Ghost Trackers, Lulu et Oumar vs Démon Hindou

Je traque ce démon hindou depuis de nombreuses semaines. J’ai remonté la piste sanglante avec une grande aisance. La bête s’est sentie bien à son aise dans les quartiers du Père Lachaise, au point de jouer son fin gastronome. Par exemple, il est très friand d’organes enrobés de gras – à l’image du chocolat autour de cacahuètes croquantes et torréfiées – et assez pointilleux avec les extrémités des corps – les mains, les pieds, les cheveux.

Il a également amour particulier pour le cerveau, surtout si ladite cible est un grand intellectuel. En effet, j’ai constaté que certaines victimes n’avaient plus de cervelle, là où d’autres étaient encore intactes. A l’image des démons du manga The Promised Neverland, plus le cerveau est développé, plus il est juteux et appétissant. Par ailleurs, lorsque j’aurais terminé ma tâche du jour, j’ai à rattraper une saison entière sur crunchyroll. Cette plateforme a révolutionné ma vie en toute sincérité !

Le poignard principal est bien au niveau de ma ceinture, à côté de mon pistolet principal. J’ai tout autant un poignard de sauvegarde au niveau de la cuisse. Le flingue, un très petit modèle et assez rétro, est au niveau de l’autre cuisse. J’ai également quelques petites grenades aveuglantes ou encore des fumigènes. J’espère que je n’aurais pas à les utiliser. Chaque créature est différente et ces gadgets ne sont pas toujours les meilleures idées du monde – j’ai déjà eu la bêtise d’en utiliser et découvrir que mon ennemi se renforce au lieu de s’entraver !

Evidemment, pour éviter d’être moi-même une victime, j’ai un masque qui m’évite de suffoquer mais qui ne me dérange pas spécialement, avec infrarouge inclus. Il serait vraiment stupide d’ouvrir des lumières quand on traque des créatures d’outretombes ou terribles dans des batisses oubliées. Chaussures aux semelles souples et molles pour étouffer tout bruit, j’infiltre le QG de la créature en toute discrétion et commence mon exploration. Là, je devine les formes de la bête. Je m’apprête à tirer.

Mais c’est sans compter sur des bruits inhabituels.

Des civils. Ces idiots sont rentrés par la porte principale, celle qui grince très bien à chaque petit mouvement. L’ombre se déplace rapidement. J’ai à peine le temps de me cacher dans un couloir pour qu’elle ne m’aperçoit pas. J’entends un premier cri, suivi de deux à trois autres. Je ne réagis pas, je ne panique pas. Ces humains étaient condamnés à l’instant même où ils ont mis pied dans le domaine du démon. Je n’aurais rien pu faire de plus. Telle est la vie. On a la chance ou on n’en a pas.

Je me glisse jusqu’au chœur et vois un blondinet. Si je n’ai pas pu sauver les autres, je peux tenter d’aider celui-ci. Certes, je suis une femme qui peut faire preuve d’un manque d’empathie mais ce n’est pas véritablement le cas. J’ai grandi avec les morts, les guerres, les drames. Sauver une vie tient du miracle, tuer une vie est une banalité aisée et facile. Et moi, je n’accomplis pas de miracles. Je suis surtout une main destructrice, qui frappe ceux qui tuent avec facilité.

Ma lame croise la sienne. Je l’écarte d’un coup de pied, me saisis du bras du blond et le traine avec moi.

- COURREZ. SUIVEZ-MOI.

L’idée est de me rendre à la pièce par où je me suis engouffrée – il y a une fenêtre donnant à une colonnade décrépie de part à d’autres, avec de bonnes prises. Là, je n’aurais qu’à tirer la commode avec l’aide du jeune homme. Nous gagnerons assez de temps pour que lui et moi quittons l’église. Clairement, tuer par surprise est à ranger au placard. J’ai besoin de sortir les flingues gros calibres, qui sont dans ma voiture.

La question est de savoir si nous allons y arriver et si je dois continuer à me battre contre cette force de la nature.

Codage par Magma.

- COURREZ.

Je ne m’embarrasse pas davantage de mots ou d’explications. Ce n’est ni le lieu, ni le moment de donner un cours de mythologie et de géopolitique divin au garçon. Nous avons à semer le démon et éviter d’y perdre nos têtes par la même occasion, avant tout ! Je ne me démonte pas lorsque les bruits de pas de la créature se rapproche davantage ou que sa lame passe entre le blond et moi – arrachant une touffe de cheveux au premier, m’épargnant miraculeusement.

Pendant que l’inconscient parle et que le rakshasa s’approche, je continue à pousser la lourde commode. Les longues années d’entrainement et de traque m’ont appris que la panique mène à l’erreur. Il faut garder son sang-froid autant que possible et accepter d’être submergé par le stress, la panique et l’adrénaline que lorsque la mort est en face de nous. Pour le moment, la personnification possible de la mort est encore loin. J’ai toutes mes chances de vivre. Méthodisme et calme sont donc de rigueur. Finalement, j’arrive in extremis à bloquer la porte.

Trempée par la sueur, souffle hachée par l’effort considérable que j’ai déployé, j’étudie mon environnement. Nous ne sommes pas au bout de nos peines. La bete grogne et cogne violemment à la porte. Elle ne tardera pas à céder. Cependant, nous avons l’avantage qu’il s’est délaissé de sa grosse épée. Nous avons donc quelques minutes supplémentaires devant nous pour fuir ou, à défaut, préparer notre contre-attaque. Je détaille l’inconnu. Il n’a pas une mauvaise forme physique mais est sacrément apeuré. Je ne risque pas de tirer grand-chose de lui.

- Ce démon peut se métamorphoser. Je ne sais pas s’il peut prendre une forme d’animal ou d’insecte et je ne suis pas curieuse d’avoir une réponse à cette question. Nous ne pouvons pas rester trop longtemps ici. On doit se casser. Vous avez le vertige ?

Je pose mon sac à dos par terre et mets rapidement la main sur un petit gadget fort utile : grapin. J’accroche un embout à un meuble solide – ou d’apparence solide – dans la pièce et montre l’autre embout au blond.

- Soit vous avez une ceinture et je vous y accroche, soit vous vous accrochez avec votre main et vous ne lâchez pas.

Je me fiche de savoir s’il est prêt ou non à un petit saut de la foi. Rien ne nous garantie que la créature ne rentre pas pile au moment ou il descend et qu’elle ne coupera pas la fine mais résistante corde. Tout autant que rien ne garantie qu’une fois hors de la bâtisse, nous sommes à l’abri ! Il y a trop d’inconnus dans ce genre de situation. Eh merde ! Le piège était parfait. J’allais le tuer avant même qu’il ne s’en rende compte ! Ces fichus crétins m’ont gâché cette chance inouïe !

Les coups continuent, la porte se fissure petit à petit. Bientôt, on va voir la tête de la créature comme dans le film Shinning.

- C’est maintenant ou jamais, dépêchez-vous. Ou je vous laisse ici.  

En théorie, de nous deux, j’ai celle qui a le plus de chance de s’en sortir vivante. Et la loi du plus fort prime sur l’altruisme et les bonnes œuvres en ce bas monde. L’horloge tourne, les options du garçon s’amenuisent tout autant. IL doit bien comprendre que je ne rigole pas avec ces traits déterminés, ce regard sans affection particulière et cette voix aussi décidée que froide.

Codage par Magma.

Face au vide, il blêmit au point où je m’inquiète et est persuadée qu’il va se dégonfler. Heureusement, l’instinct de survie prend le dessus et lui donne le courage nécessaire pour oser ce bond. Pour ma part, la hauteur ne me fait ni chaud, ni froid. J’ai fait des sauts beaucoup, beaucoup plus importants et avec un matériel beaucoup, beaucoup plus foireux. Pour autant, je n’exclue pas le paramètre de la peur et de l’amateurisme et espère qu’il ne va pas se briser bêtement quoi que ce soit. Je suis costaud, mais pas assez pour porter un type sur plusieurs mètres avec un démon hindou aux trousses.

Dans cette descente maitrisée, il laisse échapper un cri peu discret. Si jamais notre assaillant ou nous avons pu nous évaporer, il n’a plus aucun doute. La minute de surprise et de surprise à la suite de notre disparition mystère vient tout bonnement de tomber aussi bas que nous ! Je ravale un grognement de mécontentement et réfléchit déjà à la marche à suivre. Là ou le dandy dirige son attention partout, mes sens restent rivés sur l’Eglise et ses ouvertures. Pourquoi est-ce que le démon n’est toujours pas apparu ?

- C'est un rakshasa, un démon de la mythologie hindoue, ayant la capacité de se métamorphoser. La police est inefficace face à lui. Elle a les moyens pour l'arreter mais elle est encore trop submergée par tous les retombées de la Grande Révélation et les crimes humains pour s'amener au premier "Alerte, un démon hindou veut me bouffer !". Parce que oui, la nourriture favorite de celui-là est la chair humaine.

Le silence se poursuit. C'est bizarre.

- Et franchement ? La chasse aux fantomes est le pire plan depuis la nuit des temps et surtout depuis la Grande Révélation. Si on sort vivant de cette traque, rangez-vous, contentez-vous de vos boissons au chou fleur et de vos séries télé.

Quelque chose bouge, finalement. J'entends.

Je prends mon flingue et vise déjà l’encadrement de la fenêtre. Un grand aigle s’extirpe. Je tire aussitôt. Le premier tir frappe et arrache un cri aigu au faux oiseau. Je tente un second tir, qui rate mais qui a l’avantage de surprendre et effrayer un tantinet notre ennemi. Nous gagnons un temps précieux sur la suite. Alors, j’attrape ce foutu téléphone que le blond brandit comme le Saint Graal, le jette contre un mur et le pousse par la manche.

- Vous savez rouler ?

Je me fiche qu’il a le permis, ou non. Tout ce que je veux est qu’il sait appuyer sur l’accélérateur, sur le frein et tourner convenablement le volant dans les virages à venir.

- Si oui, vous conduisez et vous foncez tout droit sur tout ce que vous voyez de vivants. Vous sentez-vous capable ou non ?

S’il peut, je garde le flingue et je tire de la voiture. Si tout va bien, il n’aura même pas un démon sur la conscience. Si tout va mal, il y a de fortes chances de finir dans un ravin – ou écrasés contre un arbre. Ce sont les risques du métier, que voulez-vous !

S’il ne peut pas conduire ou foncer sur n’importe quoi ou n’importe qui, je vais devoir jouer moi-même à fast and furious. J’espère que j’ai autant de talents que ces cascadeurs d’Hollywood ou les programmeurs de film qui créent tous ces beaux effets spéciaux.

Décidément, ce démon m’aura donné plus de fil à retordre que je n’aurais cru ! Entre temps, nous arrivons à la voiture et mes clés sont déjà en main. Qui va conduire ? Je le fixe, je l’interroge du regard. Cependant, nous n’avons plus le temps d’argumenter. Au loin, on entend un nouveau cri.

L’hindou a maintenant opté pour une forme de tigre géant, quoiqu’au flan ensanglanté.

PV démon : 7/10

Codage par Magma.

- Elle n’est pas intéressée par l’argent, alors cessez de vous vanter de votre situation. Et de croire qu’elle va vous protéger. Au mieux, vous aurez de belles funérailles. Au pire, vous finissez dans les tripes du gars.

J’évite de pousser l’image plus loin, en réponse au commentaire sur le système digestif de la créature.

- Ce sont des créatures. Ce ne sont pas des humains. Si vous ne les tuez pas, ils vous tuent. C’est tout.

Nous ne sommes rien pour ces créatures et ces divinités. Pour certains, nous sommes un grain de sable. Seul, nous sommes un peu gênants mais surtout invisibles. En masse, nous sommes une plaie ou un amusement, selon leurs humeurs. Pour d’autres, nous sommes de la bouffe – ou des clowns. Nous sommes un jouet qu’on use et abuse ou ce bâton de sucre qu’on mastique encore et encore jusqu’à être lasse. Il y a bien ces êtres qui aiment dire qu’ils sont des protecteurs. Foutaises. Ils sont une minorité.

- Roulez. Nos vies en dépendent.

Je n’ai aucune honte à le presser comme un citron. Pour situation désespérée, mesure désespérée n’est-ce pas ?

Le jeune héritier est bien plus débrouillard que ses paroles ne laissent paraitre. Si papa et maman lui ont offert le permis sur un plateau d’argent – littéralement –, il n’est pas pour autant un incapable ou un poids mort. Il sait prendre des décisions sous la pression et, surtout, survivre. Il récupère les clés et s’engouffre dans la voiture. Je le suis aussitôt, peu volontaire de servir de repas à l’ennemi. Avant même que ma portière claque, il appuie sur l’accélérateur et fonce tout droit sur le molosse de chair, de sang et de magie.

La perspective d’une mort imminente tue tous scrupules. Il n’hésite pas, il ne ralentit pas, il ne dévie pas, il ne se plaint pas, il ne pleurs pas. Il frappe de plein fouet. Le démon est projeté sur plusieurs mètres et ne bouge plus. Du moins, je le crois. Je suis bien plus préoccupée par ma sécurité dans cette ferraille. J’ai à m’accrocher sérieusement à la ceinture, que je n’ai pas eu le temps de mettre, pour ne pas voltiger à travers le pare-brise. Demain, et si je sors vivante de cette altercation, je vais avoir de sacrées courbatures.

Le silence s’impose. Je fixe la masse informe et sanguinolente au loin. Le blond s’interroge sur l’état de cette dernière. Vivante ou morte, telle est la question !

- Un bon démon est un démon mort.

Je marmonne, je quitte la voiture, je m’arme … et je m’approche. La créature est vile et rusée car elle quitte aussitôt sa position de morte et se jette sur moi. Nous sommes dans l’impasse, prêtes à nous égorger. Elle est sur moi, croc dehors et proche de ma jugulaire. Je suis sous elle, lame affutée et géante sous sa gorge, avant-bras non loin de ses dents, prête à la tuer.

- Boite à gant. Un flingue. TIREZ.

Je lui ordonne entre deux grognements, deux râles, deux grondements.

- VISEZ LE CORPS. TIREZ.

PV démon : 4/10
(dé 1/1, match nul critique pour les deux 8D)

Codage par Magma.

Certaines personnes sont persuadées qu’ils vont crever. Avoir l’équivalent de 150 kilos sur le corps n’est pas une expérience agréable. Les organes sont compressés, le cœur pompe trop, l’adrénaline monte, le cerveau s’affole. Mes nombreuses années d’entrainement et mon passif me permettent de retarder cet état d’alerte – et de danger – aussi longtemps que possible. Pourtant, je n’en reste pas moins une humaine avec ses propres faiblesses. Tôt ou tard, la chair va craquer et l’esprit va suivre.

Autant dire, j’entends à peine les échos paniqués du blondinet, bien trop préoccupée à garder mon propre calme et à trouver une opportunité pour me libérer des crocs acérés du démon polymorphe. Décidément, les panthéons n’ont plus beaucoup de respects entre eux. Depuis quand est-ce qu’ils osent trainer dans le pré-carré des uns et des autres ? La Grande Révélation n’a pas simplement chamboulé l’Humanité  mais également l’ordre divin ! Je serais bien ravie qu’un ange ou un démon colérique tombe, là et maintenant. Je profiterai de cette petite parenthèse pour déguerpir …

Enfin, la porte de sortie se présente ! Un tir. Un feulement. Beaucoup d’air pour mon corps et de mouvement pour mon corps. Je me relève aussi vite que je le peux, mais pas assez pour empêcher le démon hindou de retrouver une nouvelle forme et foncer tout droit vers l’humain. J’ai à peine le temps de courir vers ce duo et de me saisir de ce corps glissant et sec. La créature est vive et profite de cette prise inopinée pour planter ses dents pointus et potentiellement empoisonnés dans ma chair.

Et merde !

Je le balance contre un arbre mais il a aussitôt le temps de se transformer en un rongeur et accuser plus ou moins le coup et trouver refuge dans les feuillages. Je pose mes lèvres sur la morsure, au niveau du dos de la main, et tente d’aspirer au mieux ce venin et le recracher. Est-ce que c’est assez efficace ? Je ne sais pas. Est-ce que je vais en crever ? Non. J’ai assez de temps pour trouver une pharmacie ou un hôpital et obtenir les soins nécessaires. Quant au poison, j’ai reconnu l’espèce de serpent. La prise en charge sera rapide.

- Beau tir. Mais dès demain, payez-vous des cours de tirs avec votre fric.

Je me dirige vers le coffre, l’ouvre et dévoile tout un attirail de chasse. Là, je me saisis d’un fusil à pompe, le charge, prends quelques munitions que je fourre dans la bonne poche.

- Il faut toujours viser le tronc, de dos ou de face. Pas la tete, pas les jambes, rien. Le tronc et surtout le tronc. Avez-vous bien compris ?

Je grommelle, je gronde. Je suis brisée, je suis empoisonnée et j’ai mal.

- Il est coriace,  mais il trop blessé. Il va être plus lent. Il va être une cible facile.

Il est versatile, apte à se transformer à sa guise et rapidement. Il est résistant également, venant d’accuser deux tirs et une voiture. Et il est intelligent, apparemment. Il ne bouge pas, il ne se montre pas. Je ne le lui laisse pas le choix. J’oriente mon flingue vers l’arbre ou il est supposé se cacher.

- Je vais tirer à l’aveuglette. Il risque de tomber. Je vais avoir besoin de quelques secondes pour recharger le flingue. Vous allez tirer s’il se rapproche.  

Je ne laisse pas le temps à la réplique au blondinet. J’oriente la lourde arme vers les branches et tirs. Le recul est violent, mais je ne flanche pas, je ne me déboite pas plus l’épaule. Mes prédictions sont justes. Une lourde masse tombe, ayant du mal à se relever ou même à se transformer. Aussi vite que je le peux, je sors une munition, je recharge le flingue et je le prépare …


PV démon : 3/10
Oumar perd 1 PV

Codage par Magma.