Think I'm out your league I'm the elixir that you need Bitter and sweet You need something better That can rocket you to heaven Something unique
Suite à la disparition de mon fiancé, j’avais déménagé à Paris. Je souhaitais me rapprocher à la fois de ma mère, Lilith, mais aussi de l’objet de ma vengeance, Taranis. Comme je n’étais définitivement pas faites pour vivre seule, Leora devait venir s’installer avec moi pour quelques temps. Pour ce genre de choses, rien ne vaut une sœur – je ne pouvais décemment pas compter sur Belzébuth sur ce point, sans compter qu’il habitait trop loin du cœur de mes préoccupations.
Avec Leora, nous devions visiter des appartements dans la capitale et donc nous retrouver dans un bar à proximité en début de soirée. Ma sœur avait des tas de choses à faire pour ses petits trafics, comme d’habitude. Même si j’attirais les regards toute seule à ma table – la faute à ma magie qui me rendait attirante en toute occasion, y compris celles où j’avais envie de ruminer toute seule dans mon coin – j’avais réussi à décliner toutes les invitations sans causer de remous. Je scrollais gentiment sur mon téléphone sans réellement regarder ce que je voyais, réfléchissant à la fois aux visites que je devais faire pour me trouver un logement définitif en France et à tous les petits soucis qui s’accumulaient.
Mes pensées furent toutefois distraites par les manières d’un homme à la table voisine. Je n’étais pas décidée à m’en occuper jusqu’à ce que le premier sang soit versé, ce qui ne tarderait pas à faire virer la situation au drame. Alors que le malotru tentait de traîner la jeune femme vers les toilettes, je lui tapotais l’épaule. Il ne réagit pas. Je recommençais. Il tourna enfin les yeux vers moi et je lui adressais mon sourire le plus envoûtant :
« Bonjour » dis-je le plus simplement du monde, le laissant détailler ma silhouette parfaite enveloppée dans une robe rouge qui ne laissait guère de place à l’imagination. Je le vis s’attarder sur ma poitrine – mon plus bel atout sans vouloir me vanter – et remonter à mon visage souriant aux allures angéliques avec mes boucles blondes tombant en élégantes cascades, mon teint pâle et mes yeux clairs. Étant une succube, je savais ce qu’il était en train de voir : une beauté idéale et tentante. L’Unique m’avait créé ainsi, un pousse au crime destiné à tenter les hommes – et les femmes – pour voir s’ils céderaient au péché de luxure. Tout en moi était un piège magnifique et dangereux…
Et encore, cet homme avait de la chance, si ma sœur était là, elle lui aurait moins souri que défoncé le crâne. Elle et moi étions du genre à encourager la sororité entre les femmes et à défendre notre sexe. J’y mettais toutefois moins de violence que Leora parce que j’avais plus été créée pour la beauté que la violence – sachez que ce n’est pas le cas de toutes les succubes même si toutes mes sœurs sont de vrais canons aussi !
« Vous pourriez laisser cette jeune femme ? » dis-je lorsqu’il eut fini son examen.
« Vous n’avez plus envie d’elle de toute façon, pas vrai ? » Je passais le bout de mes doigts sur la ligne de son visage, me mordillant la lèvre inférieure, tentante. Il bégaya une réponse quasiment inintelligible et arrêta de se tapoter le nez. Alors que je l’avais à peine touché, il rayonnait déjà de concupiscence. Je lui pris la main et l’entraînait dans les toilettes, mais avant de partir, je m’adressais à la jeune femme :
« Pourriez-vous surveiller mon sac je vous prie ? J’en ai pour une seconde ». Ou peut-être dix, allez, soyons fous. Une fois dans les sanitaires, je volais l’énergie de l’homme simplement en l’embrassant et il s’effondra pour le repos du brave.
« Chiffe molle » marmonnais-je car je ne lui avais presque rien pris, aussi son évanouissement était-il très exagéré. Je me nettoyais un peu les lèvres tâchés du sang qui avait coulé sur lui suite au coup de poing et ressortais, me dirigeant droit vers ma chaise et mon sac :
« Il ne vous embêtera plus pendant un moment, il s’est évanoui » dis-je à l’intention de la demoiselle, sortant mon poudrier pour rectifier mon maquillage… je n’en avais pas besoin mais j’aimais en porter.
Je le fermais en un claquement et fis signe au serveur :
« Après toutes ces émotions, peut-être qu’un verre vous ferait du bien ? Je vais en reprendre un de mon côté ». Un alcool fort de préférence, pour oublier l’odeur du sang que je n’avais jamais affectionné.
CODAGE PAR AMATIS