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 Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]

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MessageSujet: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyLun 27 Nov - 21:57

Au bout du chemin



Fin janvier 2022

Il y a des jours comme ça, où vous vous sentez plein d’énergie et prêt à relever tous les défis.

Et il y en a d’autres où vous avez envie de mourir.

Ca faisait un moment que je trainais cette mauvaise toux. Le temps, les privations et le manque de soins l’avaient rendue plus agressive et, sans que je ne le réalise, tout avait empiré brusquement. La faute peut-être à mes dernières prises de conscience, à mon moral vacillant et à la déprime qui m’avait envahie. Mon cœur s’était brisé en morceaux lorsque j’avais compris que la déesse que je cherchais désespérément n’était peut-être pas ma mère mais sa meurtrière. Je n’arrivais plus à me sortir les paroles des anti-dieux de la tête, elles me hantaient… Mes espoirs des six derniers mois de retrouver la femme qui m’avait élevée, tout ce qui m’aidaient à supporter cette vie terrible que je menais, anéantis. C’était comme vivre le deuil pour la seconde fois.

Je me rappelais vaguement m’être traînée jusqu’à une rue que je connaissais maintenant très bien. Brûlante de fièvre, épuisée, j’avais pensé sur l’instant que j’allais mourir pour de bon si je m’effondrais dans un coin, loin du regard des passants. Alors je m’étais forcée à marcher jusqu’à la seule personne en qui j’avais assez confiance pour veiller sur moi sans même savoir si elle était chez elle.

Mon doigt avait appuyé sur l’interphone, sur un numéro que je connaissais désormais par coeur.
Une voix caractéristique avait répondu.

-Will, j’ai besoin de toi…

Un souffle.

Je n’avais qu’un bref souvenir de la suite. J’avais navigué entre inconscience et délires, poursuivant sans cesse en rêve la silhouette de Nailea qui continuait inlassablement à s’éloigner de moi. De temps à autre, une voix me sortait de ma torpeur, une corde tendue que j’essayais de saisir pour émerger de ce cauchemar. Une encre qui, peu à peu, m’avait permis de remonter à la surface.

Et au fil du temps j’avais été moins gelée, moins brûlante, plus lucide… Les délires s’étaient transformés en sommeil réparateur, et j’avais dormi. Beaucoup. Sans la moindre notion du temps qui passait, je m’étais laissée porter par le sentiment de sécurité que je ressentais quand j’étais dans cette chambre, quand il était là…

J’avais récupéré, doucement. La maladie avait reculé.

J’avais gagné.

Gagné pour mieux replonger.
La lucidité avait ce terrible tort qu’elle vous permettait de réfléchir et d’organiser vos pensées… Je réalisais, doucement et terriblement, que je n’avais plus rien à quoi m’accrocher. L’espoir qui m’avait guidé ces six derniers mois, envolé. Ma mère avait disparu, je devais la laisser partir… Je devais cesser de poursuivre un fantôme et vivre pour moi.

Avancer, enfin.

C’était douloureux. Parce que je savais que je ne pouvais pas rester à Paris. Je n’étais plus en sécurité dans cette ville, je ne l’étais peut-être même pas dans ce pays tout entier. J’ignorais toujours tout de l’entité qui me traquait, le gouvernement français comptait parmi mes suspects numéro 1. C’était la raison pour laquelle j’avais disparu du système administratif, que j’avais cessé toute opération bancaire, refusé les opportunités d’emploi déclarés, les aides sociales d’associations, évité soigneusement d’aller voir un médecin ou de me rendre à l'hôpital... Et tout ça avait failli me tuer.

C’était douloureux, oui, parce que quitter la France, c’était abandonner la ville où je conservais mes meilleurs souvenirs. C’était aussi dire adieu à William. Etais-je condamnée à perdre sans cesse tous ceux que j’aimais ?

Je n’avais pas envie de lui dire au revoir.
Je devrais pourtant. Tôt ou tard…

Mais avant, je devais lui parler. Trop de questions me taraudaient depuis trop longtemps. J’avais fait semblant de ne pas remarquer les détails, de ne rien voir, j’avais joué l’aveugle par peur qu’il ne me réponde pas… Peut-être par lacheté, aussi. Faire comme si pour entretenir l’illusion de sécurité que je ressentais avec lui, cette bulle de bien-être dans laquelle je m’enfermais quand j’étais ici, comme si les soucis ne pouvaient m’atteindre. Comme si je n’étais pas orpheline et abandonnée de tous, comme si je n’étais pas misérable et sans avenir, seule au monde…

Ses livres, je les avais tous lu plusieurs fois à la recherche de réponses. Pourquoi me les avaient-ils donné ? Pourquoi s’y référait-il comme un guide spirituel ? Pourquoi ces romans aux auteurs aux noms différents présentaient-ils les mêmes caractéristiques : des héros semblables en personnalité, l’impression qu’ils donnaient de former une continuité chronologique ? Pourquoi me rappelaient-ils tant l’homme qui m’avait sauvé, voilà des mois, de mon agresseur ?

William était empli de mystères. Tout dans son comportement le jour de notre rencontre m’avait poussé à croire qu’il était décalé, atypique. J’avais d’abord cru à un mafieux, un type un peu louche avec un certain code de l’honneur… Puis la théorie d’un agent du gouvernement m’avaient finalement parut plus crédible et c’est à cause de ces soupçons que je ne lui avais rien révélé au sujet de maman et des véritables raisons qui me poussaient à me cacher. Aujourd’hui, une troisième théorie supplantaient les deux autres.

Je sortis de la douche en laissant un nuage de vapeur derrière moi. J’arrivais à présent à me déplacer sans avoir de vertige. Bien que toujours fatiguée, mon état s’était largement amélioré. Cette guérison, je la devais à Will. Une chose de plus à ajouter à ma longue liste de dettes. Il avait tant fait pour moi… Je ne pourrai probablement jamais lui rendre la pareille.

J’allais à sa rencontre dans l’appartement, l’ombre d’un sourire aux lèvres.
J’avais peur des vérités.
Je voulais savoir, pourtant. Il me répondrait s’il le voulait bien. Il ne me semblait pas que William m’ait jamais menti, mais je savais qu’il omettait fréquemment des choses.

Mon sourire se fit un peu plus marqué. Je ne lui en voulais pas de me cacher des informations. Je lui en avais dissimulé beaucoup moi aussi, jusqu’à mon propre prénom qu’il ne connaissait pas…

Je m’installai près de lui.

-Tu sais… Je me suis longtemps demandé pourquoi tu voulais que je lise ces romans, comme s’ils étaient la réponse aux questions que je me posais. Je ne comprenais pas… Alors je les ai lu, et relu… Et le temps a passé.

M’avait-il balisé le chemin ?
Me poussait-il à suivre une route toute tracée que j’avais été trop aveugle pour voir ?
Une route, qui me mènerait aux réponses que je cherchais sur ce monde spirituel qui soulevaient tant de questions dans mon esprit… Une route qui me menait à lui.

-C’est un corpus, n’est-ce pas ? Ils forment un ensemble, une suite. Tu m'as tracé un chemin et je n’ai rien vu. J’étais aveugle alors que c’était juste sous mes yeux…

Le coeur serré, je levai un regard douloureux vers lui.

-Qu’est-ce que tu es, Will ? Qu’est-ce que tu es réellement ? Un immortel ? Un dieu ?


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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptySam 2 Déc - 15:23




Au bout du chemin

Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira--  feat. @Naya Flores





Confortablement allongé sur le canapé, les pieds croisés sur la table basse, William adressa un discret sourire à l’adolescente qui sortait de la douche. L’après-midi était paisible, il avait fait du sport, rendu visite à quelques collègues et fait semblant de travailler chez ARS pour justifier son salaire, presque, à Nora.

S’il était rentré chez lui rempli de satisfaction, prêt à se laisser moisir sur un canapé à regarder des films, la jeune brunette semblait d’humeur bavarde.
Elle s’installa à côté de lui, comme d’habitude et commença son petit monologue. Jusqu’à là, l’ancien soldat ne revela pas le moindre signal d’alerte, c’était une sacrée pipelette qui trouvait toujours un sujet de conversation.
Il l’aimait bien, cette gamine un peu bavarde.

Toutefois, il toussa, lorsqu’elle se lança dans une succession de questions qu’il n’avait pas vu venir. Il avait souvent pensé à ce moment, au moment où elle commencerait à se questionner. Kera avait eu tant de choses à avaler ces derniers mois, qu’il n’avait pas jugé nécessaire de rajouter son lot de surprises. Il l’avait mis sur le chemin, avec la certitude qu’elle serait plus intelligente que la plupart de ses lecteurs, incappable de faire le moindre lien.

Surpris, décontenancé, il se redressa et se frotta la nuque.

C’est un ensemble, c’est vrai.

Différentes époques, différents patronymes et pourtant, une seule et unique personne : lui.
Auteur et personnage principal, sous couvert d’un peu de fantasy, ces bouquins étaient une sorte d’autobiographie 2.0. Avec la révélation, il avait craint pour son anonyma, mais personne n’était parvenu à établir le moindre lien, sauf elle, ce petit bout de femme haute comme trois pommes, assise devant lui avec des yeux de biches dans l’attente de réponse.

Je savais que tu finirais par comprendre le lien entre ces livres. Peut-être pas aussi rapidement, mais tu avais un paquet de temps pour lire…

Il se mordit la lèvre. Le mensonge n’avait pas sa place entre eux, il n’avait jamais menti, juste omis quelques aspects de sa personnalité. Il s’était maré aussi, de l’imagination de Kera qui faisait de lui un agent des forces spéciales, ou du gouvernement.

Ce sont des passages de ma vie que tu as lu, Kera.

Le tome 1 faisant mention d’un redoutable guerrier, né en 942, fils du célèbre Cenetig mac Lorcain.

As-tu déjà entendu parler d’un combattant redoutable, que l’on nommait Chulain ? C’est une légende urbaine que l’on trouve dans certains bouquins à notre époque. C’est ainsi que l’on m’appelait, il y a des centaines d'années…

Il leva les yeux sur elle, pour prendre la température et analyser sa réaction face à ses aveux.  La télé en fond, le film n’avait plus d’importance, c’était l’heure des révélations.

Je ne suis pas un Dieu non, mais j’en connais certains.
Je suis immortel.


Il se frotta le visage entre ses deux mains. Révéler ce genre d'information pourrait le mettre en danger, mais il était bien incapable de la laisser se ronger de questions, encore et encore.

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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptySam 2 Déc - 19:07

Au bout du chemin


C’est fou comme les vérités pouvaient parfois soulager. C’était comme si j’avais retenu mon souffle tout ce temps et qu’enfin, j’expirais. Parce que je savais au fond que peu importe ce qui se dirait aujourd’hui, je saurais enfin. La vie ne m’avait pas donné l’opportunité de me mettre au clair avec ma mère et cette occasion ne se présenterait peut-être jamais. Mais j’avais une occasion avec William d’en savoir plus sur lui, sur ce qu’il était… Et si tant est que j’ai vu juste, il pourrait enfin m’apporter des éclaircissements sur nombre de questions que je me posais au sujet des dieux.

Quant à ce qu’il adviendrait après… Et bien je n’en savais rien en fait. J’avançais en roue libre, sans aucune idée de où allait me mener cette conversation. J’avais ambitionné de quitter Paris dès que je serai remise sur pied et que j’aurais évacué cette mauvaise crève qui avait failli me tuer… Les réponses de William m’ouvriraient peut-être de nouvelles perspectives… ou pas.

Je me demandais pourquoi. S’il se cachait, s’il mentait sur son identité, pourquoi est-ce qu’il m’avait donné une piste. Il voulait que ça arrive, que je le découvre… Pourquoi ?

Chulain… Chulain…
Je me creusai la tête, tentant de percer le brouillard de mes pensées. Je revenais de loin, de trop loin peut-être… Mon corps avait du mal à se rétablir, mon cerveau peinait. Mais la fatigue, la détresse et la résignation avaient le mérite d’anesthésier en partie mes émotions. Tout ça glissait sur moi comme si je n’étais pas vraiment concernée, comme si ça ne m’atteignait pas… A ce stade, j’étais prête à tout entendre, je n’étais plus à ça près.

-Non… Non, ça ne me dit rien, dis-je à mi-voix.

Je venais de très loin, ma connaissance de la France et de son histoire était limitée aux grands événements, celle des pays alentours était encore plus nébuleuse.

-Comment peut-on être immortel sans être un dieu ?

Jusque là, je croyais que le monde se divisait en deux catégories : les humains et les panthéons qui se prétendaient divins. A nouveau, je réalisais à quel point j’étais ignorante de tout…

-C’est pour ça que tu disais que tu avais plein d’ennemis, quand on s’est rencontré…

La raison invoquée pour justifier qu’il ne puisse pas m’héberger sur la durée. Ca et le fait qu’il ne voulait pas que mes propres soucis viennent frapper à sa porte, ce qui était parfaitement compréhensible. J’avais toujours respecté sa demande depuis, ne restant jamais plus de quelques jours d’affilé chez lui pour ne pas abuser de son hospitalité.
Les pièces du puzzle s’assemblaient enfin correctement. C’était étonnamment réconfortant. Assise et recroquevillée sur un fauteuil, je fixai un point sur le canapé. Je cogitais. Mon visage était cerné, j’avais l’air crevé… Je l’étais. Mais rien n’empêcherait cette conversation d’avoir lieu, je voulais savoir.

-Y a une foutue guerre qui se joue en arrière plan et les mortels se retrouvent au milieu de tout ça…

Il ne bossait pas pour le gouvernement mais ça ne voulait pas dire qu’il était de mon côté. Si l’actualité m’avait permis de mettre en évidence quelques liens entre panthéons, j’étais loin de tout savoir. Cet homme qui multipliait les voyages sous le prétexte du travail, qui se disait immortel… Prenait-il part à ce conflit ? Quelles étaient ses allégeances ?

Je repensais aux livres, à tout ce que j’avais lu… Est-ce que tout était vrai là-dedans où avait-il romancé et inventé des passages ? C’était… C’était étrange de me dire que j’avais enfin trouvé un immortel, après tout ce temps à chercher…

-Pourquoi est-ce que tu m'as donné les moyens de te faire tomber le masque ?

Contre toute attente, c’était ce qui m’intriguait le plus parmi tout le reste. Il m’avait mis ce livre en main dès notre première rencontre… Je ne comprenais pas. Le secret lui pesait-il ? Si seulement maman avait pu être comme lui… Mais elle s’était obstinée à me mentir et à me repousser à chaque fois que je venais la confronter pour obtenir des réponses. J’avais fini par arrêter, avec cette impression pesante qu’un gouffre était en train de s’ouvrir entre nous… C’était comme revenir à l’époque où j’étais harcelée, à ma tentative de suicide, quand je taisais tout ce qui n’allait pas… Nous avions reconstruit une relation de confiance après ça, mais tout avait volé en éclat après que la vidéo des Halles avait été publiée sur internet. L’ami de maman filmé en train de parler une langue étrange et d’avoir recours à un étrange pouvoir… La toile s’était embrasée.

Je comprenais maintenant pourquoi elle s’était obstinée à me mentir et à éluder la vérité. La femme à qui je parlais n’était tout simplement pas Nailea, ma mère était partie, remplacée par l’entité qui s’était emparée de son corps. Cette théorie expliquerait tant de choses à propos de son comportement…

-Tu bosses vraiment pour une agence de sécurité ou c’est une couverture ? lui demandai-je avec une petite moue.

Dans un soupir, je me levai pour rejoindre la cuisine et allumer la bouilloire. Je savais où se trouvaient les choses, cet appartement était devenu un peu ma seconde maison aprèstout ce temps… Je m’activais pour me préparer une infusion agrémenté d’un peu de miel, l’eau chaude et la douceur du sucre avaient l’art d’apaiser un peu mon mal de gorge.

-C’est quoi un dieu, William ? D’où viennent-ils ? Et toi, qu’est-ce que tu es ?



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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyJeu 7 Déc - 18:52




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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira--  feat. @Naya Flores





Comme à son habitude, la jeune femme se posait mille et une question, ce qui amusait l’ancien soldat. Dans son esprit à lui, tout était calme, réfléchi, pragmatique et tant d’interrogation et d’agitation le surprenait toujours autant. Que ça devait être fatiguant !

Les Dieux ont le pouvoir de bénir ou de maudir. C’est un acte qui n’est jamais sans conséquence, mais qui peut permettre bien des miracles.

Il étouffa un rire, en se rappelant à quel point il avait été sonné d’apprendre la nouvelle après s’être vu mourir, une épée plantée en plein abdomen. Même le meilleur soigneur de l’époque n’aurait pas pu le guérir de telles blessures. Une déesse, si.

A mon époque, les mortels étaient particulièrement doués pour se lancer dans des guerres impitoyables de leur plein gré. Tout était prétexte à combattre. Des terres, l’égo, les femmes. Les croyances sont apparues plus tard, elles se sont répandues comme un feu de paille.

Ce qui n’avait pas arrangé ses affaires, lui, chef de l’une des plus grosses armées irlandaises. Il avait vu les divergences de foi déchirer ses rangs et cela avait rendu l’unité instable, plus fragile.  A ce moment précis, il eut en tête le visage de Meduna. L’unité…

Très peu de personnes connaissent la vérité sur ma nature, mais tu es différente. Ta mère n’a pas simplement disparu, n’est-ce pas ? Sais-tu qui elle est vraiment ? Ce qu’elle est, peut-être ? Lorsque tu m’as raconté ton histoire, j’ai compris que tu n’étais pas l’enfant d’une simple mortelle et que tu étais en danger, véritablement. J’ai du sang plein les mains, j’ai tué un paquet d’homme sur les terrains et un paquet de sales types, dans ce nouveau monde. Mais je ne suis pas un vilain, je ne pouvais pas te laisser indéfiniment dans le flou, ni t’assaillir de vérités troublantes.

C’était donc le bon moment, pour les révélations.

Hum.. je suis effectivement employé chez Ars. Bosser, bosser, c’est un bien grand mot.

Sur le papier, il était agent de sécurité. Dans la réalité, il ne se levait qu’un jour sur 7 pour se rendre au bureau, mais s’assurait, à distance, que sa belle demoiselle soit en sécurité.

Je.. je ne sais pas vraiment ce que je suis. Par définition, un humain est mortel. Je ne le suis plus. Mais que je n’ai aucun pouvoir hors du commun, je ne suis pas comme eux.

Il sourit.

Ma patronne. C’est à elle que je dois cette si longue existence et toutes les aventures que tu as lu dans ces livres.

Il y en avait tant d’autres.

ça va ? Tu digères ? C’est assez flippant, je le conçois.



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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyJeu 7 Déc - 23:03

Au bout du chemin


Alors c’était une bénédiction, son immortalité ? Est-ce qu’il y en avait d’autres des individus comme lui, qui avaient le même genre de caractéristiques ?

“A mon époque…”

-C’est quoi ton époque ?

D’où il venait ? De quand exactement ?

-Tu changes de corps toi aussi ? Tu meurs et tu te réincarnes ?

Je fronçai les sourcils alors qu’il me balançai la suite de son discours. J’aurai pu hurler d’indignation ou de peur alors qu’il m’annonçait de son air tranquille et souriant qu’il avait tué des tas de gens, avant et encore aujourd’hui, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Mais c’était sur une autre donnée que mon cerveau faisait une fixation. Il savait depuis tout ce temps que je n’étais pas la fille d’une mortelle ? Comment en était-il arrivé à cette conclusion ? J’avais menti sur tellement de choses… Qu’avais-je laissé échapper pour qu’il comprenne la vérité ?

-Comment as-tu su ?

Les dieux étaient en pleine guerre… Et j’étais au milieu de ça bien malgré moi. Il me demandait l’air de rien si je connaissais l’identité de maman…
C’était un tueur. Mais ce n’était pas un vilain, selon lui. Devais-je le croire ? C’était quoi un “vilain” de son point de vue ? Pouvais-je vraiment me fier à un homme qui avait du sang sur les mains, comme il disait si bien ? Pouvait-il un jour se retourner contre moi et me faire du mal ?

Il t’a sauvé, Naya. Deux fois.”, me souffla une petite voix.

Tu ignores qui l’a bénie et pourquoi. Tu ne sais pas d’où il vient et la valeur qu’il accorde à ta vie”, pensai-je aussitôt.

Et il avait l’air si tranquille, si serein… Tout sourire. J’étais la seule des deux à angoisser ?  

-Ta patronne est une déesse… murmurai-je.

Une nouvelle pièce du puzzle s’emboitait. Il la fréquentait encore, ce qui confirmait mes doutes et faisait retentir la sonnette d’alarme.

Comment aurais-je pu digérer ?

-Non… Ma vie est un foutu bordel, rien ne va ! La police a retourné mon appartement et me soupçonne d’être complice de je ne sais trop quoi. J’ai dû fuir et couper les ponts avec tous ceux que j’aimais parce qu’on me traque depuis des mois et je ne sais même pas qui ni pourquoi… J’ai dû refuser toutes les mains bienveillantes qu’on me tendait : les aides sociales, les offres d’emploi, les visites médicales, parce que j’ai trop peur qu’on puisse remonter jusqu’à moi. J’ai aucun moyen de m’en sortir… Mon corps est en train de me lâcher mais je suis obligée de rester en dehors du système... et je mens tout le temps et à tout le monde, même à toi…

Mes doigts s’étaient crispés autour de ma tasse de thé à m’en faire blanchir les phalanges.

-Ce n’est pas mon vrai nom, Kara…

Je fermai les yeux, le coeur meurtri et angoissé et la gorge serré ; des larmes roulèrent le long de mes joues. Je poursuivi pourtant, parce que j’avais désespérément besoin de vider mon sac. Je gardais trop de chose en moi depuis trop longtemps.

-Mais tu es celui qui en sait le plus sur moi… Je me sens en sécurité, ici, avec toi.

C’était le seul endroit où je pouvais baisser ma garde, le seul lieu où j’arrivais réellement à me détendre et à ressentir un peu d’insouciance. Et c’était grâce à lui. Il était devenu ma famille de coeur.

-Je ne sais pas qui est ta patronne, je ne sais pas dans quel camp tu es, si tu en as un…

Je plantai un regard larmoyant mais déterminé dans le sien.

-Qu’est-ce qui va se passer si tu découvres que je suis liée à l’une de tes ennemies ?

“Est-ce que je peux vraiment avoir confiance en toi ?”


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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyJeu 14 Déc - 14:26




Au bout du chemin

Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira--  feat. @Naya Flores





Son époque..
Elle était si lointaine..
Elle lui manquait parfois, souvent.
Tout était plus pragmatique. Un désaccord, un coup de hache. Simple et efficace. Pas besoin de tortiller du cul pour marcher droit. Foutue génération Z et ses réseaux, sa technologie, ces combats de l’ombre sagement cachés derrière des écrans. Où était donc passé le courage ?

Je suis né en l’an 942, mademoiselle. J'ai faillais mourir 36 ans plus tard,  et depuis, je n’ai pas pris une seule ride. Le même visage et la même carcasse que je promène ici et là, à travers les époques.

Une belle vie en soi, malgré de grandes souffrances.

Pour dire vrai, je n’en savais rien, une simple intuition. J’ai vécu suffisamment longtemps pour comprendre qu’il n’y a pas d’amour plus profond que celui d’une mère envers sa fille, alors, puisque tu ne me l’a pas dépeint comme une femme addict, ou troublée, il me fallait trouver une explication plus logique qui pouvait justifier le fait que tu sois seule sans elle aujourd’hui. S’en est une…
Parmis d’autres, bien sur..


Et il n’avait su résister à l’envie de la mettre en sécurité. Elle était trop jeune, trop douce, pour qu’il puisse l’abandonner.

Soudain, ses questions devinrent des affirmations. Sa voix, d’ordinaire si enjouée, se fit plus agitée, confuse, en colère et ses paroles s’enflammèrent. L’ancien soldat se rapprocha d’elle, posant délicatement ses deux mains juste en dessous de ses épaules.

Calme toi.
Prend le temps de digérer les informations.


C’était si facile à dire. Il savait ce qu’elle ressentait, cet épais brouillard autour de ses pensées et toutes ces questions qui se livraient bataille dans son esprit. Lui aussi était passé par là, mille ans plus tôt..

T’es plutôt maligne, je dois bien l’admettre.
Quel est ton véritable prénom ? T’es pas obligé de me le donner, Kara c’est plutôt pas mal.
Dit-il en haussant les épaules et en souriant discrètement pour rassurer la jeune femme.

Je ne peux pas te révéler son identité sans son approbation. La guerre que se livrent les divinités de ce monde est dangereuse, nous faisons tous preuve de beaucoup de prudence.
Mais je peux te raconter notre histoire.. certaines parties, que tu as sûrement déjà feuilletées dans les livres que je t’ai donné.


Il releva les yeux sur elle, savourant l’instant de complicité qu’ils partageaient ensemble malgré le tourbillon d’émotions que cela générait chez lui, comme chez elle.

Ma famille a toujours brillé sur les champs de bataille. 11 fils, pas une seule fille. Tous des guerriers, ou des chefs de clan…
J’ai assisté mon aîné dans ses combats, un genre de bras droit. Je n’étais pas mauvais combattant, loin de là, c’était presque inné. J'étais même le meilleur.
Un soir, à la veille d’un combat pour lequel nous avions demandé du renfort auprès d’alliés, j’ai rencontré une femme. Elles n’étaient pas nombreuses à prendre les armes, mais ça arrivait parfois, lorsqu'elle perdait un enfant ou simplement lorsqu'elles étaient folles au point de vouloir jouer avec leurs vies...
Elle était belle, c'était sans doute la plus belle femme que je n’avais jamais rencontré ! Mes hommes riaient de ses blagues et certains ont même osé la défier. J'observais de loin, intrigué par le spectacle.
Les plus belles raclées que je n’ai jamais vu ! Ils tous ont mangés la terre et sont allés se coucher vexés. Alors, je suis allé lui parler, et nous avons discuté pendant de longues heures, de la nécessité de ressouder les rangs, effrités par des nouvelles croyances venues d’ici et de là… Nous avons beaucoup ri, également. Elle n'était ni en deuil, ni folle, elle voulait protéger son peuple. Une femme au combat, tu imagines ?


Des souvenirs impérissables. Il se souvenait de sa rencontre avec Morrigan comme si celle-ci avait eu lieu hier.

Après avoir vanté à cette femme tous mes talents de guerrier,  sans doute pour l'impressionner, figures toi que le lendemain, je me suis retrouvé une épée dans le ventre, à me vider de mon sang ! J’ai tourné le dos à l’ennemi, je l’ai laissé prendre l’avantage comme un débutant.
Et c’est là que tout à commencé…


Il vit à nouveau cette corneille noire volée au-dessus de lui, se demandant si elle était bien là où s’il était en pleine folie..
Les deux à la fois.

Donne-moi des informations sur ta mère, elle pourra peut-être nous aider.


Enfin, Kara, l'assomma un bon coup avec une question qu’il redoutait depuis le début de leurs échanges : Qu’est-ce qui va se passer si tu découvres que je suis liée à l’une de tes ennemies ?

Il soupira et grimaça légèrement.

Si c’est le cas, nos chemins devront se séparer…
Et nous devrons dissimuler à tous, tout ce que nous avons partagé ces derniers mois. Je ne te causerai pas de tord, si tu en fais de même.
J’ai promis ma loyauté à cette femme et celle-ci passe avant tout.


Avant leur amitié. Avant ce lien étrange qui parvenait à unir un soldat grincheux à une jeune femme pleine de vie.

Cela ne veut pas dire que je nous ne pourrons pas simplement garder nos distances, toi et moi, si nos camps s'opposent l'un à l'autre.


William écrit en rouge
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Personnages cités dans le texte : @Nora Flaherty
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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyJeu 14 Déc - 23:04

Au bout du chemin


L’an 942…

Le calcul n’était pas long à faire, même pour quelqu’un qui n’excellait pas en maths comme moi. Il prétendait être âgé de plus de mille ans, c’était du pur délire. Je n’aurais jamais cru à une histoire comme celle-ci en temps normal, j’étais l’inverse même de la crédulité… Mais pouvait-on prétendre encore à de la rationalité quand sa mère était une déesse Inca et quand on était soi-même doté d’une sorte d’instinct quasi surnaturel ?

-Tu veux dire, une explication plus logique que le fait qu’elle soit morte ? demandai-je perplexe.

Je n’avais pas simulé quand on s’était rencontré, j’étais véritablement endeuillée. C’était quelque temps plus tard que j’avais commencé à réfléchir à ce principe d’immortalité et c’était mes investigations qui m’avaient permis de comprendre par A + B que les dieux ressuscitaient bel et bien quand leur corps mortel était tué… J’imagine que je m’étais trahie à ce moment-là, quand j’avais commencé activement à chercher des réponses et à en trouver. Peu importe comment au final, il savait et c’est tout ce qui comptait.

Je suis très calme !!” faillis-je rétorquer sous le coup de l'émotion.

Non, je ne l’étais pas.
J’étais malheureuse et en colère, j’avais très peur aussi.

Je levai les yeux distraitement vers lui. Il prenait bien mon mensonge, il comprenait je crois. C’était lui, après tout, qui m’avait conseillé de ne rien dire à personne, de garder mes distances avec les gens. Il ne pouvait pas savoir à l’époque que j’avais déjà commencé à appliquer ça avant-même qu’il ne m’en donne le conseil.

C’était la peur qui dominait actuellement. Lui donner mon prénom, c’était lui offrir une information importante sur moi. Je ne savais pas ce qu’il en ferait s’il devait apprendre que j’étais liée à la mauvaise personne. Maintenant, je savais qu’il était une pièce de ce vaste échiquier. Restait à découvrir quel était son rôle dans tout ça et s’il représentait un danger pour moi…

Je gardai le silence, yeux baissés.

Mon coeur saignait… J’aurais tout donné pour pouvoir me confier sans limite, tout dire à quelqu’un de confiance et trouver enfin un soutien et un réconfort inconditionnel auprès d’une tierce personne. Mais mon instinct me mettait en garde contre les risques et j’avais appris à me fier à lui. La proximité de Will, son sourire et l’air calme qu’il affichait me donnaient plus que tout envie de tout lui dire. L’affect que j’avais pour lui et mon sens aigu de la survie se livraient une lutte acharnée et douloureuse…

Je finis par céder.
Une imprudence.

-Naya.

Sans le nom de famille qui allait avec, il aurait sûrement du mal à reconstituer mon histoire et à savoir d’où je venais. Mais je le sous-estimait peut-être… N’avait-il pas deviné une partie de mon passé déjà alors que je m’étais évertuée à le lui cacher ?

J’écoutai attentivement son histoire. Malgré ces choses qu’il refusait de me dire, il se révélait finalement bien plus honnête que moi…

-Tu sais que ton histoire ressemble à un pur délire… lui dis-je perplexe. T’es sûr de pas avoir sniffé quelque chose au petit déjeuner ?

J’y croyais pourtant. C’était peut-être ça le pire… Un homme tué et ressuscité pendant le Moyen- ge par une magnifique déesse guerrière qu’il avait passé la nuit à draguer…
Et moi qui avait imaginé qu’il avait eu une promotion en passant sous le bureau… Jamais je n’aurais pu imaginer que la vérité puisse être aussi complexe. Enfin, j’avais au moins visé juste sur un point : il l’adorait bel et bien, sa patronne.

-Mais du coup, tu sors avec elle ou pas ?

Lui donner la vérité sur ma mère pour que sa déesse nous aide ? Mais il était dingue ?! Et puis quoi encore ? Autant me livrer à l’Ombre sur le champ ! Je ne savais rien de ses allégeances ni de celles de sa maîtresse.

Je lui fis les gros yeux. Jamais je ne révèlerai quoi que ce soit sans savoir la valeur qu’il accordait à ma vie… Et je posais la question fatidique. J’étais prête à le croire sur parole s’il m’affirmait que tout irait bien, que je pouvais lui faire confiance aveuglément et qu’il veillerait sur moi. J’avais besoin de l’entendre de sa bouche. Après les mensonges et l’abandon de maman, après avoir tourné le dos à tous ceux qui m’étaient chers par nécessité, j’avais besoin de savoir que je comptais encore pour quelqu’un…

Sa réponse me brisa le coeur.
Je n’étais pas assez importante à ses yeux pour qu’il me choisisse et quoi de plus normal au fond ? S’il était le dernier lien affectif qu’il me restait, l’inverse n’était pas vrai. J’avais plus besoin de lui que lui de moi, c’était évident.

Nos chemins devraient se séparer… Comme si nous ne nous étions jamais rencontrés. J’imagine qu’il faisait preuve de bonté à sa manière en optant pour ce choix. Il aurait aussi bien pu se taire, me faire cracher la vérité et me trahir. Il ne se mouillait pas en adoptant la stratégie de l’autruche… Pourquoi choisir entre ses allégeances ou moi quand il lui suffisait de faire comme si je n’avais jamais existé ?  

J’avais ma réponse.
Mon instinct ne m’avait pas trompé, j’avais bien fait de me taire.

Ca me tuait. “Nos camps”. J’étais déjà catégorisée comme l’alliée de je ne sais trop qui…
Je me levai et m’éloignai de quelques pas, cherchant mes mots, avant de pointer un doigt accusateur vers lui.

-Tu vois, c’est ça le problème… Des gens comme toi ont décidé un jour pour moi que je devais jouer à votre jeu. C’est des conneries, toi tu as choisi un camp, moi je ne suis du côté de personne ! m’exclamai-je, mon accent hispanique devenant plus marqué alors que je m'étouffais avec mes propres émotions.

Après la peur viscérale, la déception et la colère.

-J’ai essayé d’entrer en contact avec elle, je lui ai donné les moyens de me répondre et de me trouver. Elle n’est jamais venue, Will… Je ne crois pas qu’elle me cherche… Ma vraie mère est peut-être morte quand ce parasite a volé son corps et écrasé sa conscience. Ca expliquerait ses mensonges, son changement de comportement… La déesse qui s’est réincarnée n’est probablement pas la femme qui m’a élevée.

Je secouai la tête. Les larmes continuaient de couler et je m’en foutais pas mal. J’avais gardé trop de choses au fond de moi pendant trop longtemps et, si ce pauvre William ne méritait pas d’être l’objet de ma colère, je ne pouvais pas m’empêcher de me sentir trahie par ses derniers propos.

-Mais vous vous en foutez tous de ça, hein ! J’ai un lien avec elle alors je suis forcément de son côté. Ça fait de moi une source d’informations ou un otage de choix, j’imagine. Et qu’est-ce qui va m’arriver si l’entité qui me chasse réalise que je n’ai en réalité aucune valeur ?

J’étais foutue dans tous les cas. C’était ça le plus terrible, cette impression de ne pouvoir me sortir de cette situation désespérée. Si Mama Quilla se foutait de moi comme je commençais à le croire -et ce sentiment se renforçait au fil des semaines qui passaient sans nouvelle de sa part - alors son camp ne me protègerait pas. Et si je me faisais capturer par ses ennemis, ma tête allait sauter. La seule issue était de me planquer et de me faire oublier… J’allais partir loin d’ici et espérer qu’on ne me cherche par là où je trouverai refuge.

Je soupirai, soudain écrasée par le poids de la fatigue. Ma gorge me brûlait toujours, ma tisane au miel était en train de refroidir sur la table… J’étais bien trop agitée pour avaler quoi que ce soit.

-Dis moi au moins pourquoi les dieux s’affrontent… Que je sache pourquoi je suis dans ce merdier. Pourquoi est-ce qu’ils sont apparus soudainement alors que plus personne ne croyait en leur existence ? Elle veut quoi, la dame que tu sers ?

Et surtout…

-C’est quoi un dieu, William ? Toutes les religions se revendiquent la création de l’humanité et de l’univers, alors qui dit la vérité ? Qu’est-ce qu’ils sont réellement ? D’où ils viennent ? Tu le sais ?

C’était peut-être la dernière fois que je croisais la route de quelqu’un qui avait des réponses à m’offrir. Je ne pouvais pas rater cette opportunité d’en apprendre plus.

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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptySam 16 Déc - 11:19




Au bout du chemin

Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira--  feat. @Naya Flores





Naya..
C’est sympa.


Il se racla la gorge. Il n’aimait pas avoir été dupé ainsi, avoir nommé cette petite chose “Kara” pendant des mois, mais il ne pouvait pas la blâmer, elle se mettait en sécurité, comme le pouvait, avec les moyens du bord. Il n’était qu’un parfait inconnu blindé, qui l’avait sauvé par le fruit du hasard, de vilaines pensées.

La suite de leurs échanges fut une succession de questions délicates. Bim, bam, l’une après l’autre. Elle lui crachait au visage toutes ses interrogations personnelles et William vint à se demander s’il avait eu raison, de la mettre sur le chemin de la vérité. Il l’avait trouvé suffisamment courageuse pour encaisser, mais commençait à douter, face à sa détresse. Peut-être aurait-il dû attendre encore un peu, pour qu’elle devienne plus forte, plus armée, capable de plonger dans ce nouveau monde qui était le sien par la force des choses.

Je..non, je ne sors pas avec elle. Mais je lui dois la vie, j’imagine que c’est une raison suffisante pour lui être loyal, tu ne crois pas ?


ça l’était. ça et tous les sentiments qu’il avait pour elle sans parvenir à les définir réellement.

Des gens comme moi ? Je ne décide pas à ta place Kar..Naya. Tu es libre de tes choix, de ton allégeance, mais que feras-tu si tu retrouves ta mère, lui tourneras-tu le dos pour te lier à ses ennemis ? Sais-tu ce que cela signifierait ? La guerre des divinités n’est pas une petite dispute entre mère et fille, si tu fais le choix de retourner ta veste, tu acceptes les règles du jeu et elles sont très simples ; tu acceptes de comploter contre elle, pour l’anéantir. Certains ont déjà été tués, d’autres viendront, tout s'accélère ces dernières années.

Morrigan était passée pas loin, il avait dégusté, lui aussi. La pire douleur de sa longue existence.

Agacé, il se releva. Ne comprenait-elle pas, qu’il n’était pas dans ces conflits par choix !? Tel un lion enragé, il se mit à tourner dans le salon, sa voix devenu plus grave et autoritaire.

Je ne sais pas ! Je ne sais pas ce qui pourrait t’arriver ! Je ne sais même pas qui tu es, ni si ta mère est saine d’esprit. Dois-je te mentir, pour apaiser tes craintes ? Te dire que tu seras protégé, quel que soit tes choix ? Ce n’est pas le cas !


Il grognait intérieurement, au pied du mur. Il s’était attaché à cette gamine, malgré cette petite voix qui lui avait hurlé sans relâche de la foutre dehors sans états d'âme. Elle avait fait remonter son humanité à la surface, l’amenant à se confronter à ses propres démons et à une réalité sombre. Il ne pourrait peut-être pas la protéger.
Veiller sur Morrigan était une chose, mais il n’était pas seul dans cette mission et elle n’était pas en sucre. Teutatès avait un oeil sur elle, tout comme ses fidèles et ses alliées.. On ne tuait pas la Déesse de la guerre avec un simple flingue. En revanche, Naya, si.

Si de mauvaises personnes viennent à te trouver, tu serviras d’otage ou de monnaie d’échange, si ta mère est en vie et conçois à sauver ta peau. Si elle réagit pas, alors tu n’auras plus de valeur, et je ne sais pas ce qu’ils feront de toi, mais ne t’attend pas à la dolce vita. Nous pouvons faire tout un tas de suppositions et de plans, tant que nous ne saurons pas qui te cherche, ni qui te protégera, nous ne pourrons pas avancer.

Il se calma un peu, d’une voix plus sympathique.

Pour le moment, je veille sur toi. Et je le ferai autant que possible, mais je ne peux pas te promettre plus. Je ne suis qu’un demi-Dieux Naya, et je travaille à leurs côtés pour une seule et unique raison. La patronne..
Sans elle dans ma vie, crois moi que je me tiendrais loin d’eux. Certains veulent un monde meilleur, loin des conflits et des divisions, d'autres ont soif de pouvoirs et d’exclusivité, ils se gargarisent devant le nombre croissant de leurs fidèles et sont dangereux, très dangereux.


Il sourit, fataliste.

Et ils ne sont pas seuls. Ils ont un tas de créatures à leurs chevilles. Des cracheurs de feu, des vampires, des valkiries… La grande révélation ne parle pas beaucoup de ces bêtes-là, mais elles sont nombreuses et crois moi, je suis certain que tu as déjà dû rencontrer l’une d’elles. Elles sont nombreuses et toutes se fondent dans la masse. Regarde moi ! Je ne suis pas différent, et pourtant, j’ai plus de mille bougies sur mon gâteau d’anniversaire.

William Doyle était dans une impasse. La seule qui pourrait l’aider serait Nora, mais il n’avait pas la force de la convoquer pour le moment. Elle avait un tas de problèmes sur les épaules et il n’avait pas le droit de l’enfoncer d'avantages.

Les celtes, je suis du côté du panthéon Celtes. Oui Naya, tu devras faire des choix, le choix d’un camp. Tu n’es pas une jeune fille lambda qui pourra profiter sans crainte de belles études de musique. Le lien du sang que tu partages avec ta mère t’obligera à faire des choix, prépare-y toi.

Une révélation importante, preuve ultime de sa confiance en elle. Une occasion de la tester, aussi. Tout cela était peut-être une mascarade pour le faire tomber, et si tel était le cas, il en assumerait les conséquences.


William écrit en rouge
Ses pensées sont en italique

Personnages cités dans le texte : @Nora Flaherty
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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptySam 16 Déc - 16:04

Au bout du chemin


-Oh… Dommage, ça aurait été un bon scénario pour ton prochain livre, dis-je légèrement déçue. Je croyais que tu avais une liaison avec une femme mariée… C’est le niveau au-dessus là.


Comment ça c’était rocambolesque ? Oui et bien ? J’étais jeune et fleur bleue, et j’avais besoin d’une explication logique au fait qu’un type génial comme William soit célibataire alors qu’il avait tout pour attirer les femmes (ou les hommes, il en fallait pour tous les goûts après tout). Mais je crois que je pouvais me satisfaire de l’image du guerrier solitaire ramené d’entre les morts par une superbe créature mystique.

-C’est dingue cette histoire… murmurai-je.

La suite se révéla être un tourbillon d’émotions. Il était le seul à qui je pouvais parler de tout ça. C’était comme ouvrir le bouchon d’une bouteille sous pression beaucoup trop remplie, il fallait que ça explose… J’avais gardé trop d’angoisses en moi, d’interrogations, de rancœurs… Toutes ces émotions refaisaient brusquement surface avec force.

-Je…

Qu’arriverait-il si je retrouvais la femme qui m’avait élevé ?

Malgré la rancoeur, toute la colère que j’avais… Jamais je ne pourrai lui planter un couteau dans le dos. Jamais. Je donnerai tout ce que j’avais pour la retrouver, elle était ma famille et mon soleil… Ma mère avait longtemps été le centre de mon existence, le pilier de sécurité, une ancre sacrée, intouchable, et profondément enracinée à laquelle j’avais toujours pu m’accrocher. Elle m’avait ramené de si loin quand j’avais fait ma tentative de suicide… Elle avait tout sacrifié pour moi en venant s’installer à Paris - un nouveau départ pour nous deux, une chance pour moi de reconstruire et de panser les blessures profondes de mon âme. J’avais vécu l’enfer à Mexico, harcelée et méprisée pendant une partie de ma scolarité là-bas, j’avais noué des relations avec des jeunes de mon âge en France, compris peu à peu que le problème ne venait pas de moi et réappris à m’aimer. J’avais des amis, des notes excellentes, je commençais à m'épanouir et j’avais des tas de projets pour le futur… Et tout avait valsé subitement. Maman morte, je découvrais que notre existence reposait sur un mensonge si grand que je n’arrivais plus à en cerner les limites. A nouveau, la confiance en moi avait éclaté, je ne comprenais pas pourquoi elle ne m’avait rien dit. Mais pire que tout… C’était celle en ma mère qui vacillait. Je l’aimais de tout mon coeur, mais j’avais perdu confiance en elle, la voilà la vérité. Si elle m’avait menti sur quelque chose d’aussi énorme, elle avait pu me mentir sur tant d’autres choses… C’était peut-être plus facile, au fond, de justifier sa trahison par le fait qu’il ne se soit pas agi d’elle mais d’une entité monstrueuse qui avait pris sa place. Je pouvais haïr cet être là sans culpabiliser, sans me dire que le problème venait de moi et que ma propre mère avait menti parce que je n’étais pas à la hauteur.

Est-ce que c’était moi le problème ? N’étais-je pas assez bien pour elle ? Pas assez mature ou intelligente, peut-être ? N’étais-je pas digne de confiance à ses yeux ?

-Il faudrait déjà que je comprenne les règles du jeu.

Je refusais de jouer et de prendre le parti de qui que ce soit sans savoir pour quelle cause je me battais… Les enjeux étaient visiblement colossaux, William ne parlait pas d’une petite altercation avec règlement de compte… C’était d’une guerre planétaire dont il était question.
J’avais conscience que je faisais déjà partie du jeu bien malgré moi. Il y avait néanmoins une différence de taille entre prendre le parti d’un camp en temps de guerre et se dévouer à lui, et soutenir sa propre personne. Pour l’heure, j’étais un simple électron libre qui se contentait de survivre en étant ballotté par les vagues… et je le resterai jusqu’à avoir une véritable raison de devenir l’un des agents de ces panthéons en lesquels je peinais encore à croire. Je n’étais pas un soldat ni un espion, l’idée de tuer me répugnait au plus haut point. Aurai-je seulement le choix ? J’avais peur de ce que je risquais d’être amenée à faire ces prochaines années et plus que tout… De ce que je risquais de devenir.

-Mais… Ils ne meurent pas vraiment, ils ressuscitent, lui dis-je troublée.

Je soupirai, soudain accablée par la fatigue. La discussion n’avait rien d’agréable mais elle était plus que jamais nécessaire.

-C’était une question rhétorique… soufflai-je, l’air las. Je sais ce qui va arriver… Enfin je m’en doute. Je n’ai que ça a faire de mon temps : réfléchir.  Aucun scénario ne finit bien pour moi, c’est comme ça, je le sais, dis-je résignée. Je ne vais pas leur faciliter la tâche pour autant.  

J’écoutais William, découvrant ses vraies allégeances et les raisons qui le poussaient à participer à tout ça. Je fronçai les sourcils. Des vampires ? Des cracheurs de feu ? Je pensai aussitôt à ces personnes qui jetaient de l’huile sur un bâton enflammé avec leur bouche. Non… ça ne devait pas être de ça dont il parlait.

-J’ai l’impression d’avoir foutu les pieds dans un jeu-vidéo sans être passée par le tutoriel… Des vampires ?!

Je le regardai avec des yeux ronds comme des billes.

-J’imagine qu’ils ne brillent pas au soleil ceux-là…

Les adolescentes allaient hurler de joie si elles découvraient l’existence de certains de leurs fantasmes. Personnellement, j’avais plutôt l’image des créatures d’Anne Rice en tête…
Je repensais soudain à Raff et à notre rencontre pendant le baletti.

-Oui… J’ai rencontré des personnes étranges… Maintenant que tu le dis. Celui qui m’a donné le violon… Il savait des choses sur moi. Mais il était gentil. Un peu perché, mais plutôt bienveillant.

Je repassais mes différentes rencontres dans ma tête. Il y en avait eu un paquet en six mois…

-J’ai rencontré des tas de gens bizarres, mais de là à savoir si c’était des humains ou des créatures comme tu dis… Personne ne s’est affiché ouvertement devant moi en tout cas.

“Regarde moi ! Je ne suis pas différent, et pourtant, j’ai plus de mille bougies sur mon gâteau d’anniversaire.”

Je regardai fixement William, clignant plusieurs fois des yeux. Je lui disais ou je ne lui disais pas ?

-Toi, j’ai su tout de suite que tu étais bizarre. Les gens normaux ne proposent pas en premier recours à une gamine de bouder la police pour apprendre à utiliser une arme à feu afin de se défendre contre une menace inconnue. Je t’ai pris pour un genre de mafieux au début… dis-je avec l’ombre d’un sourire.

Mon sourire s’agrandit un peu. Ça faisait du bien de plaisanter au milieu de tout ce chaos. Du bien également de tomber le masque et de faire preuve de sincérité. C’était si rare…

-Désolée… T’étais vraiment trop louche. Ensuite tu m’a dit que tu étais un ancien militaire et j’ai fini par penser que t'étais un de ces drôles de gars qui vivent un peu en dehors du système… Un ancien para, un commando ou je ne sais trop quoi. C’est en partie pour ça que je t’ai caché la vérité… Le gouvernement français fait partie de mes suspects, je ne pouvais pas tout te balancer sans savoir pour qui tu bossais réellement ou à qui allaient tes allégeances…

Et j’avais bien fait de me taire. Maintenant que j’avais fini par faire tomber la vérité, je comprenais à quel point j’avais risqué gros.

-Mais j’ai grandis, j’ai enquêté sur la Grande Révélation… Tes livres, ta manière énigmatique de parler de ta foi, ajouté à ce que j’ai découvert, ça a fini par me mettre la puce à l’oreille. J’ai presque tapé juste. On dirait que je ne suis pas si mauvaise enquêtrice.

Pas si mal pour quelqu’un qui partait de zéro !

Je restais bluffée lorsqu’il me confessa le nom de son panthéon, à lui qui m’avait expliqué les risques et tout ce que cela pouvait engendrer pour nous deux.

-Les celtes… répétai-je dans un souffle.

Il se jetait à l’eau le premier avec tout ce que cela pouvait engendrer de conséquences pour lui…
Un poids énorme disparu de mes épaules, j’eus envie de le serrer dans mes bras. Difficile de cacher l’affaissement de mes épaules et mon corps qui trahissait le soulagement. Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais tendue jusqu’alors…

Les celtes…

Je les avais cherché pendant des mois. J’avais hésité pendant un temps à foncer en Bretagne pour retourner toute la région à la recherche de Teutatès… Mais j’avais finalement jugé plus sage d’attendre maman en lui faisant savoir par le biais des réseaux sociaux que j’étais à Paris. Elle ne m’avait répondu, n’était pas venue me trouver…

C’était douloureux de se dire que j’avais caché la vérité pendant six mois à un homme qui aurait peut-être pu régler tous mes problèmes d’entrée de jeu. Regrettais-je ma méfiance ? Oui et non. Elle avait été nécessaire… Je m’étais forgée ces six derniers mois. J’étais à des années lumières de cette gosse innocente et dépendante des autres que j’étais jadis… J’avais changé, pour le pire et pour le mieux. J’étais peut-être plus adaptée à ce nouveau monde qui se dessinait, qui sait ? Mais j’avais souffert de bien des manières. Les privations matérielles, le froid, le deuil, la perte de repères, les diverses agressions subies dans la rue… Sans parler de la fièvre qui avait failli m’emporter quelques jours plus tôt. J'aurais pu m’épargner tout ça.

Je soupirai intérieurement. Ce qui était fait était fait.

A mon tour de faire un pas vers lui.

-Je m’appelle Naya Flores, j'ai dix-huit ans et je suis mexicaine, confessai-je. Ma mère s’appelait Nailea Flores… Ou Mama Quilla - une déesse Inca. C’était une amie intime à Charles… Euh… à Teutatès. Il venait souvent à la maison à l’époque mais je ne savais pas qui il était vraiment… Jusqu’à l’épisode des Halles où j’ai compris qu’il était vraiment bizarre. C’est à partir de là que j’ai réalisé que maman me cachait des choses.

Je fermai les yeux pour respirer un grand coup.
Bon dieux que j’étais soulagée…

-Mes papiers d’identité sont dans mon sac si tu veux vérifier.

Je frottais mon visage avec mes manches pour éponger les traces de larmes et renifler un bon coup.

-Ta patronne, elle connaît Teutatès ?

Lui il saurait me confirmer si Mama Quilla était de retour… Peut-être même me mettre en contact avec elle. Mais le voulais-je ? Une nouvelle route venait de s’ouvrir à moi, une qui me menait tout droit vers mon passé. Moi qui m’était enfin convaincue de tourner la page et de passer à autre chose, de refaire ma vie loin d’ici…
Et si Mama Quilla n’était pas ma mère mais sa meurtrière ? Ne prenais-je pas un risque en cherchant à la retrouver ? Le risque de perdre les boulons et de chercher à lui faire du mal… Elle ne pouvait pas vraiment mourir mais moi je pouvais.

Je tirai une chaise de la cuisine et m’installai à califourchon dessus, prenant appui avec les bras sur le dossier.

-Le 13 juillet, maman n’est pas rentrée à la maison. Le 14, la police a débarqué pour m’interroger. Ils m’ont tout balancé à la figure. Ils m’ont menacé, retourné l’appartement et emporté tout le matériel informatique… Y compris mon téléphone. Ils ont refusé de me restituer le corps, je n’ai pas pu la voir… Quelque jours plus tard, j’ai senti que quelque chose de vraiment mauvais arrivait, ça m’a terrifié. Je ne l’explique pas, je sais que quelque chose arrivait et que ça me voulait du mal, alors j’ai attrapé mon sac à main et je suis partie. Je…

Je baissai les yeux, troublée.

-Je suis un peu comme toi, moi aussi je suis différente. Je ne pouvais pas te dire que j’avais fuis mon appartement sur une intuition quand on s’est rencontré, alors j’ai inventé cette histoire avec des types qui me pourchassaient… Parfois je sens l’orage qui se rapproche, cette impression malsaine… C’est pas passé loin une fois, j’ai vu un homme approcher. J’ai couru assez vite pour le semer… Je l’ai surnommé l’Ombre. Y a des tas de dangers dans la rue, j’arrive généralement à les flairer si je suis attentive. Mais lui quand il rôde c’est… C’est un autre niveau. C’est maléfique, dis-je avec expression angoissée. C’est à cause de lui que je ne rentre pas chez moi, que je n’utilise plus ma carte de crédit ou mes documents administratifs. Je ne sais pas qui il est - ou qui ils sont, et comme je ne connais pas les moyens qu’il utilise pour me traquer… Voilà, maintenant tu sais tout.


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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyMar 19 Déc - 11:00




Au bout du chemin

Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira--  feat. @Naya Flores




La petite se noyait dans ses questions et ses émotions contraires sous le regard impuissant de William. Il ne pouvait pas l’aider à s'apaiser et ne le voulait pas vraiment. C’était à elle de faire le tri dans toutes ces informations et il la savait capable de surmonter cela. Du haut de sa petite taille, elle avait les épaules large, la jeune femme, suffisamment pour remonter à la surface et retrouver le sens de la raison. Ce fut d’ailleurs ce qu’elle fit lorsqu'il évoqua les Celtes, se mouillant le premier. C’était le genre de révélation qui pouvait lui coûter cher si elle était entre de mauvaises mains, mais il avait confiance en elle. Pourquoi ? Il n’en savait rien. Depuis le premier jour, il partageait cette connexion inexplicable qu’un père aurait pû avoir avec sa fille. Elle n’était ni son sang, ni sa chair, mais il ne pouvait se résoudre à l’idée de l’abandonner sur le trottoir d’en face sans lui apporter son aide.

Ils ne brillent pas non, ils brûlent.

Ça donnait le tempo. Même les plus dangereuses créatures avaient leurs lots de défi dans ce monde. Ne pas brûler, ne pas mourir, ne pas se tromper dans le choix de leurs allégeances. L’immortalité voulait tout dire et ne rien dire à la fois, car les artefacts étaient recherchés de part et d'autre et tôt ou tard, il y aurait de nouvelles attaques.

Nous ne sommes pas dans un film pour jeunes adultes Naya, voilà pourquoi j’ai tant insisté sur ta vigilance permanente. Tu es une jeune femme charmante et avenante, mais tu dois te méfier de tout le monde. Tu t’es méfié de moi, en me cachant ton prénom, c’est une bonne chose. Ça n'est pas suffisant malheureusement. Soit encore plus prudente, maintenant que tu commences à comprendre ce qui se cache dans la partie immergée de l'iceberg.

Il sourit, sous les idées folles qui étaient nées à son sujet, quoi que, pas si folles.

J’ai été bien des choses et porté bien des noms. Un aristocrate qui fait fortune dans les courses de chevaux puis dans les mines de charbon. Un militaire engagé, devenu lieutenant sans forcer avant de comprendre que même l’armée était pourrie de l'intérieur. J’ai du sang sur les mains Naya, j’ai tué un paquet d’hommes dans cette longue vie, mais je ne t’ai jamais voulu le moindre mal, tu t’en doutes j’espère ?

Il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Jamais il n’avait envisagé de jouer les héros d’une jeune femme à deux doigts d’être agressé. Toute cette histoire avait débuté avec un banal footing à la tombée du jour… un putain de footing innocent…

La suite de leurs échanges étaient prévisibles, quand on y pensait. Teutatès. Encore et toujours. Il était là, partout autour de lui, à se pavaner autour des femmes puissantes de ce monde. Malgré l’inimitié, l’hostilité qu’il avait à l’égard de ce personnage, tout finissait pas le ramener à lui.

Il grogna. Ce qui la soulageait, le contrariait.

Pour le connaître, elle le connaît, oui.

Un euphémisme.
Il jalousait sa proximité avec ladite patronne, mais n’avait pas son mot à dire bien entendu.

Le 13 juillet… bien entendu. Le soldat se pinça la lèvre, il connaissait cette date. Il en gardait même de très très mauvais souvenirs.

Je ne connais pas ta mère, seulement de nom. Je ne suis pas suffisamment proche d’eux, j’agis dans les traces de cette femme dont je te parle souvent. La patronne. Dit-il, avec un clin d’oeil. Je ne peux pas prendre le risque de te donner plus d’informations, mais je vais me rapprocher des personnes qui ont les réponses à tes questions. Ce sont eux, qui décideront de la marche à suivre pour que tu puisses la retrouver, si elle est encore en vie.

Elle l’était, mais ce n’était pas à lui, de dévoiler plus de choses. Il avait déjà suffisamment flirté avec les règles de l’anonymat et serait sans doute réprimander pour cela.

Je vois…
Tâche d’utiliser ce don à bon escient pour rester en vie encore un peu, si tu veux rencontrer les bonnes personnes. Je ne peux te promettre qu’elles accepteront, mais j’en discuterai. C’est le mieux que je puisse faire pour toi.


William écrit en rouge
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MessageSujet: Re: Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé]   Au bout du chemin [Intrigue II - Terminé] EmptyMar 19 Déc - 14:07

Au bout du chemin


-Encore plus prudente ? Autant m’enterrer dans une cave et ne plus jamais sortir alors. Tu ne sais pas le genre de vie que je mène, là, dehors.

Je venais chez lui de temps à autre, parfois pour prendre de ses nouvelle, parfois pour lui déposer un cadeau comme ça avait été le cas à noël, ou encore parce que j’étais dans une situation désespérée comme cette fois ci où j’avais sonné à sa porte à peine consciente, terrassée par la fièvre. Il connaissait le visage détendu que j’affichais ici. Nos moments étaient sacrés pour moi, ils étaient mes rares instants de réelle sociabilisation… Des jours où je pouvais faire un break et relâcher la pression. J’étais en sécurité ici, je pouvais me cooconner et manger à ma faim, j’étais au chaud, propre, couvée, je n’avais pas à sursauter au moindre bruit… C'étaient de très rares petits moments de plaisir dans une vie devenue beaucoup trop chaotique.

-Tu peux toujours m’en dire plus sur ce que je peux être amenée à croiser, ça m’aiderait à éviter les pièges.

Ses quelques cours de self-défense m’avaient été utiles, je ne doutais pas que ses connaissances me seraient tout aussi profitables.

“J’ai du sang sur les mains Naya, j’ai tué un paquet d’hommes dans cette longue vie, mais je ne t’ai jamais voulu le moindre mal, tu t’en doutes j’espère ?”

J’entrouvris la bouche. Je venais de lui avouer que j’avais douté de lui, je venais de le faire pas plus tard qu’à l’instant… Je ne pouvais pas lui dire que je nourissais en lui une confiance aveugle car ce serait un mensonge. J’avais appris à douter de tout et de tout le monde depuis le décès de maman. Si l’être en qui j’avais le plus confiance au monde m’avait à ce point berné, tout le monde le pouvait.
Mais je tenais à lui. J’avais envie de croire en lui, parce qu’il était devenu important pour moi. Parce qu’il était symbole de sécurité et de réconfort, parce qu’il veillait sur moi à sa façon et qu’il avait toujours répondu présent quand je l’avais sollicité.

-Je sais… Tu m’a sauvé. Je n’oublie pas ça, Will.

Deux fois, et pas plus tard qu’il y a quelques jours pour la seconde… Sans son aide, je serai peut-être morte emportée par la fièvre, là dans la rue. Ou bien quelqu’un m’aurait embarqué à l'hôpital et peut-être que l’Ombre aurait été alerté. Dans un cas comme un autre, j’aurais été en grand danger.

J’avais l’impression que William n’appréciait pas Charles. Pourquoi ?

-C’est quoi le problème ?

Moi j’en voulais à l’homme pour avoir brisé le coeur de maman. J’avais également appris à me méfier de lui depuis les Halles, et plus récemment encore, à cause de la tempête qui avait causé la mort de tant de personnes aux Tuileries… Quelle valeur cet homme accordait-il à la vie de ceux de mon espèce ? Encore un autre qui m’avait délibérément menti et à qui je je ne pouvais accorder ma confiance.

Je détestais l’idée que des informations me concernant puissent être échangées dans mon dos avec des personnes que je ne connaissais pas. Depuis six mois, l’anonymat était mon moyen de survie. Je me méfiais constamment de tout et de tout le monde par nécessité.
Ma tête trahit inconsciemment mes pensées en balançant de droite à gauche en signe de négation.

J’avais encore les moyens de quitter cet appartement, de disparaître. Je pouvais prendre une autre route, suivre mon plan d’origine avant que je ne tombe malade… Partir et reconstruire en espérant qu’on me laisse enfin en paix. Un espoir précaire, mais un plan pas forcément moins sécuritaire que d’être mise en relation avec une série de divins aux pouvoirs hallucinants et pas nécessairement amicaux qui pourraient choisir de mon destin. Et à l’arrivée peut-être, les retrouvailles avec une femme que j’avais cherché ardemment pendant tout ce temps et que j’avais appris à détester autant que je l’aimais…

La peur à nouveau dictait mes actes et me poussait à imaginer le pire.
Je soupirai. William faisait ça pour moi… Il ne nourrissait pas d’arrière-pensées. Quant à moi, je devais prendre une décision… Autant crever l'abcès, me donner une bonne fois pour toute l’opportunité de me confronter à Mama Quilla et à son entourage. Il serait toujours temps de décider quoi faire après, avec toutes les cartes en main. Ces retrouvailles me terrifiaient autant qu’ils me faisaient espérer.

-Ok, je vais prolonger encore un peu mon séjour à Paris...

Je n’allais pas abuser de son hospitalité, je squattais depuis plusieurs jours déjà et une partie d’entre eux n’avaient pas été de tout repos - ni pour lui ni pour moi. L’idée de me heurter à nouveau au froid glacial des nuits parisiennes et à la pluie dans cet état de fatigue ne m’emballait pas, mais lui devait avoir envie de retrouver sa tranquillité.

-T’auras qu’à m’envoyer un mail si tu as quelque chose, j’essaierai de garder un oeil sur ma boite.

L’absence de téléphone et d’un accès facilité à internet était un vrai handicap. J’avais réussi à mettre un peu d’argent de côté en faisant quelques petits boulots au noir à droite et à gauche et en économisant chaque centime… Peut-être que j’avais intérêt à acheter un portable reconditionné. Le problème c’était l’abonnement. Difficile de ne pas faire de mouvement bancaire, même en souscrivant à un forfait peu cher. J’avais réfléchis à ça aussi. Si je voulais retourner dans le système, il me faudrait un compte. J’en ouvrirai un nouveau sur une banque en ligne étrangère, ce serait probablement moins risqué. Je souscrirai aussi un forfait avec un sous-traitant et sous un faux nom… De toute façon, il faudrait tôt ou tard que j’entame des démarches… À moins de réellement vouloir intégrer une de ces petites communautés autonomes à la limite du sectarisme qui vivaient comme à l’âge de pierre et y passer le reste de ma vie, je ne pouvais pas continuer comme je le faisais. Tôt ou tard, je devrais prendre des risques pour m’offrir un avenir. N’en déplaise à William qui me recommandait au contraire de me faire plus discrète qu’une souris… Il n’avait probablement aucune idée des conditions dans lesquelles je vivais depuis six mois. C’était un mode vie gérable sur le court terme, mais qui finirait par avoir ma peau à l’usure. Littéralement.

“Je vois…”

Tant mieux pour lui, parce que moi je ne voyais rien du tout. D’où me venaient ces dons au juste ? Je ne comprenais pas leurs origines et cette réaction me laissait perplexe. Ça avait l’air tellement normal pour lui, on aurait dit que je venais de lui sortir la plus grosse des banalités.

“Le ciel est bleu !” : “je vois”.

Un bon milliard de questions se bousculaient dans ma tête et je savais qu’il avait des réponses. Restait à savoir s’il voulait y répondre… Il avait déjà éludé une partie d’entre-elles.

-J’ai la tête à l’envers, je vais aller me reposer un moment. Si ça t’ennuie pas de me garder une nuit de plus, je te laisserai tranquille demain.

Notre première conversation me revint en tête…
Le destin. Quelqu’un tirait-il vraiment les ficelles de nos vies ? Une force supérieure m’aurait-elle mise sur sa route ?

Quant à ce paquet d’ennemis dont il avait parlé, s’agissait-il des mêmes qui me courraient après ? J’ignorais ce que l’avenir me réservait mais pour la première fois depuis longtemps, j’avais l’intuition de me trouver face à un grand bouleversement. Beaucoup de choses risquaient de changer… Et les réponses que j’allais trouver ne me plairaient peut-être pas.

Codage par Libella sur Graphiorum

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