You hunt me like your last goodbye

Teutatès & Mama Quilla

« Bateau sur le Nil, Egypte 01 juin 2022 »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je me réveille, en sursaut, en âge.

Je ne sais plus respirer.

Je ne respire plus.

Muscles qui roulent, veines qui ressortent, saillantes, et je chute au pied du lit, tirant malgré moi tout le drap qui couvrait mon corps.

J’étouffe. J’étouffe, et ma gorge ne renvoie qu’un son sec, et rocailleux, comme si la bouche s’emplit de sable, ou bien de cendres, à tel point qu’il n’y a presque plus d’air qui passe. Le palpitant dans la poitrine, cogne jusqu’à en exploser. Je me traîne, râlant, geignant, des larmes plein les yeux, me hissant à bout de bras en gueulant comme un damné, en feulant comme une bête sauvage à qui on vient de retirer toute sa joie et son espoir, et me hisse, encore, enrageant de détermination brute. Je me hisse, sur l’échelle non loin de la cabine. Monte sur le toit du navire, qui continue son lent cabotage vers le Nord et vers Alexandrie, notre destination.

Notre destination, avant ça.

A peine hissé sur le toit, à bout de bras, je me laisse rouler, glisser sur le dos. Et je halète, je gémis, je râle, je me cache les yeux qui débordent de tout le sel du monde, et l’ivraie m’empoisonne le coeur qui bat de façon si rapide, et si erratique, que je fais littéralement une attaque dans ce véhicule mortel. La puissance divine prend le dessus, et je râle, bascule sur le ventre, repousse, de mes bras, me hisse péniblement à genoux. Je redresse les yeux droit vers le ciel.

Au loin, je ressens son âme à Elle, qui pourrait servir de phare dans la nuit noire qui est la sienne, partie, pour chercher quelque chose à boire et à manger, et moi qui ressent dans le lointain l’écho de sa propre détresse… Qui n’est que le froid ressac de la mienne.

Parce que moi, je ressens certes, mais aussi je sais.

Parce que moi, je pleure toutes les larmes de mon corps, dodeline de la tête vers le ciel sous l’orage qui gronde, reflet de ma nature et de toutes les nuances de mon âme, de ce ciel chargé qui masque depuis quelques minutes les étoiles.

| Taranis... |

Lèvres qui tremblent, visage détrempé, le plic-ploc des premières gouttes qui frappent les lignes impeccables de ce si vieux navire pourtant rénové, à l’image de mon propre véhicule.

| Petit frère... |

Je revois l’homme, jadis, mener la charge contre les Romains à Télamon.

Et la colère, qui monte, et la rage qui me gagne. J’inspire comme un homme qui se noie, qui arrive à sortir la tête de l’eau. Et je revois un million d’images, je revis une éternité d’émotions, j’endure tous ces souvenirs physiques et émotionnels qui m’étreignent à me tuer pour de bon. Je souffle du nez, mon front se plissent, mes dernières larmes coulent. C’est la colère qui se soulève, aux limites de mon âme. C’est la rage qui affleure, et l’intense besoin de vengeance. La colère meurtrière, qui recouvre tout. Mes poings tremblent, contre le sol.

Je revois Taranis, sur les murs de ce château du nord, en uniforme blanc quand je l’affronte en duel sous uniforme bleu.

Un flash illumine le navire, sur le toit du dernier pont où je me trouve. Dents serrées, lèvres tremblantes d’un rictus enragé, je relève les yeux vers le ciel.

Le grondement arrive.

Je revois Taranis, rieur, dansant avec une fille de Bibracte toute aussi ivre que lui, après la victoire./

La tempête approche, aussi. Et alors que le vent forcit, que le tonnerre gronde pendant plus d’une minute, témoin de toute la violence que l’orage recèle, je lève les bras au ciel.

Je revois Taranis, serrer un enfant et l’aimer comme si c’était le sien, d’une femme dont il est encore tombé amoureux.

Le visage rieur, aimant, simple dans sa façon d’éprouver le monde et toutes ses joies, l’entièreté de ses richesses.

Mes doigts se crispent, comme à dominer le ciel, à l’attirer à moi, dans une pluie d’éclairs qui matraque la région toute entière, zébrant le ciel en dix, en cent, en mille endroits, illuminant le monde de ma meurtrière colère.

| TARANIS! |

Le cri est long, puissant, me lacère la gorge alors que pourtant il s’étouffe dans la dévastation du monde, réveillant tout le bateau s’il le faut.

Et alors, c’est le déluge qui s’abat. Ici, au milieu du fleuve, au milieu du désert, et purge mes larmes pour préparer la seule réponse possible.

J’ai senti sa présence me rejoindre, dans mon dos, et dans la tempête furieuse qui siffle comme le hurlement d’une légion de damnés, je lui confie ce qui va se produire à elle, la Nuit qui couvre le monde.

| C’est la guerre, désormais. Sans faux semblants, sans détours, sans plus de petites manœuvres pour prendre l’avantage. Je pars chez eux. Il le faut. |

Je me tourne vers elle, une fois remis sur pied. Et la multitude d’éclairs qui zèbrent le ciel se reflètent sur mes cheveux, et ma silhouette à demi nue totalement détrempée.

| Je m’en vais leur faire tomber le ciel sur la tête. |

(c) DΛNDELION

Teutates - Pariah of Tribes
May Father's wrath purify our souls

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With your feet on the air and your head on the ground. Try this trick and spin it, yeah. Your head will collapse, and there's nothing in it. And you'll ask yourself. Where is my mind?Tovtatis
(c)codage - Kanala - texte (c)Where is my mind? - Pixies

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