Après être restée un peu trop longuement loin de mes terres natales, j'y étais revenue. Les pays de l'Est étaient de nouveau secoués par une série d'attaques et on avait entendu dire que des créatures pouvaient se cacher derrière ça. Une rumeur parmi tant d'autres, mais on avait été envoyé enquêter avec Johannes. Je n'avais pas réellement posé plus de question, contente de quitter Paris. Je m'assurais également de garder un oeil sur mon créateur, il avait été salement amoché en revenant de ce foutu labyrinthe dont tout le monde parle. Et si je sais que physiquement il avait entièrement récupéré, je ne pouvais pas m'empêcher d'être un peu inquiète quand même. Et puis on avait fort à faire. On avait commencé par la Pologne, vu que c'était un peu l'épicentre des combats. Voir mes terres natales dévastées de la sorte me faisait mal et me mettait pas mal en rogne. Heureusement, ma famille ne se situait plus ici. Plus silencieuse que la normale, j'observais et je sortais les crocs quand c'était nécessaire. Je n'aimais pas ce que je voyais, ce que je comprenais de tout cela.

Mais l'une des pistes suivies nous éloigna de la Pologne et nous entraîna en Estonie au milieu d'une forêt sombre et boisée. Je n'étais jamais venue dans ce coin, même si on m'avait souvent dit que l'Estonie ça avait du charme. Je voyage pas mal depuis ma transformation. En tout cas, ce coin était parfait pour un terrain de chasse ou cacher des corps et j'avais bien besoin de me défouler un peu. Je n'avais pas faim, je voulais juste... Tuer si possible. Je commençais sérieusement à me dire qu'on ne trouverait rien dans cet endroit qu'on fouillait depuis que la nuit était tombée, quand j'aperçois une faible lumière. Je me fige et j'écoute quelques secondes avant d'interpeller Johannes et lui montrer ce que je venais de voir. " Je crois qu'on est pas seuls." Un autre rayon de lumière éclaira les arbres un peu plus loin. Je sentis alors une aura particulière, sans savoir ce que cela pouvait bien pouvoir signifier. Qui pouvait bien se promener dans les bois à cette heure mis à part nous ?

Mais l'aura divine n'était pas seule et je sentais autre chose et un sourire se dessina alors sur mes lèvres. On allait enfin pouvoir jouer un peu. J'observe la lumière et en déduis qu'ils étaient trois ou quatre, mais ce n'était pas après nous qu'ils en avaient. Je les entendais parler polonais. L'un d'entre eux avait la trouille et racontait que cet endroit était hanté. Un autre lui somma de se reprendre. Je n'entendais pas ce que disaient les autres, mais une chose était certaine, aucun d'entre eux ne ressortirait vivants de cette forêt. Je jette un regard vers mon compagnon avec un sourire amusé sur les lèvres. Moi qui voulait m'amuser et me défouler, me voilà servie. Pourtant je reste cachée, attendant un signe de sa part ou que le goûter sur patte se rapproche de nous.

Ce passage en Pologne m'avait quand même fait le plus grand bien, même si voir mon pays ravagé par cette guerre me donnait envie de faire de sacrés carnages. Je ne suis pas une sainte non plus et j'ai sans doute contribué de manière plus ou moins indirecte à tout cela en y vendant des armes, mais tout cela prenait une proportion que je n'arrivais pas réellement à tolérer. Pourtant, je serrais les dents et ne faisais rien qui puisse nous mettre à découvert et en danger. Je savais qu'il fallait que j'accepte, que de toute façon les guerres sont rarement jolies et propres. Heureusement que je suis avec Johannes dans un sens, parce que je ne savais pas ce que j'aurais été capable de faire dans le cas contraire. C'est peut-être pas plus mal que je me tienne loin de la Pologne, le temps que les choses se calment. Si ça se calme un jour. Les dieux foutent un bordel qui n'a pas de limite et les chasseurs de dieux ne font pas plus dans la dentelle. C'est triste, mais c'est sans doute ça la réalité de ce monde que je ne voyais pas lorsque je n'étais qu'une simple humaine.

Et le calme de cette forêt tranche radicalement avec ce que nous avions vu quelques jours plus tôt. Le silence, juste troublés par la vie des animaux nocturnes. Je n'oubliais pas que nous étions ici pour une raison, une mission. Je me perds dans mes pensées l'espace de plusieurs secondes, silencieuse. Mais très vite, ce calme apparent est troublé par l'arrivée d'inconnus. Si je ressens quelque chose qui semble divin, il y a autre chose. Des humains, polonais pour la plupart. Je les entendais parler, ils n'étaient pas rassurés, mais ils semblaient déterminés à chasser leur proie. Mon regard se tourne vers Johannes quand il m'annonça qu'il reconnaissait l'aura divine et qu'il fallait que j'attende. Je réponds d'un hochement de la tête et je me cache un peu plus loin et j'observe. Un hurlement de loup se fit soudainement entendre et j'entendis les hommes s'exclamer qu'il s'agissait de Fenrir. C'est pas un nordique ça ? Surement. Les coups de feu claquent alors et je grogne légèrement, pas surprise de leur réaction, mais j'avais bien envie de me défouler un peu. Les lumières s'approchaient doucement de notre position. Un sourire carnassier se dessina alors sur mes lèvres et je range mon arme sans faire le moindre bruit. Je savais que je serais plus efficace avec les mains libres. J'étais plus forte et plus rapide que ces humains, les surprendre sera sans doute un jeu d'enfant, mais j'attends le signal. Il ne faudrait pas que nous soyons les nouvelles cibles de nos amis les chasseurs. En tout cas, j'étais prête à bondir sur le premier qui passerait près de moi. L'idée de tuer me faisait trembler d'impatience, mais j'attends le bon moment.

En quelques secondes, l'ambiance de la forêt change radicalement. Il y a comme un silence glaçant, les animaux ne font plus de bruit et cela alourdit l'ambiance en quelque sorte. Mais nous sommes tous des chasseurs, nous, ces humain et cette chose que je sens mais que je suis incapable d'identifier clairement, si ce n'est que c'est un dieu. La chasse n'en sera que plus intéressante. Mais de tous, nous avons sans doute les meilleurs instincts, et je me délecte d'avance du chaos que ça va engendrer. Prendre leur vie ne sera pas tant un problème que ça au final. Je sens mon impatience grandir et j'entends alors Johannes s'adresser à moi et j'eus un froncement de sourcil. Si j'en crois la littérature et les films que j'ai vus, les vampires et les loups-garous ne font pas bon ménage, mais là, nous ne sommes pas dans un film mais bien dans la vie réelle et je hoche légèrement la tête, consciente du fait de devoir être prudente. Mais pour autant, mon regard se fait interrogatif et il continue son explication. Le fils de Loki. Nordique donc. Allié. Je hoche la tête de nouveau. " Rozumiem, pomożemy mu w tej sprawie." Je comprends, on va l'aider dans ce cas. La consigne est donnée alors que le loup déracine un nouvel arbre pour le lancer sur l'un de ses ennemis. Johannes sert d'appât et je les tue. Bien.

Il disparait alors entre les arbres et je fais de même afin de prendre ces gars à revert tout en ne me faisant pas voir. L'un d'entre eux se met à hurler et je sens l'odeur de sang. Un sourire se dessine sur mes lèvres et mes pupilles se dilate. Je sais que je ne dois pas perdre le contrôle de la situation et je reste concentrée sur mon objectif. Or ce dernier se rapproche de ses copains et Johannes est là, j'entends sa voix. Et le blessé passe a proximité et je lui saute dessus rapidement, plaquant ma main sur sa bouche et enfonçant mes crocs dans sa gorge alors que mon poids le fait chuter sur le sol. Il essaye de se défaire de ma prise et sa chair se déchire. Ma main toujours sur sa bouche et couvre aussi un peu son nez il ne parvient plus à respirer. Mais je ne peux pas me permettre de prendre mon temps. Alors je retire mes crocs pour les lui planter une nouvelle fois dans la jugulaire et je le laisse se vider de son sang pour disparaître de nouveau dans les buissons. J'étais tellement concentrée sur ce que je faisais que je n'avais pas entendu le hurlement du loup. Je passe ma langue sur mes lèvres pour nettoyer le sang, j'en ai un peu partout, mais ce n'est rien. Il en reste trois, ils sont armés et n'ont pas peur de tirer sur un dieu, alors ils n'auront aucun mal à nous tirer dessus également. Il en reste trois et nous sommes trois, deux créatures et un dieu contre trois deicides visiblement, ça devrait être jouable.

Alors qu'on se sépare pour venir en aide au dieu, je ressens le frisson de la chasse. Ils n'ont aucune idée de ce qui va leur tomber dessus alors que je me fonds dans l'obscurité qu'offre cette forêt. Je reste hors de vue pour commencer, ne faisant pas de bruit, mais ayant à l'esprit que le moindre faux-pas pourrait être fatal pour moi ou pour Johannes. Le loup est immense, je peux apercevoir son ombre parmi les arbres et l'odeur de sang ne tarde pas à venir me titiller. Je souris, mais il n'avait rien de rassurant, bien au contraire ! Je passe ma langue sur mes canines et j'attends le bon moment pour attaquer, j'ai appris à ne pas me précipiter. Alors quand l'homme blessé passe à ma portée, je lui saute littéralement dessus et prends le dessus en lui mordant le cou avec force et violence. S'il crie, s'il essaie de se débattre, il cesse assez vite de gesticuler et je retourne aussitôt me cacher, je n'avais pas envie que les deux autres me tirent dessus. C'est alors que j'entends un coup de feu unique et je me redresse pour voir que Johannes se tenait là et à ses pieds l'un des types. Une manière comme une autre de se débarrasser des gens ! Je sais que certains vampires ont des capacités spéciales, acquises avec les années et l'expérience. Pourtant, je vois le troisième approcher par-derrière et avant que j'esquisse le moindre mouvement, le loup se jeta sur lui et lui arracha la tête, avant de la recracher comme si ça avait un goût immonde.

Il n'en reste qu'un seul. Je sors des fourrées, couverte de sang, mais je léchais le sang sur mes lèvres. Je me retourne vers le loup qui avait repris forme humaine et qui était nu comme un ver. J'eus un sourire amusé, avant de reporter mon attention sur le dernier humain qui commençait à reculer, arme en main. Je jette un regard vers mon créateur, pour savoir s'il voulait s'en occuper ou si c'est moi qui devais l'attaquer. Mais je me dirige toujours vers lui et lui arrache son arme avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Je jette le fusil au sol, hors de sa portée. J'ai encore envie de sang, je n'avais même pas pu profiter de son ami un peu plus tôt. Etant à sa hauteur, j'écarte sans ménagement son bras levé en opposition et j'entends un craquement. Mais je plante mes canines dans sa chaire et commence à avoir le goût de son sang en bouche, mais il se débat et je sens un métal froid le long de mon bras et je m'écarte, déchirant sa chair au passage. Il avait un couteau en main, mais perdait beaucoup de sang. Mais il n'était pas encore mort.