Special bond

En me préparant ce matin là, je me suis surpris plusieurs fois à avoir des frissons. Comme si une aura divine était non loin de moi. Une aura familière, très familière même. mais c'était impossible. Je devais me faire des idées. Elle ne pouvait pas être là. Mon radar divin était visiblement hors service. C'est grave docteur ?

Avoir un emploi du temps précis et quasi public, ça implique que je ne peux jamais sortir de chez moi sans que personne ne le sache. Pour ça, je pense que je préférais largement Los Angeles à Paris. Là bas, les gens sont si chill avec l'idée de croiser une célébrité dans la rue. Bon, en même temps, quand dans le même quartier on rencontre au hasard d'une ballade Kim K., ce bon vieux Léo ou un énième prêcheur scientologue, j'imagine qu'un petit arriviste qui a fait une série et un album, c'est du menu fretin. Dans la capitale française, c'est différent. J'ai l'impression d'avoir la même aura que Justin Bieber, au début des années 2000, ce qui est à mi chemin entre grisant et flippant. Mais c'est une habitude à prendre. Et puis, je sais que la plupart de ceux qui sont en bas sont des vrais. Ceux qui savent VRAIMENT qui je suis. Alors finalement, je m'y suis fait, car c'est bien leur ferveur qui m'apporte puissance et pouvoir.

Je prends le bain de foule à heure voulu, prend le temps de faire des selfies, échanger des mots, un autographe sur un carnet, un tee-shirt, des photos à mon image. D'habitude, les gens attendent leur tour, ils sont "à peu prêt" civilisés. Pourtant, voilà que quelqu'un me réclame, et rien de moins qu'un câlin. Ce n'est pas la première fois que j'ai cette requête, mais c'est une barrière que je ne franchis pas. Set bondaries, rule number 1. Sauf que cette sensation que j'ai eu tout à l'heure revient me gratouiller, juste avant que je me retourne pour voir cette fan qui visiblement ne connait pas encore la loi du no touchy qui est pourtant bien respectée par les papaddicts.    

À quel nom je ... Oh mes dieux ! OH LA VACHE ! Vous avez déjà vu quelqu'un perdre toute once de sang froid et de dignité en moins de trois secondes ? Mes fans, oui. Croyez moi, mon cris n'avez rien de viril ou de sexy. Il se rapprochait plus du couinement de cochon d'inde. Et en guise de câlin, me voilà littéralement en train de sauter dans ses bras, ignorant l'air consterné de mes gardes du corps. Je la sers si fort que si sa constitution n'était pas divine, je serais probablement en train de l'étouffer. Mais je ne peux le croire. Plus magnifique que jamais, l'être le plus important de mon monde se tient devant moi. Je n'étais pas fou. C'était bien elle que j'avais senti.  

C'est pas vrai ! Comment tu ... Mais t'es pas .... Qu'est-ce que ... Beaucoup d'émotions contradictoire se bousculent dans ma tête. La joie, bien entendue, de voir ma moitié juste là, en face de moi. La surprise, également, car aux dernières nouvelles, elle devait rester à Budapest, et avait une toute autre apparence. L'horreur, quand j'ajoute deux et deux et que je comprends que si elle peut se tenir en liberté devant moi, avec ce nouveau visage, ça veut également dire qu'elle a fait un tour par l'éther, et que donc, elle a été tuée. La colère, toujours un peu sourde depuis qu'elle m'a trouvé la dernière fois, qui renait à l'idée qu'on a pu oser s'en prendre à elle. La peur, soudain, que quelqu'un dans la foule puisse être là pour recommencer. Et la conscience lointaine que cette même foule a à présent tous les téléphones portables en train de capturer notre étreinte.

Etreinte qui doit se faire un peu longue d'ailleurs, parce que je la sens gigoter légèrement dans mes bras. Je la relâche alors, et essui du revers de ma manche une larme qui avait coulé sur ma joue sans que j'y prenne garde. Une larme de joie, bien entendu. Je souris comme un benêt. Je crois que je t'ai brisé une ou deux côtes .... Puis un voile d'inquiétude recouvre mon visage. Il va falloir que tu m'expliques ce qu'il s'est passé. Mais pas ici, bien entendu. J'ai à présent une conscience aiguë de la sidération de la horde hurlante car celle ci est devenue totalement muette devant la scène que je viens de leur offrir. Ce qui est embarrassant, avec le recul. Bon, j'imagine qu'il va falloir que je fasse une story plus tard pour la présenter comme ma meilleure amie d'enfance, celle qui est "quasiment une sœur pour moi". Et je me fais déjà à l'idée que dans une heure au maximum, les sites peoples vont s'insurger que je trompe Rachel - ma pythie, pour laquelle je n'ai AUCUN sentiment mais que les médias s'évertuent d'appeler ma petite amie - avec cette inconnue. Y'a des points sur lesquels je ne recommande pas la vie de célébrité. La vie privée n'existe pas. Parfois, je songe à me révéler, histoire de pouvoir simplement dire la rouquine c'est ma prêtresse et la bombe brune c'est ma jumelle, foutez moi la paix avec vos ships, je suis pas un personnage de fanfic. Les dieux ont des sentiments aussi, vous savez ?