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 Broken Variation

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MessageSujet: Broken Variation   Broken Variation EmptyMer 3 Jan - 1:53



Broken Variation
Teutatès & Nyx

« Le Primordial, Marais, Paris 12 JANVIER 2022 »
Cela fait des semaines que je remonte sa piste. Des semaines qu'il s'amuse de moi s'il sait. Des semaines qu'il doit simplement ignorer les signaux faibles que j'envoie, son attention portée sur un milliard de sujets différents de moi. Dans tous les cas, je n'ai jamais été inquiété. Jamais dérangé dans mes pérégrinations. Je sais enquêter. Je sais le faire discrètement. Mon empathie m'aide à rentrer dans la tête des gens. Dans leur intimité, ou peu s'en faut. En tout cas, dans tout ce qui me permet de démêler leurs histoires et leur témoignage, d'en soutenir la véracité ou de leur opposer la mienne, de vérité.


Au final, je patauge.


Des semaines à tracer tout ce que j'ai pu retrouver, tout ce que j'ai pu obtenir comme brides d'indices. Ce que j'ai pu remonter de l'histoire de De Villiers et d'autres avatars qu'on pourrait prêter au Dieu la Malice, tout autant de cul de sac qui se répètent à l'envie et fort, jusqu'à la nausée. Enquêter me tient occupé. Me tient loin d'elles, que je brûle pourtant de retrouver. Parfois, je n'en suis pas loin. Ce serait facile. Pour être allé aussi loin dans leur âme, elles brûlent comme un fanal et le jeu de pistes n'en serait que plus aisé. Et puis, non. Elles ont choisi. Je m'y tiens. C'est ainsi, et ce n'est peut être pas pour le pire, finalement. Elles sont mieux, l'une à retrouver sa fille, l'autre à accomplir sa tâche.


Toutes choses égales par ailleurs, nous sommes chacun à notre place désormais.


J'avance d'un brin, peut être. Une ancienne secrétaire de cabinet, qui jure ses grands dieux avoir déjà vu le ministre changer d'apparence, et côtoyer certaines personnes extérieures au cabinet. Je la cuisine assez tard ; je n'ai pas besoin de rentrer dans sa tête. Et quand je sors le vent souffle fort, comme il soufflait auparavant sur la conscience décharnée et cruelle de la Morrigan, ou devant l'indomptable colère de Mama Quilla. Et rien, dans mon âme propre. Si, de la peine, non loin. Pas la mienne, mais elle l'a rejoint et la salue à distance, tandis que je me serre mains dans les poches de mon blouson. J'ignore ; je porte déjà la misère du monde au plus profond de moi, et elle n'a pas toujours besoin de s'extérioriser avec pertes et fracas.


J'ai besoin d'un remontant.


Je n'ai plus cinquante options ; j'ai besoin d'informations.


Ce n'est pas le diable, ce soir, que je viens voir pour faire un pacte. Au diable l'Unique et ses chiens serviles, j'ai d'autres expédients. Le genre de carte que je ne sors jamais de mon jeu depuis deux millénaires ou peu s'en faut, le genre qui me vaudrait sans doute anathème de tous les miens si j'en venais à l'utiliser un jour. Un atout à usage unique, qui peut valoir ma mort ; la véritable, cette fois. A déchaîner les haines d'un côté comme de l'autre.


Je sens son aura bien avant d'entrer dans le bar.


Elle aussi, je l'ai remontée. Au cas où.


Pas par amour. Pas vraiment par inquiétude. Par besoin, essentiellement. Mais pas que. Peut être qu'alors que tout paraît perdu ou presque, que nous sommes si peu en nombre comme en armes, peut-être que c'est une autre voie que je veux essayer. Celle de la Grande Alliance Païenne dont je me suis fait l'écho, moi qui ne suis plus à ma place dans mon panthéon depuis des siècles et des siècles. Je me demande un moment à quoi elle ressemble. Et main sur la portée d'entrée, si je ne vais pas aussitôt le regretter.


J'inspire. Je revois les tempêtes essuyées depuis des semaines, et pour seule conviction, fermement chevillée au corps, que je n'ai plus vraiment le choix de toute façon. Elle aussi m'aura senti.


J'entre, alors. Et la musique lancinante bat contre les murs et fait vibrer les diaphragmes, lumière tamisée et jeu d'ombres et de lumière, boissons phosphorescentes dont quelques unes fument en volutes qui s'effacent en légers tourbillons. Je dénote, dans l'environnement ; tout le monde ici s'habille avec le goût d'aujourd'hui, le luxe qui transpire de partout, et moi qui ne suis là qu'avec un jean, des bottillons et un blouson de cuir noir. Je vais au bar, lève deux doigts en désignant d'un signe de tête une bouteille d'un bourbon corsé. J'attends qu'on me serve. Je lui laisse une chance de se dérober. L'alcool remplit les deux contenants posés devant moi.


Et je suis là. Immobile, à attendre. Prêt à tout ressentir.


Haine, mépris, dépit, opportunisme et calcul ? Tout. Je prends tout. Qu'importe l'estime ; elle compte comme nulle dans la transaction d'informations, de nos jours. Peut être pourrais je me contenter d'un brin de peur, mais certainement pas d'amour. Venir ici est déjà bien compliqué sans en rajouter ; je viens à la pêche aux informations et même si j'y trouverais des problèmes, je les veux moins graves que ce que je viens retirer de cette conversation. Et je la sens, pourtant. Dans mon dos. Mon cœur humain se bloque, je déglutis, m'humecte les lèvres sèches entre ma barbe. Penché sur le bar et les verres, dont j'en pousse un devant le siège à côté de moi.



| Salut, Nyx. |


Deux mille quatre-vingt-un-ans nous séparent du dernier salut ; un adieu teigneux, au revoir mon amour, et va bien te faire foutre, toi et toute ta putain de famille.


On ne fait pas la guerre contre la folie et l'ombre qui s'étend sans s'adjoindre l'aide de quelques ténèbres.


Au loin, le tonnerre gronde encore. Pas l'orage de la conscience de Morrigan, pas de la vengeance de Mama. Le mien propre, cette fois.



| Je te promets que je ne suis pas venu pour tout casser. |


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Broken Variation Melvin

Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyJeu 4 Jan - 0:28


Au contraire de la plupart de mes pairs, j'ai toujours aimé observer l'humanité. Toujours. Depuis l'avènement de l'ère des hommes, lorsque du haut de mes cieux obscurs, j'ai posé les yeux sur cette engence mortelle, appréciant avec une crainte révérentielle sa capacité à changer, à évoluer, tandis que nous restions immuables siècle après siècle. J'étais captivée, incapable d'oublier que c'était de la Foi des Hommes que nous étions issus, que nous nous nourrissions mutuellement pour prospérer. Je n'ai jamais fait non plus l'erreur de les sous-estimer. C'est sans aucun doute ce qui m'a permis d'avoir un coup d'avance sur les miens et de prospérer tandis qu'ils périclitaient.

Après la chute de notre panthéon, j'ai choisi de me mêler aux mortels. Je pensais pouvoir me servir d'eux - ou plutôt, de ce que j'avais appris d'eux - pour étendre mon influence à leurs dépens. Mais la vérité, c'est que l'humanité, stupéfiante, surprenante, capable du meilleur comme du pire, n'a jamais cessé de me dicter où je devais agir et quand je devais le faire. Cette fragile humanité a été le métronome de toute les décisions qui ont suivi le déclin des divinités païennes. Les humains sont une ressource formidable, instigateurs des grandes changements auxquels les nôtres ont tant de mal à faire face, ils ont cette capacité incroyable à accepter d'évoluer. Et pour qui sait les écouter, il est possible de lire en eux de quoi sera fait l'avenir.  

Voilà pourquoi, aujourd'hui encore, je me mêlais à eux.

Ils savaient mieux, tout simplement.

Moi je savais surtout que je prenais un gros risque à me retrouver au milieu des mortels. C'était déjà un jeu dangereux avant la Grande Révélation, et ça l'était d'autant plus depuis que j'avais fait le choix de révéler mon identitié au monde. J'avais une cible dans le dos, qu'elle soit destinée aux déicides ou aux autres panthéons, j'étais une cible facile car isolée. Alors je prenais d'autant plus de précautions ; Des lieux où l'on s'attendait peu à me voir, des clubs ou des bars aux ambiances sombres, tamisées, des lieux bondés pour mieux me fondre dans la masse. Je cherchais à ce qu'on détourne le regard de moi, que l'homme fasse face à l'impossibilité que je me retrouve ici, en cet instant.

Cela marchait en général. Définitivement, cela marchait ce soir.

On avait essayé de m'aborder, mais nul ne m'avait reconnue. Parfait.

Sauf que l'escapade ne s'était pas non plus avérée bien rentable jusqu'à présent. Quelques bruits de couloir, tout au plus, des choses que je savais déjà par ailleurs. Et des banalités. Des tas, et des tas, et des montagnes de banalités. Là encore, privilège des mortels que de s'embarasser de choses sans importance. Mais la soirée était encore à peine entamée et j'avais bon espoir de pouvoir grapiller quelques informations avant que minuit ne sonne. Enfin, c'était ce que j'avais porévu, tout du moins.  

Et puis je l'ai senti.

Au plus profond de mon âme qui a si longtemps vibré en écho à la sienne. Je l'ai senti avant même qu'il ne passe la porte de ce bar un peu new age aux inclinaisons psychédéliques. Sa venue pouvait être synonyme du meilleur comme du pire, de l'espoir comme de la destruction. Mais pourquoi maintenant ? Pourquoi après tout ce temps ? Il ne se dirigea pas vers moi, je sentis sa présence sourder à mes côtés, mais jamais sa silhouette apparaître près de moi. J'en conclus qu'il me laissait une chance de me dérober.

Et j'hésitai à le faire. Et je devais hésiter encore longtemps après notre rencontre.

C'était le moment fatidique de faire un choix. Mais y en avait-il réellement un, de choix ? Le piège ne tarderait pas à se refermer sur moi, je le savais. Je ne pouvais pas continuer à combattre seule sur tous les fronts. Sur le front de mon propre panthéon, sur le front des partisans de l'Unique, sur le front des autres cultes qui ne tarderaient pas à chercher à s'arroger mes réseaux. Ils auraient tort de ne pas essayer. Et puis, qu'y avait-il de mal à écouter ce qu'il pouvait avoir à dire ? Je pris une inspiration avant de me diriger vers le bar, mon regard naturellement attiré par sa présence écrasante.

« Teutatès. » Saluai-je sobrement.

Je m'installai à ses côtés, aussi confortablement que cela m'était possible, consciente qu'une discussion compliquée nous attendait, et accueillit le verre qu'il poussait vers moi. Les reflets mordorés brillèrent sous les néons tandis que je faisais rouler le verre entre mes doigts pour en inspirer son bouquet avant d'y tremper les lèvres. J'en déglutis une gorgée brûlante, et sa morsure libéra des vapeurs trop fortes, trop peu enrichies par les années. Mais en cet instant, j'appréciai sur ma langue la morsure de l'alcool de milieu de gamme. Voilà bien longtemps que je n'avais pas puisé le courage au fond d'une bouteille. Mais en cet instant, les circonstances étaient particulières.

Il parla et je l'écoutai. Puis, je laissai planer un silence.

« Deux-mille-quatre-vingt ans. » Répondis-je finalement, songeuse.

Et une éternité de tourments, une blessure à fendre l'âme. Une blessure double.

Qui saignait encore. Parfois.

Souvent.

« Puisque tu n'es pas venu pour tout casser, comme tu le dis si bien, elle regarda son reflet qui miroitait dans le liquide couleur d'or, que puis-je pour toi ? »

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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyLun 8 Jan - 1:06



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« Le Primordial, Marais, Paris 12 JANVIER 2022 »
C'est une plaisanterie qui n'en est pas une. Un brin de connivence, une passerelle jetée, mince filin éthéré envoyé par-dessus les nuages d'une Nuit sans lune. Pas un appel au secours. Pas un appel tout court. Un signe, rien de plus. Pas tant de paix que de neutralité ; c'est elle qui nous anime aujourd'hui. Je le sais. Je le crois.


Je ne suis pas sûr.


La dernière fois que nous nous sommes vus, j'ai failli la tuer, elle. Mes grosses mains sur son cou à serrer, à endurer ses pouvoirs s'il le fallait. Et de la lâcher presque aussitôt, brûlé, mais moins par souffrance dûe à l'expression libre et cruelle de ses capacités mortifères que par la honte et la rage. Et avant cela, nous nous étions rencontrés au milieu de ce que les légionnaires auraient pu prendre pour leurs propres champs élyséens ; personnalités éthérées fendant la masse des morts et des agonisants sous l'orage d'été remuant le ciel et la terre drue d'Hispanie.


Elle aussi l'a ressenti ; ce battement manqué, cet erratisme involontaire, incontrôlé. Imprudent.


Aussitôt la réminiscence d'un plafond étoilé, de la douceur d'une peau câline, de ce contact ténu, guère plus qu'un souffle. De cette voix qui chuchote dans les ténèbres, leur donnant une couleur et un sens nouveau. Doigts entrelacés et crispés, tonnerre roulant sur l'horizon sans jamais masque la lumière blanche des astres illuminant le monde.


Elle s'installe, sans un bruit, sans rechigner au spiritueux qui déjà fait son apparition. Nous en aurons besoin, elle comme moi, et je la laisse y goûter. Jadis, nos étreintes n'avaient pour combustibles que le vin Ilercavone ; fruité et fort, mais sans corps. Une boisson qui pouvait désaltérer, entre deux confrontations impudiques.


Le corps n'incline à aucun rapprochement ; je ne ressens pas de désir physique. Mais je m'en rappelle, toutefois. Mes sens sont assaillis de souvenirs vivants pour chacun d'entre eux ; des sons, des sensations, des goûts. Mais je reste maître en cet horizon silencieux, pourtant soumis aux tensions du silence et de l'attente.


Si, je le ressens. Mais ce n'est qu'une information parasite, tout comme le reste.


Je ne suis plus le grand guerrier et chef de tribu que j'étais jadis, Père de toutes choses et guide de tous les peuples celtes qui cherchaient à accomplir leur destin. Et elle est peut être plus que jamais la Nuit incarnée ; elle qui a révélé son identité et sa nature aux yeux du monde. Je l'ai fait, moi aussi. Mais d'une toute autre façon, faisant tomber le ciel sur la tête de tout Paris devant un nouveau piège de nos ennemis.


Deux-mille-quatre-vingt ans mais rien n'a changé, à bien des niveaux. Et mesure de sa voix si basse le poil dressé sur ma nuque.


Je ressens tout.


Son vague à l'âme. Pas de l'amour. Peut être pas des regrets. Autre chose.


Nous n'avons rien pu finir de ce que nous avions entamé, une fois la supercherie dévoilée.



| Ca va peut être te sembler marrant mais... |


Je me tourne vers elle, main sur ma cuisse, ouvrant ma large silhouette de son côté et me campant face à la Nuit Incarnée.


| J'ai besoin de tes conseils. Et plus encore, de ton aide. |


J'ai son feu vert pour m'écouter, en quelque sorte. Signe au serveur, qu'il passe à ce que la maîtresse des lieux consomme d'ordinaire ; nectar mis en bouteille pour des lippes habituées à assimiler rien de moins que les ténèbres les plus brutes.


| Je ne te ferais pas l'affront de te présenter mes condoléances pour Zeus. C'était un menteur, un manipulateur, et un salopard fini. Pareil pour Odin, avec ses sauvages d'outre-Rhenus qui ne venaient que piller et voler ce que mes peuples prenaient tant de mal à construire et à cultiver. |


Verres resservis, je trinque. C'est étrange, de l'attaque elle à l'alcool, et de se dire qu'il ne s'agit justement que d'un apéritif.


| Au nouveau monde qui balaie le pire de l'ancien? |


Je soulève comme pour son assentiment, pour le toast.


Je passe le fait que je suis mort, moi, récemment. Je ne recherche pas sa pitié ni sa compassion.



| C'est ce fils de pute de Loki que je veux casser. On ne va pas tourner autour du pot, tes oreilles auront bien compris qu'on a une dent l'un contre l'autre ? Il a torturé la moitié de mon panthéon avec ses tours de passe-passe, et plus impardonnable, ce sale mécréant s'en est pris à ma sœur. Tu me dis où il crèche -et je pense que tu as ton idée- ou tu me rancardes sur les lieux et gens qu'il fréquente, et moi... |


Et moi, quoi ? Moi je lui demande pardon pour avoir voulu la tuer pour une faute qui n'était pas d'elle ? Pour avoir vécu avec moi un interdit, brisé et foulé du pied mille fois ? Qu'est ce que j'ai qui peut avoir de la valeur à ses yeux ?


Une chose, évidemment.



| Et moi, je t'en dois une en retour. |


Allez, on n'est plus à ça près.
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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyLun 8 Jan - 23:40


Les mots sont égrainés, pour la première fois depuis des millénaires. Chacun d’eux pèse un peu plus sur mon âme et ravive la vieille blessure que je pensais oubliée depuis bien longtemps ; Une croûte sur mon cœur, qui tiraille encore un peu mais ne saigne plus vraiment. Bien présente, cela dit, sans quoi j’aurais tourné les talons sans lui laisser la chance de m’exposer ses états d’âme. J’ignore réellement ce qui m’a fait m’approcher de ce bar, m’asseoir sur cette chaise. Je sens le silence qui s’installe et je sens l’air qui se charge entre nous. Un crépitement, de la tension. Autre chose ? Non, je dois le rêver cet autre chose, comme un mirage, une déraison. Je m’attends à un déluge.

Pourtant, intrinsèquement, je sens que l’orage ne m’est pas destiné. Il vient chercher autre chose sous le couvert de mes cieux infinis qu’à venger une offense multimillénaire. Mais quoi ? La confession ne tarde pas à arriver, entraînant avec elle les raisons de sa venue. Une partie tout du moins. Il avançait prudemment. Un pas après l’autre. Je ne réponds pas dans l’immédiat, prenant la bonne mesure de cet aveu presque coupable. Je retiens un souffle, un sourire. Puis j’éclate d’un rire cristallin qui se perd dans les boum-boums qui vont vibrer les murs autour de nous.

« Tu as raison… Soufflai-je en braquant mes prunelles mutines sur lui. C’est marrant. »

Une blague sinistre. Je sens encore la pression de sa poigne sur ma gorge.

Un noir abyssal, une nuit sans étoiles, le contemple quelques instants avant de se détourner. Qu’avais-je bien à lui offrir que ne pouvait pas le faire quelqu’un d’autre ? Enfin… Bien des choses en réalité, je ne faisais pas l’erreur de me sous-estimer. Mais j’avais ma petite idée sur les raisons qui l’avaient poussé à venir à ma rencontre. Ce siècle avait vu l’apogée de mes réseaux, des renseignements, des secrets que j’accumulais dans cette carcasse centenaire. C’était ça, d’être une voûte ténébreuse à qui l’on glissait ses espoirs, ses désirs dans le creux de la Nuit. J’étais le réceptacle de ce que l’on ne disait pas une fois le jour levé. Oui, c’était ça, forcément. Je le laissai tout de même y mettre les formes, tourner autour du pot. Il parla de Zeus, puis d’Odin salissant leurs mémoires dans la plus grande indifférence. Le mienne comprise. La mention de ces dieux morts ne me fit ni chaud, ni froid.

Je porte le verre à mes lèvres et, d’une traite, termine le fond.  

« Et tu fais bien, c’était des enfants de putain qui ne méritent nullement ma pitié. Zeus tout du moins. L’autre… Je fis un geste vague de la main qui signifiait : je ne le connaissais pas. Mais je te remercie pour tes non-condoléances. »

Les verres se remplissent de nouveau. Il trinque au renouveau du monde, et j’ajoute :

« Jusqu’à ce que soit le pire, de nouveau. »

Les verres s’entrechoquent dans un fracas sonore. La foudre déchire le sien. Verre contre le verre, métal contre le métal, chair contre chair. Pendant un instant, une réminiscence, un flashback. Mes lèvres, de nouveau, plongent à la surface devenue presque trop sirupeuse. J’avale trois gorgées généreuses et les vapeurs commencent à m’enserrer, à me bercer doucement, et les images se dissipent. Teutatès, lui, continue de parler. Il continue de m’expliquer les raisons de sa venue et le voile se lève finalement sur un nom que je connais que trop bien. Lui, évidemment. Qui d’autre ? Dans la toile immense que tissaient les panthéons entre eux, il était un élément majeur. Un élément discordant.

J’avais entendu des choses, il est vrai. Des choses terribles mais loin, si loin de moi.

« J’ai cru comprendre oui. Je n’avais pas les détails, cela dit. J’ajoutai : Loki a ses manières. »

Terrifiantes, je devais l’admettre. C’était une chose de nuire au cœur, ça en était une autre de nuire à la raison, à l’esprit. Voilà pourquoi il n’aurait jamais ma confiance, même s’il avait celle des autres membres du panthéons Gréco-romains. Enfin… Pas que je tienne leur jugement en haute estime. Après tout, pendant des millénaires, ils avaient suivi aveuglément le plus gros salopiaud que l’Ether ait jamais craché sur ce monde. À l’aduler. À lui offrir un respect qu’il ne méritait pas. Chacun d’eux savait quels vices se cachaient dans le cœur de l’Olympien et c’est lui qui portait la couronne, malgré tout. On ne lui avait jamais disputé ce pouvoir qu’il s’était octroyé et maintenant sa veuve s’arrogeait le droit de s’emparer du trône sans même… Non, ce n’était pas le propos.

Restait qu’il était difficile de savoir à quoi s’en tenir avec le Dieu de la Malice.

Mais je peinais à croire qu’il pouvait manœuvrer pour quelqu’un d’autre que lui-même.

« Admettons que j’ai ces informations… Fis-je après un instant. Ne pas vouloir entretenir de relations avec les miens ne signifie pas pour autant que je suis d’accord pour les mettre en danger. Je braquai mes prunelles dans les siennes. Entends-moi : je n’ai aucune confiance en Loki. Aucune. Mais tu me proposes de mettre à la mal leur alliance, la seule, et de les laisser vulnérables. Et pourquoi ? Pour une faveur ? Pour des promesses ? »

Des promesses, nous en avions eu plein. Trop. Combien avaient été brisées de jour-là ?

Combien ne l’étaient pas encore ?  

« Allons, tu vaux mieux que ça. » Conclus-je en terminant mon verre.

D’un signe au barman, je lui demandai de faire le plein.

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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyMar 9 Jan - 17:46



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Je ne devrais pas être là. Je ne devais pas être en sa compagnie. Je ne sais pas vraiment où je devrais être, où est ma place au fond. Je la connais. Loin d’ici. Je n’ai rien à faire, ni en cette vieille Lutèce ni à ses côtés à Elle. C’est dangereux, ce genre d’alliance, car les liens de ce genre ne coûtent jamais qu’un bras, sinon les deux. Elle est belle et dangereuse, Nyx. Et pas dangereuse parce qu’elle est belle. Pas seulement ; ce n’est que la partie la plus immergée de l’iceberg. Il n’y a pas de place pour le doute, à ses côtés. La prudence doit rester le maître mot, car l’ardeur des sentiments oubliés, ou disparus, ne saurait faire manquer qu’elle a été engendrée par le Chaos pour régir un empire de ténèbres et d’obscurité. Moi mieux que quiconque –pour une fois- je mesure bien le danger qu’elle représente.


Ce qui tombe bien, c’est que le ciel se fiche du jour ou de la nuit, s’il doit tomber il le fera. Elle le sait. C’est pour ça qu’au-delà toute l’attraction qu’elle peut exercer sur moi, ou l’inverse, il y aura toujours cette forme de distance, de retenue, de cette méfiance mutuelle qui a rendu si belle l’approche de jadis, et si intense l’émulation de nos dons réciproques.


La brune rit. Je sens mon âme se glacer ; je me souviens comme si c’était hier du rire précédent, à un bon mot, à une boutade envoyée fugace, par-dessus une corbeille de fruits sur la même table où nous avions fait l’amour la veille. C’était juste d’apprendre la nouvelle de la Guerre des Gaules et de la percée de César en territoire Helvète. Je laisse passer son rire, sans mot dire. Le sujet qui nous occupera ensuite est moins marrant, au moins pour moi.


Je regarde la belle descendre cette boisson qui mettrait un coup de massue à l’essentiel des mortels qui sont présents, mais pas elle. Sans qu’elle ne manifeste aucun signe d’aucune sorte de la pénibilité physique d’une telle ingestion.



| Ne me remercie pas, c’était gratuit. |


Et trinque à nouveau, alors.


| Mais oui. Le pire, toujours. |


Je regarde de longues secondes Nyx, sans bouger ni ciller, alors qu’elle encaisse tout ce que je lui explique et relate de l’objet de ma visite. Et elle dit avec beaucoup de sa pudeur caractéristique, voile servant à obscurcir et flouter son point de vue sur les gens et sur le monde. Pas trop précieuse pour la vérité crue, mais intelligente et prudente pour ne surtout rien livrer. Je joue alors le rôle du butor frontal ; une posture qui me sied vraiment proprement depuis toujours.


| Loki est comme Zeus, en pire. Il n’a pas de morale, pas de valeur, pas d’éthique. Il a été fini à la pisse de ce qu’il restait de la Foi des germains de jadis, et n’a rien du semblant de noblesse qu’ont ses collatéraux, des crétins finis et des brutes, mais lui est intelligent. Forcément dans cette engeance, cette intelligence était forcément sadique et malveillante, et ce bâtard est littéralement entré dans la tête de plusieurs des miens pour leur imposer ses visions, et les porter au seuil de la folie. |


On m’applaudira pour la pertinence de mon propos et la clarté de mon récit liminaire. Je me rends compte aussi que je n’évoque rien de mes liens avec les victimes de Loki. Pour le moment, qu’il s’agisse de mon binôme et de la Reine des Celtes iliens que j’avais portée sur le trône après l’avoir portée dans mon lit était accessoire… Ce n’est pas un sujet qui regarde Nyx. Il n’est pas question de jalousie ou de quoi que ce soit d’autre. Le messager a jadis tout flanqué par terre, et au bout de ces millénaires d’absence, nous avons refait notre vie.


Ou plutôt, échangé des ruines pour d’autres.


Le regard qu’elle me jette quand Nyx évoque son propre panthéon me capte totalement et je laisse filer quelques secondes. Je mesure le risque qui se présente à moi ; la faille devant laquelle je me tiens.



| Evidemment que tu as ces informations. Tu sais que je ne serais pas venu te voir si je n’étais pas sûr que tu les avais. Depuis toujours tu louvoies, Nyx, entre l’ombre et la lumière, chacune projetant ton pouvoir de façon égale et pourtant opposés. Complémentaires. |


Loki aussi, en quelque sorte, mais cela je me garde bien de le dire. Tout comme elle attend de moi l’honnêteté, et pas que j’aille lui chercher la lune.


| Je vaux mieux que quoi, Nyx ? Mieux que venir quémander de l’aide à une femme que j’ai aimée comme un fou, alors que jamais je n’aurais dû ne serait-ce lui accorder qu’un regard ? Je n’ai rien en ma possession que tu puisses désirer, Nyx. Ce que nous avions jadis m’a tout coûté, et je n’ai jamais remonté cette faille dans laquelle je suis tombé dès la première fois où je me suis perdu dans les étoiles de tes yeux. |


Je reprends le verre, et me détourne tout à fait du bar pour la regarder sans plus avoir à me tourner pour sociabiliser d’un regard ou d’un geste, jouer au mec normal que je ne suis pas.


| Je ne me plains pas de m’être damné avec toi. Mais c’est une réalité, brutale et concrète ; je ne suis plus rien ni personne depuis que ce connard de Zeus s’est joué de moi et m’a dépouillé par la ruse et par l’amour de mon honneur et de ma valeur en tant que Dieu. |


Un signe de tête, un « merci » à peine murmuré et un regard d’en bas pour le serveur avant de détourner les yeux, pause bienvenue qui me permet de reprendre un semblant de contenance avant que l’impétuosité reine des celtes ne me gagne à nouveau à sa cause mortifère. Je soupire. La regarde encore, longuement. Détaille son regard, ses traits, de ses cheveux à sa robe.


| Tu n’as pas le même visage, mais tu n’as quand même pas changé, Nuit. |


Je porte un nouveau toast.


| Je n’ai plus ni pouvoir, ni richesses, ni relations. Je suis brouillé avec les miens, et dans les autres panthéons, j’ai plus d’ennemis que d’amis. Je remporte comme tu le vois tous les concours de popularité, ce qui doit nous faire un point commun, soit dit en passant. Tout le monde veut te baiser depuis la Grande Révélation, mais bravo quand même pour ça, t'as toujours eu plus de couilles que tous tes cousins et cousines réunis. Sois directe et sans détour, et dis-moi ce qui vaudrait à tes yeux que tu me rancardes sur l’autre baltringue de Nordique ? |


Je maugrée, d’un ton pince-sans-rire.


| Je peux payer la tournée. Ou bien, péter la gueule au mec qui te mate le dos et qui imagine te faire couiner comme sa pute, là-bas. |


Sentiments parasites que j’ai relevé plus tôt mais qui, étrangement, ne m’ont pas oppressé comme ils l’auraient fait deux ans plus tôt. A chaque jour qui passe, plus de confiance et de maîtrise, paradoxalement à ma situation.


| C’est de ça dont tu as besoin, Nuit ? Que j’aille vérifier la loyauté et la duplicité de tous ces paons qui t’entourent ? C’est la seule forme de richesse qu’il me reste, et elle est maudite. |

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Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyMer 10 Jan - 22:30


Ivresse et colère. Deux ingrédients qui se mariaient admirablement bien, songeai-je en trempant mes lèvres dans un verre fraîchement rempli. J’en avais fait les frais par le passé. Et voilà que nous trinquions à un avenir meilleur, tout en sachant que ce n’était qu’un mirage, une utopie. Nous avions peu de chance de l’apercevoir, cet avenir. Trop de menaces planaient sur nos existences. Lui moins encore que moi : l’horizon de Teutatès était obscurci, non pas par les vapeurs d’alcool, mais par l’ombre de Loki qui semblait s’étirer à l’infini. Et lui échapper. Ma défiance envers le Dieu des Mensonges et de la Discorde était légitime, mais elle n'était en rien comparable à celle de Teutatès. Le flot d’obscénités qui s’insinua d’entre ses lèvres de ne manqua pas de me faire hausser un sourcil circonspect. Je peinais à comprendre ce qui pouvait bien avoir poussé Zeus à conclure une union avec lui, et j’étais désolée que sa veuve soit obligée d’honorer de tels engagements. Mais je n’aurais pas été jusque-là.

« Eh bien voilà un portrait tout en nuances. » Ironisai-je.

Il fallait trier le bon grain de l’ivraie. Teutatès était aveuglé par la haine, par le désir de vengeance qui coulait sec dans ses veines. Je sentais la colère gronder dans son large poitrail aussi sûrement que les cumulonimbus rageurs s’amoncelaient au-dessus de nos têtes, là-haut, dans la voûte céleste. La tension, le crépitement, l’imminence. Le tonnerre roula au loin et me ramena deux milles ans en arrière sur les champs d’Hispanie. Au vin sucré. À la pluie tiède. Je déglutis au fond de mon verre la sensation fugace de m’accrocher à ce qui avait disparu depuis bien longtemps et l’alcool lava mes errances. Je commençais doucement à en ressentir les effets, le brouillard salvateur qui empêchait mes pensées de s’éparpiller entre passé et présent. Loki. Loki était le propos de notre rencontre. Un Dieu aux visages multiples. Allié providentiel de certains, ennemi mortel pour les autres. Mais qu’était-il réellement pour ce panthéon dont je ne faisais pas partie ? Qu’est-ce que je sacrifiais au Père de la Tribu si j’acceptais de l’aider dans sa vendetta ?

Et est-ce que cela m’importait vraiment ?

« Le Dieu de la Malice est remarquablement doué pour effacer trace de son passage, Teutatès, fis-je remarquer en réponse à sa diatribe. Tu auras pu le constater. Ne t’attends pas à ce que je couche sur papier l’adresse de sa villégiature, même pour moi ça relèverait du miracle. J’ajoutai de mauvaise grâce : j’ai des pistes oui… Mais des pistes, c’est peu de choses pour le Dieu dont on parle. »

Le Dieu celte disait vrai : depuis longtemps, je louvoyais entre l’ombre et la lumière. J’avais un pied dans chaque univers. Mais lui aussi. Il se jouait des esprits aussi sûrement que je me jouais de la lumière des astres, ses milles visages s’infiltraient dans tous les milieux, se fondaient dans toutes les masses. Le traquer relevait de l’exploit, c’était un travail de longue haleine et, là encore, il fallait savoir quoi chercher. Loki était un trou noir. Une singularité dévorante que l’on ne pouvait se targuer d’observer directement ; Tout ce qu’on pouvait constater, c’était les effets de sa présence débilitante. La manière dont l’insanité semblait prospérer autour de lui et la réalité se déliter. La stabilité voler en éclats. Des pistes c’était du rien, du combustible pour le chaos. Mais j’en avais, s’il était prêt à en payer le prix.

Je le lui fis savoir, à demi-mots. Je le poussai dans ses retranchements.

Piqué au vif, sa langue acérée happa ma conscience tout entière. Il m’avoua tout, m’ouvrant son cœur pour la première fois depuis des millénaires. Une tempête d’émotions contradictoires, un appel à l’aide, un Coriolis qui balayait toutes les barrières que j’avais dressé entre nous. Son cœur s’affola, et le mien à l’unisson du sien. Je ne le regardai pas, mais je sentais son regard peser sur moi et m’envelopper toute entière. J’affrontai la tempête en silence, endurant le fracas de ses passions contre la glace des miennes. Je n’étais pas empathe, je ne savais pas ce qui se cachait dans les ténèbres son cœur mais je n’en avais pas vraiment besoin non plus. La duplicité n’était pas dans sa nature. Le mensonge non plus. Mais j’avais besoin de ça. J’avais besoin de la catharsis, qu’il se mette à nu pour que je puisse lui faire confiance de nouveau. Lorsqu’il s’apaisa finalement, il avait mis à nu les ruines de notre déchéance.

Et elle était belle à voir. Elle permettait de poser de nouvelles bases. Des bases saines.

Les abysses noirs de mes prunelles observaient les reflets mordorés à la surface du scotch.

« Puisque tu n’as rien à m’offrir… » Un silence cruel. Mesuré.

Mes lèvres s’entrouvrirent sur un souffle aux vapeurs d’alcool. J’accrochai ses yeux des miens.

Deux puits infiniment sombres. Lumière d’étoiles mortes. Un silence. Le silence.

« Alors je te veux, toi. »

À peine plus qu’un murmure, un peu moins qu’une supplication. Une dureté dans le regard.

« Je veux ta loyauté, fis-je, et dans ma voix planait un ultimatum secret. Je veux ta dévotion. Je veux ce qu’il te reste d’honneur et, par lui, l’assurance que tu ne me trahiras pas. Je veux pouvoir compter sur moins une personne dans ce monde. Je veux pouvoir remettre ma vie entre tes mains les yeux fermés. Que mes couleurs soient les tiennes, que nos objectifs convergent. Et par-là, je ne nuirai pas aux tiens. Et par-là, tu ne nuiras pas aux miens. »

Je m’éloignai de lui, cherchant du réconfort dans la morsure âcre de l’alcool. Le verra avait été rempli de nouveau. Quand ? Je fermai doucement les yeux. Soupir.

« Je n’ai personne Teutatès, dis-je d’une voix rauque. Je n’ai pas retrouvé mes enfants, je les cherche frénétiquement. Mon panthéon me considère comme une paria. Erèbe… Je n’ai plus jamais vu Erèbe. Je marquai une pause. Ce pouvoir que j’ai entre les mains est tout ce que je possède. Alors je te veux… Toi. »

Le miroir qui me faisait face me renvoya un reflet que je n’avais pas vu depuis bien longtemps. En face de moi se tenait une Déesse puissante, mais seule et vulnérable. L’essence divine labourée par les blessures de l’âme, amputée d’une partie de son être. De deux parties. J’avais fait cesser l’hémorragie mais les morceaux arrachés par la force des choses étaient toujours manquants.

Moi aussi je portais des masques. Et lorsqu’on les soulevait, c’était un océan de vide que l’on y trouvait.

Un grand rien qui faisait mal.

« Toi, et rien d’autre, contre le Dieu de la Malice. » Soufflai-je sans le regarder.

À qui fais-tu réellement cette promesse, Fille du Chaos ? À lui ou à toi-même ?

« Sauras-tu me donne cela, Teutatès ? »

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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyJeu 11 Jan - 22:16



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Teutatès & Nyx

« Le Primordial, Marais, Paris 12 JANVIER 2022 »
Maudite, rien de moins. Parce qu’au bout de quelques millénaires à ce tarif-là, on se rend bien compte que la loyauté et la fidélité ne sont jamais éternels, et que tout le reste se fâne et se gâte aussi. L’amour, l’amitié, la vie même, et la satiété d’une vie bien remplie et de la permanence du bonheur, ne sont que des illusions, de pures vues de l’esprit. Rien ne dure jamais éternellement. Les sentiments humains bien moins que le reste, bien moins que tout ce que l’on trouve à l’état de nature.


Nyx peut se satisfaire de l’acidité de mon point de vue sur les siens, les miens, ou sur le monde en général. L’époque où je pensais que nous pourrions vivre une parenthèse hors du temps est révolue ; j’ai -non, nous- avons été rattrapés par la fuite en avant de nos destinées respectives, collision violente de nos espoirs lors de leur rencontre avec la réalité brute et glacée qui nous attendait au tournant.


Ca me fait quelque chose, de la revoir.


Elle est le symbole de la paix que j’ai obtenue par l’exil volontaire, de l’éternité indifférente qui m’ouvrait enfin les bras, loin des responsabilités, des émotions des autres. Et elle est aussi le rappel vivant, et cruel, de mes plus profonds échecs. Nyx est pour moi la tentation incarnée ; elle se fiche des hommes et de leurs destinées, elle se fiche de ce qu’ils ressentent. Elle est la Nuit qui éteint tout, qui recouvre tout d’un voile de ténèbres assourdissantes, qui étouffent le vacarme des sentiments qui me rendent fou.


La divine répond qu’elle peut m’aider, mais je ressens en elle l’absence de résolution brute ; elle ne sait pas tout et elle en a conscience. Je reste là, devant elle, j’attends qu’elle crache le morceau. Je note au passage qu’il ne semble pas hors de question de m’aider. Je ne sais pas si elle a du ressentiment pour Loki, mais compte tenu de ce qu’elle éprouve à cet instant je dirais plutôt qu’elle s’en cogne. La Nuit reste éloignée des conflits et des grandes guerres de ce monde, qu’il s’agisse de tueries de mortels ou d’éternels ce n’est que rarement son affaire.



| J’ai besoin de tout ce que tu peux me donner, Nuit. |


Je le lâche en soupirant, conscient que je suis aux basques d’une véritable anguille. D’un dieu sociopathe en puissance, le genre à se branler la nouille quand il a fait une mauvaise blague aux dépends de quelqu’un… Mais qui laisse sa merde là où il l’a posée, sans se soucier de ce qu’en dira la personne qui viendra après lui. Inconséquent jusqu’au bout des ongles, adepte d’un humour qui n’en est pas vraiment un.


Il doit exister une affinité particulière entre eux, compte tenu de leur éruption chaotique en ce monde. Ils sont différents, mais quelque part, tous deux sont nés de l’anarchie et du désordre, de l’activité la plus élémentaire et erratique du monde. Nyx a cette particularité d’être entre deux mondes, et de naviguer depuis toujours dans ces eaux troubles qui l’isolent et font son unicité en même temps.


Je ressens de la paix à être à ses côtés, à nouveau. Nyx n’est pourtant plus ma juste place, et plus ma compagne depuis longtemps. Elle a été une étoile qui a brûlé intensément dans le ciel étoilé de mon existence, mais dont l’illumination fut bien éphémère, remplacée par les orages et les tempêtes qui depuis toujours s’enchaînent. Je ressens sa paix. Sa tranquilité.


Son trouble, aussi.


Le vernis lisse de sa posture et de l’ordonnancement précis de ses pensées et de ses émotions qui se craquellent devant les fautes reconnues, et partagées. Nous avons fauté ensemble, meurtris à jamais d’avoir été les idiots utiles de l’ambition et de la félonie, masqués comme nous l’avions été par l’amour et la paix, la seule que nous ayons jamais connu dans le chaos de nos vies. Je sens en elle briller l’opportunisme d’une solution idéale qui arrive à point nommé.


Le coût tombe, un tribut est demandé. Moi.


Je l’écoute de bout en bout, estomaqué par la demande, pris par surprise malgré les prémices émotionnels que j’aurais pu percevoir si j’avais plus l’habitude d’elle. Si je n’avais pas oublié, idéalisé, ce qui nous avait jadis lié plus que de raison.


Elle me veut, moi.


C’est cruel, parce que c’est celle que j’attendais le moins sur ce sujet qui me le demande le plus simplement du monde. Nyx. La cause de ma déchéance, le plus délicat des péchés auxquels je me suis jamais adonné.


Loyauté, je relève la tête et la toise. Fier. Comprenant le défi qu’elle m’oppose. Et la tentation qu’elle induit ; celle de l’abandon. Des brides d’espoir qu’il me restait de faire un jour la paix avec les miens, de me dissoudre dans cette cause et cette conscience collective qui furent miennes, jadis.


Dévotion, je revois son corps sur le mien, contemplant la lune et les étoiles dans un firmament que nous explorons ensemble.


De l’honneur. Ce qu’il me reste, pour ne jamais la trahir.


Et je comprends l’objet de la supplique, ce que j’ai perçu par bride, par fragrances lointaines d’une essence bouleversée par des équilibres incomplets et inconstants.


Nuit veut que je revête ses couleurs, et elle les miennes.


Serment d’amour échangés devant le couchant, baiser barbu sur son épaule alors que sa tête dodeline contre la mienne, langueur convaincue d’avoir l’éternité devant elle. Un mensonge, non plutôt un leurre et une diversion, comme l’avait été tout le reste. Alors je comprends tout. Elle n’a plus besoin de me le dire avec des mots, Nuit ; je le ressens. Et comme tout le reste depuis des siècles, ça me brise, et ça m’épuise. Ca me laisse là, chancelant sous le poids d’une solitude qui n’est pas la mienne mais que pourtant je partage. Mari absent, enfants disparus, pouvoir…


Et moi. Nous.


Nous.


Ce mot qui a eu une résonnance si particulière dans le passé, aussi beau que terrible, qui nous a voué au bonheur et pourtant à la damnation.


Qu’en reste-t-il aujourd’hui, sinon les cendres d’un amour parfait et pourtant factice ?


Le parallélisme des trajectoires me confirme la malédiction, partagé, le destin brisé en cours de route et abandonné là, en mille morceaux que le vent n’aura fait que disperser depuis deux mille ans. Je laisse la beauté de jais terminer son explication et reformuler sa demande. Et le silence s’installe, encore. Je ne l’ai pas coupée, jamais interrompue. Je sirote mon verre. Et nous restons là, côte à côte, un temps indéfini. Si proches et pourtant si loin.



| Je savais que ça t’aurait tout coûté, à toi aussi. Tu avais un époux, comme j’avais une épouse. Et des enfants, même si les tiens n’étaient pas mortels. Nous avions tout, et pourtant, nous nous sommes comportés jadis comme si nous n’avions rien. |


Je la regarde, encore.


| Tu as été le tout, Nuit. Longtemps. Suffisamment fort en tout cas pour que ça compte. Pour que ça nous marque au fer rouge, encore aujourd’hui, du sceau de la honte, et de la trahison, parce que nous avons manqué à nos proches, à ceux qui comptaient pour nous. |


Et qui comptent toujours, somme toute. Mais dont nous nous sommes irrémédiablement brouillés pour l’égoïsme de protéger, pour un temps seulement, ce que nous avions eu par hasard et par chance, avant de tout perdre. Je baisse les yeux, traits qui s’étirent d’amusement devant la puissance de l’ironie de la situation.


| Tu me demandes de te choisir toi plutôt que mon propre sang, ma propre essence. Parce que tu sais déjà que nous sommes liés par cette constante solitude que nous aura valu notre passé partagé. |


Je secoue la tête.


| Tu sais que j’ai envie de te dire oui. Forcément, que j’en ai envie. |


Parce que Nyx pose des mots sur le précipice devant lequel je me tiens. Les miens d’un côté. L’oubli de l’autre. Et entre ces limbes éternelles d’un côté, la rancoeur et la dissension de l’autre, elle se tient elle. Un précipice de douces ténèbres que je connais si bien. Un abîme dans lequel je peux plonger les yeux fermés. Je triture mon verre, encore. Et le descends d’une traite, m’irrite la gorge d’un trop plein d’une chaleur âcre qui me brûle. Pas si bon, mais qu’importe. Et la regarde, mains occupées, relevant la tête sur le côté, vers elle. Sa main, son bras, son cou, ses lèvres.


| Tu ne sais pas à quel point j’en ai envie. D’acter la scission de jadis, que je n’ai jamais su faire cicatriser, avec tous ceux de mon espèce. De tourner le dos pour de bon à l’échec, et à la défaite. |


Du bout des doigts, je me permets de toucher son visage. Transgression suprême ; j’effleure l’arête de sa mâchoire sans tout à fait y imprimer ma marque ni aucune pression, mais je redessine ce contour tant de fois rêvé, et ferme les yeux se faisant pour me concentrer sur ce que je ressens moi, à l’exclusion de ces centaines d’âmes alentours qui me parasitent mes propres émotions de rage, d’envie, d’amour, de désir et d’une palette infinie de nuances.


| Mais non, Nuit. Pas cette fois. Parce que les tiens, ceux que tu viens de définir comme tels alors qu’ils t’ont utilisée contre moi, et nous ont foutus en l’air, ces connards que tu défends sont aujourd’hui en travers de ma route. Ils pactisent avec lui, pour ce que j’en sais. Ils en paieront le prix s’ils restent de l’autre côté du champ de bataille qui se prépare, et je n’aurais aucune pitié pour ceux qui ont comploté pour m’arracher mon coeur et mon honneur.. |


Je me penche vers elle. Lui souffle. Cette fois franchit l’interdit antédiluvien, et tourne sa joue pour attirer son regard dans le mien.


| Je n’ai jamais cessé d’être le mari infidèle qui s’est damné pour un regard de toi, et un traître pour avoir préféré ton étreinte à celle des armes de la guerre entre nos deux « familles ». |


J’embrasse son front. Je fais la paix comme je le peux avec ce passé qui m’empoisonne.


| Mais ce sera non. Je ne m’appartiens plus moi-même. Je suis marqué du monde qui nous entoure, que j’ai accompagné dans la vie, et dans la mort. Il m’a rendu fou, Fille du Chaos. |


Laisse mon front contre le sien. Elle comprend. Elle sait comment jadis j’étais marqué des émotions de mon entourage mortel ou éternel, et elle a compris que jadis je ne le dominais que parce que j’étais puissant, mais que j’en suis devenu l’esclave aujourd’hui.


| Je ne peux pas faire don de ce que je ne dispose plus, Nuit. |


Je frotte, lentement, mon front contre le sien, inspire son odeur ; putain qu’elle m’avait manqué, cette douce fragrance de peur brute, d’obscurité et d’inconnu, de plaisir coupable.


| Mais je peux t’aider à retrouver tes enfants. Aide-moi pour Loki, et je m’engage à t’aider en retour. Donnant-donnant. Un premier pas. Un pardon, et un merci. Pour ce que nous avons eu, jadis. Pour ce que nous sommes devenus, aujourd’hui. |
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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyDim 14 Jan - 22:35


Il avait besoin de tout ce que je pouvais lui donner… Mais qu’avais-je à lui donner, vraiment ? Des bribes d’informations, des espoirs factices qui l’emmènerait dans les tréfonds de l’Europe à la recherche de l’ombre cruelle et chaotique qui lui avait tant pris, ne semant que destruction dans son sillage. Qu’il envisage de s’en contenter en disait long sur son désespoir ; Le Dieu de la Malice l’avait poussé dans ses derniers retranchements, il l’avait dépouillé de toute autre solution que celle de venir à moi, de s’échouer à mes pieds. Et je détenais entre mes mains un début de réponse aux questions qu’il ne se posait pas encore. Je pouvais lui offrir le privilège de s’entêter dans une chasse qui causerait sa perte. Un presque rien, une flamme d’espoir qui illuminait les ténèbres de son horizon, sans toutefois alléger le mien. Mais j’étais prête à le faire, moyennant un prix. Un prix énorme. On n’avait rien sans rien.

Une alliance. Lui et moi. La sécurité des siens contre la sécurité des miens.

J’écoutai, silencieusement. Je soutenais le regard que me lançait mon propre reflet et dans mes yeux se dessinait déjà la réponse que je voyais se former entre les lignes de son verbiage. En lettres de sang, tatouées sur mon cœur. Il parla de ce que j’avais perdu, de ma déchéance qui faisait si cruellement écho à la sienne. Il essayait d’arrondir les angles d’un refus qui se profilait déjà. Il était contrit, désolé, l’âme nouée autour d’une proposition qui pouvait sembler cruelle, qui était sans doute trop. Mais l’était-elle vraiment ? Je m’interrogeais, songeuse, tout en l’entendant. Il était tiraillé entre une décadence actée depuis deux millénaires et une place à mes côtés, légitimée par un passé aux origines abscons mais aux conséquences bien réelles. Un passé aux répercussions qui se faisaient écho dans l’éternité. Il maudissait les miens pour mille raisons, même s’il n’en formulait qu’une.

Ses doigts cueillirent la courbe de mon visage, la détournèrent de ce regard qui me jugeait pour croiser celui qui me couve avec tendresse. Et douleur. Sa proximité, pour la première fois en plusieurs vies, me fait l’effet d’une douche glaciale ou brûlante. Ressentiment ou soulagement. Colère ou paix. Tempête de contradictions qui grondaient au fond de moi, dans l’infini vide qui n’aspirait qu’à se gorger de sa présence, de son soutien, de sa droiture. Mais la réponse déjà, au bout de ses lèvres pesait lourdement ; Elle fut lâchée et avec elle c’est une infinité de possibilité qui s’effondra. Il posa son front contre le mien et je sentis tout. Tout ce qu’il voulut bien me partager, du moins. Je sentis le dilemme. Je sentis l’envie de s’arracher aux devoirs de jadis pour tracer son propre chemin à mes côtés.

Je sentis le poids du passé, doux et amer. Son corps contre le mien. Nos âmes qui n’en étaient qu’une.

Je sentis tout ça et bien plus encore.  Et malgré tout, la réponse demeurait…

« Non. » Répétai-je simplement, pensive.

Par ce mot j’actai la décision prise. Et toutes celles qui allaient suivre.

Je m’arrachai à sa proximité, emportant avec moi nos souvenirs, notre avenir et ma fierté. Mes yeux quittèrent les siens pour rejoindre le fond de mon verre de scotch, où le liquide mordoré se fendait en sourires éclatants lorsque la lumière se jouait de sa surface. Et semblaient se moquer de moi. Je le finis d’un trait pour ne pas avoir à en souffrir la vision et laissai un silence s’installer. Le refus résonna encore pendant une éternité. Mais qu’était l’éternité pour nous si ce n’était les vestiges d’un amour passé ? Et les ruines d’un champ de bataille à venir. Je soupesai longtemps les mots qu’il avait dispersé et qui flottaient encore dans l’air alourdi du bar-lounge. Je les mesurai pour ce qu’ils étaien, et ce qu’ils n’étaient pas. Pour ce qu’ils couvraient et pour ce qu’ils dissimulaient.

Il refusait de payer le prix. Et celui qu’il me proposait en échange ne valait rien.

Une vision court-termiste, au mieux.

« Pourquoi t’embarrasserais-tu à retrouver aujourd’hui des enfants que tu balayeras demain s’ils se mettent en travers de ton chemin, Père de la Tribu ? » Demandais-je doucement.

Mes prunelles happèrent les siennes, deux puits sans étoile. Deux profondeurs infinies.

Elles le jaugeaient, comme si elles pouvaient percer la carlingue cassée pour atteindre la chair à vif.

« Ton refus me blesse, Teutatès. Je l’aurais compris pour plein de raisons. Mais penser un instant que je puisse exiger de toi que tu te détournes des tiens… Tandis que je paye encore le prix de l’avoir fait deux mille ans plus tôt. Douloureuse réalisation. Rejet et doute de sa part. Je pouvais tolérer beaucoup de choses, mais pas ça. Je te proposais de joindre nos forces. Nous aurions pu être beaucoup de choses pour les nôtres, ensembles et chacun de notre côté, soufflai-je finalement. Cette situation nous condamne à n’être rien pour personne. C’est simplement… Dommage. Une déception bien palpable qui s’enliserait dans mon cœur. Et un constat, en définitive : ce passé nous rongera toujours. N’est-ce pas ? »

Il n’y avait pas de paix pour nous. Pas de nouveau départ. Je levai un ultime regard vers lui, interrogateur, tendre aussi. Vers le visage de ce véhicule que je ne lui avais jamais vu avant. Je tendis la main pour le toucher. Une caresse à peine plus qu'une briser glaciale. Je préférais ce visage à l’ancien. Mes lèvres s’entrouvrirent et se refermèrent un instant avant que je ne prenne finalement la parole.

« Quel prix étais-tu prêt à payer en réalité, mon ami, je m’interroge. Ton ennemi mortel et la vulnérabilité tout entière du panthéon Gréco-romain contre un service que d’autres m’ont déjà proposé ? » Murmurai-je.

Je pris une serviette qui servait de dessous de verre, grattai dessus quelques mots et le lui tendit. Un langage codé ancien, cryptique. Incompréhensibles pour la plupart mais pas pour lui. Il saurait déchiffrer. Il comprendrait.

« Voilà ce que tu es venu chercher. Je te l'offre. »

Je lui épargnais les précautions habituelles, je gageais qu'il les connaissait parfaitement ; Il ne m'avait jamais vue. D'ailleurs il n'était jamais venu ici. Et il ne reviendrait plus. Je laissai planer un silence, avant de lâcher dans un souffle :

« Bonne chance, Teutatès. J'espère que tu trouveras le pardon auquel tu aspires tant. »

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MessageSujet: Re: Broken Variation   Broken Variation EmptyLun 15 Jan - 12:13



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Teutatès & Nyx

« Le Primordial, Marais, Paris 12 JANVIER 2022 »
Je le sens, aussitôt. Je constate chaque courbe de son âme, chaque inflexion de sa psyché. Je les retrouve, ces ondées qui agitent sa conscience, comme les vagues bien connues d’une mer cent fois parcourue, d’un ciel étoilé dont j’ai déjà pu détailler chaque astre, qu’il soit naissant ou ancien. J’en connais chaque nuance, aujourd’hui aussi bien qu’il y a deux mille ans. Je me vois, mélancolique, contemplant le reflet de ses plus étincelantes étoiles dans l’eau toujours noire de sa conscience, troubles à quiconque mais pas à moi. Je sais que j’ai perdu le droit d’y aller et venir à loisir, je sais que je ne peux pas prétendre le retrouver un jour. J’ai fait trop de mal, en tournant le dos à Meduna, puis en tournant le dos à Nyx. J’ai tout perdu, tout sacrifié, pour un amour qui m’aura coûté mes peuples, ma famille, et tout le reste. Des siècles d’errance et de déshérence, incapable de trouver un remplaçant pour circonvenir à mes propres manquements.


La proposition de Nyx est tentante, évidemment. Elle s’impose comme l’évidence. Chez moi, on me suspecte, on me tance, on me tient pour responsable de tous les maux. A raison, dans l’immense majorité des cas. Je n’agis jamais que comme une boussole qui a perdu son nord magnétique, et qui dévie, folle furieuse, et j’en paie le coût à chaque jour qui passe. Nyx est l’espoir, celui de passer à autre chose. D’abolir le passé. De faire table rase.


Sinon, de le prolonger éternellement.


La tentation est grande, et ses rets m’enserrent le coeur. Je veux plus. Je ne le mérite pas, toutefois. Inutile de se leurrer. Je ne mérite jamais qu’une éternelle quête de renouveau et de pardon, une infinité de combats qui jamais ne se résolvent.


Nyx en souffre. Je le sens en elle. Elle espérait autre chose. Comme tout le monde, en réalité.


Elle espérait mieux.


Espoirs si cruellement déçus qu’elle avait un niveau d’espérance si élevé qu’en tombant, ce fragile édifice allait faire encore beaucoup de dégâts. Je vis dans la fureur et dans la rage, dans la déception permanente qu’aucun combat ne se termine jamais vraiment. Je ne suis pas un enfant du Chaos, comme elle. Mais je le provoque, je le perpétue, à chaque fois que je tranche. Je coupe une branche pour en voir deux repousser, sur l’arbre de la rancoeur et de l’ivraie.


Mon toucher l’enflamme et la glace. Désir et répulsion, en quelque sorte, de ces plaisirs et désirs coupables que l’on nourrit en sachant très bien à quel point ils nous feront souffrir, en fin de compte. Je me sens curieusement à ma place et pourtant totalement déplacé, cruel paradoxe qui n’aura été résolu ni par les millénaires ni par la sagesse prétendûmment gagnée entretemps.


Nyx se ferme, comme tous les autres.


Cette porte-là, je l’ai envoyée se claquer et je le regrette alors qu’elle ne l’a pas encore fait.


La nuit s’éloigne, se recule, déçue, et meurtrie. Pas tant d’espoirs contrariés je le sens que de la forme que j’y ai mis. Comme toujours, la céleste pointe du doigt l’écheveau de mes contradictions, ne comprenant pas, ou ne tolérant plus, que je doive sans arrêt jongler entre ce qui est juste dans l’instant et ce qui le sera plus tard.


Je ne dis rien.


Elle me confesse sa blessure, et je me perds dans les reflets vus au plus profond de ses deux iris, puits de ténèbres qui m’attirent comme des trous noirs, et dans lesquels je ne souhaite que me perdre sans pourtant pouvoir m’y laisser aller. Coincé, comme je le suis toujours. A pleine vitesse sur l’autoroute du déclin, incapable d’en finir, incapable de se redresser.



| Non, Nuit, tu te trompes sur un point. |


J’ai envie de reprendre sa main, de la couvrir, mais ne fais que baisser les yeux. Plongé dans ma propre introspection, ce qui au milieu de ce rade ultra moderne n’a rien d’aisé ; tout le monde ici veut vivre, veut aimer, veut envier ou désirer, veut baiser ou parfois faire du mal. Je dois faire le tri et me focaliser, me concentrer sur mon for intérieur qui n’est semblable qu’à un abysse dissonnant du sien, bien ordonné et pourtant si vivace, quand le mien n’est qu’un puits au fond tremblant et remuant, troublant tout sous ses perpétuelles secousses.


| Je sais bien que tu n’exigerais rien de moi, si ce n’est le reflet de ta propre féauté, de ton engagement plein et entier. |


Je déglutis, couvre le goût de l’alcool ingurgité.


| Mais si je reviens avec toi, je ne serais plus à même de les défendre, les miens. Alors que ton sang s’acoquine de mes ennemis, qui ont déjà torturé et tué chez moi. Si je reviens à tes côtés… Je ferme les yeux sur le génocide qui guettera aussitôt mon espèce. |


Et regard appauvri de mes résolutions chancelantes, quand la belle de Nuit évoque la poursuite éternelle de notre culpabilité et des conséquences des choix de jadis.


| Je leur dois une dernière tentative. De me racheter. De redevenir le Père que j’étais jadis. Je le dois à ceux qui sont morts, et dont j’ai accompagné chaque minute d’agonie depuis trois mille ans. |


Quant à ce que je suis prêt à lui concéder… Est-ce que mes mots auront encore leur poids, leur vérité intrinsèque et dérisoire aux yeux de l’Engeance du Chaos et le visage de la Révélation en personne ? Je la vois écrire quelques informations, que je glisse ensuite sous ma veste. Et la toise, longuement. Nuit prend congé ; elle me fait comprendre que passée la déception, elle soigne sa sortie pour éviter l’épreuve d’une prolongation.


| Je ne sais pas, Nuit. Je suis venu sans plan ni idée. Ou avec trop de l’un comme de l’autre, imprécis et impulsif, comme je le suis depuis trop longtemps. Je suis venu parce que j’ai besoin de toi. Et je ne néglige ni notre passif, ni mes manquements, ni quoi que ce soit d’autre de mes errements passés. Ce cadeau... |


Je tapote ma veste.


| … Ne sera pas oublié. |


Elle sait que je tiens mes paroles, peu importe le temps ou les efforts que cela me prend.


| Ce n’est pas tant le pardon que je cherche, mais une fin, quelle qu’elle soit. |


Visage fermé sous ma barbe, je paie les consos.


| Elle aurait dû intervenir il y a deux-mille-quatre-vingt ans plus tôt. Je serais mort dans l’amour, avant la honte et la défaite. Deux-mille-quatre-vingt années, Nyx. Je ne te ferais pas l’affront de te soutenir à quel point c’est long, puisque tu le sais aussi. Mais ce déclin, je dois y mettre fin, d’une façon ou d’une autre. Ce n’est que justice que je paie depuis tout ce temps. Ca l’est moins que toi tu le subisses, mais c’est ainsi. |


Je l’embrasse, sur la joue.


| Prends soin de toi, Nuit. |


Le sent-elle aussi, que nous nous dirigeons droit vers la fin des temps tels que nous les avons connus ? Je m’en vais, alors, et entame mon lent chemin de croix.
(c) DΛNDELION


Teutates - Pariah of Tribes
May Father's wrath purify our souls

With your feet on the air and your head on the ground. Try this trick and spin it, yeah. Your head will collapse, and there's nothing in it. And you'll ask yourself. Where is my mind?Tovtatis
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Melvyn Belmonte
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