Leaves from the Vines

Torben Badenov & Raymond ghost

« Night Club, Paris, 27 mai 2022 »

La musique bat son plein. Elle pulse, à en faire trembler les murs. L'alcool coule à flots. Les autres produits, aussi. Parce qu'ils sont tous là, inconscients du danger ou préférant volontairement le nier, le contourner, le changer de nature ou simplement, le tenir à distance. Pour l'instant, je ne fais rien. Je bois. Un peu. On a bien essayé de m'aborder, une fois ou deux. J'ai l'habitude ; on ne s'intéresse pas vraiment à moi, ni à mon (pauvre) intellect ni à ma culture apparente (inexistante). On le fait parce que j'ai les dimensions d'un buffle, et que tout le monde a quelque chose à dire à une armoire à glace en fin de soirée. Les jeunes gens ivres qui cherchent les problèmes, ou qui me demandent si je suis genre cascadeur, ou acteur, ou combattant de MMA. Quelques filles, intéressées par un gros balaise comme protecteur. Ou pire, quelque part. Mais pour le moment, je bois juste des bières, qui coûtent si cher dans ce genre d'endroit que je n'aurais jamais pu me les offrir à l'Est, à moins d'avoir touché une paie royale, comme en Arménie ou du dernier passage en Ukraine. Avant ça, les vaches maigres, jamais un type comme moi n'aurait pu payer des coups à dix balles pièce.

Je sirote, c'est léger, et ça me permet de donner le change tout en gardant les idées claires. Zoï sait que je suis là. Mais je ne lui ai pas vraiment expliqué pourquoi. Elle se doute que c'est pour le travail ; je n'ai aucun véritable loisir. Du moins, aucun qui ne lui sois connu.

Ce soir, je remonte des pistes. Des jeunes femmes retrouvées mortes à Paris, c'est plus fréquent qu'on ne le dit. Dans la somme des faits divers, il faut recouper avec les disparitions inquiétantes. Et celles qui le sont moins, et qui ne sont jamais rapportées. Ma famille a été massacrée par les oupyrs, et en remontant les faits de l'année passée à leur source, j'ai pu comprendre un peu le mode de fonctionnement de certains d'entre eux. C'est ça, mon loisir. Plutôt, mon obsession. Et j'ai compris qu'il y avait comme un schéma qui se répétait, comme plusieurs lieux qui apparaissaient comme les épicentres de tout ce qui se passait.

Et je crois que je suis venu le bon soir, finalement, après toute cette attente...

Parce que je vois le manège de ces gens, là haut. Ils ont commencé par boire énormément. Enfin, par commander. Et par faire venir des filles et d'autres jeunes, qui ont bu ce qu'ils avaient commandé. Et ils leur tournent autour. Se montrent tactiles. Ils tripotent des bras, et puis des gorges, des épaules. Et je vais passer à l'action, pas longtemps après la fermeture. Ils sont combien, là -haut ? Deux oupyrs ? Un seul ? Mais tous ces humains, et peut être que celle qui semble accompagner la bête n'est qu'une mortelle, subordonnée, soudoyée, corrompue.

Je regarde mon téléphone.

Aucune nouvelle des renforts demandés.

Je me lève, alors, décidé à venger les miens, quand je sens une main se poser sur mon avant-bras.

| Si toi vouloir autographe, trop tard, sauf pour dans la gueule. J'ai travail à faire. |

Et en me tournant vers l'impromptu, après avoir roulé tous mes « r » comme le bon petit moldave que je suis, je plisse les yeux.

| On se connaît, non? |

(c) DΛNDELION

Torben Badenov - Coup de Grâce

Soothsayer, can you save them?
Can you see the streets in blood?
The remnants of your name?
Soothsayer, can you save them?
Torben (c)codage - Kanala - texte (c)Soothsayer - Zach Hemsey

Leaves from the Vines
ft @Torben Badenov

"Ah pour traquer des bimbos blondes il y a du monde, mais pour des Oupyrs, ils ont Aqua-poney." Je soupire, tandis que mon chauffeur me dépose non loin du club où les renforts avaient été demandés par message. J'ai beau être un chef de cellule, je suis loin d'être un couard, c'est bien connu. Je suis devenu chef à Istanbul par mes faits d'armes et par mon réseau, ça n'empêche que je suis toujours le premier sur le terrain pour réduire en cendres ceux qui n'ont rien à faire avec les humains. Donc quand des Oupyrs sont à Paris, je prend le premier vol, surtout quand je me rend compte que personne ne semble répondre à la demande de renforts, j'envoie un message crypté disant qu'il y aurait des renforts, sans préciser que c'est moi. Je fais très attention à ce que j'envoie, et dire où je suis en fait partie, je reste un criminel recherché dans le monde, ma localisation n'est connue que de quelques personnes, et seulement quand je le désire.

Par conséquent, quand je pénètre enfin dans le club, la musique assourdissante prend le dessus sur l'audition. Bien, je vais me contenter de mes yeux pour l'occasion. Mon arme à feu est dans ma veste, j'ai un couteau également en argent si nécessaire, le chapeau sur le crâne, et observe les lieux, essayant surtout de repérer celui qui pourrait être le plus relié à la cause. Je n'ai pas pris la peine de chercher celui qui avait envoyé la demande de renforts en premiers lieux, mais quand je l'ai aperçu dans la foule en quelques minutes, plus aucun doute. Monsieur Badenov. Le garde du corps de notre jeune déicide capricieuse. Il ne parlait pas très bien la langue, mais de ce que j'avais pu comprendre, il était surtout de l'Est. Aucun soucis pour moi, l'avantage du criminel, je maîtrisais le Français, l'Anglais, le Russe, le Chinois et un peu d'Arabe, très utile selon les régions où je voyageais.

Ainsi, en m'approchant de lui, je lui pose une main sur l'avant bras, notamment pour le stopper dans sa lancée. J'avais bien vu où il partait, et ce n'était pas une bonne idée pour le moment. "Бармен с ними" (Le barman est avec eux) Que je fis alors à son oreille sans regarder le barman pour autant, la musique nous aidant pour l'ouïe. "Наблюдайте за его кожей." (Regarde sa peau) Bien trop claire par rapport à tous les autres, je finis par lui serrer la main, mon sourire habituel sur les lèvres "Raymond ! Et tu es Torben, nous avons pris un avion ensemble il n'y a pas longtemps. J'ai reçu ton message." De nouveau un sourire avant d'observer un peu la foule et regarder les différentes options que nous avions ici. Je suppose qu'il avait déjà fait le tour, je ne sais pas depuis combien de temps il est là, mais ce barman, je l'ai repéré immédiatement, et je ne veux pas qu'il nous prenne à revers.

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