United we Stand

Cela faisait une semaine que j'étais là.  Je tournais en rond. Littéralement. J'avais consacré la première journée à nettoyer les lieux. Les descendants de Teutates avaient bâché les meubles en attendant son retour. Tout cleanait m'avait permis de m'occuper.  La seconde journée, j'avais remis au propre la maisonnette dans laquelle vivait Morrigan, refusant l'aide de ceux qui passaient régulièrement voir si le Dieu Père était revenu. Ils s'étaient occupés de remplir les frigos, seule chose que j'avais accepté pour m'éviter de sortir. Et depuis… Depuis j'accumulais les infos. Je continuais d'alimenter tous les fichiers et dossiers de cette nouvelle enveloppe. Je relisais ses notes, je les corrigeais parfois. Son travail avait été méthodique et excellent, je devais bien le reconnaître.  La nuit, je m'entrainais sous les rayons de la lune. J'avais besoin d'appréhender ce nouveau corps, différent sur bien des aspects au précédent. Il était plus pulpeux, plus lourd, mais étonnement souple.  Marisol était forte, physiquement parlant. Ses cuisses, ses bras étaient bien plus musclés. Elle avait même des abdos !  Ses mains étaient fines mais calleuses et très sensibles. C'était étrange d'évoluer avec cette apparence même si je commençais peu à peu à m'y faire. Et une fois vidée de toute mon énergie, je me plongeais dans ses souvenirs. Nous n'étions pas le même genre de femmes même si elle, comme moi, ressentions souvent une grande nostalgie et solitude. Elle avait énormément souffert dans ses relations passées et pas seulement amoureuses. Marisol était le genre à s'emballer quand on lui montre un peu d'intérêt. Elle manque énormément de c confiance en elle et a même eu une période où elle pensait qu'il n'y avait que son physique qui pouvait plaire, au point de subir des relations sexuelles pour se donner l'illusion d'être aimée. Sa vie avait été triste sur bien des points. Elle s'était éloignée d'elle même de ses parents et son frère. Sa mère ne s'était jamais remise de la mort de sa seconde fille et la pression qu'elle faisait subir à son aînée était énorme. Quoi que fasse Marisol, elle n'était pas à la hauteur. Son père, lui, ne disait mot même s'il n'était pas d'accord. Quand à son frère, en voulant le meilleure pour elle, lui demandait sans cesse si elle avait enfin rencontré quelqu'un et quand est ce qu'elle fondait sa propre famille. Il ne pensait pas à mal et épanoui dans son rôle de père et époux, il voulait que sa soeur puisse connaître le même bonheur. Il ne se rendait pas compte combien cela lui renvoyait sa solitude et son incapacité à trouver enfin LA bonne personne qui l'acceptait telle qu'elle est. Bref, si elle avait besoin des siens, être près d'eux était assez douloureux.

J'étais contente qu'ils ne soient pas en France. Je ne savais pas comment aborder leurs relations. J'avais déjà bien trop à penser avec mes propres relations. Naya, Morrigan, Teutates...  Inti. Chaque fois que le soleil se levait, mon coeur se brisait. Alors j'essayais de dormir, pour ne pas me noyer dans ses larmes qui ne cessaient de couler. Sa mort m'avait poussé à me réincarner. Ses démons, j'allais tous les tuer, véritablement.  Je ne savais pas encore comment m'y prendre mais j'allais tous les éliminer définitivement. Pour Inti. Pour mon panthéon. Dès que j'aurais retrouvé Teutates, je sonnerai le rassemblement  des miens. Mama Quilla était de retour, bien décidée à rendre ses lettres de noblesse aux Incas.

Son énergie me frappa immédiatement. Je pourrais la reconnaître entre mille. J'arrêtais de frapper le sac sur lequel j'avais collé une image de démon et me précipitais dehors vers la porte. Il parle mais je n'entends pas des mots. J'ouvre la porte et me dire. Forcément, lui aussi n'est plus le même. Et pourtant c'est lui. Je le sais, je le sens. Ses yeux sont différents mais pas l'intensité de son regard. On se dévisage quelques instants avant que mon corps ne se mette en mouvement. Je me jette sur lui, littéralement. Toutes les émotions explosent en moi. Mon désespoir,  ma solitude, mon inquiétude, ma culpabilité, ma joie, ma reconnaissance, mon soulagement. Il est là. Mes bras serrent son nouveau corps contre le mien plein de sueur. Qu'importe. Il est là. Pour l'instant c'est tout ce qui compte. Teutates…

Il a laissé la porte ouverte. Le froid s’engouffre à l’intérieur, tout comme les rayons de mon astre. Le feu de la cheminé doit surement vaciller à cause du vent qui souffle. Des feuilles posées sur la table du salon se sont envolées pour atterrir sur le parquet. Mais tout cela n’a pas d’importance. Non. Ce qui est important c’est que Teutatès soit rentrée. J’ai oublié de retenir mes émotions comme j’avais l’habitude de le faire pour ne pas le submerger. Je ne suis pas capable de penser à le faire pour l’instant. Il est là et c’est tout ce qui m’importe. Mes bras sont tout autour de lui. J’ai besoin de ce contact physique même si ce nouveau corps qui est le sien m’est inconnu. Ce n’est pas grave. Ce n’est pas non plus important. Son âme résonne avec la mienne et il ne manque que Morrigan pour que le tableau soit complet. Sans lire les émotions, je sais que le celte ressent la même chose. Ses mains tracent un chemin de mes reins jusqu’à ma tête. Ses lèvres se posent sur mon front alors qu’il reste contre moi.

Il prononce une fois de plus ce nom que les humains m’ont donné et que si peu de personnes emploient désormais me concernant. Il résonne en moi mais plus aussi fortement qu’avant. Je m’identifie bien plus à Nailea qu’à lui désormais. Ou plutôt avant puisque Nailea est désormais morte. Tout cela, il se ressent, comme il vient si bien de le dire. Il ressent tout ce qui se manifeste en moi, le bon, comme le mauvais. Un vrai tsunami qui risque de le submerger si je n’y prends pas garde. Nos souffles se mêlent, proches, très proches, trop proches l’un de l’autre. Nous n’avons désormais plus ce genre de lien et cela est dangereux. Il appartient à Morrigan. C’est là leur choix à l’un et à l’autre. Je ne m’interposerais pas. Je ne l’ai pas fait par le passé et je ne le referais pas non plus dans cette vie. Mais cela est bien plus facile à penser qu’à faire. Il m’a manqué. Et l’absence d’Inti est bien trop forte. L’influence de Marisol l’est également. Son âme n’est plus mais ses souvenirs et ses réactions sont toujours là, en moi malgré tout. Elle aussi se sentait si seule, trop pour son propre bien. Et ce besoin physique qu’il ressent vient surement uniquement de moi. Il me demande de lui parler et je me force à reculer. Un pas, deux, puis plusieurs jusqu’à nous laisser l’espace dont nous avions besoin. Je me poste devant la fenêtre, inspire, expire et referme mes émotions dans cette boite que je dois contenir en sa présence pour ne pas l’influencer. Cela fait, je me retourne vers lui, et lui souris. Je ne creuse pas une distance entre nous, je le laisse simplement respirer sans l’étouffer. Je vais te préparer un café. Installe-toi. Bienvenue chez toi Teutatès. Je le laisse quelques instants pour aller nous préparer deux tasses du liquide noir dont les grains sont désormais importés de mon pays d’origine. J’ajoute sur le plateau du fromage et du pain, ramenés plus tôt par les humains qui tiennent ce lieu en état. Je ramène le tout dans le salon et le pose sur la grande table. J’ai besoin d’une bonne douche, mais je suis incapable de m’éloigner trop loin. Il vient tout juste de revenir et quelque part j’ai peur qu’il ne disparaisse de nouveau. Alors je me rapproche de nouveau de lui et vient serrer sa main. Inti… Il a été tué mais… Plus Tard. Plus tard, je te raconterai tout… Et toi, qu’est-ce qui t’a poussé à revenir parmi nous ?

Il était là et pourtant j’avais encore du mal à le réaliser vraiment. Je l’avais tant espéré. Il était seul. Morrigan n’était pas avec lui. Je ressentais son manque mais, égoïstement, que nous ne soyons que deux me plaisait quand même. Mon corps avait agit avant même que je ne réfléchisse. Je mettais fin à notre étreinte dès que je reprenais un peu mes esprits. Tenter le diable n’était pas une bonne idée. Pas dans mon état, et pas dans son état non plus. Je prenais de la distance pour rassembler mes émotions et les mettre son scellé comme j’avais pris l’habitude de le faire dans mon ancienne vie. Je refusais que ses gestes, actions et pensées soient guidés par une empathie influencée par mes sentiments. Il ne méritait pas cela. Et je méritais bien mieux aussi que cela. Je me rendais dans la cuisine pour lui préparer quelques petites choses à manger et lui faire couler un café. Je n’allumais que la lumière de la hôte. La lune éclairait les lieux et cela me convenait parfaitement. Je n’avais pas besoin de plus. Je l’avais senti me suivre et ne sursauter pas à ses paroles, même si je ne me m’étais pas retournée. Je prenais le temps de tout préparer. Tes amis te sont des plus dévoués, sois en assurés Il le savait déjà mais cela ne faisait pas de mal de le lui rappeler. Ils avaient été aux petits soins avec moi, tout en respectant la distance dont j’avais besoin. Présents, sans s’imposer et sans rien imposer non plus. Ma main s’arrête un court instant quand il évoque Inti. Elle tremble légèrement. Je ne me sens pas encore prête à en parler. La blessure, la douleur est bien plus vive, tout comme ma culpabilité. Marisol avait raison. Je le savais au plus profond de moi que s’il était à Paris c’était parce que ma mort avait fait du bruit. Il était venu pour me retrouver, comme je l’aurais fait pour lui. C’était de ma faute. J’avais conduit droit dans un piège Teutatès, Morrigan, et par ricochet, Inti. Je pouvais vivre avec les deux premiers faits puisque la mort n’était pas véritable… La dernière c’était tout autre chose, un poid que je porterai jusqu’à ce que la véritable mort ne m’emporte à mon tour. Ce crime, je devrais en répondre devant les miens également et me soumettre à leur jugement…. C’est un soulagement quand le sujet dévie sur lui. Je finis de lui porter sa tasse, puis le plateau avec plusieurs choses à manger dessus. Je m’installe à côté de lui, tant qu’il m’explique comment il est revenu sur terre. Je fronce des sourcils. Une prêtresse? Je les pensais toutes disparues avec le déclin de nos panthéons. Je tiens à la rencontrer, pour la remercier… j’étais sincère. Elle l’avait ramené, et elle m’avait aidé en le faisant de manière indirecte. Rester longtemps seule… J’aurai fini par m’éteindre, cela ne faisait aucun doute. Je suis revenue parce que je l’ai ressenti, comme tous les miens… même depuis l’éther, cela m’avait frappé. Cette douleur m’avait ramené à la réalité. Inti n’était plus mais il me restait encore des choses à faire et des êtres à protéger. Naya… Naya avait besoin de moi. Plus que quiconque, elle avait besoin de moi. Mon identité avait été dévoilée et elle avait été un dommage collatéral. J’avale d’un trait le verre qu’il a servi quelques minutes plus tôt. Je ne suis pas une buveuse. Marisol l’était assez pour deux. Je l’écoute une fois de plus, tout en lui préparant un morceau de pain avec un peu de beurre et du fromage. Je le pose devant lui avant de faire un signe négatif de la tête. Elle n’est pas là… Je ne suis pas aussi liée avec elle que tu ne l’es. Je ne sais pas si elle est revenue ou non. Lorsqu’elle reviendra à toi, nous ferons les choses différemment. J’avais été un caillou dans leur botte. Et si notre trio m’avait énormément apporté, je n’étais pas certaine que cela leur avait été bénéfique pour eux. Je venais de lui dire, ils avaient une relation particulière que je ne partageais jamais. Sans doute seraient-ils plus forts sans ma présence. Je dois retrouver Naya. Je suis désolée de te demander cela, mais j’ai besoin de ton aide. Elle a… Disparu de la surface et je ne sais pas par où commencer. Je dois la mettre en sécurité. Marisol… Cette humaine a beaucoup enquêté sur moi, sur ma fille, mais elle aussi a perdu sa trace.  Culpabilité, inquiétude se mélangeaient désormais en moi. Regarde moi bien… C’est à cause d’elle que j’ai causé votre mort. Quelle ironie du sort, tu ne trouves pas? C’est une archéologue spécialisée dans le panthéon inca et une chasseuse de trésors. Elle est venue à Paris pour me rencontrer et elle a cru aux paroles d’une femme qui affirmait que je me trouverai dans cette fameuse ruelle. je lâche un rictus mauvais Elle s’est retrouvée aux prises avec des hommes et c’est là que je suis intervenue, et que je nous ai entraîné dans ce piège. Elle a fuit quand je suis tombée et c’est ça qui l’a épargné de ton pouvoir même si elle a été blessée aussi. Depuis… Depuis, elle a tout fait pour se racheter… Elle a énormément de dossiers sur chaque d’entre nous. Elle a rassemblé beaucoup d’informations… C’est… Incroyable. Son âme a appelé la mienne dès que j’ai quitté l'éther. Elle était comme un phare dans cet épais brouillard…

Une reine? Je n'avais rien d'une reine. Plus maintenant en tout cas. Avant, oui avant, j'avais été à la tête de mon panthéon, trônant au côté d'Inti. Nous étions indissociable, les deux faces d'une même pièce. Maintenant qu'il n'était plus là, je ne savais pas quoi faire. Il était le Roi, celui qui impulsait les choses. Il ne m'avait jamais rien imposé mais il avait toujours été à l'origine. Je me sentais perdue. Il y avait ce vide qui jamais plus ne pourrait être comblé. Il n'était plus et je n'y pouvais absolument rien. Cette culpabilité, j'allais devoir vivre avec jusqu'à ce que je disparaisse définitivement à mon tour.

Mais pas tout de suite.

Pour l'instant j'avais bien des combats à mener, à commencer par retrouver Naya et Morrigan. Teutates était là, fruit d'une prêtresse, "espèce" que je pensais disparu. Si je n'avais pas été aussi brisée par la mort de mon Frère, j'y aurais vu une lueur d'espoir. Les humains pouvaient être sauvés et reprendre leur esprit. Peut être. Allez savoir. J'incline la tête quand il me confirme que je pourrais la rencontrer. Je me devais de la remercier et j'étais aussi curieuse. Coupant un morceau de pain, j'étalais dessus un peu de beurre avant de croquer dedans. J'avais dépensé beaucoup d'énergie et je commençais à avoir faim moi aussi. Je manque de m'étouffer quand il prononce le nom de l'inca. Je tousse et avale un grand verre d'eau avant de reprendre correctement ma respiration Non. Ce n'est pas une leçon. Une tragédie, un acte contre nature. Mais pas une putain de leçon. Il était bien plus que ça. Et il mérite que l'on se souvienne de lui autrement. je n'étais pas en colère contre lui, j'étais en colère tout court, et principalement contre moi. Si je n'étais pas morte à Paris, il ne serait jamais en France. J'avais causé sa perte, il n'y avait aucun doute. Je pourrais me venger de ses mains qui lui ont ôté la vie. Mais je resterais toujours la principale coupable.

Teutates prend ma main. Cette sensation est étrange. Ces corps, le sien comme le mien me semblent si étranger. J'allais devoir m'habituer et je n'étais pas certaine d'aimer cela. Nailea était parfaite pour moi. Marisol… Marisol, je n'en suis pas aussi certaine. Je n'aime pas ce corps. Il est si… si… en chair et sportif malgré tout. Le tiens est celui d'un guerrier. Tu dois y être plus à l'aise que je ne le suis. Elle était… enfin je suis censée être une archéologue et chercheuse de trésors en extra. Bien plus endurance que je ne l'étais avant. Je peux passer des heures à m'entraîner sans me sentir fatiguée. si j'arrivais à m'habituer à ses courbes, cela sera un sacré avantage. Je ne serai plus celle à protéger principalement car elle manque de force. Avec ce corps et ma force divine je pourrais faire des ravages, être une alliée de taille. Et je devais l'être pour retrouver Naya. Ensemble Oui ensemble. Seule, je n’y arriverais pas. Je n’en avais pas les capacités. En attendant, je devais espérer que les bénédictions que nous lui avions lancé la maintiendraient en vie. Je ne pouvais me raccrocher qu’à cela. Morrigan est ton alliée la plus proche. Nous devons la retrouver aussi. Je vais l’attendre ici. Toi, regagne Paris dès demain. Le premier qui la trouve prévient l’autre. J’avais de l’affection pour la sorcière mais moins qu’il en avait pour elle moins qu’elle en avait pour lui. Je savais quelle était ma place dans ce drole de trio que nous formions. Ils étaient celtes, unis à jamais par leur panthéon. Au fond, je l’avais toujours su, je n’étais qu’une pièce rapportée. Je vais prendre une douche et aller me reposer. Ta chambre est prête. Tu devrais en faire de même.

Je ne veux pas que l’on parle d’Inti comme d’un exemple. Cela ne fait que me rendre colérique comme peut le sentir le divin. Nos ennemis monothéistes avaient voulu frapper fort? Cela ne restera pas impuni. Les celtes devaient combattre contre les nordiques. Les incas, eux, prendront un chemin différent. J’allais devoir me trouver de puissants alliés pour faire front contre ce Dieu pathétique, qui se revendique comme étant le Seul et l’Unique. Il allait payer pour ce qu’il avait ordonné de faire. Je n’avais pas encore de plan ni d’outil pour le mettre en oeuvre? Qu’importe, cela viendra le moment voulu. J’étais une guerrière jadis et il avait plus que jamais réveillé cette rage en moi. En attendant je devais m'habituer à ce nouveau corps, et le faire mien pleinement. Il avait beaucoup de potentiel, plus que ma précédente que je chérissait tant et qui me manquait. J’étais plus forte, plus endurante aussi. Les combats seront facilité si je continuais à m’entrainer comme je le faisais depuis que j’étais là. Je n’étais pas une proie mais un prédateur.

Je suis tentée de dire oui. Parce que c'est Teutates même si sa nouvelle enveloppe m'est inconnue. Parce que Marisol comme moi ressentons un vide certain pour des raisons différentes. Parce que je suis soulagée aussi qu'il soit là. Mais nous ne pouvons pas. Nous ne le pouvions pas parce que cela ne nous concernait pas uniquement. Je voudrais te dire oui, tu le sais. Mais on ne peut pas. Je ne peux pas. Il y a Morrigan. Et je suis la Lune. Je suis entière, sans concession. Je ne suis pas faite de compromis. Je ne pouvais pas infliger de la peine à la celte. Elle était forte. Elle n'avait pas besoin de moi pour se défendre. Pourtant, je ne pouvais pas m'empêcher de la considérer autrement, de vouloir la protéger à tout prix. Je ne la trahirais pas. Je ne trahirais pas sa confiance. Si elle renonçait à Teutates, je reverrais ma position. Mais si ce n'était pas le cas je resterai en retrait. Ils appartenaient au même panthéon. Ils étaient des meneurs. Moi ? Moi j'avais perdu celui qui était le plus cher à mon coeur, la seconde partie de mon âme. J'étais incas et nos civilisations seront toujours différentes. Pour toutes ses raisons, j'estimais que Morrigan aurait toujours la priorité concernant le dieu père. Parce que je savais aussi que lui aussi l'aimait tendrement. J’avais toujours pris garde à ce que mes sentiments, mes émotions ne l’influencent pas via son don d’empathie. Je ne rejetais pas Teutatès. Mais tant que les choses ne seront pas claires, nous resterons ce que nous sommes actuellement. Être son amie, être son alliée… Non, leur, plutôt, m’allait très bien. Je n’attendais rien de plus. Je n’avais pas besoin de plus non plus. Je rends une dernière fois l’étreinte au dieu père avant de m’éloigner de quelques pas. La tentation serait trop grande, à rester aussi proche de lui. Et je ne peux pas lui permettre de m’embrasser de nouveau. Comme je venais de lui dire, ce n’était pas un rejet. Je me devais de préserver Morrigan et de garder en tête la réalité. Peu importe notre proximité, je ne faisais pas partie des leurs. Quoi que je fasse. Quoi que je dise. Ma vie était pour l’instant en Europe, mais je finirais par retourner sur les terres qui m’ont fait naitre. Je finirais par asseoir là bas mon panthéon, et je le guiderais, comme jadis, même si Inti n’était plus là. Je lui devais bien cela. Il s’était battu jusqu’au bout et c’est ce qu’il aurait voulu. Je ne le décevrais pas. Je n’étais pas ma mère. Je vais prendre ma douche en premier. Puis, allons dormir Teutatès. Demain, nous aurons beaucoup à faire…