You're not an Angel. [Intrigue III - Terminé]

You're not an Angel.
ft @Shiobán Zurer

Istanbul.. la sublime porte comme certains aiment l'appeler. Pour moi, il s'agit simplement d'une des villes les plus importantes d'un point de vue historique, surtout avec tout ce qu'elle à vécu, tout ce qu'elle a connu et le nombre de choses qu'elle a enduré avec le temps, les civilisations, les guerres, les maladies, les famines. Mais aussi les joies, les conquêtes, les moments phares de sa glorieuse vie.. et aujourd'hui, une ville qui joue encore un rôle particulier avec le nombre d'être divins qui s'y promènent jour et nuit sans que personne ne s'en rende compte. Du moins, au moment de la Grande révélation personne ne s'en rendait compte, et aujourd'hui.. aujourd'hui la ville semble être un peu plus mouvementée.

Mais ce n'était pas la raison de ma venue. Je n'étais pas là pour regarder le coucher de soleil sur le port de Karaköy, ou même déguster une glace en me promenant entre les différentes ruelles pour voir les vendeurs à la sauvette ou les touristes toujours prêts à dépenser le moindre centime pour des babioles sans la moindre valeur. Non, j'étais là parce que j'avais commencé mon propre plan. Si Dieu avait décidé de m'inclure, moi et mes démons dans une Guerre qu'il avait décidé de mener, alors j'allais y jouer selon mes propres règles, et clairement, je savais qu'elles n'étaient pas pour lui plaire. Voilà pourquoi j'agissais avec la plus grande discrétion, ne voulant pas perdre à nouveau mes pouvoirs, ni même me prendre la foudre au détour d'une rue, par le plus grand des hasard, juste parce que le vieux aurait éternué.

Ma mission ? Commencer à semer le doute parmi les Anges. J'ai bien vu à Paris comment les choses tournaient. Le nombre d'églises qui étaient abandonnées, les Celtes qui pillaient les tombes, les lieux de Culte, les sanctuaires profanés.. et si j'avais beau mener en parallèle une réhabilitation de certains lieux avec Lilith et belzebuth, je ne pouvais pas être partout, et je ne pouvais surtout pas commencer à transformer toutes les églises en lieux de culte à la gloire du Diable, mon père n'allait vraiment pas apprécier. Quelques unes, pourquoi pas, trop d'un coup, c'est le retour de bâton. De ce fait, comme les Anges ne semblaient pas vraiment concernés par la protection des lieux de cultes à leur gloire, il était temps de passer à l'étape suivante, mettre le doute dans leur esprit et insinuer lentement qu'il était peut être temps de me rejoindre à nouveau, que Père était dépassé, et qu'il fallait passer à autre chose.

Voilà pourquoi, après avoir rendu une petite visite imposée à Rëmiel, ce fut au tour de Saraquiel. Je savais pas vraiment ou je pouvais trouver l'Ange mais son énergie avait été pistée par mes démons, à Istanbul, et plus particulièrement dans un appartement, et n'avait pas bougé depuis plusieurs heures. Le temps que j'arrive par mon jet privé. Habillé sobrement, un costume blanc, avec une rose rouge sur le devant, une chemise noire et les cheveux blonds bien coiffés, je débarque à la porte de l'appartement d'une certaine.. Miss Zurer. "Ainsi mon frère se cache dans un appartement qui n'est pas le sien, très angélique tout ça." Fis-je pour moi même en levant les yeux au ciel, avant de sonner et patienter tranquillement. Il devait être 20h30, dans ces eaux là. je n'étais pas pressé.

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Le diable est dans les détails. -- feat. Alexander Gold

Ce séjour en Italie lui avait le plus grand bien, lui permettant d’oublier tous ces noms pathologies génétiques figurant dans ses dossiers dont elle avait pris un soins tout particulier à ranger sur son bureau avant son départ. D’oublier un temps le tumulte incessant d’Istanbul en se laissant portée par la dolce vita, un verre de Spritz en main et ses lunettes de soleil sur son dès que le soleil brillait fort sous le halo hivernal. Un moment de détente qui n’en avait pas été tout à fait un, la voyant tenter de reprendre contact avec des membres de l’Organisation qui s’étaient tapis dans l’ombre à la suite du massacre de différentes cellule. Une tâche qui n’avait pas été de tout repos, certains faisant littéralement les morts. Mais peu importait elle avait su trouver les bonnes personnes et trouvé les bons mots pour que ces dernières puissent trouver le courage de reprendre les armes, ou à défaut de reprendre les recherches de divinités et de créatures à abattre. L’apparition de Donovan Smith au Nouvel An aurait dû accroître la détermination des membres de l’Organisation et non pas en affoler certains au point qu’ils aillent se terrer comme des lapins.

Laissant l’eau couler sur son visage, Shiobán ferma les paupières pour mieux profiter de cette chaleur bienvenue. Toute la semaine, elle avait eu la sensation d’être observée de YHWH en personne tant elle avait pu croiser le chemin de fervents croyants, en particulier aux abords du Vatican, et elle s’était d’elle-même employée à user d’une discrétion encore plus importante, craignant de voir débarquer un des frères de Saraquiel. Un long soupir s’échappa de sa bouche. Qu’il fût bon d’être enfin chez soi, bien que techniquement cet appartement luxueux lui avait été offert par Saraquiel pour remplacer cette bague qu’elle s’était refusée de porter à son doigt. Coupant le robinet, elle ôta l’excédant d’eau de ses cheveux avant de s’envelopper dans une grande serviette. Essuyant minutieusement son visage avec une petite serviette, dont elle se servit ensuite pour envelopper ses cheveux, la brune se plaça devant le miroir puis ouvrant un pot elle s’employa à appliquer de la crème : l’air dans les avions avait tendance à assécher la peau. Elle resta ainsi là, dans la salle de bain, durant plusieurs bonnes minutes à prendre soin de sa peau avant qu’elle ne rejoigne le salon vêtue d’une courte chemise de nuit. Elle allait enfin pouvoir se poser en attendant que le livreur arrive.

Mais à peine assise sur le canapé, prête à allumer la télévision, on sonna à la porte. C’était probablement sa commande ! Se relevant rapidement, elle alla mettre sa robe de chambre avant de prendre son portefeuille et d’aller ouvrir la porte.

- Pile à l’heure ! Est-ce que to…* commença-t-elle avant de s’arrêter brusquement dans sa phrase, observant l’homme qui se dressait devant elle. Il n’avait rien d’un livreur. Hum je peux vous aider ?

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*En anglais

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You're not an Angel.
ft @Shiobán Zurer

Il n'avait pas fallu attendre très longtemps pour que la porte à laquelle je venais de sonner vienne s'ouvrir, non pas sur mon frère, comme je pouvais étrangement m'y attendre, ce fichu couard ce cachant toujours dans les jupes d'une pathétique humaine, toujours différente selon les époques, mais étrangement avec le même type. Si je remonte trois cents ans plus tôt, il s'agissait aussi d'une brune, mais ce coup ci, elle habitait en Espagne, un tempérament un peu plus chaud, très pieuse, mon frère avait réussi à la convaincre de se foutre nonne et l'attendre jusqu'à sa mort. Pauvre fille, elle n'aura jamais connu le loup.

Enfin jamais, c'est faux, parce que j'ai envoyé un incube la dévergonder à l'âge de trente-cinq ans, histoire d'emmerder un peu mon frère, et aussi parce que je m'ennuyais. Il n'aura pas fallu trois semaines avant que la nonne ne finisse à poil sur l'autel en pierre, à couiner ses prières et à finir, trente ans plus tard, en Enfer, loin de Saraquiel. Qu'est ce que j'avais ri ce jour là. Ah.. le bon temps. Enfin bref, je pose le regard sur la créature humaine qui m'ouvre gentiment la porte, un sourire sur les lèvres. "Bonjour ma chère, je suis Alexander Gold, mais très certainement que mon nom ne vous dit rien, cela tombe bien, ce n'est pas pour ça que je suis là." Fis-je avec un ton extrêmement commercial et un sourire à tomber à la renverse. C'est que je sais me montrer charmant, surtout quand j'ai besoin de revoir mes frères, et tomber sur une de leurs possessions n'est pas de mon goût, surtout les humains.

"Vous allez peut être pouvoir me renseigner, je suis à la recherche de mon frère, et c'est la raison pour laquelle j'ai frappé à votre porte. Initialement j'ai cru que c'est lui qui allait m'ouvrir, au vu de.. ce qui émane de vous." Si, avec une phrase pareille, je ne suis pas assez clair, je ne peux rien pour elle, et Saraquiel aura vraiment choisi l'ampoule qui éclaire le moins de la rue. L'instant suivant, je vois arriver un livreur avec un sac qui semble rempli de nourriture. Mon sourire ne cesse de grandir, voilà ma chance. "J'espère que vous avez pris pour trois, mon frère est un assez gros mangeur en temps normal." Mon regard commence doucement à observer l'intérieur de l'appartement, alors que je me suis attardé quelques instants sur l'humaine. Pas que son physique ne m'attire pas, mais j'ai déjà Lilith, suffisamment parfaite à mes yeux, et j'ai aucune envie de me souiller avec des humains, même si mes frères peuvent les juger suffisant, je n'ai pas les mêmes critères, sorry not sorry.

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Attendant que livreur frappe à la porte, Shiobán ne s’attendait pas le moins du monde à la moindre visite en ce début de soirée où elle n’avait rien de prévu, hormis de rester tranquillement allongée sur le divin devant n’importe quel programme. Vêtue d’une simple nuisette, elle n’était donc pas apprêtée pour recevoir qui que ce soit d’autre que l’employé payé au lance-pierre ou un Saraquiel lui rendant une visite surprise. Il se tenait devant elle un de ces hommes que l’on pouvait aisément qualifier de gravure de mode avec ce ton charmant et ce sourire ultra-bright qu’il affichait avec une aisance à se damner… si toutefois il ne s’agissait pas d’une divinité. Rapidement elle avait senti ses traits se figer alors que ses yeux étaient captivés par l’aura de l’être divin, incapable de détourner le regard : la bénédiction de Saraquiel avait de nombreux avantages mais aussi quelques inconvénients qu’elle ne pouvait physiquement pas ignorer. « Puis-je vous aider ? » Quel manque de tact dont elle pouvait faire preuve dans certaines circonstances… elle aurait été capable de se gifler si toutefois les paroles du blondinet n’avaient pas déclenché un frisson venant lui parcourir l’entièreté de l’échine.

En effet le nom d’Alexander Gold ne lui disait mais ce n’était le plus important en cet instant précis, il ne s’agissait que d’une identité épousée pour évoluer parmi les humains sans prendre le risque d’être traquée par quelque ennemi que ce soit. Non, le plus important était de savoir qui avait étouffé cette âme humaine, qui se cachait sous ces traits pour lesquels les femmes donneraient le bon Dieu sans confession. Un frère de Saraquiel, encore un autre même le premier qu’elle avait rencontré ne l’était pas vraiment, et il y en avait un sacré paquet. Lequel ?

- Vous ne connaissez pas le téléphone chez v… commença-t-elle à répondre alors que le livreur apparaissait dans son champ de vision, posant son grand sac à dos à terre pour en sortir la commande. Baissant un instant le regard pour sortir quatre cents livre turque de son portefeuille pour cet homme qui parcourait la ville sur des kilomètres pour livrer ses clients, elle récupéra sa commande et rapidement son regard se posa à nouveau sur le dénommé Alexander. Si vous êtes vraiment l'un de ses frères, vous savez pertinemment que vous avez plus de chances de le trouver ailleurs à obéir aux ordres de son père, qu'ici. Elle n'avait que peu envie de laisser discuter avec ce fils de Dieu mais elle avait l'amère sensation que quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle dise : il ne la laisserait pas tranquille. Prenant une profonde inspiration, elle ouvrit un peu plus la porte et s'écarta pour laisser entrer le blondinet. Je vous laisse dix minutes pour me dire ce que vous voulez de Saraquiel et vous partirez d'ici sans me faire quoi que ce soit. A ses mots, elle ferma la porte derrière eux et s'avança dans le salon, posant le sac de nourriture sur la table.

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ft @Shiobán Zurer

Belzébuth avait raison, elle n'était pas moche, bien loin de Lilith d'un point de vue beauté, mais que voulez vous, on n'arrive pas à la cheville de la Reine des Succubes de cette manière, surtout pas quand on est humaine, mais pour une fois Saraquiel avait réussi l'exploit de trouver une femme plus belle que lui. Elle avait certainement du perdre un pari pour finir avec lui, ou alors elle fait un jeu avec ses copines, celle qui se tape l'ange le plus stupide du Panthéon à gagné et tant que personne ne joue avec le pipou de Gabriel, elle remporte la palme haut la main. "Le téléphone ? Vous pensez sérieusement que nous utilisons ce genre de choses pour nous parler ? Vous êtes amusante." Que je fis alors avec un sourire aux lèvres avant de voir le livreur arriver et l'humaine sortir de l'argent. J'assiste donc sans bouger, me retenant de bailler, à la scène et conservait mon beau sourire, les mains dans le dos, voyant la nourriture, ou du moins le sac en question. "Non et puis je trouve ces appareils assez impersonnels, surtout pour des discussions qui méritent un cadre plus.. privé." Notamment avec les nouveaux Dieux qui ont la main mise sur absolument tout, je ne suis jamais serein quand j'utilise un téléphone, que je navigue sur Internet ou que j'essaie de me familiariser avec la modernité, je sais qu'un des nouveaux Dieux peut m'espionner, et ça ne me plait que moyennement.

D'ailleurs quand elle me dit que Saraquiel est occupé à obéir aux ordres de notre Père, je ne peux m'empêcher de rire, un bon rire franc et bref. Non, désolé petite humaine, mais non. Pas à moi. "Il obéit tellement bien aux ordres de Dieu qu'il vous a pris pour possession, c'est vrai que c'est autorisé ce genre de choses tiens, j'avais oublié les derniers commandements." Néanmoins, voilà que la porte s'ouvre un peu plus et que je suis autorisé à pénétrer dans cet appartement. Oh ma chère petite humaine, tu fais entrer le Diable chez toi ? Que c'est dangereux.. mais si exaltant en même temps. Je passe donc à côté d'elle avec un sourire et un léger mouvement de tête avant de regarder un peu tout autour de moi. Appartement peu original, Saraquiel ne venait que peu ici, aucune trace de lui, si ce n'est la présence d'une partie de son essence sur l'humaine. J'écoute d'ailleurs à peine ce qu'elle me dit, j'avais oublié que les animaux pouvaient parler. "Ce que je veux de lui ? Qu'il m'écoute. Il ne fait pas ça très souvent, mais cette fois ci, ça pourrait lui sauver la vie, et je suis quelqu'un d'assez charitable en ce moment, j'ai décidé d'offrir une seconde chance à chacun de mes frères." Mon sourire n'est que plus éclatant, alors que mes yeux affichent, l'espace d'un instant, un éclat bien plus dangereux, avant de disparaître aussi vite qu'il était arrivé. "Dites moi, Miss Zurer, outre Saraquiel. De qui avez vous fait la rencontre parmi ses frères et soeurs ?" Il était temps de voir si elle jouait franc jeu avec moi, Belzébuth l'ayant déjà rencontré, il allait être facile de savoir si elle mentait. "Vous auriez à boire peut être ? Du whisky ? Sinon je me contenterai d'un café." Moi ? Un connard ? Peut être.

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Le diable est dans les détails. -- feat. Alexander Gold

Plus son regard était posé sur cet être divin, plus les sens de Shiobán étaient en alerte. S’il avait tout pour être charmant et la céder à nombre de ses demandes, pouvant obtenir d’elle moult réponses, il y avait quelque chose dans ce sourire d’à la fois captivant et effrayant. Etait-ce la sensation d’être observée et analysée jusque dans les tréfonds de son âme ? Etait-ce le ton doucereux qu’il employait ? Parfois Saraquiel lui faisait cet effet, lui rappelant ce qu’il était et ce le danger que représentait cette mission à laquelle elle s’adonnait, mais jamais suffisamment longtemps pour qu’un frisson d’appréhension vienne parcourir son échine : ce que provoquait en cet instant le dénommé Alexander. A sa remarque, elle ne pu empêcher le tic qui vint étirer momentanément ses lèvres. Bien sûr que non elle ne pensait pas sérieusement que les archanges ou n’importe quelles divinités puissent communiquer activement grâce aux téléphones. N’importe qui pouvait les espionner, ennemis divins ou déicides. Pour autant, toute mortelle quelle était, elle n’aimait que peu une telle visite et être prévenue n’aurait pas été de trop.

- Ce n’est pas parce que je ne suis qu’une humaine que vous devez faire preuve d’un manque de convenances, en venant ici sans vous annoncer.

Finit-elle par réagir avant d’ouvrir la porte plus grand afin de le laisser entrer. Quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse : il finirait par entrer et elle n’allait pas prendre le risque de découvrir ce qu’il était capable de lui faire si elle n’était pas un minimum coopérative. Elle lui laisserait dix minutes pour lui expliquer ce qu’il voulait de son frère puis partir sans lui porter atteinte. Posant sa commande sur la table, contre laquelle elle appuya légèrement la hanche, elle croisa les bras et attendit qu’il daigne lui parler. Ainsi donc, dans une volonté magnanime Alexander Gold venait offrir à Saraquiel une seconde chance qui pourrait lui sauver lui ? Ses sourcils se fronçant discrètement, Shiobán penchant légèrement la tête sur le côté. Que voulait-il dire ? Y avait-il des déicides qui traquaient l’ange ? Elle le saurait si c’était le cas. Etaient-ce des dieux païens ? Possible, après tout il était censé les débusquer. Pour autant, il était possible que ce frère qui se tenait face à elle fasse en fait mention de démons : il ne serait guère étonnant qu’entre anges et démons, des inimitiés puissent perdurer malgré les ordres de Dieu.

- Tiens donc…

Elle sentit cependant ses traits se figer lorsqu’elle vit cette lueur dans les yeux de la gravure de mode qu’était l’enveloppe du divin et lorsqu’il lui posa cette question à laquelle elle ne se serait pas attendue. Oui, plus les secondes défilaient plus ce sourire devenait effrayant à observer mais elle ne pouvait pas se démonter, pas ici ni ailleurs. Elle redressa la tête non sans conserver les bras croisés sur sa poitrine.

- Vous vous contenterez de ce que je veux bien vous offrir, répondit-elle avant de lui tourner le dos et de se diriger vers la cuisine. Ouvrant un placard pour prendre un verre, elle poursuivit. J’en conclue que vous êtes proche de celui que j’ai rencontré, très tentateur soit dit en passant. Il m’a présenté le nom d'un ange déchu et celui d'une divinité ancienne ayant été vénérée par les phéniciens, me laissant choisir lequel était le bon… il ne m’a pas contredite lorsque j'ai utilisé le titre de Seigneur des mouches. Elle ouvrit le robinet, laissant couler l’eau quelques instants avant d’en remplir le verre puis refermant le robinet elle alla poser le verre sur la table. Vous ne faites pas parti des frères de Saraquiel existant sous Sa lumière, du moins selon le sens qu’y accordent les humains, je me trompe ? Pourquoi vouloir lui accorder une seconde chance ? Après tout, il est quelque part dehors à traquer les païens sur Son ordre.

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"Humaine ou être divin, vous auriez eu le même traitement de ma part. Ce n'est pas parce que vous vivez à peine cent ans que je vais agir différemment que si vous vivez des millénaires." Et c'était totalement vrai, du moins me concernant. J'étais le Diable, et j'étais tout aussi insupportable avec les Dieux, les Créatures ou les Humains. Un beau parleur, charmant, vicieux et dangereux, qui pouvait s'insinuer dans le moindre esprit, retourner les situations à son avantage et tenter d'amener l'Enfer sur Terre. Enfin ça, c'est ce que la Bible décrit de moi. En réalité, je suis bien pire, mais bien plus complexe. Et je hais à part égale les Hommes des Dieux.

Ainsi, quand elle ouvre la porte, j'entre, sourire aux lèvres, et commence directement à observer les lieux. Rien ne laisse transparaître la présence de mon frère, ou le fait qu'il ait pu être là récemment. Quel gâchis, je me suis donc déplacé pour rien. Oui, parce que discuter avec des humains, même les possessions de mes frères, c'est une perte de temps, bien que Belzébuth l'ait déjà rencontrée. Et je finis par lui exposer la raison de ma venue, mais si Saraquiel n'est pas là, encore une fois, je suis venu pour rien, et pour tuer le temps, je pourrai juste pervertir son humaine et m'arranger pour que le Paradis ne lui soit jamais accordé.. On s'occupe comme on peut quand le plan ne se déroule pas comme prévu. "bien sûr, je suis certainement le frère le plus charitable que vous pourrez rencontrer. Les autres ne sont que des portes fermées. Si ça ne va pas dans le sens de Dieu, alors vous n'obtiendrez rien. je ne suis pas pareil, j'ai acquis ma liberté, et je veux l'offrir à mes frères." Quand elle me tourne le dos pour aller à la cuisine et me servir un verre d'eau, je perd mon sourire en haussant un sourcil. Un verre d'eau ? Sérieusement ? je vais la noyer avec son eau, on va voir si elle veut pas m'offrir autre chose cette pathétique larve inutile.

Mais dès qu'elle se tourne à nouveau sur moi, le sourire est de nouveau là, comme s'il n'avait jamais quitté mon visage, alors qu'elle m'explique avoir rencontré belzébuth à demi-mots, du moins le démon semblait avoir joué à un jeu de cache-cache avec elle en donnant possiblement mon identité divine au lieu de la sienne. Heureusement qu'il ne la pas contredite quand elle l'a appelé Seigneur des mouches, sinon je pense que le démon se serait fait arracher les ailes directement une fois que je serai sorti de cet appartement. Aucun de mes démons ne se fait passer pour moi, aussi proche de moi soit-il, sans en subir les conséquences. "Que voulez-vous, un démon est forcément un tentateur si on en croit les documents bibliques." Je ricane légèrement, prenant le verre d'eau, sans y toucher dans un premier temps. "Même si, je préfère le terme libéré que tentateur. Parce que, de ce qu'il m'a dit, vous n'êtes pas en reste non plus en terme de libération.. on est loin des préceptes bibliques.. ne pas boire d'alcool, pas de coucheries.. ce genre de choses." Qu'est ce que j'en savais ? Rien, je prêche le faux pour avoir le vrai. Et comme je suis un détecteur de mensonges ambulant, j'adore faire ça avec les humains, c'est mon petit pêché mignon, on va décortiquer un peu l'humaine que j'ai en face de moi.

"Je ne suis peut être plus sous Sa lumière comme vous le dites, Miss Zurer, néanmoins, je reste son frère. Banni du Paradis ou non. Et Dieu commence à se fatiguer, il n'est plus vraiment en mesure de prendre des décisions pleines de bon sens. La seule personne étant en mesure de diriger des armées, et un Royaume, outre lui." Je me rapproche alors d'elle, mon aura de sympathie émanant de moi légèrement, couplé ce sourire colgate. "C'est moi."

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Le frère le plus charitable de Saraquiel… Un bien grand mot au vu de son absence de prévenance envers les humains et ses congénères, comme il le disait lui-même. La liste des anges, déchus ou non, défilait dans l’esprit de Shiobán qui ne pouvait longuement détourner le regard de celui qui se trouvait non loin d’elle, la même question flottant dans son esprit que lorsqu’elle avait rencontré Belzébuth : quelle était sa véritable identité ? Ce qui n’allait pas dans le sens de YHVH, le prix a payé était élevé et l’histoire avait pu le démontrer. Elle plissa légèrement les paupières alors que Gold poursuivait, mentionnant avoir acquis sa liberté et vouloir l’offrir à ses frères. Un ange déchu donc et suffisamment élevé dans la hiérarchie pour se déplacer jusqu’ici pour l’un des membres de sa large fratrie étant encore dans les bonnes grâces de leur Père. Du moins tant que Saraquiel obéirait aux ordres qui lui étaient donnés. Finissant par ses détourner de lui pour lui remplir un verre d’eau, la brune répondit alors à la question qui venait de lui être posée concernant ses possibles rencontres avec la fratrie de son archange. Questionnement sonnait étrangement comme un ordre.

Lorsqu’elle se retourna pour aller poser le verre sur la table, le sourire était toujours aussi présent et le fait qu’il n’ait pas bougé d’un iota provoqua un nouveau frisson chez Shiobán qui croisa à nouveau les bras, son regard accrochant celui de Gold. Un démon ne pouvait qu’être tentateur par nature et elle avait pu le constater lors de sa rencontre avec Belzébuth mais le terme libéré… Elle senti ses mâchoires se crisper alors que l’être divin mentionnait les principes bibliques et par extensions les interdictions. Essayait-il d’obtenir des informations pour mieux s’en servir contre elle ? Probablement et elle sentait qu’il savait comme s’y prendre. Combien de fois avait-elle pu faire de même pour obtenir de ses patients qu’ils lui disent la vérité ? Combien de fois avait-elle pu les voir se tendre lorsqu’elle venait de mettre le doigt sur ce qu’ils minimisaient ou cachaient ? Elle claqua sa langue contre son palet, secouant légèrement la tête, sans toutefois interrompre son invité indésiré qui poursuivait. Sans vraiment le dire explicitement, il lui confirmait qu’il était de l’autre côté de cette barrière de l’acceptable qu’avait érigé YHVH mais plus encore il lui donnait un indice sur qui il était : peu nombreux étaient ceux qui pouvaient se vanter de diriger des armées et un royaume en dehors de l’Unique lui-même.

- Aujourd’hui les êtres humains brisent au moins trois mitzvot quotidiennement parce qu’ils se libèrent d’eux-même de ces préceptes désuets. La vie est trop courte pour songer à Lui et ses commandements à chaque secondes, je fais partie de ces humains même si cela peut agacer Saraquiel.

Restant le plus stoïque possible, elle prit une profonde inspiration alors que son esprit lui présentait un nom auquel elle aurait préféré ne jamais penser. Il se rapprochait d’elle bien trop à son goût mais elle ne pouvait y faire quoi que ce soit.

- Vous êtes le premier des Déchus, n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui pourrait le convaincre de vous suivre au lieu de votre Père après avoir vu quelle punition fut la vôtre ?

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Mon regard se porte sur elle, encore et toujours, alors que je cherche à l'analyser. Elle semble intelligente, elle est plutôt jolie, si on en croit les standards de la beauté humaine et de la société actuelle, plutôt organisée.. mais il y a quelque chose dans son discours qui ne colle pas. Bien que les hommes de manière générale ne soient plus aussi portés sur la religion qu'auparavant et qu'ils viennent même à sortir des carcans ancestraux que les anges, les prêtres, le Pape ou n'importe quel putain de con en robe blanche et noire tentait de leur inculquer, Saraquiel n'aurait pas choisi une femme humaine qui allait contre les commandements de son père, même si lui les brisait allègrement. Alors, je me devais d'enquêter. Pas que je m'inquiète pour lui, c'était son problème cette humaine, mais si Saraquiel décidait de rejoindre mon camp, alors je voulais connaitre ses potentiels points faibles à l'avance. Elle pouvait en devenir un gros. "Un peu plus de libre-arbitre, n'est ce pas une bonne chose finalement ? C'est fou, on croirait presque m'entendre deux à trois mille ans plus tôt."

Mon sourire étincelant devient carnassier avant de disparaître alors que je bois le verre d'eau d'une traite, le reposant délicatement sur la table, lui parlant alors de Dieu, de ses décisions qui étaient plutôt hasardeuses en ce moment, surtout au vu de ce qu'il m'avait demandé de faire. Si j'annonçais à cette humaine que l'Apocalypse était en marche, alors peut être qu'elle allait se remettre à prier, qui sait ? Finir à genoux d'un coup, notre père qui est aux Cieux, ne lancez pas l'Apocalypse, on fera tout ce que vous voulez pour vous blablabla, hahaha que c'est pathétique, j'imagine déjà la scène.

Finalement, je m'approche d'elle, et elle met un nom ou du moins qui je suis. Elle pose des questions, encore. "Vous êtes trop curieuse pour votre propre bien Miss Zurer." Que je lui dis de ma douce voix, mon sourire devenant étincelant, ma voix devenant bien plus charmeuse pour l'Ange, mais également le maître des mensonges et de la vérité que j'étais. "Pourquoi voulez vous réellement savoir tout ça ?" Alors qu'au final la discussion était ciblée pour mon frère. Mais l'humaine allait me répondre, et pas d'échappatoire, pas face au Diable. "Et je vous prie, dites mon nom, rien qu'une fois, cela fait si longtemps qu'un Humain ne l'a pas prononcé." Cette fois-ci, mon sourire dévoile des dents blanches, quelques instants seulement, avant de reprendre le verre d'eau vide. "Puis-je en avoir un autre s'il vous plaît ?"

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Utilisation du pouvoir Maître des Mensonges et de la vérité. Résultat 3 = Réponse stricte à la question posée en gras.

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La présence de ce frère de Saraquiel déplaisait grandement à Shiobán, un sentiment qui se renforçait à mesure que les secondes s'écoulait et que ce sourire ultra-bright ne tombait pas. Peut-être était-il réellement d'humeure charitable et si quelque part tout pouvait lui permettre de le croire, il y avait quelque chose dans ce que l'être divin disait qui projetait une ombre sur l'archange et sur elle par extension. Il ne s'agissait d'un des frères aux ailes blanches de Saraquiel, il était de ceux qui avaient dû tomber du Paradis si toutefois il ne s'agissait pas un simple démon. Possibilité qui s'éloignait à mesure que les secondes s'écoulaient et qu'il continuait à lui parler. Celui qu'elle avait rencontré auparavant avait dû transmettre des informations sur elle, sans quoi Gold n'aurait pas mentionné ces actes de libération auxquels elle pouvait s'adonner. Ou alors il émettait une simple supposition pour mieux l'amener à se livrer à lui ? Dans tous les cas, elle n'était ni la première ni la dernière personne sur Terre à ne pas respecter les préceptes religieux même si en façade, elle s'y attelait. Lorsqu'il réagit à ses propos, elle prit une profonde inspiration sans toutefois se défaire de son stoïcisme. Il n'y avait pas trente-six anges qui pouvaient se vanter d'être un second de YHVH, encore moins d'avoir tenu un discours demandant le libre-arbitre des êtres humains. Elle mit alors un nom sur celui qu'il était et il se rapprocha d'elle.

- Le défaut des docteurs, réagit-elle alors que l'envie de se soustraire de cette proximité avec Lucifer la demangeait. Oui elle était bien trop curieuse et elle venait probablement d'éroder les fondations de cette partie publique de sa vie qui cachait ses véritables intentions. Elle senti comme un voile de chaleur et de fraîcheur mêlées venir glisser sur sa peau, remontant jusqu'à ses lèvres et rendant sa langue soudainement plus légère. Parce que Saraquiel m'est bien trop important pour que je laisse qui que ce soit le détourner de moi, répondit-elle avec une aisance qui la déconcerta. Que venait-il de se passer ? Venait-elle de faire les frais des capacités de celui qui dirigeait l'Enfer ? S'il pouvait la faire parler avec une telle aisance, elle pouvait donc obtenir tout d'elle et la tuer sur-le-champ ou pire... lui faire obtenir des informations compromettantes pour mieux la faire tomber par la suite au côté de l'Organisation, peut-être même des mains de Saraquiel. Portant sa main à sa bouche, elle jetta un regard à Lucifer mêlant surprise et crainte avant de la laisser retomber le long de son corps et elle s'employa à reprendre contenance lorsqu'il reprit la parole. Je ne vous donnerai pas cette satisfaction, répondit-elle avant de lui prendre le verre des mains et d'aller le lui remplir. Elle ne pouvait pas lui dire non, qui sait ce qu'il pouvait lui demander d'autre. Si vous voulez parler à Saraquiel, allez le trouver. Je ne serais pas votre messagère, reprit-elle en revenant vers lui en tendant le verre d'eau.

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Elle semble comprendre au fur et à mesure qui je suis et ce que je représente, notamment pour la religion Monothéiste, et pour cette Terre, que j'ai recommencé à fouler. Si la crainte n'est pas encore visible sur ses traits, ça pourrait ne pas tarder. En même temps, elle ne devrait pas m'en vouloir, mais plutôt à mon père, il est la raison de ma présence sur ces contrées de faibles et de pathétiques larves. J'étais bien mieux en Enfer, à m'occuper de mes âmes, et torturer les gens, tout en gérant les démons. C'est lui qui à voulu une Guerre totale, lui qui m'a menacé et encore lui qui m'a obligé à lancer l'Apocalypse sur Terre. Encore une information que la petite humaine ne possédait pas. J'allais lui épargner pour aujourd'hui, sinon c'était la dépression assurée et le suicide dans les semaines à venir.

Mais comme sa curiosité m'agace autant qu'elle m'intrigue, je la pousse à me donner la vérité. et ce qu'elle me dit me fait sourire en coin. Voyez vous ça. "Ah oui ? Il est trop important pour vous ? Et en quoi un Ange du Seigneur vous servirait à quoique ce soit ? A une femme qui prône le libre-arbitre et qui se poste sur une version plus libérée de la Bible ?" je n'ai utilisé aucun pouvoir, mais je n'en ai plus besoin, maintenant que j'ai un point d'attaque et qu'elle a eu exactement la tête que je voulais qu'elle ait. Elle a compris que je ne plaisantais pas. "Je ne sais pas si vous comprenez vraiment qui vous avez en face de vous Miss Zurer. Mes frères sont peut être encore bien enchaînés à la laisse que mon Père tiens, mais ce n'est plus mon cas depuis très.. très longtemps." Je la laisse alors prendre mon verre avec un sourire aux lèvres, conscient de son trouble qu'elle tentait de cacher. "Alors quand je décide de m'intéresser à quelqu'un. Rien, ni personne ne me détourne de mon but. Et je dois bien avouer que vous êtes très intriguante.. surtout pour que mon frère déverse une partie de son essence pour vous."

Quand elle revient, je récupère le verre d'eau, avec un sourire. "Merci." et en prend une gorgée, avant de rire légèrement, en posant mes yeux sur elle. "Vous n'aurez pas besoin de passer le moindre message. Vous êtes le message. Voyez vous, plus je passe de temps avec vous, plus Saraquiel va sentir mon énergie dans cet appartement. Et vu votre regard de biche qui semble pris en plein par les phares d'une voiture, je n'ai aucun doute sur le fait que vous allez tout lui raconter sur notre échange." Mon sourire en coin ne fait que s'agrandir, avant de s'éteindre doucement, alors que mes yeux deviennent un peu plus sérieux, même menaçant, l'espace d'un instant. "Cependant, je garde un oeil sur vous, Miss Zurer. Il n'y a pas que mon Père qui surveille mes frères." C'était dit.

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Le diable est dans les détails. -- feat. Alexander Gold

Quelles avaient été les probabilités pour qu’elle rencontre un jour non pas un des nombreux frères guerriers de Saraquiel mais le Diable en personne ? Le premier des déchus ? Si elle s’était tenue éloignée de l’archange après son accidents, elles seraient restées proches de zéro. Mais à mesure que les années s’étaient écoulées elles s’étaient peu à peu accrues, plus ou moins à son insu, avant de drastiquement augmenter avec sa bénédiction et les récents évènements. Depuis qu’elle lui avait ouvert la porte, elle s’était jetée en pâture sans qu’il ne puisse y avoir le moindre retour possible en arrière hormis la destruction du divin ou sa propre mort.

Elle répondit à sa question avec une aisance déconcertante qui la vit se pincer les lèvres avant qu’il ne réagisse à ses propos. S’il s’agissait du pouvoir dont il disposait et qu’il cherchait à en apprendre plus sur elle, elle ne pourrait pas lui cacher la vraie raison pour laquelle elle s’employait à jouer les parfaites compagnes en la présence de Saraquiel. Aux nouvelles questions qui lui furent posées, Shiobán prit une profonde inspiration : cette fois sa langue n’était pas devenue aussi légère qu’une plume. Etait-ce le signe qu’il n’exerçait pas un quelconque pouvoir sur elle ? Qu’il ne s’agissait que d’un bluff pour obtenir plus de réponses ? Si elle y répondait, elle attiserait sa curiosité, et si elle se taisait, il en serait de même. Ainsi c’était à ça que ressemblait une conversation avec le Diable… Elle redressa la tête sans détourner le regard.

- Je lui dois la vie et il peut m’aider à prendre soin de mes congénères, voilà pourquoi il m’est important, répondit-elle non sans refuser de prononcer à voix haute le nom de l’archange déchu avant d’aller lui remplir à nouveau son verre. Elle ne comptait pas servir de messagère entre les deux frères, si Lucifer voulait parler à Saraquiel, qu’il le fasse lui-même car elle n’était pas son faire-valoir. Le rire léger du Diable déclencha un frisson dans le dos de Shiobán qui ne pu qu’écouter ce qu’il avait à lui répondre : elle était le message. Saraquiel sentirait l’énergie de son frère sur elle et lui poserait assurément des questions pour connaître le pourquoi du comment avant d’aller le trouver pour tirer au clair cette histoire. Il s’agissait d’un archange protecteur, capable de foncer tête baissée peu importe la situation dans laquelle il s’engageait. Je n’en doute pas un seul instant. Maintenant que vous avez transmis votre message… sortez d’ici et retournez vaquer à vos occupations.

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ft @Shiobán Zurer

C'était peut être ça le plus amusant d'être moi. On ne pouvait me mentir, du moins pas indéfiniment. Même si certains pouvaient être plus évasifs que d'autres, les Divins notamment avaient cette capacité à être plus forts à mes dons que les Hommes ou les Créatures mais tous finissaient par avoir la langue aussi légère qu'une plume et j'obtenais toujours les réponses aux questions que je posais. C'est d'ailleurs ce que miss Zurer venait d'expérimenter et à en voir son visage, l'expression de surprise mêlé à une sorte d'horreur cachée dans le tréfond de son regard, je savais qu'elle avait certainement plein de choses à cacher. Mais je n'étais pas là pour aller chercher au fond de son esprit, pour le moment, je voulais juste faire passer un message, elle n'était qu'une humaine insignifiante, même si un peu trop intrigante au vu de la réponse qu'elle m'avait lancé quant à mon frère. "Il vous a sauvé, et du coup, il a fini par vous donner une partie de son essence ? Si altruiste.. Il ne cessera jamais de m'étonner. A la limite de la stupidité." J'avais dis ça avec une légèreté et un sourire à toute épreuve, alors qu'elle retournait me servir un verre d'eau.

Mon rire s'éleva alors qu'elle ne voulait pas se faire messagère. Amusante petite humaine, qui n'avait pas encore compris qu'elle était le message. Saraquiel allait s'empresser de venir me voir, et c'était tout ce qui comptait. J'avais une fourche à retrouver, et Père avait des plans pour chacun d'entre nous. Si les Olympiens avaient envie de faire dans le théâtral, on pouvait faire pareil. Puis vint le retour du verre d'eau, que je récupérai avec un sourire, buvant ce dernier tranquillement, quand je fus enjoins à quitter l'endroit. Oh, il semblerait que l'humaine en ait assez de la discussion avec moi ? Mon sourire s'agrandit encore plus. "Déjà ? Nous venions à peine de commencer.. Mais soit, vous êtes chez vous après tout, et puis, je suis civilisé." Reposant alors le verre vide sur la table la plus proche de moi, je regagnais la porte de sortie, observant au passage la jeune femme, m'arrêtant à son niveau. "Nous nous reverrons Miss Zurer, soyez en certaine." Promesse ou menace ? Difficile à dire selon le ton donné, mais une chose était certaine, je n'allais pas m'arrêter ici. Ouvrant la porte, je passais le pallier avant de m'arrêter, toujours dos à elle, tournant simplement légèrement la tête. "Une dernière chose. La dernière femme de Saraquiel a été retrouvée morte de la Peste Noire, alors que cette maladie fut éradiquée trois siècles auparavant. Si beaucoup de soupçons se sont portés sur moi à ce moment, je rappelle que celui qui n'aime pas que les Anges aient des compagnes.. c'est mon Père. N'oubliez pas de consulter régulièrement." Et sur ce, je disparaissais aussi rapidement que j'étais apparu devant sa porte d'entrée. Nul doute que j'allais la revoir, et dans des conditions, moins agréables.

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Face à Lucifer, la britannique tentait de garder la tête haute mais l’exercice s’était révélé difficile dès l’instant où elle avait ouvert la porte et posé les yeux sur lui. Elle ne s’était pas attendue à une telle visite et n’avait décemment pas su redresser ces barrières qu’elle s’employait à tenir lorsqu’elle n’était pas seule ou pas en uniquement en présence d’humains. Et que pouvait faire une divinité comme lui lorsqu’il percevait une brèche ? Il s’y engouffrait peu à peu avant d’y pénétrer pleinement pour mieux obtenir d’elle ce qu’il voulait. Qu’il le fasse avec son propre talent, pratiqué sur des millénaires, ou à l’aide de ses pouvoirs divins, il était doué et elle n’aimait pas ça. Qu’est-ce qui était pire dans le fait de ne pas pouvoir rester aux capacités d’un dieu ? D’être pleinement consciente que ce qu’elle disait serait indéniablement utilisé contre elle au moment jugé le plus opportun par le Diable. Saraquiel était important pour elle et pas uniquement parce qu’il pouvait sauver de nombreux êtres humains… mais ça, elle se garda bien de le dire parce qu’elle avait la capacité de ne pas expliciter sa réponse.

- Peut-être s’agit-il de stupidité mais peut-être qu’il veut encore croire en cette humanité pour laquelle vous avez finit par chuter, dit-elle avant de tourner court à leur échange, maintenant que l’archange déchu avait transmis le message voulu à l’attention de son frère. Elle l’observa poser le verre sur la table avant de le suivre du regard lorsqu’il se mit en mouvement pour revenir vers la porte d’entrée. Lorsqu’il s’arrêta à sa hauteur, Shiobán serra les mâchoires et retint son souffle un instant alors qu’il lui indiquait qu’ils se reverraient. Une perspective qui ne l’enchantait guère mais qui était immuable : d’une manière ou d’une autre elle se retrouverait à nouveau face à lui et la prochaine entrevue ne serait assurément pas des plus agréables. Il se remit en mouvement et elle le suivit jusqu’à la porte qu’il ouvrit lui-même avant d’en passer le pas. Mais alors qu’elle crû leur échange terminé, il s’arrêta un instant et tourna légèrement la tête sur le côté, ne daignant pas la regarder alors qu’il semait le doute dans son esprit. Etait-ce la vérité ou s’agissait-il d’un moyen de lui faire peur ? Dans tous les cas, il s’agissait de la même histoire peu importe le panthéon : les humains payaient toujours les errements des dieux.

- Soyez prudent sur le chemin du retour, Monsieur Gold, finit-elle par réagir alors qu’il s’éloignait et qu’elle se reculait pour fermer la porte. La verrouillant sans tarder. Alexander Gold, Lucifer. Un nom qui lui serait difficile à transmettre à l’Organisation sans se mettre en danger.

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