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 Réveil matin, quinze heures

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MessageSujet: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptyMar 7 Nov - 23:00

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Réveil matin, quinze heures

Morrigan se rhabilla, après avoir veillé à se sécher correctement une fois sa douche terminée. La lumière du soleil, un peu terne du à la période de janvier, arrivait néanmoins jusqu'à son lit encore défait de la nuit. Elle l'observa un instant, enveloppant ses longs cheveux noir corbeau dans une serviette chaude pour les essorer. Elle opta pour une tenue simple : un jean pour le bas, ainsi qu'un pull en laine à col roulé marron, lui permettant de ne pas frissonner malgré la fraicheur des lieux. La maison de Teutatès avait bien des avantages, mais comme toutes les vieilles pierres, l'isolation n'en était pas un. D'ordinaire, la fraicheur ne la dérangeait pas, car elle venait apaiser le feu tourmenté de sa folie coutumière, parfois. Ce matin, elle se sentait étonnement alerte, comme si l'emprise de Loki sur son esprit s'atténuait, pour la première fois.

Mais elle savait aussi que ce n'était qu'un leurre, et qu'elle ne devait pas s'y habituer, pour ne pas souffrir encore plus. Malgré l'absence de Mama, la sorcière avait pris soin de ne pas effacer le symbole lunaire que cette dernière lui avait dessiné sur le front, en prévision de leur rituel. Mais ni elle, ni Teutatès n'étaient venus la trouver après les grands discours, ce qui lui faisait dire que quelque chose clochait. Sans pour autant pouvoir mettre la main dessus, véritablement. Elle aurait pu y aller elle, la veille, mais elle avait préféré s'éclipser, les laissant à leurs retrouvailles. S'ils avaient eu besoin d'elle, ils seraient venu la chercher, elle en avait la certitude. Lorsque sa soirée s'était terminée, pas si tard que cela finalement, après la boisson, la danse et les retrouvailles de longue date, elle était remontée se coucher, non sans passer voir la chambre de Teutatès. Elle avait poussé la porte, doucement, voulant voir s'il s'y trouvait. Mais il n'y était pas, sans doute avait-il du être en train de plaisanter avec Taranis, ou de discuter encore avec d'autres divinités. S'il avait été aux côtés d'Hestia... Son sang s'était mit à bouillir, et elle avait refermé la porte, finissant seule, dans son lit.

Et puis le petit matin était arrivé, et avec lui la promesse faite la veille par la reine celte : l'entraînement aux armes. Un moment étonnant, à mi-chemin entre un affrontement réel physique ou verbal, une complicité que ni l'une, ni l'autre n'avaient pu nier mais que personne n'avait avoué pour autant, et des points communs.. Dans leurs plus grandes différences. Après un frugal petit déjeuner - tous avaient bien mangé et bien bu la veille - elle avait pris congé de Meduna et William qui s'était incrusté, pour prendre une douche et laver les impuretés liées au combat.. et aller ensuite retrouver son compagnon, qui lui manquait bien plus que de raison en cette douce matinée.

Elle commença bien sûr par sa chambre, encore une fois déserte. Décidément, s'il se cachait d'elle, il n'aurait pas pu faire mieux ! Cela commençait à l'agacer, et en même temps la mettait au défi, comme s'il l'avait incluse dans un jeu silencieux. Elle referma la porte et entreprit de descendre l'escalier pour revenir au centre de la pièce. Elle salua les quelques compagnon du Dieu Père qui aidaient à ramener la vaisselle sale de la veille jusque dans la cuisine, d'autres faisaient la vaisselle, et enfin certains passaient le balai et nettoyaient quelques surfaces. Tout le monde semblait s'activer, et après un rapide coup d'œil dans l'enfilade des quelques pièces qui composaient le salon, elle passa la grande porte pour se retrouver dans les jardins. Elle se sentait légère, grâce aux pas de jambes du matin provoqués par l'entraînement avec Meduna, mais elle doutait que cela dure réellement. Elle avait fait d'étranges rêves, cette nuit-là, sans qu'ils soient très clairs. Sans trop s'en souvenir, elle s'était pourtant réveillée avec un curieux sentiment au creux du ventre, une fuite, ou en tout cas une absence, de la part du Dieu-Père. Etait-ce une manifestation d'une quelconque vision prophétique ? Cela était déjà arrivé par le passé. Mais d'habitude, lorsque cela concernait le celte, c'était beaucoup plus clair.

Morrigan le vit, accroupi, de dos, tandis qu'elle s'avançait vers lui. Il semblait être en train de rassembler les morceaux qui constituaient le chapiteau qui avait perdu de sa superbe par rapport à la veille car il était maintenant au sol, de la rosée perlant sur le tissu et devant sans doute refroidir les tiges de métal qui en constituaient la structure rigide. Un peu plus loin de lui, à sa gauche, se tenait la large bâche censée récupérer tous les différents morceaux qui le constituaient ; il y en avait déjà quelques-uns dedans, montrant qu'il avait déjà démarré. A pas de louve, elle s'approcha furtivement, passant d'un coup ses bras autour de son cou et penchant la tête pour déposer un baiser sur sa joue, au coin de ses lèvres, le surprenant dans son action.

« Salut, beau gosse. » lui dit-elle, sourire aux lèvres.

L'irlandaise vint ensuite se placer à côté de lui, pareillement accroupie puis se fit le relai des morceaux de chapiteau démontés, qu'elle prenait de sa main pour ensuite les poser dans la bâche.

« Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu nos frères et sœurs tous réunis. Enfin, presque tous. Ca fait chaud au cœur, et je crois qu'on en avait bien besoin. Merci pour ça. »

Malgré le succès des retrouvailles, elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander si le résultat aurait été différent, si Dagda les avait rejoint pour cette réunion celte. Mais elle avait échoué à le convaincre, et c'était sans doute pour le mieux. Morrigan observa Teutatès, sondant son visage. Et fronça les sourcils. Quelque chose semblait bizarre. Elle le poussa d'un coup d'épaule :

« Oh, fais pas cette tête ! T'es pas content qu'on reprenne le combat avec tout le monde ? »

Une boutade pour détendre une atmosphère qui lui paraissait bien lourde, soudainement.

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Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptyVen 24 Nov - 12:20



Réveil matin, quinze heures
Teutatès & Morrigan

« ETTEGIA DES NERVIENS, RIVIÈRE DU RIEZ-RAOULT PRÈS DE BAVAY, NORD DE FRANCE, 06 JANVIER 2022 »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je n’ai pas mal au crâne. Je vais bien, vraiment, pour de bon. C’est même étrange. Alors d’accord, les divins de ce monde ont pour la plupart une résistance très largement accrue à l’alcool et à tous les types de poisons, mais je n’ai de toute façon pas du tout assez bu pour que l’on puisse craindre que je me traîne une certaine gueule de bois. Mais je ne me sens pas forcément de meilleure humeur au réveil qu’avant de chercher à m’endormir. Corps massif qui fait grincer le lit en me redressant, avec toutes ces lattes de bois antédiluviennes que j’ai changées pour la dernière fois quoi, un siècle plus tôt ? Je me frotte les paupières, yeux douloureux en dessous. Ce n’est même pas la migraine, mais le trop-plein d’émotions. Depuis des jours je ressens tout ce que mes hôtes ressentent, j’éprouve tout ce qu’ils éprouvent. Je n’ai pas trop de mal à me dire que je vais finir épuisé de tout cela. J’ai retrouvé de la puissance, depuis l’année écoulée. Je suis plus stable. Mais dans le même temps j’ai aussi subi les tortures de Loki, et ses plus immondes bassesses.


La soirée d’hier a peut être servi à un peu plus soudé mon camp. Celui auquel je suis sensé appartenir, et dont pourtant je mesure le fossé qui me sépare d’eux par deux millénaires de solitude et d’exil plus ou moins volontaire. Un semblant de plan, plus ou moins partagé. Les plaisanteries au moment de proposer de renouveler les unions ; aucune n’aura eu lieu. L’égo est mauvais conseiller, et au fond qu’importe ; Qu’il n’y ai pas eu de cérémonie de pouvoir signifie tout simplement que nous n’en sommes pas au degré d’unité souhaitable pour se lancer dans ce conflit. Alors, nous continuerons à faire ce que nous avons toujours fait. A incarner les perdants magnifiques, ceux qui s’ébrouent pour défendre toutes les valeurs du monde, et qui plient, sous le nombre et la force d’adversaires plus unis et plus résolus. C’est mon échec, en vérité, plus que celui de la déesse de l’Unité ou de tous ceux qui ont apporté leur pierre à l’édifice. Si j’avais été là, jadis, nous n’aurions peut être pas été vaincus. Ou alors, nous l’aurions été ensemble.


Je regarde la froide lumière d’un jour d’hiver, dehors, convaincu que ce n’est pas la lueur de l’espoir que j’observe, mais celle du crépuscule de l’existence des dieux, au moins des anciens, sinon de tous. Je me demande si les plus vieilles entités du monde, desquelles je fais partie, ont conscience que nous vivons un tournant majeur qui verra un nouvel ordre s’élever après cette ère que nous vivons.


Je me lève et me lave, m’habille avec la conscience aiguë de ce que tout le monde vit et éprouve à des dizaines de mètres à la ronde. De la déception amoureuse d’une humaine qui range le chapiteau à la tristesse et à la peur de Mama, sa résolution aussi, jusqu’aux émotions les plus infimes qui toujours me taraudent. La quiétude de ce foyer me manque, un peu. J’aime la proximité –j’en vis littéralement- mais elle me pèse et m’oppresse depuis le déclin de mes pouvoirs, jadis. Parfois, je me surprends à me demander ce que je ressentirais si ce jour pour lequel je me lève devrait être le dernier. Jadis à cause des guerres qui me voyaient participer. Aujourd’hui plutôt par rapport à la simple curiosité. Pour qui le monde s’arrêterait-il ? A quoi ressemblent les limbes pour l’éternité, celles qui nous ont vus naître et disparaître ?


Je ne sais pas si ce sont les humeurs que je perçois qui me rendent ainsi mélancolique, ou si c’est ma nature profonde qui s’exprime. Un sourire pour la jeune fille qui porte des paquets de nourriture emballée pour aller la distribuer aux fidèles, une tape sur l’épaule d’un ami qui fait rouler un autre tonneau de bière, en bois, à l’ancienne, cerclé de métal comme on n’en fabrique plus tant dans ce pays. Alors que l’on replie les bâches et qu’on démonte les tubulures du chapiteau, je vois les petits volutes de condensation s’échapper des bouches des uns et des autres. Et sens Sa tempête s’approcher à pas feutrés, mais la signature de son âme est si caractéristique que je n’ai pas besoin de la voir ou de l’entendre pour percevoir son rapprochement. Son baiser, vif et relevé, avant le salut et la voilà qui m’aide en prenant les tubes pour les ranger.



| Salut, Tempête. |


Elle me remercie. Je la sens sincère. Pour l’organisation de tout ça. Je sens ses doutes, qui déforment l’amplitude de l’écho des miens.


| Je suis content si ça vous a permis de renouer. |


Regard plus loin, où certains s’étaient amusés tard hier, dans mon jardin pris dans la neige. Ce que j’ai senti d’Atchoum, de Morrigan, de Mama, de Meduna, de tous. Un chiot glapit dans la neige et me rejoint, lèche mes paluches. Plus loin, un de ceux que je rétribue pour s'occuper du domaine, mais fait un signe de la main. Le chien est l'un des rejetons du sien, dans sa ferme plus haut sur la rivière. Je prends la boule de poils contre moi, sur ma cuisse alors que je reste accroupi, et lui gratte le cou.


| Je suis fatigué, c’est tout. Tout ça… Ca fait encore beaucoup pour moi. |


Je n’ai aucun mal à reconnaître platement, objectivement mes insuffisances.


| Vous ressentez tout bien plus fort que les humains. Je n’ai pas fermé l’œil, ou presque. Il y a beaucoup d’espoir qui en est ressorti. Mais pas tant, malgré tout, au regard de la situation. Il y a du doute. Et beaucoup de désunion. Beaucoup de… Je ne sais pas. |


De Meduna et de ce qu’elle ressent, et de ses efforts pour éviter d’accomplir les rituels de pouvoir. De Mama et de Morrigan, dont le nôtre est très clairement tombé à l’eau faute d’efforts réciproques, lourds de sens.


| Je suis juste bien, ici. |


Je promène mon regard sur les collines et vallons boisés, enneigés, sur le ciel d’un blanc laiteux, épais.


| Parfois je me demande comme quand j’étais jeune, ce que ça ferait d’être humain, de vivre et de mourir ici, en paix. |


Ce qu’elle ne peut pas vraiment comprendre, elle qui n’est pas qu’une tempête mais un véritable ouragan.
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptyMar 5 Déc - 13:51

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Réveil matin, quinze heures

L'air frais était piquant, et presque brûlant en descendant dans sa gorge pendant ses inspirations. Son regard se posait tantôt sur lui, tantôt sur leur environnement. Tout semblait figé, glacé dans des neiges éternelles qui pourtant disparaitront bien vite une fois le printemps venu. Des petites volutes de vapeur d'eau s'expulsaient de ses lèvres et s'enroulaient sur elles-mêmes avant de disparaitre, lorsqu'il parlait. Morrigan le sentait presque un peu distant, nostalgique d'une époque ou d'un moment plus calme pour lui. Parfois, elle avait tendance à oublier comme ils étaient différents, bien qu'animés par cette même rage de se battre. Lui sans doute plus finement et intelligemment qu'elle. Et elle ne voyait aucun mal à cela.

La sorcière fronça les sourcils, lorsqu'il répondit à ses remerciements. C'était tout ? Il avait été à l'origine de leur réunion, à tous. Et maintenant, il s'en détachait presque ?

« Renouer, c'est peut-être un peu trop fort. Mais c'était nécessaire, de se revoir, et de partager les prochains objectifs. Même si les conversations peuvent être houleuses, parfois. »

Lui en voulait-il de ne pas avoir été plus conciliante avec Meduna ? Elle se rappelait leur altercation, la veille, au milieu de tous, lorsque les plans se discutaient et se pesaient au sein de leur panthéon. Et l'irlandaise n'avait pas été particulièrement tendre avec elle. Ni le soir d'avant, ni le matin-même lors de leur entraînement, d'ailleurs. Rien ne pouvait échapper au Dieu-Père de toute façon, et s'il n'était pas omniscient, la lecture des émotions et sentiments pouvait parfois le mettre sur la piste. Morrigan jeta un œil au petit chien qui se frottait contre ses mains à lui tandis qu'il lui gratouillait l'oreille.

Son pouvoir lui pesait, de toute évidence. Un sentiment que Morrigan connaissait par cœur. Le soulager là dessus était hors de sa portée, malheureusement. Même si elle aurait donné à peu près n'importe quoi pour le faire.

« Tu n'as pas à t'infliger tout ça, tu sais. Et tu n'as pas failli à une quelconque tache non plus. Mais tu pourrais laisser notre reine de l'unité organiser la prochaine réunion. Je ne la connais pas aussi bien que toi, mais il me semble qu'elle a ça dans le sang. »

Une approche plus diplomatique et plus fédératrice que Morrigan ne le serait jamais. Les mots étaient le ciment qui les maintenait tous ensemble, pour Meduna. Pour la sorcière, c'était le sang. Le chiot poussa son bras, doucement mais suffisamment pour qu'elle s'en rende compte. Elle sourit, caressant doucement le haut de sa tête. Puis reporta son attention sur Teutatès.

« Ce n'est pas forcément mauvais, de douter, si ça peut permettre de se poser les bonnes questions pour avancer. Quant à l'espoir... Est-ce vraiment ce que tu espérais, en nous invitant tous ici ? »

Cela lui semblait particulièrement ambitieux. Et l'espoir, pas si nécessaire, finalement. Ce qui comptait, c'était d'être prêts à faire face à ce qui arrivait. En cela, ce temps d'échange était primordial. Imaginer obtenir plus que cela.. C'était mal connaître les énergumènes qui composaient le panthéon celte. Morrigan prenait les victoires où elle le pouvait, puisqu'en l'occurrence il y en avait vraiment peu en ce moment.

Sa confession sur son statut de divin et sa comparaison avec celle d'un humain la laissa perplexe. Elle l'observa, alors que lui regardait le paysage. Pas besoin d'avoir son pouvoir pour lire en lui, en cet instant. Elle décida de partager sa vision, juste un instant.

« Tu pourrais, si tu le voulais. Rester ici, je veux dire. Personne ne te blâmerait. Devenir humain, ça en revanche, c'est plus compliqué. » lui dit-elle avec un sourire.

Le voudrait-il, cependant ?

« Moi, j'irai au combat, parce que c'est ce que je fais de mieux. Mais tu pourrais organiser nos opérations ici, prendre soin de toi et de tes amis, t'éloigner de ceux qui, involontairement, te font du mal, pour te protéger, tout en participant à l'effort de guerre. »

Nul doute qu'il y aurait des choses à faire en étant moins sur le terrain, Meduna aurait sans doute des idées à ce sujet. Morrigan n'avait de sens que dans la conquête, d'existence que dans le combat. Mais lui... S'il rejoignait un groupe, il serait obligé d'endurer les états d'âme de chacun. Son pouvoir était aussi puissant que destructeur. A quoi bon se battre s'il ne restait plus rien dont il pourrait profiter, à la fin ?

L'irlandaise n'était pas certaine de la bonne démarche à adopter. Elle savait simplement qu'elle ne serait jamais tranquille tant que Loki serait sur ses talons, et par extension, sur ceux de tous les celtes. Teutatès y compris. Longuement, elle soupira après avoir reporté son regard sur la paysage, baigné d'une pâle lumière hivernale. Alors elle dit simplement, de façon plus énigmatique, même si elle était à peu près sûre que ses pensées l'avaient déjà trahie auprès de son compagnon :

« Concentrons-nous sur les victoires, jour après jour. N'essaye pas de tout contrôler, Teutatès. Il y a des choses que même toi, tu ne peux pas guérir. »

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Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptyDim 17 Déc - 18:12



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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] La limite entre se confier et apparaître faible est toujours ténue ; elle ne nécessite jamais que l'on se targue de nos insuffisances comme des qualités, car ce serait mentir autant aux autres qu'à soi-même. Dans tous les cas, je ne me ravis pas de la situation. J'ai le sentiment que ce que j'ai fait gagner à mon panthéon, je l'ai moi-même personnellement perdu. Comme si cela comptait, et maintenant plus que jamais, alors qu'il est clair à mes yeux, et à ceux de tout le monde, que ce n'est pas très important. Je ne reste jamais qu'un vieil homme qui n'a jamais été seul, jamais vraiment, et pour qui la solitude signifie aussi bien la paix que la libération de la mort, un abandon et un renoncement. Je sens que je dois revenir sur le devant de la scène. C'est ce que j'ai fait, à Paris. D'assumer qui je suis, et pourquoi je suis là. C'est loin d'être aussi facile, en vérité.


Je comprends à l'âme de Morrigan que quelque chose n'a pas non plus totalement porté ses fruits.


Je comprends aussi que je ne peux pas voir le rendez-vous collectif comme une victoire, pas alors qu'il n'aura été fécond ni en rituels ni en alliances extérieures. Peut-être est-il simplement temps de se remettre en action, avec les autres divins de ce monde, et contre eux ? De se remettre dans la balance, sans se soucier des autres ? Je leur ai donné ce lien, peut-être ténu, à partager ici et chez moi. Maintenant c'est à deux de l'assumer et d'en faire ce qu'ils souhaitent.



| Nous sommes des celtes, peu importe d'où l'on vient en définitive. Nous sommes nés de la colère et de la détermination brutes. |


C'est donc normal que l'on passe son temps à se quereller ; ce n'est pas inscrit dans nos gênes comme le diraient des mortels, mais ce n'en est pas si loin au final. Je soupire, doucement, et me retourne du chien vers la sorcière.


| Si, je le devais. J'étais le Père, jadis. Avec Dagda, en quelque sorte, même si une mer ou deux nous séparaient tous. J'ai fait mon travail. Le premier pas que personne n'osait faire. Maintenant, la balle est dans le camp des Reines des celtes, Meduna, et toi. C'est votre tâche, votre responsabilité. |


Le vent du nord se lève et me bat les cheveux sur le front, faisant frissonner le chiot qui se blottit contre ma chemise épaisse et contre mes gants alors qu'il cherche du museau à taquiner l'irlandaise et à réclamer de l'attention.


| La mienne, c'est de protéger nos gens, et de faire s'abattre notre justice sur les méchants. |


Et c'est là l'accomplissement ultime de mon existence, ma concentration et ma ferveur qui me donnent les fruits auxquels ma nature me donne clairement droit. Je souris, autant pour moi que pour la jolie brune.


| Je suis dans le cœur des gens, Morrigan. Et il n'y a rien de plus puissant que l'espoir. |


Evidemment, que c'est l'objectif absolu. Bien plus que de réussir un coup, ou peu ou prou, et certainement que ça compterait plus qu'une bagarre victorieuse. J'entends tous les arguments de l'irlandaise, et tout ce qu'ils impliquent. Elle aussi croit que je me plains, comme les autres. Que je suis usé. A quel point ont-ils tort ou raison ? Morrigan ne me juge pas personnellement, en revanche. Elle le dit d'un ton égal, et le pense de la même façon. Rien de plus, rien de moins.


| Je ne veux pas me cacher ; mon destin m'appelle. Que ce soit pour ramener notre panthéon sous le regard des Hommes au milieu d'un ouragan qui purifiera tout le continent dans la violence aveugle, ou pour vous protéger de vous-mêmes, tous autant que vous êtes, c'est ma tâche. Ma nature. Je ne sais rien faire d'autre que ça. Mais cet endroit, ça compte pour moi. |


Je m'en veux presque de l'avoir partagé aux autres. Combien de temps ai-je passé ici, surtout après être rentré de Russie ? A entendre le balancier de l'horloge de la cuisine, à regarder la pluie tomber par delà les petits carreaux colorés. A voir les animaux de la forêt toute proche passer le ruisseau à gué pour aller de l'autre côté de la plaine.


| Je suis allé voir Mama, hier. |


Je ne regarde pas Morrigan. Je n'ai pas honte de ce que j'ai fait, ou dit. Autour de nous, les humains ont commencé à tout ranger.


| Je lui ai demandé de rester. Avec moi. Et que je reste avec toi, aussi. |


Je soupire, me relève de cette carcasse que j'apprivoise encore. Capte son regard.


| Le hasard de la destinée a fait que je n'ai aimé aucune femme pendant deux millénaires, en tout cas pas, comme ça. Et que je suis tombé amoureux d'une déesse complétement folle, dans laquelle je ne lis que les tourments d'une âme dévastée et meurtrie par les visions jadis imposées. Et amoureux d'une autre. Plus stable. Plus forte, en apparence. Qui m'aimait déjà, sans le concevoir. Et qui m'apportait non l'aventure, comme la première, mais une forme de pérennité qui me manquait tant. Je vous aime toutes les deux. Mais Mama n'entend pas que l'on se partage, que l'on se distingue. Même si nous avons jadis vécu comme nous l'entendions, elle ne veut pas d'un arrangement de ce genre. |


Je baisse les yeux, entre nous, sur le chien qui remue la queue et cherche son maître, plus loin. Qui s'éloigne après, au sifflement qui l'appelle depuis l'autre côté du petit pont séparant ma demeure de l'espace de stationnement de l'autre côté du cours d'eau.


| Je voulais que tu saches que je suis allé la retrouver pour la récupérer, et lui proposer d'être votre compagnon à l'une comme à l'autre, parce que je ne sais ni ne veux choisir entre vous. Même si j'ai conscience que nos natures parfois s'opposent, à tous trois. |
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptySam 23 Déc - 9:29

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Réveil matin, quinze heures

Le temps était propice à cette confidence, entre eux. L'hiver avait cela d'apaisant, lorsqu'on y réfléchissait. Une bulle assourdissante, un cocon dans lequel se lover et s'oublier, tout autant qu'on oubliait le reste du monde. L'irlandaise l'avait déjà ressentie, cette paix. Elle avait eu l'occasion dans son existence d'avoir quelques moments de calme, suffisamment précieux pour en savourer toute l'essence de la victoire qu'ils amenaient avec eux. Ces moments là n'en étaient pas. Car la menace toujours planait, incessante, menaçante. Teutatès semblait se battre contre le vent, cherchant une issue favorable non seulement pour lui, mais pour tous les celtes. La tâche n'était pas seulement ardue, elle était impossible.

Ce sanctuaire qui avait toujours été le sien, il ne l'avait ouvert qu'à quelques personnes, avant cette soirée. Morrigan faisait partie de cette heureuse liste, Mama également. Le fait qu'il efface cette primeur la laissait.. perplexe. Quelque chose en lui semblait différent, changé, d'une certaine façon. Elle hocha la tête néanmoins, à la mention de leur devoir et du sien, autour de l'unité qu'il avait tenté de créer.

« Oui, notre responsabilité. En cas de victoire ou d'échec. »

Lourde tâche sur les épaules, mais le sorcière ne s'en sentait nullement effrayée. Les enjeux étaient grands, mais ils l'avaient toujours été. De l'accompagnement de la plus petite milice de village au commandement de l'armée du pays, elle avait vécu. Elle avait expérimenté. Et c'était peut-être maintenant le plus grand combat qu'elle avait jamais vécu qui l'attendait. C'était excitant. Elle était soulagée néanmoins de trouver en lui une sorte de résignation pour passer le flambeau à Meduna. Ou du moins, ainsi le comprenait-elle.

Quelque chose clochait, dans son comportement. Morrigan n'arrivait pas à se persuader du contraire, car elle avait la désagréable sensation que quelque chose ne tournait pas rond. Pour autant, elle n'aurait su dire quoi. Leur relation avait toujours été particulière. Ils n'avaient parfois pas besoin de se parler pour se comprendre. Alors pour lui, c'était plus facile que pour elle, puisque son pouvoir lui donnait les clés de compréhension.

« Pour les humains, peut-être. Mais nous sommes des divins, nous devons avoir d'autres motivateurs à notre disposition. Même si je vois ce que tu veux dire. »

Le bien commun, la passion, le ferveur, l'équilibre pouvaient être de puissants leviers également. Mais l'espoir avait de caractéristique sa résilience et sa contagion, lorsqu'il était correctement créé et maintenu dans le temps. La confession du Dieu-Père sur sa nature et ses obligations la fit sourire doucement. Elle le reconnaissait déjà plus.

« Bien, j'espérais que tu dises ça en vrai. » le taquina-t-elle, bien qu'elle ne le sentait pas vraiment d'humeur.

Il semblait vraiment morose ce matin. Pourtant, il n'avait pas vraiment de raison de l'être. Ce qui mettait l'irlandaise encore plus sur ses gardes. Elle n'eut pas à attendre très longtemps pour qu'il parle, enfin. Elle ne comprit pas de suite ses paroles qu'elle trouvait un peu floues. Lorsqu'il se redressa, elle comprit que le sujet était moins insignifiant que ce qu'elle pensait. Elle prit brièvement appui dans la neige pour se relever à son tour. Il détailla une partie de sa soirée, avec Mama. Ses confidences. Ses sentiments. Elle se sentit blêmir, et soutint son regard aussi longtemps qu'elle le put.

« Alors c'est ça, l'explication. »

Lâcha-t-elle simplement lorsqu'il eut terminé, détournant cette fois le regard. Le chiot n'était plus là, ils étaient seuls. Sans doute avait-il préféré s'éloigner. Elle sentait la colère monter, plus lente que d'ordinaire. Plus douloureuse, aussi.

« Tu es allé la retrouver pour qu'elle fasse un choix que tu n'avais pas envie de faire. »

La sorcière avait croisé les bras, poings serrés contre sa peau. Non seulement il lui avouait qu'il avait des sentiments pour une autre, mais qu'en plus il était allé la voir elle pour qu'elle choisisse à sa place. Elle avait choisi, ce qui visiblement ne lui convenait pas. Et il n'était même pas venu la trouver pour lui en parler spontanément. Morrigan soupira, l'air expiré venant danser devant ses yeux avant de s'effacer dans la fraîcheur matinale. L'annonce lui avait fait l'effet d'une bombe. Pourtant, elle ne pouvait pas dire qu'elle ne s'en était pas déjà doutée.

« Tu es allé la voir elle pour lui proposer un arrangement... sans même m'en parler avant. Et si elle avait accepté, tu m'aurais annoncé ça comme tu le fais là, la queue entre les jambes ? »

Il ne s'était pas soucié de son avis à elle avant d'aller voir Mama. Il lui avait donné la possibilité d'accepter ou de refuser. Une option à laquelle Morrigan n'avait pas eu le droit, elle. Ses mots lui restaient en tête. Déesse complètement folle. Mama, plus stable, plus pérenne, plus forte. Elle grimaça, blessée.

« Ah, alors si Mama ne veut pas, ne le faisons pas ! Sérieusement, Teutatès. Pourquoi t'es allé lui demander à elle ? Parce qu'elle a la tête sur les épaules, c'est ça ? Parce qu'elle n'est pas folle à lier, elle. Si elle te dit quelque chose, c'est qu'elle le pense, qu'elle y croit, et que son esprit est d'accord. Tous les deux vous pouvez avoir des discussions sensées. »

Son seul mérite était qu'il lui ait dit. Sans doute pensait-il avait été honnête avec elle. Mais était-ce vraiment de l'honnêteté quand l'information n'était pas donnée spontanément ?

« "les tourments d'une âme dévastée et meurtrie"... C'est vraiment la seule chose que tu lis en moi ? Et dire que ce matin même je prenais ton parti face à Meduna. Je suis vraiment trop conne. »

L'irlandaise serra la mâchoire. Pendant qu'il broyait du noir sur une décision qu'il avait préféré subir, elle défendait ses valeurs auprès de son épouse. Il ne voyait que la déesse brisée en elle ? Rien d'autre ? Il ne sentait pas la reconnaissance pour sa protection, son amitié née de plusieurs siècles d'affrontements et de défis ? Il ne voyait pas l'amour qu'elle lui portait non plus, imparfait et irrégulier, mais bien présent ?

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Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptySam 23 Déc - 15:28



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« ETTEGIA DES NERVIENS, RIVIÈRE DU RIEZ-RAOULT PRÈS DE BAVAY, NORD DE FRANCE, 06 JANVIER 2022 »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je sais ce que je risque. Je sais à quoi je prête le flanc ; jamais la sorcière ne pourra passer outre ce que je viens de dire comme si de rien n'était. Je ne sais pas vraiment quoi faire. J'étais jadis à la barre de plusieurs peuples, soufflant le vent en poupe d'une civilisation entière. Et puis, il y a eu deux mille ans d'errances et d'épreuves, et d'allers-retours entre les plus hautes gloires touchées du bout des doigts, jusqu'aux plus profonds abysses de désespoir. Morrigan a raison sur un point. Que l'on gagne ou que l'on perde, grâce en est toujours rendue aux chefs de guerre. Et c'est ce qu'elle est. Reine de jadis et d'aujourd'hui, elle sait comment se battre. Et elle doit réapprendre à vaincre, au delà de la bagarre et de là où son regard peut porter, plus loin que l'horizon.


Je sais que je vais jeter un voile de troubles et d'obscurité sur les pensées de l'irlandaise, et sur son âme. Celle-ci couverte, le doute souffle fort et balaie sa résolution, fait chanceler toutes ses certitudes.


Et l'orage qui gronde, dans le lointain de sa conscience, mais jamais trop éloigné non plus.


Je sens la résignation, aussi. Et la douleur. La lassitude, aussi. Mais quelque chose de plus fort ; c'est comme quelque chose qui se brise dans ce que je ressens de son cœur. Comme un horizon déjà dévasté par les vents de sa folie et par l'horreur de sa condition, qui se brise comme un des derniers éléments de beau et de fragilité de sa conscience. Je fronce les sourcils.


Moi aussi, j'ai le droit de me mettre en colère. Mes muscles maxillaires se contractent, et mon regard se fait plus sombre et plus lourd.


Je m'apprête à rétorquer, à contre-attaquer avec virulence ; quand on cogne un gaulois, en général on reprend une enclume sur le coin du visage, et nous n'avons jamais eu peur de nous égratigner avec des mots, ni avec autre chose. Je ressens quelque chose qui explique, comme chez Mama d'ailleurs, son aptitude à refuser toute forme de compromis, et tout ce qui peut la pousser dans les retranchements de sa propre fragilité.



| Est-ce que c'est le choix que je n'avais pas envie de faire, ou le vôtre? |


Je ne suis pas acide, mais froid. Dans ma nature, ça traduit la même chose.


| Cela fait un an qu'on est ensemble. Plus ou moins ensemble seulement, pas vrai ? Parce qu'il y a des choses que tu n'as pas réglées, ni avec ton mari, ni avec ton maudit. Et parce que tu n'oses pas réclamer ce que tu considères te revenir de plein droit ; moi, parce que nous avons combattu et saigné ensemble. Parce que tu m'aimes, comme tu n'as plus aimé depuis longtemps. Parce que tu sais ce que tu dois à Mama, parce que tu sais que sans elle tu aurais vécu une éternité de solitude dans ta propre folie, torturée par la seule bride de conscience que Loki t'aurait permis de conserver ; la certitude que j'avais été perdu dans les limbes de ta conscience dévastée par sacrifice, par loyauté envers toi. |


Je mâchonne ma langue, pèse mes mots.


| Vous m'aimez, je le sais, je le sens. Vous me désirez, aussi. Constamment. Ce n'est que la vérité la plus douce et la plus cruelle qui soit ; je ressens vos attraits à l'une comme l'autre en permanence. Et vous aime et vous désire en équivalence ; pas comme l'écho de vos sentiments, mais comme les miens propres. Pour la première fois en deux mille ans. |


Et soupire, regarde le cours du Riez-Raoult sous les arbres, entourant le minuscule ilôt sur lequel se trouve la maison. Regard noir, que je retourne vers elle, injuste avec ce qu'elles m'infligent en permanence, elle et Mama.


| Vous êtes incapables d'en discuter entre vous, tout comme vous l'êtes d'en discuter avec moi. La vérité, c'est que vous m'aimez toutes les deux. Et que pourtant, ce n'est pas assez. Incapable de s'imposer comme ma compagne, ou de se retirer. Alors non, Morrigan, je ne viens pas te voir la queue entre les jambes, comme un jeune amoureux éconduit qui regrette ses mots. J'ai décidé de vous garder toutes les deux auprès de moi. De ne renoncer ni à l'une, ni à l'autre. Parce que je vous aime. Pas de la même façon. Mais je vous aime. Cela me suffit, à moi. Et ça ne suffit pas à Mama. Et ça ne te suffit pas à toi non plus. Et pas par manque d'affection, non, mais parce que vous ressentez cette putain d'obligation l'une envers l'autre ; ça devrait être une force mais non, vous en avez fait une connerie de muselière ! |


Masque de fureur sur le visage, je n'explose pas comme jadis, divinité tempétueuse, impétueuse, prompte au jugement des Hommes, dispendieux de mes largesses comme de mes sanctions.


| La vérité, Morrigan, c'est que vous crevez de trouille. Ca aussi, je le sens. La peur du rejet. La peur de vos propres insuffisances. Les chocottes que des siècles ou des millénaires qui n'ont pas été tendres avec nous, divinités de l'Ancien Monde, soyons trop faibles pour obtenir ce que nous désirons vraiment. |


Et lui refais face ; ferme, déterminé, nez contre nez ou presque, nos fronts se rôlent, nos yeux se baignent dans l'océan déchaîné de l'autre conscience.



| Toi, la grande guerrière d'Irlande, la sorcière qui fauche les âmes et guide les combattants vers la gloire, tu as peur. Pas d'être moins aimée qu'une autre, mais d’affronter la prochaine éternité d'ouragans dans ta conscience, et d'avoir à le faire toute seule. |


Et peste, après la violente vérité que j'assène comme un coup de poing.


| La vérité, Morrigan, c'est que tu es plus courageuse quand il s'agit de cogner comme une sourde que lorsqu'il faut que tu assumes aimer un autre type que celui qui a été créé pour toi. |


J'écarte largement les bras, lève la tête et clame au ciel pris comme témoin.


| Et quoi, alors, qu'est ce qu'il vous faut de plus que tout ce que j'ai déjà donné pour vous ? Quand tu as été emmenée dans une cage calibrée pour te maintenir sous cloche pour des millénaires dans ta propre tête, je t'ai pris par la main et j'ai sauté à pieds joints dans les emmerdes pour tes putains de beaux yeux alors merde, qu'est-ce qu'il te faut de plus à toi, l'irlandaise?! J'attends ! |


Au loin, l'orage d'hiver gronde, et ce n'est pas la conscience de Morrigan qui est en cause, cette fois. Les nuages noirs s'amoncellent, et le vent se lève en bourrasques violentes.

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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptySam 23 Déc - 17:58

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Réveil matin, quinze heures

Si elle avait encore été en train de dessouler, les dernières secondes auraient eu le mérite de la ramener brusquement sur terre. Les vents de son âme se levaient, en même temps que ceux autour d'eux, bien réels. Elle sentait son esprit prêt à se déverrouiller et faire céder une à une les serrures qui retenaient sa folie, péniblement. Est-ce qu'il était en train de jouer avec elle ? Non, le ton, l'attitude, rien n'était feint. Il était véritablement en colère, mais sur des choses qui n'avaient pas de sens pour l'irlandaise.

« Discuter de quoi, entre nous ? J'ignorais qu'il y avait quoi que ce soit à discuter, bordel ! J'ai confiance en elle pour qu'elle vienne me parler si quoi que ce soit te concernant arrivait. Comme toi tu aurais du le faire à son sujet ! »

Leur lien empêchait Morrigan d'en vouloir à Mama, et de toute évidence, elle avait bien réussi à éconduire le gaulois, puisqu'il était là. Mais l'irlandaise ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'il aurait fait, s'il avait obtenu ce qu'il voulait. Pour le reste, elle ne se reconnaissait en aucun de ses arguments. Elle fronça les sourcils, cette fois définitivement énervée. Qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même. La mention de William et Dagda fut la goutte d'eau qui lui fit lâcher un grognement sonore.

« Quel est le putain de rapport avec mon mari, ou Chulainn ?! J'ai quitté le premier, des centaines d'années auparavant, et le deuxième... il m'est lié, pour toujours, alors quoi ? Tu veux le tuer de tes propres mains ? Tu veux que je le tue de mes propres mains ? Il a toujours été là et le sera toujours, tant que je vivrai. »

Même si cela avait été possible, jamais elle ne l'aurait tué. Il n'avait pas à décider de ses fréquentations, pas quand elle n'avait commis aucun impair et lui avait été fidèle, tout du long. Pendant que lui imaginait déjà une relation tripartite avec Mama. Et puis lui reprocher des constantes qui faisaient partie de sa vie depuis tant de temps semblait un peu fort de café.

« J'ignorais que j'avais à me battre pour tes affections ! Je n'ai pas à te revendiquer comme mon droit ou ma propriété, pas plus que Mama, parce que tu es libre de tes choix, et tu l'as toujours été. Et pourquoi me retirer, puisque je n'ai envie que de rester à tes côtés ? Ce n'est pas mon job de décider avec qui tu veux t'établir ! »

Quelle curieuse façon il avait de déclarer le positif, renforcer la position de ses sentiments et de ceux des deux divines pour ensuite les utiliser en se positionnant en victime de la situation. Morrigan avait entrevu le lien qu'ils avaient tous les deux, avec Mama. Plusieurs fois. Mais qu'en dire ? Elle ne lui en avait jamais touché mot, et Teutatès n'en parlant pas, qu'aurait-elle pu en dire ?

« Je n'ai pas choisi de t'aimer, mais j'ai choisi d'être avec toi. Toi tu te refuses à choisir l'une ou l'autre, tu préfères tenter un compromis, être avec les deux tout en n'en ayant vraiment aucune. Alors que c'est la meilleure façon pour nous perdre. »

En tout cas elle. Si Mama semblait lui avoir remis les pendules à l'heure, Morrigan doutait que le message ait proprement été entendu. Ce n'était pas en tout cas ce qu'il laissait paraître, en secouant les bras et s'agaçant, laissant la météo changer au gré de ses émotions. La sorcière ne prit nullement peur ; elle avait affronté son propre lot de tempêtes, et ce n'était pas quelques bourrasques ou éclairs qui lui feraient peur, pas alors qu'elle sentait la colère gronder et aspirer tout contrôle qui subsistait en son for intérieur.

Lorsqu'il lui fit face, le visage fermé, les yeux lâchant des éclairs, pour lui balancer à la figure une vérité qu'il venait de découvrir, elle se figea. Elle le dévisagea un instant, attendant dans un espoir futile qu'il se reprenne ou qu'il amoindrisse ses paroles, à défaut. Il n'en fit rien. Donc une déesse folle, inconséquente... et maintenant couarde. Qui laissait la peur contrôler ses actes. Pour ne pas être seule. La sorcière serra les poings, sentant de familiers picotements de rage courir dans ses doigts. L'envie de répliquer avec verve, de s'emparer du momentum de leur discussion et de taper là où ça fait mal commençait à la grimper ; elle le sentait. Devait-elle y céder ?

Il le mériterait. Le Dieu-Père accusait tout le monde sauf lui-même des conséquences des actions et des sentiments qu'il ressentait. Blessée, aussi bien par sa maladroite révélation que par cette vérité balancée comme un vulgaire torchon, elle le poussa violemment en arrière, hargneuse.

« Tu en veux d'autres, des putains de vérité ? Tu veux pas la perdre, parce qu'avec elle, tu te sens choyé, apaisé. Et tu veux pas me perdre, parce qu'avec moi, tu te sens vivant. Utile. Pas de soucis si Morrigan est folle à lier, je peux la protéger, je peux l'aider. M'aider, toujours m'aider, parce que ça te permet de pas penser à tes propres choix. C'est égoïste, c'est putain d'égoïste. »

Le souffle court, elle marqua une pause, suffisamment longtemps pour lui permettre de se rendre compte que l'environnement s'était considérablement assombri. Le vent balayait ses mèches de cheveux noir qui lui passaient devant le visage, mais elle n'en avait cure. Le froid lui mordait les joues, rougies par les températures peu clémentes, mais surtout par sa fureur qui enflammait ses nerfs.

« Je suis le poison, et elle est l'antidote. L'équilibre aurait pu fonctionner. Plus maintenant. »

Elle se détourna, faisant un pas sur le côté, laissant son regard se perdre sur l'étendue en posant ses mains sur ses hanches. Puis se retourna brusquement vers lui, le pointant du doigt.

« J'avais besoin de rien, à part toi. Et toi, tu cherches à en avoir toujours plus. J'ai pas demandé à ce que tu me viennes en aide. Alors quoi, je t'ai pas assez remercié ?! Tu peux ajouter l'ingratitude à la liste de mes défauts. »

Toute cette discussion faisait voler en éclat ses barrières mentales de protection, déjà mises à l'épreuve plus tôt dans la matinée. Elle se sentait épuisée, et contradictoirement, vive. Trop vive pour que ce soit vraiment un bon signe. Il devait le sentir, lui qui pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Cela lui faisait aussi prendre conscience qu'ils avaient passé trop de temps à chercher des compromis pour s'en sortir, tous autant qu'ils étaient. Une alliance par ci, une entente par là... Et derrière, l'ennemi qui s'enorgueillissait, se renforçait. Lui, à vouloir ménager la chèvre et le chou. Sa méthode était plus brute, mais elle avait le mérite de ne pas louvoyer. Ne pas perdre de vue l'essentiel pour l'atteindre. Le reste n'était que des distractions. Elle aurait du le remercier, en fait, de lui remettre en mémoire ses principes fondateurs. Il était temps qu'elle s'en souvienne.

La sorcière inspira, tentant de chasser le mal de crâne qui revenait, incessant, lancinant, battant furieusement à ses tempes. Presque résignée à présent, elle reprit, regard triste :

« Laisse-moi t'en donner une, de décision : je te libère de ton fardeau, de ta souffrance, puisque visiblement c'est à moi de le faire. Va avec Mama, ou n'y va pas, peu m'importe. »

C'était faux. Mais elle n'était pas prête de le laisser gagner à ce jeu là. Même s'il devait bien le sentir, là aussi. Ce pouvoir qu'il plaçait entre ses mains la mettait mal à l'aise ; elle n'en avait jamais voulu. Mais il ne lui laissait pas le choix. Pouvait-elle rester avec lui après tout ce qu'il venait de lui dire ? Et après ses aveux sur ses sentiments pour une autre ? Que l'autre soit Mama n'arrangeait rien, car Morrigan n'avait aucune envie de la rendre malheureuse non plus. En temps normal, elle aurait géré la résistance comme elle le faisait d'ordinaire : en tapant dessus. Que l'inca soit la cible des attentions de son compagnon rendait cette issue impossible.

« Je ne suis pas ta responsabilité. »

C'était sans doute mieux ainsi. Il repartirait de son côté, elle du sien. Elle avait beaucoup à faire de toute façon.

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Melvyn Belmonte
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptySam 23 Déc - 22:16



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« ETTEGIA DES NERVIENS, RIVIÈRE DU RIEZ-RAOULT PRÈS DE BAVAY, NORD DE FRANCE, 06 JANVIER 2022 »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Nom de nom, ces divines-là vont finir par abolir le peu de santé mentale qu'il me reste. Voilà à quoi ça m'aura servi d'avoir tenté deux choses en trois jours ; rassembler le panthéon et passer pour un guignol, et rassembler les déesses de mon cœur sous un compromis qui leur serait acceptable, et passer pour le dernier des couards. Ou pire encore, pour une espèce de profiteur de bas étage. La vie n'est qu'un éternel recommencement ; l'histoire ne reprend jamais vraiment où elle s'est arrêtée, mais elle bégaie, elle reprend sans cesse des brides, les ingère et les recrache. Au final, tout change et rien ne change en même temps. Je ressens tout chez Morrigan. C'est aussi clair qu'abscons, comme d'habitude. Comme un champ de bataille qui ressasse un million de fois le même combat et que l'on reste condamné quoi que l'on tente à y mourir à nouveau, à un moment ou à un endroit différent des fois précédentes mais sans pour autant pouvoir échapper à cette funeste fuite en avant.


| Mais pourquoi je le tuerais, hein, dis-moi ! C'est évident que ça te rendrait malheureuse et même si je suis visiblement devenu con comme mes pieds avec les millénaires, de l'avis général, je n'ai aucun intérêt à le faire ! Mais tu t'es seulement demandé UNE fois ce que ça faisait, de le sentir jusque dans les tréfonds de ma conscience qu'il te voue certes une fidélité totale, mais aussi une forme d'amour inconditionnel dont tu es toi-même consciente? |


Et puis merde à la fin, on s'en fout de ce que ça me fait ressentir, mais je n'ai juste pas à me le traîner dans les pattes. Comme le fait de venir me reprocher d'avoir abordé une idée avec l'une, une solution, et pas avec les deux, quand elles-mêmes faisaient tout pour ne surtout, surtout, jamais aborder le sujet, sans que personne, jamais, ne se satisfasse de la moindre petite option de vivre les choses autrement.


| Mais du coup, que je veuille m'établir avec l'une et l'autre, tout le monde s'en branle, non? |


Puisque c'est ça, l'incandescente conclusion de tout ce bordel ; ne pas pouvoir en préférer l'une à l'autre est de toute évidence un péché terrible et la peste soient d'elles et leurs propres incertitudes, leur insécurité, et tout le reste.


Je lâche, la bile au fond de la bouche, dégoûté que tout repose sans arrêt sur moi même quand je ne suis plus responsable de rien, ni de personne.



| Mais on ne t'a jamais prévenue ? C'est ma spécialité, de perdre. |


Et c'est un cruel désaveu, le plus personnel et intime qui soit, le plus franc aussi. J'ai connu des siècles de gloire et de faste, de réussites à nulle autre pareille. Et puis la déchéance a commencé d'un sourire et de mots échangés, d'une affection naissante qui m'aura tenu éloigné loin de mes responsabilités pour un temps indéfini et beaucoup trop long aux yeux du monde.


Sa rage a gonflé. M'a recouvert, moi aussi. Ou est-ce pour une fois la mienne propre qui contamine mon environnement ? Est-ce le Furor Gallicus qui l'étreint, et que je manipule sans savoir la fièvre et l'ardeur combattante de l'irlandaise, pouvoir d'émulation qui est bien le mien et que j'utilisais jadis sans sourciller ?


Non, il n'y a que moi.


Et Morrigan, qui me pousse avec violence.


Je recule, pieds fermement ancrés au sol, glissant dans la neige mais sans chuter, déraper dans un sillon, fermement campé sur mes appuis. Un éclair fend le ciel, au loin, avant que le grondement ne parvienne jusqu'à nous.



| Avec Mama, je me sens choyé et apaisé? |


Je ricane. Je n'ai sans doute jamais eu de relation plus difficile à appréhender qu'avec l'inca, explication justement du fait que je parlais de cette idée ridicule de compromis  l'autre d'abord, puisque sans Mama rien ne pourrait se jouer ; Morrigan, elle, était prête à plus de concessions par amour pourvu qu'elle en perçoive en retour.


C'était du moins ce que j'avais cru comprendre.



| Ah, tu n'as pas demandé à ce que je t'aide, hein. |


C'est la stricte vérité. Mais si c'est ainsi qu'elle me perçoit, alors il n'y a rien de plus logique au fait que jamais, non, jamais, elle n'aura cherché à fixer notre relation en quelque chose de stable et de pérenne, d'assumé de bout en bout. Elle ne faisait donc que me remercier ? Je ressens de l'amour, en elle, et une pluie glacée de meurtrissures arrosant sa propre solitude devant l'immensité de ce que lui a infligé Loki depuis des siècles. Que veut-elle, alors ? Rompre pour de bon, comme elle semble l'affirmer, ou me pousser à me battre pour elle ?


Ne l'ai-je pas assez fait, quand il a fallu endurer cet horizon sans fin de douleur et de tentations, d'espoirs trompés et avancés sans raison aucune, pour m'être retirés en fin de compte ? J'ai enduré ce qu'elle a enduré. Par amour. Pas par devoir. Mon devoir est mort avec la cohésion de mes tribus, jadis, quand j'ai constaté qu'après le Sabis, les romains n'avaient laissé que cinq cent nerviens toujours en vie, et tous réduits en esclavage, sur une population de plus de cinquante mille avant la campagne. Un devoir mort que j'ai pourtant assisté comme un défibrillateur, ne cessant de le ranimer après des descendants de ceux que j'avais entraînés jadis dans ma chute.



| La peste soit des femmes ! Vous me reprochez PRECISEMENT ce que vous avez été vous-mêmes incapables de faire ! Ca fait des MOIS que vous faites comme si la situation vous convient alors que je SENS pertinemment que vous en souffrez ! |


Je peste, je rage, un autre éclair frappe la colline d'en face, pile sur un arbre mort depuis longtemps pour avoir déjà été victime malencontreuse d'autres pertes de contrôle. Je balance mon poing dans sa direction, rageur, rageant une logorrhée d'insultes à ma propre intention en constatant la fumée noire qui s'échappe de ce tronc déjà calciné plusieurs fois au gré de mes dépassements ombrageux.


| Tu me fuis? |


Je largue, incrédule, au bord de l'apoplexie, yeux écarquillés, rides de front plissées.


| Tu me fuis parce que j'ai eu l'honnêteté de vous dire à toutes les deux que je vous aime? |


J'inspire, profondément. Plus d'éclairs, mais le roulement sourd de l'orage. Je revois tout. Nyx et son sourire, ses murmures qui m'appellent et m'attirent bien loin de ce qui fut la responsabilité de mon existence toute entière. Le retour pour le Sabis, et la défaite amère, le génocide qui n'en portait pas le nom du peuple qui m'a vu naître. Et le reste, des chevauchées de Bibracte et de Gergovie aux désastres d'Alésia et du Kent, près de ce qui deviendra Londres. Et le combat, encore et toujours, alors que j'aurais dû avoir le sens de l'honneur non de continuer à me battre, mais d'accepter de disparaître avec ceux qui m'avaient mis au jour, aux temps anciens d'un monde plus noble et paradoxalement, bien plus sauvage.


| J'ai eu le courage d'affronter la honte de n'avoir pu avoir la faiblesse ou la force d'en préférer une. Tout ça n'est arrivé que parce que j'ai voulu aider une amie, et enquêté sur la mort de ce vieux connard d'Odin, qui était pourtant autrefois mon ennemi. Je n'aurais jamais dû me mêler de cette histoire. Je n'aurais jamais dû me mêler des problèmes des autres. La dernière fois aurait dû me tenir lieu de leçon. Mon pays, c'est ces collines et ces forêts, de cette rivière jusqu'à Mormal et de la grande forêt dont il ne reste presque plus rien, jusqu'au bocage de la Thiérarche. Mon peuple, ce sont les quelques uns qui charrient encore du sang nervien ou atrébate dilué dans le reste. Ma responsabilité se cantonne à eux, dans leur gloire de jadis à leur oubli aujourd'hui. Et je disparaitrais avec le dernier d'entre eux. |


J'inspire, profondément. Je me raccroche à ça ; ce froid et cette humidité, et ces odeurs. A l'humilité qui naît de ces sensations vivaces et antédiluviennes, à jamais partagées avec cette terre qui m'a vu naître, saigner, et vivre avant d'y mourir un jour.


| Je t'ai fait un serment, et à Mama aussi. Retrouver sa fille. Empêcher Loki de te nuire. J'accomplirais ces deux promesses. |


Mais seul.


| Tu veux me « libérer » par amour et par crainte, Morrigan, et bien soit. Jamais je ne t'ai considérée comme un devoir ou une mission, mais comme une partenaire qui m'acceptait en connaissance de ce que je suis. De mes forces, et de mes faiblesses. Je te voulais, je te l'ai dit. Tu n'as pas écouté. Pas plus que Mama. Et bien, soit. Assume donc tes mots et tes choix, qui ne sont pas les miens. Tu peux partir. Elle aussi. |


Je reste le Dieu-Père, même si je n'ai plus rien de souverain depuis longtemps. Sous ma barbe hirsute, je mâche mes mots, littéralement. Et je pointe du doigt les lumières à l'intérieur, que l'on voit au travers des carreaux colorés de l'avancée dans laquelle se trouve la vieille cuisine en bois brut.


| Quand tu rentreras prendre tes affaires, tu diras à ceux qu'il reste que la réunion est terminée. Partez. |


Le tonnerre gronde encore. Et un rideau de pluie diluvienne, glacée, constituée de neige fondue, s'abat sur nous.


| Partez tous. |

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With your feet on the air and your head on the ground. Try this trick and spin it, yeah. Your head will collapse, and there's nothing in it. And you'll ask yourself. Where is my mind?Tovtatis
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MessageSujet: Re: Réveil matin, quinze heures   Réveil matin, quinze heures EmptyMar 26 Déc - 19:25

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Réveil matin, quinze heures

Les pieds fermement ancrés dans le sol, la déesse le toisait, de toute sa hauteur, tandis qu'il digressait concernant Chulainn. Il n'avait pas mentionné Dagda de nouveau, ce qui apaisait un peu la sorcière. Il était assez mal placé pour donner des leçons maritales quand lui aussi avait sa propre épouse dans le tableau. Pire encore, reconnue, révérée, respectée au sein du Panthéon. Cela n'avait jamais été un obstacle pour l'irlandaise qui avait décidé de faire confiance au Dieu-Père sur la nature exacte de leur relation, tout comme elle l'avait fait pour Mama Quilla. Elle avait simplement espéré qu'il aurait eu la présence d'esprit de faire de même pour elle et de lui parler, avec honnêteté.

Le cœur battant à tout rompre, elle suivait sa posture, plus agressive maintenant, ce qui laissait témoigner de son état d'esprit chaotique. Ca, et les éclairs qui périodiquement déchiraient le ciel ou venaient s'abattre sur des pauvres arbres qui n'avaient rien demandé.

« J'ai jamais dit que je me foutais de ce que tu ressentais, et tu le sais ! Combien de fois je t'ai dit de t'éloigner pendant que la folie m'enserrait l'esprit comme un étau ? Parce que je voulais te protéger ! Mais tu préfères me reprocher les sentiments d'un autre envers moi, qu'est-ce que j'y peux putain ?! »

Et secoua la tête en soupirant, lorsqu'il lâcha son ras le bol avec un juron :

« Le pire dans tout ça, c'est qu'on aurait pu en parler ! Si tu étais venu me proposer sa solution, au lieu de la créer dans ton coin comme si elle ne concernait que toi, on aurait pu en parler. J'aurais pu l'entendre, j'aurais pu l'écouter. »

Elle ne savait pas si elle l'aurait acceptée. Mais elle aurait pu en discuter avec lui, et peut-être arriver à une solution qui aurait fonctionné. Au lieu de cela, ils en étaient à s'écharper, au petit matin, pieds dans la neige et brouillard dans l'esprit, se criant dessus comme si personne ne pouvait les entendre.

« Je connaissais tes sentiments à l'égard de Mama, oui. Mais j'avais choisi de te laisser les gérer comme tu le voulais en gardant espoir que si quelque chose ne te convenait pas, tu me le dirais ! Je prenais ton silence comme une acceptation de notre relation à tous les deux, envers et contre tout. Un engagement envers moi, et envers nous. »

C'était là, le vrai problème. Ce qu'elle avait pris pour un engagement plein et entier de leurs spécificités et leurs natures imparfaites était en fait une période de latence, jusqu'à ce qu'il trouve une meilleure solution. La nausée lui fit serrer la mâchoire.

« Sauf qu'en fait toi t'avais décidé que ce que nous avions était incomplet et que ça ne valait pas la peine d'être vécu si nous n'étions que deux. Qu'on était pas suffisants. »

Qu'il considérait que leur relation ne serait complète qu'avec Mama dans l'équation. Il était l'instigateur du changement, le perturbateur d'un équilibre certes précaire, mais qu'ils auraient pu conserver. L'emmerdeur qui avait décidé qu'il avait besoin d'avoir deux femmes dans sa vie, même si elles n'avaient jamais exprimé un quelconque besoin de changement sur ce volet là.

Lorsqu'il pesta à nouveau, s'emportant sur leur rôle à elles dans l'histoire, elle écarquilla les yeux et se recula un peu, plaçant une main sur sa poitrine :

« Ce qu'on a été incapables de faire ?! Oh, je dois te remercier de nous mettre dans cette situation, alors ? Pardonne-moi si la gratitude a du mal à sortir, c'est sans doute parce que ta proposition m'est restée en travers de la gorge. »

S'étrangla-t-elle presque devant le culot. Quel parfait gentleman il était, de proposer des solutions pour un monde meilleur. Ne pas détruire leur monde actuel aurait déjà été une bonne idée, avant de le changer.

« Mais tu nous as demandé ce qu'on vivait, au lieu de le penser ? C'est pas parce que t'es empathe que tu sais mieux que tout le monde, et surtout pas que tu peux choisir à notre place. Jusqu'à preuve du contraire, Mama pouvait vivre en étant ton amie, et moi je pouvais vivre en sachant que tu nourrissais des sentiments pour elle. Putain, c'était ce qu'on faisait jusqu'ici ! C'est toi qui ne veut pas te contenter de cette situation et qui essaye d'en tirer le maximum ! Toi qui en veut toujours plus et qui ne peut pas te satisfaire de ce que tu as déjà !! »

Morrigan l'aimait, elle le savait. Et il le savait aussi. Mais son désengagement ne lui montrait plus qu'une chose : son désintérêt progressif pour elle et leur relation, et le souhait d'aller chercher autre chose. Mama était forte, elle savait exprimer ses sentiments, et prendre des décisions. Morrigan pouvait le faire, aussi. Qu'il ait considéré que c'était à lui de choisir pour elles deux comme pour leur rendre service était malavisé. Et d'une insolence qui frôlait la trahison.

« Est-ce que ça me fait plaisir que tu aies des sentiments pour une autre ? Non, bien sûr que NON ! Mais t'aurais voulu que je fasse quoi, que je te place au pied du mur ? Que je te donne un ultimatum pour que tu choisisses entre elle et moi pour te rendre malheureux ? Jamais, tu m'entends ?! »

Peut-être que c'était ce qu'elle aurait du faire, effectivement. Maintenant, c'était trop tard. Cette décision là, il l'avait prise seul. Qu'il n'essaye pas de leur faire porter la responsabilité. Il réitéra son engagement envers elle et envers l'inca, les promesses qui maintenant paraissaient vaines et vidées de tout sens, à la lumière des révélations qu'il venait de faire. Un nouvel éclair déchira le ciel, et le grondement familier du tonnerre se fit entendre entre eux. La pluie se mit à tomber, en grosses gouttes désordonnées, trempant les deux dieux en quelques secondes à peine. La tempête se levait et n'augurait rien de bon. Sa dernière tirade acheva de lui briser le cœur en mille morceaux, et ce fut d'un ton infiniment triste qu'elle lui répondit, la voix vibrante :

« Ouais, t'as raison, je fuis. Je fuis parce que j'aime pas ce que je vois. »

Et parce que la bataille là, elle n'était pas en état de la mener.

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Melvyn Belmonte
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Réveil matin, quinze heures
Teutatès & Morrigan

« ETTEGIA DES NERVIENS, RIVIÈRE DU RIEZ-RAOULT PRÈS DE BAVAY, NORD DE FRANCE, 06 JANVIER 2022 »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] On y est, alors.


Je ne suis pas vraiment surpris.


J’ai vu dans l’âme de Morrigan, je l’ai vue de loin, d’abord. Pendant des combats communs, puis, pendant l’amour. Ce ‘nest pourtant pas là que j’ai eu un panorama complet de sa psyché et des courants qui l’habitent et qui la torturent. Le constat le plus frontal aura été dressé dans cette prison commune que fut sa conscience, partagée durant une éternité imprécise et pourtant aussi absolue que les limbes et le temps qui s’y écoule. J’ai eu le temps de tout partager, avec Morrigan. Toutes ses peines et sa souffrance, et sa solitude sous Chulainn et sous tout le reste ; sa profonde meurtrissure et la balafre indélébile laissée par Loki et ses machinations. Cet orage qui balaie tout avec constance, qui fâne l’amour et laisse toujours si profondément et irrémédiablement seule, seule devant la constance de l’horreur qui la pourchasse, qui la retrouve, et qui détruit tout ce qu’elle tente de construire.


J’ai essayé d’être là. De lui tenir la main tout du long. De lui communiquer ma chaleur –celle du Furor Gallicus que j’incarne- mais comme tout le reste, j’ai été balayé dans le vaste horizon de son âme ravagée par Loki et ses visions permanentes. Je me suis projeté sur leurs sentiments à elles. Rapidement, j’ai été confronté à l’impossibilité chronique de choisir, de les distinguer. Condamner à rompre avec l’une pour privilégier l’autre, au sein d’un trio qui ne pourrait sans doute plus tourner de la même façon. Porter seul la responsabilité de sa fin. Et comprendre qu’en ne pouvant choisir, je me renierais de le faire, tout en nous condamnant cette fois de façon certaine.


J’ai le cœur rempli des émotions des autres, mais leur écho au regard des miennes me renvoie l’impossibilité de ce que je propose, et pourtant l’impossibilité de ressentir autre chose que ce que je ressens déjà. Une complexité de plus vis-à-vis de mes devoirs et des leurs. Une impossibilité, comme toujours. Incapable de me fixer, de me poser. Incapable d’avancer.


Je comprends la position de Morrigan, évidemment. Et en même temps, je me comprends à quel point elle s’est leurrée, du fait de mon comportement comme du reste.



| Mais ce n’est pas la question que ce n’est pas suffisant ! |


Pas la peine d’être vécu si on était que deux. Je comprends ce qu’elle dit. Et je ne suis pas d’accord. Mais quelle alternative ai-je à lui offrir ? Aucune, en vérité. Littéralement aucune. Parce que même maintenant j’aime Mama, et j’aime Morrigan. Et que la choisir elle par défaut parce que Mama n’a pas voulu de l’arrangement ne serait juste ni pour elle, ni pour Mama, et pas non plus pour moi-même. Je secoue la tête devant l’amour du statu quo qu’a l’irlandaise.


| Ce que j’ai déjà, c’est deux botteuses de cul qui m’aiment. L’une qui le fait en se demandant si je serais encore là demain et pas si je vais me tirer avec l’autre, et la seconde qui ferme sa gueule et qui endure me voir avec la première sans oser réclamer ce qu’elle aimerait vivre par respect pour elle. Dans les deux cas, vous êtes coincées, et personne n’est serein, en aucune manière ! Vous vous en contentez peut être, de souffrir en silence ou de vous questionner, mais moi, je n’ai plus cette force-là depuis longtemps ! Je ressens tout, tout le temps, et c’est impossible à vivre quand je suis étiré comme ça ! |


Et puis merde, j’avais merdé avec Meduna, merdé avec Nyx, merdé avec toutes ces qui ont un jour fait un pas en avant, il n’y avait pas de raison que ça ne merde pas avec les prochaines, pas vrai ? De toute façon, ça n’aurait fait que repousser l’inévitable. Morrigan est reine des celtes, maintenant, avec Meduna. Et j’ai bien éprouvé ce qu’elle a ressenti la veille, l’autre reine. Je suis de trop au milieu de tout ce tableau, un problème par mes liens quels qu’ils soient avec les unes ou les autres.


Je suis le Dieu de la Guerre et de la Justice, je suis un protecteur. Etre trop proche de ce qu’on protège, ça ne m’a jamais aidé dans l’accomplissement de ma mission, bien au contraire.


Je ressens tout ce que Morrigan éprouve. Plus loin, ce que Mama éprouve. Et aussi le reste. Meduna, et les autres. Mais plus rien ne compte autrement que comme un bruit de fond devant le gouffre devant lequel se trouve Morrigan, qui me creuse le cœur, mais pas autant que ce que j’éprouve moi-même à renoncer aux deux puisqu’il n’y a aucune alternative. Je soutiens son regard. La colère est redescendue, mais le temps ne s’éclaircit pas ; le moulin de mon âme tourne en rond sans trouver de solutions autre que la rupture nette de ce qui nous entravera tous.


J’étends les bras vers le ciel.



| Et quoi, c’est moi que tu vois. A quel moment t’ai-je caché quoi que ce soit sur ce que je suis ? Sur qui je suis ? C’était là, sous tes yeux depuis le tout début. Tu sais ce que j’ai fait à Meduna. |


Je suis face à elle, la frôle, yeux exorbités, presque fous.


| Tu sais ce que j’ai fait à tous tes cousins de Gaule et d’ailleurs. Tu sais ce que j’ai fait, toute ma vie durant ! |


Je me cogne le torse, je cogne sur les objets sur la table du jardin, détrompés d’eau, je crie de rage et d’impuissance, pousse un râle du fond des âges, d’une rancœur antédiluvienne qui m’a amené à tous les extrêmes, de la frénésie meurtrière jusqu’aux plus profonds abandons, doigt collé à une détente gelée.


Je ne suis plus stable depuis longtemps. Je ne suis plus sain non plus.


Le temps n’a rien guéri du tout. Il n’a fait que passer sous silence les fautes de jadis, de jeter un voile pudique sur la nature tempétueuse et inconstante qui depuis toujours m’a guidé.


Je suis l’Orage, aveugle et omnipotent.


Je ne suis pas là pour protéger, en vérité. Pas vraiment. Je ne suis pas fait pour aimer ni pour fonder, par pour construire ni pour développer. Je suis le Père qui regarde et qui entraîne, qui guide et qui punit. Mais tout ce qu’il y a à fonder, c’est aux Hommes que je surveille de l’accomplir. Pas à moi, ni maintenant, ni jamais.


Je suis là uniquement pour punir et pour purifier le mal où je le croise.


C’est ce que je vais faire. C’est tout ce qu’il me reste, depuis deux mille ans. Depuis que j’ai sacrifié toute la famille que je n’ai pas construite et que je ne saurais jamais refonder.



| Ce que tu vois, c’est tout ce que j’ai jamais eu à offrir ! |


Haletant, détrempé par la pluie qui retombe avec virulence.


| Ce que tu vois, c’est tout ce que j’ai toujours été. |


J’adresse un signe de tête vers la maison. Je vais rebondir lui expliquer que c’est eux, l’avenir, eux à l’intérieur. Et notre dernière chance. Les celtes rassemblés et nos amis et alliés. Moi, je suis toujours resté quelque part entre l’Hispanie et Alésia, sur les rives du Sabis, avec mon peuple à l’agonie. Avec tous ceux que j’ai senti mourir. Pas ceux que j’ai tués, mais ceux que je n’ai pas su protéger, ni sauver, ni venger. Ceux dont j’ai senti chaque petite émotion entre le moment où la menace est arrivée, où je n’ai rien vu, jusqu’au moment où ils ont compris que leur peine et leur souffrance s’achevait sans que je puisse les secourir, parce que j’étais devenu trop faible pour ça. Je ne les jamais quittés, peut-elle comprendre ? Ni les Nerviens ni les Francs, ni tous ceux que j’ai accompagnés dans la mort depuis trois mille ans. Je suis toujours là, avec eux. Ils m’entourent. Ils me visitent. Je suis un poids mort, incapable de choisir, parce que ce n’est pas comme ça que j’ai été pensé au départ. Je ne suis là que pour juger. Que pour juger, et pour punir. Pour accompagner ceux qui sont faibles, et pour tenter d’avoir la force de les venger.


Je ne lui dis rien de tout ça. J’ai aimé et j’ai fauté, mais en fin de compte, j’ai toujours tout sacrifié.


Il n’y a pas de raison que cela cesse.


Alors je sacrifie Mama et Morrigan.



| Laissez-moi, tous. |


Sans appel. Je ne veux plus parler. Je reste campé là ; je ne fuis pas. Mais je veux qu’eux me fuient, maintenant. Ce sera plus simple pour tout le monde.


| Partez. |


(c) DΛNDELION



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