu en nombre bien inférieur.

Se tenant debout à la lisière des bois du village de Cajamarca, Pachamama observait la scène qui se déroulait sous ses yeux. L'empereur Atahualpa était là, sur sa litière, suivi par ses milliers de soldats, et un homme drappé d'une longue toge s'était avancé vers lui au côté d'un jeune homme qui traduisait ses propos. Avec la distance, la déesse percevait mal le contenu de la déclaration de l'envoyé espagnol qui tendait un ensemble de feuilles. Pourquoi les espagnols restaient-ils à l'intérieur des trois plus grandes demeures ? Interrogeant silencieusement du regard Pachacamac, son attention fut à nouveau attirée vers les humains. Elle vit le prêtre prendre son propre ouvrage, l'ouvrir et il sembla en faire la lecture à l'empereur qui le laissa faire. La respiration de la déesse se coupa instant, quelque chose se préparait. De longues minutes s'écoulèrent avant que les premiers claquements des fusils résonnent dans la vallée. La Déesse-terre trésailli : cela n'avait donc été qu'un piège pour attirer l'empereur et une large partie des forces incas dans ce village pour les décimer. Elle ne pouvait pas intervenir, les deux camps étaient bien trop proches pour que ses pouvoirs n'affectent pas les incas. Son poing se serrant sous la colère, elle senti la main de son époux se poser sur son épaule et dans un hochement de tête pour la saluer elle observa le divin-créateur du monde sous-terrain s'éloigner d'elle, l'arme au poing pour se battre au côté de ceux pour lesquels ils existaient.

Les fusils faisaient tomber les soldats incas comme s'ils n'étaient rien d'autre que des jeux de bois. Les boulets de cannons éclataient les corps, faisant tomber une pluie de sang sur la terre meuble. Les incas mourraient par milliers lorsque les espagnols résistaient aux assauts grâce à leurs montures et leurs armures, ne tombant qu'en de rares occasions. Quelques dizaines de minutes, ce fut le temps nécessaire à une centaine de soldats pour détruire les principales forces militaires incas et capturer l'empereur. A la nuit tombée, Pachacamac n'était pas revenu à elle et les espagnols s'étaient retirés en laissant derrière eux un charnier offert à la vue de tous. Prenant une profonde inspiration, ses pas la menèrent instinctivement jusqu'à la grand place et y trouva le reste de cette enveloppe dans laquelle s'était incarné le dieu. S'agenouillant à son côté la déesse observa instant les corps qui gisaient autours d'elle avant de poser son regard sur le visage -du moins ce qu'il en restait- de son époux et posa délicatement sa main sur cette joue qu'elle avait pu si souvent caresser.

- Puissions-nous nous retrouver rapidement, murmura-t-elle avant qu'un fourmillement viennenet l'alerter d'une présence derrière elle, une essence qu'ele ne connaissait que trop bien. Il s'agissait d'un piège, je l'ai senti et j'ai attendu de voir ce que le prêtre allait faire... Ils devaient se battre seuls.