The Ruler and the Killer

The Ruler and the Killer.

“Les mondanités consistent à parler, quand on n’a rien à dire, avec des gens qu’on n’est pas obligé de rencontrer.” --  feat. @Johannes von Reiner

Depuis qu’elle avait été créée, elle avait toujours aimé vivre dans le plus grand des fastes et ce même lorsqu’elle avait été exilée sur cette île dont elle avait fini par en faire son domaine où elle y régnait en unique maîtresse.  Un luxe s’étalant de sa fortune aux lieux où elle élisait domicile en passant par tout ce qui pouvait satisfaire ses envies comme son palais. Ce soir constituait typiquement ce genre d’évènements auxquels Circé aimait tant se rendre à la fois des raisons professionnelles que d’autres pouvant devenir plus personnelles. Non pas qu’elle réprouvait des festivités plus terre à terre, moins luxueuses, mais les soirées comme celle à laquelle elle participait étaient un véritable terrain de chasse. Sportifs de haut niveau, hommes et femmes d’affaires dont les comptes en banque dépassaient aisément les sept chiffres, hommes et femmes politiques, influenceurs, tous le gratin parisien réunis en un seul et même endroit sous couvert de participer à une organisation de charité. Définitivement un excellent terrain de chasse pour ses affaires les plus légales et pour qui existaient dans l’ombre… elle savait déterminer ceux qui seraient les plus ouverts à ses suggestions et les moins susceptibles de trop parler.

Les robes de soirée de haute couture étaient nombreuses tandis qu’il en était de même pour les costumes trois pièces agrémentés de mocassins -ou parfois de baskets blanches-, toutes et tous venant rivaliser de richesse par la couleur, la texture des tissus ou parfois simplement l’extravagance de leurs tenues. Où se situait Circé sur cette échelle clinquante ? Dans une certaine simplicité en portant une robe composée de deux motifs différents : un haut noir uni et pour la jupe des rayures noires et blanches. Une absence de complexité parce que ne s’agissait que d’une soirée de charité et non d’un défilé de mode où il fallait par tous les moyens rivaliser d’imagination pour attirer l’œil des photographes. La soirée battait son plein. Chaque homme et chaque femme présents se trouvaient en plein discussion sur divers sujets parfois relativement ennuyants, se contentaient de profiter des festivités au travers des mets présentés et de la piste de danse à disposition. Circé était de ceux qui tentait d’esquiver des pas de danse, armés de leur coupe de Champagne, à la différence qu’elle possédait plus d’expérience en la matière. Après avoir dansé sur plusieurs chansons en compagnie d’un partenaire tout à fait délectable, elle avait fini par rejoindre un des îlots à cocktails non sans être retrouvée par deux hommes d’affaires avec lesquels elle avait conversé plus tôt dans la soirée.

N'écoutant que d’une oreille distraite ce qu’ils disaient, elle se concentra sur ce qui se présentait devant elle. Il y avait du choix, beaucoup de choix, et ses yeux observaient chaque groupes de verres à la recherche de celui qui saurait la contenter. Et alors que se penchait légèrement en avant pour se saisir d’un verre semblant contenir entre autres des agrumes, elle finit par sentir une présence derrière elle. Prenant le verre entre ses doigts et se redressant, elle fut saluée par cette voix grave et chaude digne d’un bariton-basse qu’elle reconnaissait encore aisément malgré les années. Elle senti un sourire commencer à étirer ses lèvres et elle le retint un instant tandis qu’elle se retournait pour poser son regard sur l’oupyr.

- Ca fait bien trop longtemps, Friedrich, répondit-elle avant qu’elle ne laisse le sourire définitivement étirer ses lèvres tandis qu’il se prenait une coupe de Champagne. Ce que je fais avec eux ? Elle détourna un instant le regard pour le poser sur les deux hommes qui semblaient l’attendre, leur signifiant silencieusement qu’elle n’était plus disponible pour eux, avant de poser à nouveau les yeux sur ce visage surmonté de cheveux blonds relativement foncés. Nul besoin de leur demander quoi que ce soit : ils montrent si facilement qu’ils ont des choses à offrir. Alors je ne fais que choisir ce qui m’intéresse : de nouveaux clients. Elle bu une gorgée de sa boisson. Acidulée et sucrée à la fois. Désaltérante. Et toi, quel bon vent t’amène ? Besoin de conseils pour un futur en-cas ?

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“Les mondanités consistent à parler, quand on n’a rien à dire, avec des gens qu’on n’est pas obligé de rencontrer.” --  feat. @Johannes von Reiner

Vivre une vie bien remplie à une époque ; mourir puis se relever ; recommencer, depuis plusieurs millénaires. Il s’agissait-là d’un cycle que bien peu étaient en capacité de se vanter en dehors des dieux et de quelques créatures, qui ne pouvait être brisé qu’en de rares occasions et pour certaines d’une précision parfaite associée à un excellent timing. Cela était bien évidemment composé d’évènements positifs comme négatifs qui venaient ainsi façonner l’être de sorte à devenir une meilleure version de lui-même ou bien venait l’émousser au point de n’en faire qu’une ombre de ce qu’il avait pu être. Jusqu’à présent Circé avait eu une vie bien remplie et si certains souvenirs avaient pu s’effacer au fil du temps, certains d’entre eux restaient en revanche profondément ancrés dans sa mémoire. Comme si l’on avait marqué sa peau au fer rouge. Ce jour où son propre créateur l’avait trainée de force jusqu’à Eéa pour l’y bannir. Cette année où Ulysse avait vécu sur son domaine. Ou encore plus récemment les sévices subies sous les mains de ces allemands à Munich. Un souvenir qui restait encore frais dans sa mémoire et elle ne pouvait décemment pas oublier celui avec qui elle l’avait partagé.

Johannes. Lui adressant le début d’un sourire alors qu’elle posait les yeux sur lui, il ne lui fallut guère plus que quelques battements de cœur avant qu’elle ne lui sourisse pleinement pour lui exprimer son ravissement sincère de le voir. Cela faisait bien trop longtemps qu’elle ne l’avait pas vu et quelque part, elle devait bien avouer qu’il lui avait manqué. Lui-même. Comme ses compétences, tout oupyr qu’il était. Elle lui avait manqué… Prenant une profonde inspiration, Circé laissa ensuite s’échapper un soupir de satisfaction avant de congédier les deux hommes d’affaires afin de se consacrer pleinement à celui qui méritait son attention. Elle eut un rire léger à la réaction de Johannes sur la mention de nouveaux clients.

- Mon casino sur Paris doit accueillir les meilleurs porte-feuille pour attirer les foules, je sélectionne donc ceux qui me sont les plus intéressants pour ce rôle.

L’argent devait couler à flots et ces deux moutons à la laine bien épaisse ne demandaient qu’à être tondus jours après jours.

Elle leva légèrement les yeux au ciel à la réponse qu’il eut après qu’elle lui ait proposé de le conseiller un en-cas.

- Qui sait, peut-être que parmis tous ces crétins se cache un excellent Petrus, trente-cinq ans d’âge et n’ayant pas connu d’années ayant pu altérer sa qualité ? réagit-elle non s’en s’être rapprochée de lui de sorte à le tourner dans la bonne direction, afin qu’il puisse poser les yeux sur ce partenaire de danse qu’elle avait quitté quelques minutes auparavant et qui semblait être en grande discussion avec deux jeunes femmes. Lorsqu’il la questionna à nouveau, elle claqua sa langue contre son palais et se recula légèrement. Plus ils tardent à me rappeler à leur côté, mieux je me porte. Seuls les lieux où je suis implantés comptent. Mais qu’en est-il de toi, Johannes ? As-tu un contrat à remplir ?

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Un rire léger s’échappa de la gorge de Circé.

- Pourquoi ? Peut-être parce que malgré le temps qui s’est écoulé tu me connais et que je suis loin d’être parfaitement imprévisible, répondit-elle en coulant un regard vers lui. Le casino était l’endroit parfait où elle pouvait trouver toujours plus de clients pour ses affaires tout en continuant d’augmenter les entrées financières de cette image qu’elle avait bâti sur ces dernières décennies. Un endroit fréquenté par une poignée des invités présents et les autres ne tarderaient pas à entrer au Thêta pour la toute première fois pensant simplement prendre quelques heures de bon temps. Lorsque Johannes réagit à ses propos concernant la présence d’un sang au goût délectable, elle se pinça les lèvres, tentant de retenir le sourire que ces mots éveillaient à nouveau. Nombreuses étaient les années qui les séparaient des épreuves qu’ils avaient vécues ensemble et pourtant c’était comme s’ils ne s’étaient jamais vraiment éloignés l’un de l’autre.

- Voilà des mots tout à fait flatteurs, répondit-elle avant qu’une once de sérieux ne s’empare d’elle, l’amenant à diriger leur conversation vers ce qui pouvait bien amener Johannes en un tel lieu. Il avait beau dégager une prestance indéniable, il paraissait cependant clair qu’il n’appartenait à cette fange de la société où se mêlaient les nouveaux riches à ceux qui avaient forgé leur richesse et leur réputation à travers la sueur. Ce n’était donc pas pour le plaisir de chasser qu’il était venu, il devait forcément avoir un contrat à remplir. C’est bien possible, répondit-il avant d’émettre sur le ton de l’humour qu’il pouvait tout autant être venu

- Hmm… fit-elle après que ses yeux se soient posés sur cet homme que lui indiquait Johannes et alors qu’elle commençait à le détailler du regard, les mots qu’ajouta l’oupyr à son attention lui firent dévier momentanément son regard sur lui. Il n’avait contre le fait qu’elle puisse lui facturer les renseignements qu’elle pouvait lui donner ? Elle haussa légèrement un sourcil avant qu’un sourire en coin n’étire ses lèvres l’espace de quelques battements de cœur. Cela fait bien longtemps que je ne t’ai pas vu. J’ignore si ce que je sais de cet homme te seras utile mais tu auras les informations sans devoir donner quoi que ce soit, vois ça comme… une preuve de mon amitié, réagit-elle avant d’observer à nouveau celui qui semblait être la cible du soir. Un homme à la position professionnelle plus qu’intéressante, un drogué qu’elle fournissait et un homme écœurant. Les humains disposaient réellement un don pour présenter différentes facettes, parfois si contradictoires et sombres. Elle se tourna pleinement vers Johannes, approchant ses mains de lui pour soigner le pli de son col puis ajuster sa cravate. Quoi qu’il en soit, celui qui t’as demandé de venir ici doit nourrir un grand intérêt à vouloir cet homme dans sa poche. Peut-être vaut-il mieux que je réponde à ta question à l’abris des oreilles indiscrètes et que ton désir de grand crû ne puisse rester insatisfait plus longtemps, dit-elle avant d’indiquer les portes qui se trouvaient à quelques mètres d’eux, menant vers l’intérieur du bâtiment, puis passant son bras sous celui de l’oupyr elle se dirigea alors ce qui pourrait leur permettre de s’exprimer sans craindre les indiscrétions.

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Un nouveau sourire, se faisant cette fois malicieux, étira les lèvres de Circé. Ce qu’elle partageait avec Johannes était particulier. Il n’y avait pas d’amour dans leurs échanges mais il n’y avait pas pour autant une quelconque distance que l’un comme l’autre pourrait chercher à imposer au vu du temps qui s’était écoulé et de ce passé commun qu’ils partageaient. L’amitié était peut-être un bien trop grand mot pour qualifier leur proximité mais ils étaient tout comme : deux âmes âgées dans ce monde si jeune, éprouvés par leurs épreuves, rejetés à leur manière, des monstres parmi les monstres. Seuls parmi tous ces gens. Réunis par leur solitude et leurs similitudes, loin d’être éloignés par leurs différences. Pouvant compter l’un sur l’autre lorsque la situation l’exigeait. Non, le mot amitié n’était finalement peut-être pas aussi fort qu’elle le croyait, la reconnaître n’était pas chose aisée en ayant traversé plusieurs millénaires entre alliances intéressées et trahisons. Elle prit une profonde inspiration. Il s’offrait à elle un instant de calme, suspendu dans le Temps, où elle se contentait d’échanger avec une légèreté taquine avec l’oupyr qui laissait son visage s’éclairer d’un sourire.

- Thrill me, chill me, fullfill me creature of the night, chantonna-t-elle doucement : ô que oui, elle savait comment ils termineraient la soirée. Elle l’observa un instant, posant sur lui un regard mutin avant que leur conversation ne dévie sur un sujet plus sérieux et qu’elle concentre son esprit sur ce qu’il lui demandait.

Être femme d’affaires, participer aux soirées mondaines, côtoyer ces classes de la société dont les comptes en banque étaient plus garnis que les PIB de plusieurs pays, avait de nombreux avantages. Parmi se trouvait celui de connaître le moindre petit secret de ceux qui se montraient suffisamment imprudents pour ébruiter ce qui ferait arrêter n’importe quel quidam du commun des mortels. A travers sa question, Johannes voulait obtenir des réponses sur ce que Circé savait de cet homme qui essayait de se mettre dans la poche la chef du comité de direction de la Banque Nationale de Paris. Et s’il voulait des informations, c’était qu’il avait un travail à accomplir, le genre qu’elle ne pouvait se permettre de perturber. Le faciliter étant un plus. Dans tous les cas, elle ne pouvait pas parler de cet homme parmi tous ces invités qui pouvaient laisser trainer leurs oreilles et entendre des informations qu’ils n’auraient jamais dû entendre. Prenant le blond par le bras, elle l’entraîna alors à l’intérieur.

- Inge est un prénom qui appartient au passé, je suis Anastasia désormais.

Il fut nécessaire d’ouvrir puis de refermer plusieurs portes avant qu’elle ne parvienne à trouver un bureau non utilisé et suffisamment éloigné des zones de passage afin qu’ils ne puissent être dérangés. A peine furent-ils entrés que ce n’était non plus Circé qui les guidaient mais Johannes qui de son corps la fit reculer contre un mur. Ses lèvres venant au contact des siennes. Ses mains se baladant sur sa robe. Un frisson parcouru l’échine de la grecque : il lui laissait le choix. Lui donner les informations avec facilité ou le faire après un travail de fond ? Glissant une main sur la nuque de Johannes, elle observa un instant ses traits avant d’accrocher son regard lorsqu’il lui avoua qu’elle lui avait manqué.

- Peut-être est-ce vraiment la fin de ce monde, peut-être que non, il y a toujours eu des cycles de destruction et de renaissance. Je dois cependant avouer que celui-ci semble être le plus sombre de tous… Tu m’as manqué toi aussi, répondit-elle avant d’approcher son visage du sien, venant déposer un baiser sous sa mâchoire avant d’approcher ses lèvres de son oreille. L’homme que tu cherches se nomme Timothy Barnes, il est américain. Il représente BlackRock dans leur volonté de racheter de nombreuses parts pour accroître leur présence parmi les autres actionnaires, ce qui n’est pas du goût du holding public belge qui en est la proie prioritaire. C’est un homme qui sait se donner à fond pour son travail en revanche dans le privé… je suis soumise à des clauses de confidentialité, dit-elle avant de reculer son visage pour à nouveau accrocher le regard de Johannes.

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Lucrezia. Caterina. Inge. Anastasia. Des noms parmis tant d'autres que Circé avait utilisé depuis ce jour où elle avait pris la décision de prendre son indépendance vis à vis des ordres olympiens. Des noms qui lui avaient permis de créer des identités pour se fondre parmis les humains, afin de les utiliser jusqu'à les user pleinement pour ses propres intérêts. Des identités lui ayant permis de rencontrer des alliés temporaires ou pouvant durer dans le temps, comme celui qui se trouvait auprès d'elle en cet instant. Malgré les nombreux siècles vécus, traversés avec plus ou moins de difficultés selon les adversaires qu'elle pouvait se faire, des surprises pouvaient encore survenir et là encore l'oupyr en était le sujet. A Munich, jamais elle n'aurait cru que ce meurtre planifié puisse prendre une ampleur comme celle qu'ils avaient vécu. De la tortures. Des sévices ancrées dans la chair l'espace de plusieurs heures. Des souvenirs que l'un et l'autre ne sauraient oublier malgré les nombreuses années qui s'étaient écoulées.

Pour moi, tu resteras Inge, même si tu me forçais à t'appeler par ton nom véritable, qui n'est ni l'un, ni l'autre.

L'orgueil devait probablement être la plus grande faiblesse de Circé, au côté de l'impulsivité dont elle était capable de faire preuve. Entendre ces mots être prononcés par Johannes lui-même avait une saveur particulière dont la grecque n'était probablement pas prête à se lasser en présence de l'oupyr.

Simple allié dans un monde où la confiance se faisait rare et dans lequel les trahisons étaient légion ? Simple distraction occasionnelle dans une solitude pluri-millénaire ? Peu importait l'étiquette qu'elle pouvait épingler à la veste de Johannes, elle s'était entichée de lui et elle savait qu'elle ne le laissait pas insensible. Un atout autant pour lui que pour elle. Existerait-il suffisamment longtemps pour qu'ils puissent voir la menace de l'Unique et des tueurs de dieux cesse ? Ou bien cet atout se consummerait, les faisant adversaires ? Deux questions sur lesquelles il était impossible de porter une réflexion alors qu'à peine furent-ils à l'abri des regards, les corps étaient l'un contre l'autre, brisant toute distance nécessaire pour tenir une conversation éclairée. Ils s'étaient manqués et ils se le montraient.

Le choix lui étant laissé, Circé décida dans un premier temps de réveler des informations professionnelles concernant cet homme qui était ce soir l'objet de l'attention de Johannes. Les premières données étaient publiques, la volonté de racheter de part actionnariales n'était encore pas encore actée. Et pour ce qui était de l'ordre du domaine personnel, c'était tout autre chose, bien plus sombre et répréhensible. Elle recula son visage de celui de l'oupyr et ne cacha pas sa volonté qu'il la pousse à lui en dire plus. Il la repoussa jusqu'au bureau et l'y fit s'y asseoir.

- Me les arracher à grands cris me donnerait une excuse d'avoir parlé mais ai-je une seule raison de m'inquiéter des conséquences ? Ce que je sais de lui me laisse insensible à son sort, quel qu'il soit, répondit-elle en observant attentivement chaque trait du visage de l'oupyr puis elle le laissa l'aiguiller quant aux réponses qu'elle devrait lui donner. Si tu me dis que ton affaire empêchera cet achat de parts de se réaliser, j'en serais très satisfaite et tu sais comment je peux être lorsque je le suis... réagit-elle tandis qu'elle faisait glisser ses mains sur le dos de Johannes, le rapprochant peu à peu d'elle.

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Un sourire vint étirer les lèvres de Circé, un air séducteur venant éclairer son visage malgré le sérieux de l’échange qu’ils se devaient d’entretenir. Ce n’était pas tous les jours qu’il était possible de se prêter à un tel jeu en une compagnie fiable, généralement il lui fallait user de son pouvoir de charme afin d’obtenir ce qu’elle désirait et lorsqu’elle ne le faisait pas le défi se révélait finalement d’un ennui qu’elle préférait expédier plutôt que de le voir s’éterniser pour son propre plaisir. En la compagnie de Johannes si le thème pouvait rester le même, la manière de jouer pouvait prendre bien des aspects qui n’étaient pas pour déplaire à la sorcière Grecque. L’un en face de l’autre, l’un contre l’autre. Elle, assise sur le bureau. Lui, encore debout. Il pouvait se passer bien des choses dans cette pièce, bonnes comme mauvaises et seules les volontés de chacun pouvaient déterminer l’issue de ce tête-à-tête. Johannes avait une mission à accomplir, Circé était un outil pour lui faciliter la résolution de cette tâche. Elle avait envie de passer une bonne soirée et elle n’aurait pas à satisfaire ses désirs auprès des humains qu’elle avait précédemment éconduit sans le moindre scrupule.

Sous cette fine moustache qu’il portait, Johannes lui adressa un sourire. Ne s’inquiéter qu’en fonction de son implication auprès de cette cible… Un rire léger quitta la bouche de Circé qui lorsqu’elle fut assurée que l’oupyr soit suffisamment contre elle avant de le relâcher, posant ses mains sur le bureau. Si elle craignait d’éventuelles conséquences ? Elle prenait toujours quelques précautions pour s’assurer que ses clients ne révèlent rien concernant le trafic qu’elle menait d’une main de fer, s’ils venaient à être contrôlés par quelques autorités que ce soient ces dernières seraient inlassablement renvoyées vers de petites mains incapables de donner le nom de leur fournisseur. Quiconque commençant à échapper à son contrôle disparaissant de manière plus ou moins accidentelle. Elle prit une profonde inspiration alors que désormais le visage de Johannes se trouvait si proche du sien.

- Je sais prendre mes précautions, en particulier pour ce business, et puis je n’émettais ce doute que pour faire durer ce moment. Même si cela te fait perdre du temps, pour moi ce serait moins intéressant de tout de dire aussi aisément, répondit-elle. Si elle savait se montrer directe, prendre son temps était le meilleur moyen de divertir la créature millénaire qu’elle était.

Les lèvres de l’oupyr effleurant les siennes, la sorcière ne décrocha par son regard sombre de celui azur de ce tueur presque parfait tandis que les mains de ce dernier venaient peu à peu remonter sa robe le long de ses cuisses avant qu’elles ne viennent en prendre possession au travers de caresses appuyées. Cette mission qu’il devait accomplir interromprait-elle l’achat actionnarial ? La réponse qui lui fut adressée vint cette fois étirer ses lèvres en un sourire empli de satisfaction. Mais alors qu’elle s’apprêtait à lui répondre qu’elle connaissait son efficacité, Johannes parti à l’assaut de ses lèvres. Ils n'étaient pas un couple, ils ne le seraient probablement jamais, mais lorsqu’ils étaient ensemble la particularité de leur association les menaient presqu’inlassablement sur la même voie. Répondant à son baiser, elle glissa une main dans le dos de l’oupyr tandis qu’il remontait toujours plus sa robe.

- Autant de temps que tu l’auras décidé, Johannes.

Et le visage de l’oupyr s’éloigna du sien, les lèvres venant l’embrasser sur le cou puis sur le haut de sa poitrine tandis qu'il gratifiait sa féminité d’une caresse. Il n’avait pas envie d’attendre la fin de la soirée... Fermant les paupières un instant, elle prit une profonde inspiration. Quelles étaient les questions déjà ?

-  Barnes est constamment accompagné de ses deux assistants et il entraîne dans son sillage un agent de sécurité payé par BlackRock. Quant à ceux qu’il voit… Elle se laissa peu à peu tomber en arrière jusqu’à ce que son dos finisse par rencontrer le dureté du bois. J’ai quelques hommes de main qui le rencontrent pour lui fournir ses doses de cocaïne payées rubis sur l’ongle. Ils ne sont pas irremplaçables mais je préfèrerai éviter qu’ils soient comptés dans lesdommages collatéraux, ils sont efficaces et montrent encore de l'utilité.

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Malgré le temps qui s’était écoulé et qui aurait pu lui faire oublier bien des choses concernant Johannes, Circé n’avait pas oublié à quel genres de jeux elle pouvait se prêter avec lui et jusqu’où elle pouvait aller avant que la nature d’oupyr et l’agacement ne prennent le pas en des situations où elles n’étaient pas nécessaires. Lorsque quelque chose lui plaisait elle ne s’en détournait que difficilement. Lorsque quelqu’une personne possédait ce qu’elle voulait, elle se plaisait à user de ses charmes pour faire céder ces barrières qui se dressaient face à elle. Et lorsque l’on venait à sa rencontre pour obtenir des informations, elle aimait prendre son temps pour faire durer ce qui était plus généralement un plaisir pour elle qu’un plaisir partagé. Avec cette créature de la nuit qui se dressait face à elle et qu’elle connaissait, la tentation de le laisser se languir était probablement aussi forte que la soif de sang de ce dernier. Alors oui, elle le cherchait et aimait voir chaque trait de son visage se mouvoir alors qu’il se prêtait volontiers à ce jeu. Alors combien de temps joueraient-ils ? Combien de temps resteraient-ils dans ce bureau, s’adonnant à ce qui ferait détourner de gêne bien des regards ?

- Toute la soirée ? Vous ne doutez de rien, Her Von Reiner. Elle tendit le bras pour caresser du bout des doigts cette moustache savamment taillée. Je ne voudrais pas que ton beau minois germanique se retrouve brûlé par les dévastateurs rayons du soleil

Désormais allongée sur le bureau, ce fut nourrie par les gestes de Johannes qu’elle commença à lui donner les éléments de réponse qu’il attendait. Cet humain qui se retrouvait être la cible de l’oupyr et de son employeur était en très mauvaise posture, la pitié n’étant pas ce qui saurait faire détourner Johannes des objectifs de sa mission. Un frisson parcouru l’échine de la sorcière au contact de la langue de l’oupyr sur sa peau. Délectable.

- Tu n’es pas une nourrice, évite seulement de leur causer des dommages qui me les feraient fuir ou passer un long séjour à l’hôpital.

Se trouver au mauvais endroit au mauvais moment était toujours ce qui venait écourter la vie des humains servant de petites mains pour de plus puissants dans ce monde de l’ombre. En perdre quelques-uns qui se montraient utiles serait embêtant mais nul n’était irremplaçable tant la main d’œuvre ne manquait pas. Elle senti un instant le souffle de l’oupyr sur sa peau avant qu’à l’aide de ses dents il ne vienne libérer un coin de sa poitrine qu’il embrassa. Glissant une main dans ses cheveux blonds, elle lui répondit à nouveau.

- Ce n’est pas l’argent qui me manque, payer pour que tu sois précautionneux ne me cause aucun problème.

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L’argent était un ensemble numéraire représentant une valeur qui ouvrait de très nombreuses portes et permettant d’accéder aux rêves comme aux désirs les plus fous. S’il permettait de posséder tout ce qu’il était possible de détenir, que cela soit dans le domaine matériel ou immatériel, il permettait d’obtenir des passe-droit que le commun des mortels ne pouvait se permettre ou s’il tentait sa chance, le payait des pires manières possibles quand ceux expirant la richesse s’en tiraient à moindre frais. Ces portes ouvertes permettaient d’avoir accès à des informations pouvant permettre à ceux les utilisant au bon moment de s’enrichir d’autant plus dans l’immédiat… ou bien de se servir de ce savoir, parfois acquis dans une soirée arrosée ou d’ans l’intimité d’une chambre d’hôtel, comme d’une monnaie d’échange. Plaçant ainsi une laisse invisible autours du corps de ceux concernés par ce qui devenait alors du chantage et jusqu’à présent l’expérience comme les pouvoirs de Circé l’avaient toujours placée du bon côté de cette barrière pouvant rendre la moindre affaire des plus médiatiques. De fait sa mémoire détenait de nombreux secrets, certains sans un quelconque intérêt pour elle, d’autres pouvant se révéler utiles en cet instant précis dans ce bureau.

En confiant les secrets qu’elle possédait sur cet américain à Johannes, la magicienne savait qu’il était condamné et que ni l’argent -il n’en possédait pas assez pour présenter la moindre contre-offre- ni les supplications ne sauraient arrêter la volonté implacable de l’oupyr guidé par cette exécution de contrat et la Soif qui était la sienne. Pour autant, elle ne se préoccupait pas de ce qu’il arriverait à cet humain car si ce dernier lui rapportait quelques dizaines de milliers de dollars, il lui était cependant une épine dans le pied qu’elle cherchait à s’ôter. La présence de Johannes et ses questions se révélaient être l’occasion parfaite d’ôter de l’échiquier un pion parmi tant d’autres. Le souffle sur son cou déclencha un nouveau frisson de délectation tandis qu’un sourire venait à nouveau étirer ses lèvres face aux mots qu’il lui adressait. Elle était immortelle tant qu’une arme divine ne viendrait pas la pourfendre, il serait immortel tant qu’il s’abreuverait de sang humain et qu’il ne prenait pas la décision d’embrasser le soleil. Tel Icare, il se brûlerait et en mourrait. Se nourrissant de la vue des réactions à ses mots puis à ses gestes, Circé le laissa alors faire son œuvre.

- Adjugé, répondit-elle avant que l’interrogatoire plus poussé ne débute.

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Le Temps était une délicieuse entité insaisissable grâce il était possible de découvrir bien des coutumes et de les assimiler pour forger peu à peu une existence où se succédait l’ennui à l’amusement et ainsi de suite. Certaines facettes d’un être pouvaient s’affiner comme un bon vin, comme elles pouvaient prendre un tournant bien plus acide et moins agréable pour le commun des mortels. Il était possible de traverser cette mer temporelle sur un boutre de discrétion comme il était possible de la traverser sur un dromon d’assurance et il s’avérait bien évidemment délicat de voguer sur l’un comme l’autre de ces navires lorsque l’on se trouvait être une créature ayant nourrit les craintes de bien des hommes au fil des siècles. Mais le confort provoquait régulièrement chez la sorcière un manque de prudence qui l’amenait sur des voies qu’elle pouvait aisément éviter, c’était notamment grâce à cela que cette collaboration avec l’oupyr qu’était Johannes avait prit un tournant qui avait su durer à travers les décennies et ce malgré la distance comme leur propres intérêts. Elle faisait preuve d’imprudence en jouant avec une créature de la nuit mais elle savait qu’au travers de sa légèreté, le contrat de Johannes lui profiterait.

Cet amant était particulier :

____

Le corps éprouvé par la force de l’oupyr, Circé s’étira langoureusement avant de réajuster sa tenue qui avait miraculeusement survécu à ce moment partagé avec lui. Rejetant ses cheveux en arrière elle vint faire le tour du bureau, prenant un stylo et un morceau de papier sur lequel elle écrivit avant de revenir vers Johannes.

- Tu le trouveras à cette adresse. J’ose espérer que les journaux parleront de ton travail... ou bien tu me raconteras toi-même ce que tu lui auras infligé, dit-elle en lui tendant le papier.

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