Laisse moi t'offrir un cosmo

Comment j'ai fini en terrasse d'un bar parisien à siroter des cosmos en compagnie d'une bombe atomique ? C'est une histoire assez simple, en réalité.

Lorsque la mère de Romain m'a fait le point sur ce que j'avais manqué durant son coma, et que j'ai appris la mort de Zeus et la révélation des divins, il avait été assez évident pour moi de me rendre là où se trouvait les miens. Et comme le hasard fait bien les choses - et que c'est plus facile à écrire ainsi - il se trouve que mon véhicule était justement originaire de cette ville. Franchement, j'aurai aimé rester à Los Angeles. Sérieusement, une ville remplie d'artiste, toujours ensoleillée, comment ne pas me sentir chez moi. Et puis cet endroit a une vibe qu'on ne peut percevoir que quand on y a mit les pieds. 100% Apollo approved, je recommande. Néanmoins, ma famille avait l'idée - saugrenue - d'être en France (sérieusement, tant qu'à rester en Europe, la Grèce c'était très bien, on a la chaleur et les olives. Ou je sais pas, au moins le sud, genre Nice, c'est bien Nice !). Et même si je n'avais encore aucune idée de ce que j'allais faire de tout le côté grande révélation divine de mon identité, je savais que je devais me rapprocher des miens. Juste au cas où.

Bref, j'étais à Paris depuis à peine plus d'une semaine. J'aménageais encore mon appartement, et j'étais donc naturellement sorti faire un peu de shopping déco sur les Champs-Elysées. Oui, comme la partie des Enfers réservée aux héros. Avenue toute en colonnade, qui veut rappeler la grandeur antique. Comme quoi, notre impact sur la société occidentale ne disparaitra jamais, et mêmes à l'époque moderne, les mortels ont encore en tête que l'élégance et le raffinement, c'était nous. Et là, en sortant de chez Hermès (est-ce que j'ai besoin de commenter le choix de nom de cette marque ou vous comprenez où je veux en venir ?), v'la-t'y pas que je tombe nez à nez avec ce que la planète peut faire de mieux ? Je suis un dieu de la beauté, je sais reconnaitre quand ce que j'ai sous les yeux est si parfait que ça en frise le ridicule. Et là, laissez moi vous dire que n'importe quelle mannequin de chez Victoria Secret se trouverai des complexes à côté de ce tableau de maitre. Ok, peut-être que ce n'est pas juste pour les autres femmes, mais en même temps, comment rivaliser avec une déesse telle que la magnifique Aphrodite.

De tous mes cousins et cousines, c'est sans doute avec elle que je me suis toujours le plus entendu. Déjà, parce qu'elle ne partageait pas l'idée saugrenue de ma sœur et d'autres déesses de se vouer à la virginité. Ensuite, parce que nous étions chacun l'épitomé de la beauté dans nos genres respectifs. Et bien entendu, avec qui d'autre j'aurais pu me moquer des choix désastreux de Arès en terme de sandales ?

J'ignore si cette rencontre était un hasard, ou si elle l'avait savamment organisé, toujours est-il que la perspective d'aller boire un verre avec elle était tellement aguichante que je me fichais bien à présent des flashs des paparazzis qui se pensaient discret. Qu'on m'affiche donc dans les tabloïds à côté de cette beauté fatale, c'était bon pour les affaires. Franchement, ça remonte à quand la dernière fois qu'on a pris un verre ensemble ? La cours de Versaille, non ? Ou c'était les années folles d'Hollywood ? Ah, que de bon souvenirs tout ça. Le soucis de mon incarnation encore très récente, c'est que tous mes souvenirs n'étaient pas encore totalement remis dans l'ordre. J'imagine qu'il faut du temps à un cerveau humain pour traiter des millénaires de mémoire.