Même si le musée du Louvre ne perdra jamais en popularité, il est important de nourrir les collections. C'est ce que tout directeur dirait, des vestiges sont encore enfouis sous terre et nous témoignent de l'histoire passée importante pour l'humanité, pour savoir d'où elle vient. Pour Dagda, investir son argent dans une société de fouilles archéologiques c'est avoir un regard en plus sur des artefacts qui pourraient potentiellement l'intéresser. Des fragments d'objets magiques et aussi pour avoir la main mise sur cet énorme trésor qu'il possède. Ce n'est pas à lui, officiellement, mais ici il fait ce qu'il veut. Le partenariat est un événement qui a intéressé la presse, Dagda a accepté que celui-ci soit médiatisé par la présence de journalistes à la soirée de lancement mais aussi via une interview donnée à la radio. N'ayant pu se déplacer directement, il prend l'interview par téléphone tandis que la directrice de Ars Vivendi est sur place. L'animateur présente rapidement le projet avant de poser quelques questions. Ils ne se sont pas encore vus, miss Flaherty sera au Louvre pour la soirée et demande à Alistair s'il sera présent. « Oui je serai présent, c'est un événement important et nous sommes ravis d'avoir l'opportunité d'un tel partenariat. Vos trouvailles seront visitées par des millions de personnes. » Il avance, sans vraiment être dans le truc, il fait plaisir aux auditeurs, il tient sa bonne réputation de gardien des souvenirs.  « En deux passionnés d'Histoire nous aurons certainement de fabuleuses discussions. » Il ajoute, l'animateur est ravi d'avoir tel engouement à l'antenne et poursuit par quelques questions, quelques détails supplémentaires sur cette soirée. En raccrochant, Dagda sort de sa voiture pour se rendre à son rendez-vous dont il ne sortira que quelques heures plus tard.



« Vous restez pour la soirée Monsieur ? » demande la secrétaire. Dagda fronce légèrement les sourcils, avant de se souvenir de la soirée organisée en l'honneur du partenariat avec la société Ars. C'est vrai qu'à la radio il avait dit qu'il y serait. A vrai dire il avait d'autres plans pour ce soir mais le directeur du Louvre ne peut y déroger pour la bonne entente avec ce nouveau partenaire et éviter de faire mauvaise impression. Une apparition de cinq minutes seront ainsi amplement suffisantes pour parler avec Nora Flaherty et il pourrait laisser la main à son équipe pour le reste des formalités. Il est un homme bien occupé, tout le monde s'en doute. Dagda retire finalement son manteau, sa secrétaire comprend ce qu'il en est et quitte le bureau du directeur. Ainsi profitant de son statut haut placé pour personnaliser l'endroit, il y a un dressing qui lui permet d'éviter les allers retours chez lui quand il est invité ou qu'un événement a lieu entre les murs de son musée. Il enfile un costume d'une qualité unique, taillée sur mesure pour sa silhouette, enfile sa montre tout aussi luxueuse et opte pour une cravate parfaitement nouée. Son regard d'acier passe sur les détails qui lui renvoie le miroir tandis qu'il fixe ses boutons de manchette, rajuste sa veste de costume et quitte le dressing ainsi que le bureau. La soirée a commencé depuis une heure environ, mais ce genre d'événements est organisé par d'autres employés de son administration, Dagda a donné son accord et le reste il ne s'en est pas occupé, il a des employés pour ça. Il constate rapidement qu'il y a du monde, adresse un fin sourire à son collègue ayant organisé l'événement qui l'accueille avec un verre de champagne. Quelques banalités échangées. C'est à cet instant là qu'il perçoit sa présence, comme un souvenir divin et le parfum d'une essence familière qui lui hérisse l'échine. Dagda souffle d'un agacement palpable, n'avait en aucun cas prévu revoir quelqu'un de son panthéon. Tandis que son collègue lui assure la réussite de la soirée mais il le savait déjà, on lui propose de rencontrer la gérante de la société nouvellement partenaire ainsi que les journalistes.



Dagda suit son assistant parmi la foule où il échange quelques poignées de main polies avec un fin sourire sur les lèvres. Il est plutôt rare de le voir assister à ce genre de mondanités, mais il sait aussi la cause nécessaire, il fait donc l'effort de tenir ses engagements. Aussitôt qu'il la voit un peu plus loin, près du journaliste, il sait que c'est elle. A vrai dire il savait qu'il la recroiserait un jour, mais certainement pas de cette manière. On peut dire que le hasard fait bien les choses. Leurs regards se croisent et il sent cette connexion se faire, signe de reconnaissance. Elle, la seule déesse qui en son cœur est reine et le sera ainsi pour l'éternité qu'importe leur chemin. Morrigan est sa femme, elle l'a été, l'est et le sera toujours. Ses iris céruléens détaillent son visage, reconnaît la beauté de sa femme a travers n'importe quelle enveloppe charnelle. Pas le temps de dire quoi que ce soit que le journaliste propose qu'ils se mettent en privé afin de poursuivre l'interview. Dagda tend la main à Nora, ou plutôt Morrigan, pour la saluer afin d'officialiser la rencontre devant le journaliste bien qu'il la connaisse depuis des millénaires. « Enchanté Nora. » Le mortel n'a aucun doute que ces deux-là ont en réalité passé des millénaires l'un avec l'autre, que ces fameuses fouilles historiques les concernent. Visiblement pressé de pouvoir les interviewer tous les deux, il demande à Dagda un endroit plus éloigné de la foule. « Bien sûr, suivez-moi, nous allons dans un salon, plus au calme. »

Un peu de marche, avec l'esprit en ébullition de retrouver celle qu'il a toujours considéré comme son âme sœur, il mène la marche jusqu'à ouvrir un salon vip, et les invite à s'installer dans le coin salon où lui prend place près de Morrigan, son bras prend appui sur le dessus de la banquette. Leurs regards se croisent. « Bien nous allons commencer. Je vais vous poser quelques questions, avant d'interroger vos invités. Puis je vous enverrai l'article et il sera publié sous une semaine à partir de votre accord.» Dagda acquiesce, habitué à ce genre d'exercice mais sans le paramètre de son épouse à ses côtés. Les réponses qu'il donne ne sont pas forcément honnêtes le concernant, il tient son image de directeur, mais ses ambitions plus profondes le concerne lui et lui seul. Il répond bien souvent ce qu'ils ont envie d'entendre. « Ce partenariat est salué par nos lecteurs passionnés d'histoire, qui bien entendu espèrent que vous allez tomber sur de fabuleux trésors de civilisations anciennes. Dites moi selon vous pourquoi retrouver ces traces du passé est si important ?» Dagda fait un geste poli de la main à Nora pour l'inviter à répondre en premier.  

Le journaliste s'installe a son aise, satisfait de l'endroit intimiste afin de recueillir leurs avis autour de leur partenariat et sans doute autour de l'actualité puisque l'Histoire est replacée au centre de l'attention depuis la grande révélation. La curiosité a saisi bien des médias. Dagda ne s'est pas révélé, il observe, se demande ce que pense Morrigan de cette grande révélation là. A priori ça leur a permis de renverser un peu la tendance, mais pas suffisamment pour retrouver leur pleine puissance d'antan. Et ils s'obstinent sur un combat inutile ;

Une seconde flotte pendant laquelle son regard se perd dans ceux de sa femme, là il décèle toujours la redoutable tempête. Elle est toujours habile oratrice en plus d'être une femme de forte détermination et une guerrière accomplie. Il est toutefois étonné de la voir a la tête d'une société pareille, l'aurait vue dans quelque chose qui relève plus de l'action. Mais quand il la regarde il sait, il sait qu'elle est aussi dans son personnage et qu'elle use de cette société pour chercher quelque chose. Il sonde un instant son esprit, où il y voir de l'amertume a son égard et une haine profonde. Les abysses de Morrigan n'ont jamais effrayé Dagda, il l'a toujours vu comme un vaste univers où les étoiles entrent en collision pour former les plus belles et les plus complexes nébuleuses à étudier, molécule par molécule. C'est aussi pour cela qu'elle l'a attiré, dès l'instant où il l'a vue, il a su qu'il n'aimerait qu'elle, son esprit lui en apprend plus que tout ce qu'il a connu. Elle peut sans doute voir l'anneau d'or a son annulaire, pour tout le monde il est marié mais personne ne connait l'identité de sa femme. Dagda dévie son regard de celui de Morrigan pour le poser sur le journaliste et lui offre un très fin sourire. « Je suis tout a fait d'accord avec Nora, cela fait parti de notre patrimoine, et il est important de comprendre nos fondations. L'histoire de l'humanité repose dans ces vestiges et il y a bien des chapitres que nous n'avons pas encore totalement découverts. Elle est clé du passé et nous aide a comprendre le monde d'aujourd'hui afin de construire celui de demain. Tout n'est pas bon à garder comme au passé. » Il répond posément, a la suite de Morrigan. Le journaliste est chanceux d'avoir le couple d'accord sur un point, leurs désaccords ont été source de bien des disputes et des conflits et notamment la raison de leur séparation. Mais ces différences là faisaient aussi la richesse dans leur mariage, ils avaient toujours quelque chose a apprendre de l'autre et il n'aurait pu avoir pour femme une personne a l'esprit vide et qui lui dise oui tout le temps.

Le journaliste enchaine, y voit une opportunité pour parler de l'actualité.

« Justement parlons des conflits d'aujourd'hui avec l'apparition de ces divinités, qu'en pensez-vous ? Ne pouvons nous pas trouver la solution dans l'Histoire, dans le passé et ce qu'il peut nous apprendre ? » En voilà un point sensible mais qui n'arrache pas la moindre expression a Dagda, éternellement insondable. Le journaliste n'a pas idée qu'il parle a deux Dieux qui ont un avis très différent et très tranché sur la question. Le but n'est pas de porter des soupçons et Dagda ne veut certainement pas en débattre avec un mortel. Cette fois il prend l'initiative de répondre en premier mais répond volontairement a côté de la plaque. « Si une divinité souhaite passer au Louvre pour en débattre j'en serai ravi, peut être nous permettra t-il de résoudre bien des mystères et ensuite comprendre ce qu'il se passe réellement en ce moment pour que nous puissions trouver une solution a cette crise. » Une réponse très vaste qui veut tout et rien dire, mais avec un sourire un peu amusé ça passe aussitôt. « Cela vous plairait de converser avec ? » Il enchaine a l'adresse du directeur. « Ils seront les plus à même de faire la visite de la section antiquités, bien évidemment que oui. Ces divins ont participé a la construction du monde tel que nous le connaissons aujourd'hui. » Il poursuit sur un air faussement plaisantin, puis le journaliste s'intéresse a l'avis de Nora et lui repose la question directement et Dagda est curieux de voir si elle va choisir la voie de la neutralité dissimulée ou tenter de faire passer un message. Il imagine qu'après ça ils prendront quelques instants pour parler.

C'est un sentiment tout a fait étrange de se retrouver dans la même pièce que sa femme après ces années en séparation. Il constate toutefois que malgré tout ce qu'il a pu se passer entre eux, il n'a jamais été question de changer ses sentiments pour elle. Mais il lui a déjà dit par le passé, elle est la seule, l'unique. Même s'il n'a pas été tout le temps fidèle, elle ne peut pas nier qu'il l'aimait d'un amour profond et sincère. Certes tumultueux mais intense, vivifiant, parfait. Il scrute ce visage qu'elle affiche, reconnaît ce regard sans fond et ces cheveux corbeau ; le clair obscur...Ce n'est pas pour rien que ce style de peinture là soit l'un de ses favoris et qu'il passe de longues heures à observer ces œuvres là : il lui fait penser à elle, a ses traits mystérieux et tranchants qu'il a toujours aimé admirer, toucher du bout de ses doigts. Elle apporte sa réponse à son tour, que Dagda écoute en silence. Il sait qu'elle n'ira pas non plus s'impliquer en tant que déesse dans ce témoignage, tout n'est pas bon à dire et elle ne se dévoilera pas ainsi. Ses réponses sont belles et bien construites, tout ce qu'un abonné a ce journal a envie de lire. Elle en profite toutefois pour lui glisser quelques sous entendus qu'il entend mais reçoit sans ciller. Leurs regards se croisent un instant, elle lui en veut toujours c'est certain. Lui aussi a gardé une certaine amertume de cette séparation, il est juste moins démonstratif.

Il est d'accord avec le fait qu'il soit nécessaire de changer, mais sur ce qu'il observe des actions du panthéon Celte il ne voit pas où se trouve le changement par rapport à ce qu'ils ont pu faire ou ce qu'ils ont pu être. Il paraît que des temples celtes ont revu le jour. Ce genre d'édifice est obsolète, mais ils les posent et jouent contre les monothéistes comme l'on joue à un jeu d'échecs. Leur manière de faire n'a pas convaincu Dagda qui ne s'est toujours pas décidé à revenir sur ses positions. Il hoche la tête pour affirmer au journaliste qu'il est d'accord avec elle. Pourtant pas tout à fait convaincu mais montre qu'il l'est pour le journaliste afin qu'il ne tente pas de les mener dans un débat qui ne le concerne pas et qui risquerait aussi d'en dévoiler plus qu'il n'en faut. Tandis que le journaliste griffonne ses quelques notes, il les remercie et Dagda se lève, serre la main au journaliste et se dirige aveec eux vers la porte, non sans ignorer qu'il finira par parler en privé à sa femme juste après cela. Sa main reste sur la poignée, tandis qu'il baisse les yeux vers son épouse quand elle revient vers lui.


« La surprise est partagée Morrigan. » Il saisit le verre qu'elle lui tend avec un mouvement de tête poli à son adresse, leurs doigts se frôlent légèrement a ce geste. Quant à leur partenariat quand elle parle d'autres à l'avenir il sait de quoi elle parle, il n'est pas stupide et il sait aussi l'engagement de la Morrigan envers le peuple Celte, son amour pour la protection de son panthéon et pour sa gloire. Quoi qu'elle fasse, tout est dirigé vers cette bataille qu'elle mène depuis des siècles déjà et sans doute sans jamais avoir levé le pied. Elle ne le fera pas revenir dans le panthéon Celte, mais il n'est pas contre des alliances passagères s'il peut également en avoir profit. Son entreprise l'intéresse car elle pourrait l'aider a avoir plus entre les murs de son musée. Mais il n'est pas certain qu'in fine elle ait réellement la volonté de lui céder si elle trouve quelque chose d'intéressant. Voilà pourquoi il lui accorde un sourire en coin un peu rieur sans qu'il soit moqueur. Elle sait, qu'il sait. « Je suis curieux de constater le travail de Ars Vivendi, la presse vous fait bien des éloges. Mais avec toi à la tête je ne doute pas du travail fourni pour les trouvailles les plus importantes. » Si ceci pour être pris comme un compliment, c'est surtout un constat, leurs différents ne change en rien sa vision de sa personnalité: elle est une bosseuse efficace et fiable. Il trempe ses lèvres au bord de son verre après avoir trinqué avec elle et se délecte de ce champagne de grand cru. « Dois-je me demander si tu les partagera réellement ces trouvailles ou bien tu les gardera pour toi? » Que cherche-t-elle ? Le talisman qu'il lui avait offert et qu'elle n'a plus ? En tout cas qu'elle ne porte visiblement plus.  

A vrai dire le terme mensonge n'était pas ce qu'il avait à l'esprit, mais il reconnaît l'esprit aiguisé de sa femme. « Opportunité, et non mensonge » Il corrige. Un besoin tout a fait normal qu'est d'être celui de vouloir saisir une opportunité, seulement puisqu'il est aussi dans l'équation, il craint qu'elle ne le prive, lui, de son opportunité d'avoir la main sur un artefact. Dans tous les cas même la découverte de son mari de l'autre côté de de partenariat, elle ne revient pas dessus, ce qui est plutôt une bonne chose. Sur sa demande, il fait en sorte qu'ils se retrouvent un peu plus a l'écart, rouvre cette salle de conférence à moitié dans la pénombre et où ils sont tous les deux seuls. Cela ne leur était pas arrivé depuis bien longtemps. Il reste proche d'elle, ouvert a la discussion, mais pas aux concessions.  Ca lui donne un goût amer en bouche quand elle utilise « notre » devant panthéon. Dagda ne se sent plus concerné par les celtes, il y a longtemps qu'il ne se considère plus comme tel.

Elle lui retourne la question, que compte t-il trouver dans ce partenariat ? Tout en ajoutant une petite pique bien à elle. Dagda sourit, c'est qu'elle a la rancune difficile, Morrigan. Il ne peut lui en vouloir pour ces piques, il l'a blessée, il le sait, le contexte était particulier et aujourd'hui ses priorités ont changé. Le gain de sagesse sans doute l'a quelque peu écarté des vices de la chair ces dernières années et surtout le choix qu'elle a fait de ne pas le suivre l'a un peu refroidi. En tout cas c'est au tour de sa femme de faire des suppositions sur sa personne. Ils ne se sont pas vus depuis longtemps qui sait quelles priorités ils ont désormais ? « Je fais un pas vers une entreprise d'archéologie, ta compagnie n'est pas la première avec laquelle je travaille et ne sera pas la dernière, cela fait parti de mon métier. » Il ignore ce qu'elle a voulu dire par « faire un pas vers les autres » puisqu'il n'était pas au courant qu'elle était la patronne. Si elle sous entend le panthéon Celte elle a faux sur toute la ligne, il ne fait aucun pas vers eux, n'en a ni l'envie ni le projet, elle a bien vu qu'il ne s'attendait pas à la voir. Quant à ses conquêtes, il trouve ça assez drôle qu'elle en parle. Se pourrait-il qu'elle ressente de la jalousie a l'égard de l'existence ou non de ces dernières ? « C'est attentionné de ta part de te soucier de ma santé physique et sexuelle, ma douce. » Qu'attend t-elle au juste ? Qu'il lui confirme qu'il a des amantes ou qu'il n'en a pas ? Il n'a pas envie de lui donner trop d'indices, n'étant pas ici pour justifier quoi que ce soit, mais ça l'amuse de ne pas entrer dans son jeu.

« Je dois te rappeler qu'il n'y a pas de Notre panthéon qui tienne, je vous ai laissé choisir votre voie il serait grand temps que vous respectiez la mienne sans m'inclure dans vos plans. Je ne suis pas à la tête de ce bâtiment pour vous permettre d'avoir la main sur des artefact. J'ai engagé ce partenariat envers ton entreprise pour que ces objets là soient en ma possession. » Il parle dans le plus grand des calmes, la colère n'est pas forcément une caractéristique de sa personnalité, du moins il est dôté d'un grand self contrôle. Malgré la dureté de ses mots, il n'est pas en train d'être agressif, il ne s'agit que d'un rappel de contexte, histoire qu'ils partent sur les mêmes bases concernant cette discussion qui promet d'être fortement intéressante. Elle le sait pourtant, elle n'a pas oublié ses infidélités mais elle a oublié qu'il s'est désolidarisé du panthéon Celte et qu'il considère ne plus en faire parti ? Il comprend d'emblée que cela peut être un frein à leur collaboration commerciale, alors il leur faudra acter les limites sous forme de contrat pour s'assurer que cela se passe bien entre eux et qu'aucun panthéon ne soit mêlé a cette histoire. Il n'a pas envie de les voir s'incruster dans leur lien, certains ont déjà dépassé les bornes et sont responsables de leur séparation.

Il a toujours su se montrer plein de ressources, une qualité qu'elle admirait chez lui, disait-elle. Un point positif au moins qu'elle aura conservé de lui, il la remercie en la saluant humblement. Quand il était à la tête du panthéon, c'était primordial pour lui de toujours avoir des solutions. Il étudiait minutieusement toutes les pistes possibles et avec habileté choisissait celle qui leur garantissait le succès. Il était tant investit dans son rôle, une position qu'il avait apprécié mais qu'il avait préféré diviser en plusieurs parties pour s'assurer du désaccord de personne. Cela avait bien fonctionné a l'époque. Quant à la question qu'elle lui posait et qu'il esquiva d'un de ses tours de passe passe, il compris que sa réaction l'avait agacée. Il a mal agi en lui étant infidèle et il le sait, il n'a aucune excuse et n'essayerait pas de chercher des justifications pour tenter d'apaiser sa colère si elles sont fausses. Il reconnaît ses erreurs, mais la rancune existe visiblement toujours bel et bien.


Elle a raison, il ne pouvait que l'affirmer d'un hochement de la tête pour lui montrer son accord. Il préférait savoir ces objets entre mains connues, les siennes par exemple surtout plutôt que d'autres divins ou même des mortels. Il sait pour Epone, il regrette qu'elle en ait souffert, mais c'était prévisible. Cette dispute de territoire prend des proportions surprenantes et qui ne fait que décrédibiliser leur image auprès des mortels. « Je te rejoins sur ce point là effectivement. » De sa vision des choses et le concernant, il préfère tout simplement que ces objets là soient en sa possession et c'est tout. Parler de cela a l'air de troubler sa femme, il sait les facettes de ses iris dans les moindres détails, de quelle façon ses pupilles se dilatent et comment ses lèvres se pincent légèrement plus en pression quand la tempête sévit en elle. Il n'est pas sans savoir que ce genre d'événements peut la plonger dans une folie vengeresse et parfois dangereuse pour elle. Face à un Dagda qui représente le calme du désert et qui l'observe pendant quelques secondes de silence où il voit son état d'esprit. Nul besoin de dons pour ça, il la connait par cœur, il comprend que cela lui tient particulièrement à cœur de préserver les siens. « Toujours fidèle a toi-même. » Il murmure, une réflexion tout haut. Elle n'a pas changé et cela le rassure. Il prend doucement le verre terminé d'entre les mains de son épouse et pose leurs deux verres sur le côté, la discussion s'approfondit. Il se pose contre l'un des meubles, croisant les bras. S'il n'avait pas prévu de la revoir, il se retrouve quand même un brin nostalgique. Il l'aime toujours, elle le sait, il lui a dit qu'il n'aimerait qu'elle dans toute son existence. Il n'a jamais menti sur ce point, elle s'en doute.

Elle emploie son prénom, Dagda, la première fois depuis leur entrevue, sait qu'elle l'use pour appuyer ses propos. Il a voulu éclaircir les choses dès le début, voilà chose faite, elle dit ne pas avoir oublié alors il ne reviendra pas là dessus. Toutefois elle y ajoute un « mais » qui étire ses lèvres en coin. « Bien sûr que le monde change, il est voué à évoluer encore et encore. Les mortels n'ont plus besoin de nous de la même façon. Cette fois c'est à nous de nous adapter. » Il voit les attaques menées entre panthéon comme une guerre de gang, ça ne fonctionne pas, ou peu et cela fait des dommages collatéraux, pousse les humains qui en ont marre à rejoindre les déicides. « Nous en avons déjà discuté par le passé, cela à causé notre séparation et je ne tiens pas à revivre ça.» Sur tout un tas de sujets ils n'étaient pas d'accord, mais il aimait cette richesse de débat entre eux. Il n'a jamais tenté de la convaincre sur quoi que ce soit, appréciait la façon qu'elle avait de défendre ses idées et parfois influençait même son état d'esprit ; bien qu'il sache bien des choses il ne connait pas la vérité absolue. Elle toutefois était la seule a savoir faire ça, et les longues discussions qu'ils avaient parfois poussées en disputes étaient immensément riches et intenses, souvent finissaient dans de fulgurants instants. Sur ce dernier point en revanche, la fissure s'est faite, alors qu'il lui a demandé de le suivre sur sa voie, une voie différente que proposait d'autres personnes du panthéon. C'est eux qu'elle a choisi. Il a tenté de la retenir, mais ne supportait pas d'être une option. Quand elle a fait son choix il a tout simplement disparu. Alors il clôt ce débat là avant qu'il ne s'alimente encore, n'ayant pas envie de la perdre une seconde fois.

« Bien, voyons cela en tout points comme une alliance. Te savoir dans cet état d'esprit me convient. » Il  se redresse puis sort de l'intérieur de la poche de sa veste une carte de visite avec ses contacts personnels pour qu'ils puissent se joindre plus aisément. « Mes coordonnées directes, n'hésite pas, en cas de besoin. » Ces retrouvailles sont quand même étranges, bien des années les séparent et il y a bien des fois où sa compagnie lui a manqué, si ce n'est pas tout le temps. Il imagine que de son côté elle est passée a autre chose, peut être même qu'elle ne le considère plus comme son époux. « Comment vas tu, depuis tout ce temps ? »

Morrigan rajoute quelques mots à la discussion. Cette dernière reviendra à la charge qu'il le veuille ou non maintenant qu'ils ont repris contact. Mais jusque là ils n'ont pas eu besoin de lui, pourquoi maintenant ce serait différent ? « Effectivement on ne peut pas passer a côté de ça. Il faut dire que ça fait beaucoup de bruit. » Entre ce qu'il se passe en bretagne, certains panthéons qui prennent le contrôle politique de certains pays, ce qu'il s'est passé au nouvel an....Il ne pense pas que les Celtes soient à l'origine de cette guerre ouverte, pourtant ça a bien commencé quelque part et cela a provoqué l'escalade. Ce n'est certainement que le début, mais les déicides doivent se réjouir de voir les dieux s'entretuer pendant qu'ils les chassent aussi. Lui même a conscience que ça peut le toucher, ainsi il a fait renforcer certaines sécuritées. Il met fin a la conversation, détourne son attention avec sa carte de visite pour qu'elle puisse le contacter et lui pose une question plus personnelle, curieux de savoir ce qu'elle devient.

Sa remarque le fait sourire d'amusement, il aurait volontiers dit qu'il préfère sa compagnie à celle des livres mais se retient de trop en faire, il n'oublie pas qu'elle est toujours en colère après lui et qu'ils viennent tout juste de se retrouver, lui aussi l'a encore en travers de la gorge ; elle reste tout de même l'amour de sa vie. Elle va bien malgré le poids du panthéon, chose qu'il comprend et dont il ne peut que compatir. Dagda découvre ainsi qu'elle est à la tête des Celtes, un rôle qui lui va bien. Peu de divins ont les qualités nécessaires pour ça. Morrigan les a, ça doit être sportif avec elle mais il imagine que ça bouge un peu plus. « Refonde un genre de Tuatha dé dannan. J'ignore qui il reste parmi vous mais je suppose que déléguer te permettra de te concentrer sur tes tâches et éviter d'empirer les tempêtes qui sévissent dans ton esprit. Je ne désire pas avoir une partenaire commerciale en burn-out. » Il la taquine un peu, en revanche le conseil était sincère, lui même avait trouvé l'équilibre en hiérarchisant tout. Sur la période où il était seul pour régner c'est sans doute le moment où il en faisait tellement trop tout le temps qu'il en est venu a faire certains choix qui ont blessé les autres. A commencer par elle, en lui étant infidèle. Une fois le pouvoir séparé il avait pu retrouver une certaine paix et prendre du recul sur les décisions était ainsi bien plus facile. Elle l'a vu, comment cela l'a changé, ça a été source de conflits entre eux. Mais quand il est redevenu lui même, le mal était déjà fait.

« Je vais bien, je me tiens occupé, cet endroit est une mine de connaissance infinie. » Il a fait ses plans de son côté, il a des fidèles, un panthéon est en cours de création dans son esprit. Un nouveau panthéon qui ne souffrira ni de l'évolution ni de la concurrence. Il n'y a rien de concret, les bases sont posées dans sa tête, il s'agit d'un projet qui demandera bien des années de réflexion pour que cela soit parfait. Quant aux regrets s'il devait en révoquer, il s'agirait de son épouse à ses côtés.  Ces regrets sont donc purement égoïstes et ne concernent que leur couple ; il n'y aurait pas mention des celtes, ayant fait son deuil. « Si je t'énonce des regrets que diras tu ? ''Tu n'avais qu'à rester avec moi Dagda'' ?  Et si je n'en ai pas est ce que je briserai ton cœur à nouveau ? A quel point as tu envie de le savoir ? Est ce que j'ai réellement besoin de le dire ?» Pas besoin de mots, elle sait qu'elle est son premier regret. Dagda se redresse, conserve un timbre de voix calme comme on le lui connait.

Ainsi donc, il y a deux reines. Méduna et Morrigan se complètent, le choix est plutôt intelligent. Morrigan inspire la guerre et la stratégie, Méduna est de nature la reine gauloise, son expérience fait d'elle la plus à même de supporter ce rôle là. La discussion est plutôt cordiale, alors qu'il s'était imaginé que cela puisse être houleux, a vrai dire il y avait sans doute peu de chances que ça se passe aussi bien mais ils sont tombé sur cette infime chance là. Ou bien peut être que le temps a eu quelques effets sur eux, et sur Dagda qui parvient plus facilement à se concentrer que sur elle tandis qu'elle lui parle. Son esprit est en arboressence constante, quand il était à la tête du panthéon il passait son temps sur chaque chose qui traversait son esprit. Elle lui énumère des noms qu'il a connu, des frères et des sœurs d'arme aux côtés de qui il a oeuvré pour les Celtes avec ardeur et qui font aujourd'hui parti de leur groupe. Où sont donc tous les autres ? Ont-il abandonné le navire ? Même le nom de Teutatès apparaît, ce qui lui fait hausser un sourcil, ce traitre est donc parvenu à regagner la confiance des siens après les avoir trahi de la plus sale des manières ? Quelle sorcellerie a t-il donc utilisé ? Il ne fait pas le moindre commentaire sur lui, mais elle sait ce qu'il pense de lui, ils jen ont suffisamment parlé quand il fréquentait Nyx. Malheureusement du point de vue de Dagda tel acte ne saurait être pardonné car il a mis le panthéon en danger.

Tandis qu'ils prennent des nouvelles de l'un et de l'autre dans un calme tout de même parfois relativement tendu, Dagda explore le fil des regrets qu'elle met sur la table. Elle souhaite savoir s'ils existent, mais quelque part il refuse de se confier sur telles choses sans savoir ce que cela lui apporterait de les connaître. Au vu du silence qui suit il devine qu'il n'y a là qu'une volonté de faire un pas en avant. La vérité c'est qu'il est lui aussi encore blessé des choix qu'elle a fait, quand il pensait qu'il la garderait ad vitam eternam à ses côtés et qu'il n'a pas eu le temps de le voir venir. Morrigan lui répond d'une façon qui le surprend un peu mais l'amuse en même temps et a pour effet surtout d'apaiser la soudaine tension qui l'a pris quand originellement il est plutôt d'un sang froid maitrisé.

« Je ne fais pas plus parti du panthéon, tu n'as pas d'autorité sur moi. » Il répond dans un premier temps avec un sourire amusé, tout en gardant son regard plongé dans le sien, s'il s'agite comme ça c'est parce que c'est elle et elle arrive a lui déclencher des comportements qui ne lui ressemblent pas car il ne contrôle rien. «Mais tu es ma femme, tu n'as besoin d'aucune couronne pour ça. » Il rajoute finalement,  alors que toutes ces années il est resté dans un silence de mort pour tout le monde. Lui aussi en a ressenti une profonde colère qu'elle choisisse de partir avec eux plutôt qu'avec lui. Il sait qu'il est en parti fautif, mais tout de même.... Malgré ça l'amour qu'il a pour elle n'a pas changé d'un iota. Elle a de belles et de sages paroles dignes d'une reine sur les éventuels regrets qu'il voudrait réparer, lui offre même la possibilité de revenir dans le panthéon tout en ajoutant qu'elle l'accueillerait à bras ouverts, tout comme les autres probablement. Un instant le regard de Dagda se perd tandis qu'il réfléchit à tout ceci, avant de reposer son regard sur elle. « Il ne s'agit pas du panthéon, Morrigan. » Silence « C'est de toi dont il s'agit. » Il ne veut pas revenir près des Celtes, il pense définitivement ne plus avoir sa place parmi eux et à vrai dire il n'en a pour le moment aucune envie.  Ses seuls regrets sont tournés vers elle et elle seule.  

Il ignore pourquoi, quelque part dans son esprit, Dagda était envahi par la nostalgie et l'amour qu'il lui porte encore. Ca tourbillonne dans son esprit, et comme cela a toujours été le cas elle lui fait perdre le contrôle des choses et l'amène sur des terrains épineux. A en voir ces nuages dans le fond de ses yeux, il comprend que l'épaisseur de ces nuages noirs continueront de l'étouffer. Il la voit sa folie, elle n'a pas changé, elle est même sans doute pire et même s'il n'a pas tous les détails de ce qu'elle a vécu jusque là, elle n'est pas destinée à une vie paisible. Là n'est pas son essence, mais il n'a jamais eu peur de l'affronter. En revanche il voit clairement la barrière qu'elle met entre eux, tandis qu'il fait un pas sur le chemin de la rédemption, elle lui coupe la route et l'empêche de continuer comme si recevoir son pardon n'avait plus la moindre importance à ses yeux. N'était ce pas elle qui essayait de le piquer il y a quelques instants ? Pourquoi tel changement de comportement.

Elle lui dévoile et met entre eux le nom d'un dieux celte qu'il n'apprécie que très peu et dont elle sait qu'il s'est toujours méfié. Morrigan le connait, elle sait bien que ce genre de nouvelles n'aurait pas pu le mettre en joie, déjà parce qu'elle vient de lui mettre un vent et ensuite parce qu'il y a désormais cette tierce personne. Le visage de Dagda reste neutre, alors que bien des choses fulminent en lui. C'est déjà beaucoup pour des retrouvailles, il est désormais temps de couper court à ce contact qui lui donne encore moins envie de retrouver son ancien panthéon ou de faire affaire avec eux. Même s'il n'imaginait pas leurs retrouvailles comme un pas qui renouerait leur amour, il découvre un peu désabusé qu'il n'a plus la moindre place. Tandis qu'il était prêt à lui demande si ce traitre a soigné sa tendance à ne pas savoir quoi choisir elle l'empêche de tout commentaire, recentrant la discussion sur leur partenariat alors que c'est elle qui l'a amené ici. Des confidences qu'il aurait gardé pour lui, finalement. Un faux sourire étire les lèvres du Dagda. Elle souffle du chaud et du froid et il a l'impression d'avoir été pris pour un idiot. Elle pose les règles, une charte de leur relation, a laquelle elle le soumet sans sommation. Lui aussi a changé, elle verra peut être à quel point si elle découvre quels son ses projets.

« Bien entendu. » Il lui ouvre la porte avec politesse, il semblerait qu'il souhaite mettre fin à cette conversation avant de dire des choses qu'il regrette. Il la laisse alors sortir en premier et referme la porte derrière eux, tandis qu'ils se retrouvent de nouveau dans le couloir. « Je vous souhaite une agréable soirée Miss Flaherty. » Sur ces mots il n'en rajoute pas plus, la salue avec politesse puis, détourne les talons et se retire des lieux. Dagda à assez fait de son quart d'heure d'apparition pour la soirée et il donc choisit de retourner dans son bureau dans le but de récupérer ses affaires avant de quitter tout simplement les lieux. La bonne organisation de la soirée est supervisée par ses associés, qui sauront prendre le relais si besoin.