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 Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]

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MessageSujet: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyJeu 17 Aoû - 10:54

Bonheur fugace


Fin novembre 2021


J’avais passé une grande partie de la journée à squatter la bibliothèque du campus universitaire de lettres et à parcourir leur rayonnage sur les mythes et légendes. L’endroit était bien mieux fourni que les médiathèques municipales dont j’avais largement fait le tour.

Mon carnet était noirci de notes sur les mythologies qui se manifestaient à nous autres, pauvres mortels, depuis quelques mois. Les dieux étaient en pleine escalade, ils faisaient de plus en plus de bruit, partout dans le monde. Je ne savais pas vraiment comment réagir à tout ça… J’avais trop d’esprit critique pour accepter de devenir comme tous ces nouveaux convertis qui se découvraient du jour au lendemain une fascination pour un dieu. Devrai-je tomber en adoration, moi aussi ? Impossible. Pas sans savoir ce qu’ils étaient réellement, connaître leurs origines, leurs intentions… Et surtout, leurs desseins pour l’humanité…

“Dieu = êtres supérieurs ? Bénéfiques ou maléfiques ? Immortels ???”


J’entourai cette interrogation à deux reprises avec mon stylo. Je me posais des milliards de questions et prenait tout cela particulièrement à cœur. Maman avait été une déesse et on l’avait tué. Les dieux étaient-ils immortels ? Comment pouvait-elle mourir dans ce cas ? Comment la faire revenir ?

Je levai les yeux de mon travail, réalisai qu’il y avait de moins en moins de monde… La nuit était tombée, il se faisait tard. Je savourai le chauffage encore un peu, peinée à l’idée de devoir affronter le froid. L’été me manquait. J’aimais bien l’automne et l’hiver, à l’époque… C’était avant de dormir dehors et de subir les intempéries de plein fouet.

Je frissonnai en mettant les pieds dehors et soupirai. Je n’avais pratiquement rien mangé aujourd’hui, trop occupée à lire. C’était devenue une habitude de sauter des repas… Avec le temps, je supportais mieux la faim… Disons que je m’étais habituée à vivre avec. Demain, je devrai absolument trouver à manger ou j’allais vraiment me trouver mal. Fouiller les zones de stockage des supermarchés pour y récupérer des denrées destinées à la poubelle ou aux associations, ou bien faire un saut à la soupe populaire et profiter d’un rare repas chaud… J’évitai d’y aller trop souvent, je ne voulais pas qu’on s'habitue à mon visage… Les Ombres me courraient toujours après, il suffirait d’un faux pas pour qu’un méchant type me tombe dessus. Je détestais mendier, mais si je n’avais pas d’autres solutions je pourrai toujours négocier quelques pièces pour m’acheter un sandwich. Il existait des tas d’associations et d’aides pour les sans-abris… Mais j’étais en cavale, ce qui signifiait que j’étais contrainte d’évoluer hors du système. Pas de recherche d’emploi, pas d’accès aux soins, pas même la possibilité de retirer de l’argent sur mon compte bancaire… Tout ce qui pouvait permettre de me localiser était proscrit.

Je quittai l’université, entrepris de marcher d’un pas vif pour me réchauffer. Au bout d’un moment, je commençai à me sentir un peu mieux. Où allais-je dormir aujourd’hui ? J’avais pris l’habitude de me contenter de peu d’heures de sommeil, de dormir sur une seule oreille, toujours aux aguets. J’avais bien assez d’expérience pour savoir que Paris regorgeait de personnes malveillantes. J’étais une proie facile.

Alors que je marchais, mes pensées se tournaient vers mes recherches de la journée… Le concept d’immortalité. Et la question qui m’obsédait : maman pouvait-elle revenir à la vie ? Pouvais-je l'y aider d'une façon ou d'une autre ? Fallait-il prier ? Sacrifier un animal ? Mener un rituel ? Si seulement j'avais le mode d'emploi ! J'avais visité des temples, des églises, parlé sous de faux prétextes à des prêtres... Chacun y allait de son interprétation, certains m'avaient donné leurs livres sacrés dans l'espoir de me convaincre d'embrasser leur foi... J'avais tout lu. Des fables. Rien de concret, rien que je puisse lier à ce qui se passait dans notre monde actuellement. Chaque panthéon ou presque avait sa propre cosmogonie, revendiquait la création de l'univers et celles des humains... La coexistences de tous ces dieux à l'ère moderne prouvait bien que ces textes ne pouvaient pas raconter la vérité.

Mon cerveau planifia la soirée à venir. Attendre la fermeture des magasins, espérer trouver quelque chose à manger… Ou partir bredouille.

Le son d’instruments me détourna de mes pensées. Je tournai la tête avec curiosité, attirée par la musique et le plaisir que cela éveillait en moi. De toutes les choses que j’avais abandonné dans mon ancienne vie, c’était sûrement ce qui me manquait le plus… J’aurais dû faire ma rentrée en septembre en école de musique. C’était ma passion, tout ce que j’aimais… Le violon.

Mes jambes se dirigèrent vers l’origine du son, me portèrent jusque dans un square. Il y avait là un petit attroupement, des musiciens, des danseurs… Une scène ouverte, du moins j’en avais l’impression. Les gens riaient, s’amusaient… Pendant un instant j’oubliai tous mes soucis pour me concentrer uniquement sur le son des instruments. C’était comme s’allonger un après-midi de printemps et laisser les rayons du soleil vous caresser le visage...

Un danseur vint à ma rencontre et m’invita à le suivre, me montra les pas. Pour une fois, j’abaissai ma garde et acceptai de m’amuser, juste un peu…

Et un moment plus tard, j’avais échangé quelques mots avec des jeunes de ci et là, m’intégrant sans soucis à l’ambiance. Après une hésitation, je finis par prendre mon courage à deux mains et convaincre un musicien de me prêter son instrument. Un violon… Je n’en avais pas touché un depuis des mois.

Le contact avec l’objet m’arracha des frissons. C’était comme renouer avec une partie de soi…

“C’est comme le vélo”, pensai-je, “ça ne s’oublie pas”.

En effet, je n’avais rien oublié. Très vite, je m’adaptai au rythme et à l’improvisation des autres instruments comme un poisson dans l’eau. Et je jouais pendant un moment, me délectant de l’instant, sourire aux lèvres. Ma maîtrise du jeu avait quelque chose qui devait surprendre, songeai-je, au regard de mes habits fatigués et bien plus sales que je ne le voudrais… L’hygiène était un luxe quand on vivait dehors. Elle l’était encore plus avec ce froid pénétrant qui ne donnait guère envie de faire un brin de toilette aux fontaines publics. Les douches chaudes étaient rares. Une pauvre fille qui jouait d’un instrument peu abordable… Mais je m’en foutais. Pour une fois, je me fichais de ce que pouvaient penser les gens. A dire vrai, je ne me sentais pas jugée ici. La majorité des présents devaient être des étudiants, ils ne me méprisaient pas. Une partie d’entre eux devait galérer aussi, sûrement qu’ils comprenaient.  Il n’y avait pas de statut social ici, juste des personnes qui voulaient s’amuser ensemble. Et lorsqu’enfin je rendis son instrument à sa propriétaire, j’avais le coeur un peu plus léger. Pendant un court moment, je m’étais sentie bien.

Je fis quelques pas et m'assis sur un banc pour souffler un peu. Ca faisait une éternité que je n'avais pas joué devant un public, que je n'avais pas improvisé avec d'autres instrumentistes... J'avais adoré ça. Ce serait déraisonnable de garder un contact avec ces gens... Je devais vivre cachée. Pourtant, l'envie était là. J'avais coupé les ponts avec tous mes amis en quittant la maison, et si j'avais bien fais quelques rencontres depuis, rien n'arrivait à effacer ce profond sentiment de solitude permanent que je ressentais.


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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyJeu 17 Aoû - 17:48

Bonheur fugace


Carpe Diem.



Dionysos avait probablement des tas d’enfants de part le vaste monde. Mais il n’en avait élevé aucun. Déjà car il n’avait jamais lié de relations durables en dehors d’Ariane et Hestia, ou de ses disciples mais ce n’était pas sérieux au sens où il l’entendait, et puis, il n’était pas vraiment à l’aise avec les enfants. C’était le dieu du cul et de la gnôle, un dieu d’adulte. Même s’il aimait cette folle liberté des enfants, bien fou aurait été celui qui lui aurait confié le sien. Car pour Dionysos, un enfant se débrouillait seul et était en capacité de dire oui ou non à un verre.
Bien évidemment.
Sachant lui-même qu’il était inadapté, il ne s’entourait pas d’enfants.

L’hiver à Paris était un deuil pour Dionysos, le deuil de l’été, parce qu’en automne ça pouvait encore aller mais l’hiver beurk, de la chaleur, la bonne humeur, les festivités estivales, être torse nu, boire un verre en terrasse, éviter les déicides… L’hiver morne l’ennuyait. Alors, en général, l’hiver il faisait tout pour oublier que c’était l’hiver. Donc, comme souvent, boire. Ce qui n’était pas difficile, il était invité partout. Rafael Garavanin, le roi de la fête, était un invité prisé. Et il ne se rendait que là où on ne l’attendait pas. Pas de grandes fêtes de l’aristocratie française, eux il les voyait déjà trop, il se rendait plutôt chez des amis de fidèles, des petites fêtes étudiantes, des befores d’équipe de sport… ce jour-là il s’était lié d’amitié avec une drag queen, elle même amie d’une de ses disciples et avait suivi toute une bande qui allait se rendre dans un appart.

Malgré l’ivresse légère qui tenait le groupe, ce que Dionysos savourait déjà, elles tenaient toutes sur leurs talons. Il adorait ces divas, libres de toutes les convenances, au caractère trempé. Lui qui avait été déguisé en fille pendant toute une partie de son enfance comprenait cette nécessité de jouer avec les codes. Etre entouré de ce que la société appelait les dégénérés c’était presque un devoir, un engagement à ses valeurs. Les drag, les prostitués, les satyres, les marginaux, ceux-là mêmes qui faisaient l’altérité, la diversité, la richesse du monde. Dionysos se sentait chez lui avec eux.

La petite bande se déplaçait donc dans Paris. A plusieurs ils étaient plus forts. Ils étaient libres mais souvent pris pour cible. Sauf que ce qu’ils ne savaient pas c’était qu’un dieu était parmi eux, et qu’il les protègerait. Ce dieu un peu à part, chaotique, que l’on prenait souvent pour un mortel tellement il était atypique. Rafael Garavani… il s’était fondu dans cette identité comme dans toutes celles qu’il prenait, car il n’aimait rien de mieux que de vivre comme les mortels, parmi eux. De leur apporter tout le plaisir et la joie qu’il pouvait, de les libérer, d’assouvir leurs désirs. Il n’avait aucun dessein que celui, bien ambitieux, de faire du monde une fête géante ou chacun aurait sa place.

Idéaliste Dionysos…

Orateur hors pair, il était en train de raconter l’histoire de comment il avait récupéré cette fausse fourrure blanche éclatante aux dames toutes plus grandes que lui qui l’accompagnaient. Sous cette fourrure, il était torse nu. En pantalon, un cuir noir serré, des bagues à tous les doigts ou presque et un trait d’eye liner. A côté des drag pourtant, il faisait sobre. Presque viril. Même s’il portait des lunettes de soleil rose… il fallait bien contrer l’hiver.

Ils entendirent au loin de la musique. Ni une ni deux, showtime, le dieu s’approcha de la fête improvisée. Il trouvait que cela ressemblait aux fêtes gitanes.
Cependant, il s’arrêta net lorsqu’il entendit, alors même qu’il était dans la foule, en train de danser, le son du violon. L’instrument était là depuis le début, le violoniste était plutôt bon… mais là depuis quelques secondes, quelque chose avait changé.
Il touchait un peu à la musique, heureusement qu’avec les milliers d’années vécus il avait appris quelques trucs. Pourtant ce qu’il préférait, c’était écouter. Pour changer.
Ce qu’il entendait dans ce son mélodieux, c’était plus que le violon, c’était une complainte. Tout le monde dansait, et lui, il entendait derrière l’orchestre, une coloration profonde, comme si les notes sautillantes étaient d’un bleu marine, d’un air d’océan sous l’orage. Il y avait quelque chose d’heureux et de triste à la fois. Dionysos, immobile dans une foule dansante en fut bouleversé. Il chercha du regard la joueuse. Ce qu’il vit était encore plus étonnant.

Une femme presqu’une fille, toute jeune, toute mince, en guenilles, longs cheveux bruns, sale.
ESMERALDA.

Un sourire amusé se dessina sur son visage. Dès qu’elle s’arrêta il la suivit du regard, et tapota l’épaule de la grande dame la plus proche de lui.


« Je vous laisse cinq minutes, ne partez pas sans moi. »

Il avait dû élever sa voix pour se faire entendre, quand elle lui fit un pouce en l’air avec un clin d’œil, il s’échappa de la foule.

L’homme aux lunettes de soleil et en fourrure fit alors une courbette avec un chapeau imaginaire à la jeune fille assise sur un banc. Quel autre dieu se courbait devant un humain ? Athéna en aurait soupiré de ridicule.

« Eh bien, quelle maîtrise ! »

Sans lui demander quoi que ce soit il s’assit à côté d’Esmeralda. Il se dit qu’elle faisait un peu peine à voir. Mais ça, elle devait déjà le savoir.

« Tu ressembles à un oiseau tombé du nid. Qu’est-ce qu’il te faudrait pour retrouver le sourire ? »

Pas d’introduction, pas de question sur sa vie, sur ce qui l’avait amené là, pas de question sur qui elle était. Ça c’était le passé. Lui, il avait aimé l’entendre et il voulait la remercier, peut-être même guérir un bout de tristesse qui semblait lui serrer le cœur. Oublier un instant. C’était une des grâces que l’on trouvait chez Dionysos. Une parenthèse.




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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyJeu 17 Aoû - 20:23

Bonheur fugace


Mon regard s’était perdu dans la foule et j’écoutai distraitement la musique en récupérant. Force était de constater que je tenais moins la cadence depuis quelque temps. La faute aux privations et au manque de sommeil, peut-être. J’avais perdu du poids et des muscles, je me fatiguais plus vite. Mais ce n’était pas grave, je profitai aussi de l’ambiance assise sur ce banc. Tout à l’heure, je retournerai peut-être danser un peu. Ou bien je m’éclipserai dans l’espoir de trouver quelque chose à manger quelque part… Je crevais de faim.

Et soudain, je vis un gars torse-poils débarquer avec une énorme fourrure pour seul haut, se planter devant moi et me faire un salut toonesque.

-Wow…

Celui-là, il n’avait pas fumé que du tabac, à mon avis. Ou alors il appartenait à cette catégorie de types allumés, qui évoluaient avec leurs propres codes et qu’on croisait parfois. Mes yeux avisèrent brièvement le groupe avec lequel il était arrivé. Hmm… Définitivement la seconde catégorie. Il fut une époque où j’aurais sûrement fuis ce genre de gars - j’étais jeune et conne, pleine de préjugés. Après quatre mois et demi à vivre dans la rue, j’en avais assez vu pour savoir que les personnes les plus exubérantes en apparence étaient rarement les plus dangereuses.

-Sympa tes lunettes. J’en avais une paire de la même couleur avant, en forme de licorne. Elles étaient chouettes.

J’aimais bien ce genre de trucs à l’époque. Je les avais achetés à l’occasion de la sortie d’un film. Elles ornaient la tête de mon ourson en peluche quand j’avais claqué la porte de la maison. Je me demandais si ma chambre avait été vidée depuis… Mes affaires étaient-elles toujours à leur place là-bas ? Pouvais-je encore dire que c’était chez moi ?

L’ombre d’un sourire apparut sur mes lèvres alors qu’il saluait, je le supposais, ma prestation.

-Merci.

Et je le regardais s’asseoir à côté de moi. Il avait sûrement envie de parler. Pourquoi pas ? Ça faisait du bien d’avoir un peu de compagnie. Un passage éphémère dans ma vie, de quoi tromper un peu ma solitude quelques minutes. Je n’étais pas vraiment timide, les inconnus ne m’intimidaient pas. En revanche, j’étais constamment sur la réserve, bien que détachée en apparence. Je savais le genre d’énergumènes qui trainaient à Paris, j’en avais fait les frais plusieurs fois… Je savais aussi que des Ombres menaçantes rodaient et en avaient après moi depuis la mort de maman. C’était elles qui m’obligeaient à me cacher et à fuir.

Je le regardai la bouche entrouverte, surprise par cette question inattendue. Que répondre à ça ? Ça avait un petit quelque chose de mignon… Et de très typique de la communauté LGBT. Cette franchise spontanée, ces questions intrusives mais posées sans méchanceté…

De quoi j’avais besoin ? S’il savait… Un repas chaud et consistant pour commencer, une douche et des vêtements propres aussi peut-être pour assurer mes besoins urgents. Quant au reste… Un besoin désespéré de sécurité ? Un toit sur la tête, de la stabilité financière, être protégée des monstres qui me courraient après et qui hantaient régulièrement mes cauchemars ?

Et de réponses. J’avais cruellement besoin de comprendre pourquoi tout ça m’arrivait…

Mais il était bien évident que je ne pouvais répondre ça à mon ami de passage.

-Un nouvel ami avec de jolies lunettes roses, lui répondis-je avec mon accent espagnol traînant. Je n’avais jamais réussi à m’en débarrasser complètement.

Je lui souris.

-Quelle chance, il y en a justement un à côté de moi ! C’est complètement fou ce hasard ! Comment tu t’appelles ?


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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyMar 29 Aoû - 22:32

Bonheur fugace


Carpe Diem.



Alors que ce petit oiseau tombé du nid, cette Esmeralda trop jeune, ce jeune corbeau déplumé... et il aurait pu continuer longtemps... lui évoquait des souvenirs du temps passé. Des lunettes licorne ? Rafael Garavani ne put s'empêcher de s'engouffrer dans son regard à elle. Il avait toujours eu une drôle de façon de fixer les gens. Il arrivait en riant, puis les écoutait comme si rien n'était plus important que leurs paroles, comme s'il lisait leur âme alors qu'ils parlaient. La vérité n'était pas loin. Il était joyeux quand les autres ne l'étaient pas, et considérait avec le plus grand sérieux les petites choses de la vie. Un oisillon qui avait perdu ses lunettes licorne. Cela l'attrista plus que cela n'aurait dû.
Probablement parce qu'en fixant aussi sérieusement cette gamine, il avait dû glisser un peu dans son âme. Probablement parce que des lunettes licorne c'était cette touche d'insouciance qui manquait à une SDF aussi jeune. Parce qu'elle avait bien dû avoir des parents à un moment, un foyer et des gens qui l'aimaient. Et qu'il écoutait son visage, ses gestes alors qu'elle parlait de son passé comme s'il ne comptait pas.

Et il sentit, qu'elle avait cette petite chose vulnérable, cette chose humaine qui rendait les mortels si attendrissants aux yeux du dieu. Elle ouvrit la bouche, désarmée. Voilà ce que Dionysos avait toujours recherché en tous temps. Des mortels désarmés. Cela ne dura bien évidemment qu'un instant. Mais il sut qu'il avait visé juste.
Douce Esmeralda... il y avait tant d'autres dieux qui auraient pu lui apporter tant d'autres choses. Dionysos n'était pas vraiment un protecteur bien qu'il avait protégé, il n'était pas un guerrier bien qu'il s'était battu, il n'était ni maternel ni paternel, ni homme ni femme, ni bon ni cruel... ou alors tout à la fois. Sa spécialité avait toujours été d'aider les gens à vivre quand c'était trop dur, quitte à les perdre, ou de vivre avec les gens quand c'était simple.

Il décela ce dont elle avait vraiment besoin, au-delà des soucis matériels puis l'oublia instantanément comme un mot sur le bout de la langue. Il sut ensuite avant même qu'elle répondit, qu'elle se protégerait. Mais après tout, c'était normal. Dionysos avait aussi ce soupçon de folie qui pouvait être dangereux, encore plus dans la rue. Et dans le fond, cette petite avait raison car jeune mortelle, cible facile face à dieu millénaire (cible facile aussi mais passons...), tout comme jeune fille dans la rue, c'était un happeau à toutes les menaces de la capitale.

L'accent espagnol de la fille était si mignon... et elle rentrait dans son jeu à lui. Quel délicieuse jeune femme, avec un esprit adaptatif hors du commun.


« Des lunettes roses ? Vois pas... »

Il fit mine de regarder autour de lui, avant de mimer la découverte que cela le concernait.

« Quel hasard en effet... à tes risques et périls, tu ne sais pas où les amis aux lunettes roses peuvent t'entraîner... »

Son sourire qui allait et venait comme un papillon s'évanouit alors...  Il ne la regardait pas, il regardait la foule, presqu'avachi. Il n'aimait pas donner des noms, à quoi cela servirait-il ? Dionysos était sa seule identité, le reste se perdait dans un maelstrom d'identités qui s'étaient perdues dans le dieu. Quel ennui de savoir le prénom des autres...

Il enleva ses lunettes et plongea de nouveau son regard dans celui de la jeune fille, il avait l'air bien sérieux. D'un coup ce n'était plus le jeune homme pompette... tout comme elle lui avait montré son air vulnérable à elle, un instant, il lui offrait le dieu sur un plateau. Les millénaires s'accumulaient dans son regard, une gravité lourde comme le monde, avec ce pétillant du vin au fond, cette folie grecque forgée par des kilomètres de fête, l'impression d'avoir tout vu.

« Mes amis m'appelleront Raf mais cela n'a pas d'importance. »

Il faillit se laisser embarquer dans une de ses longues déclamations théâtrales mais se tut. Son regard retourna sur la piste de danse.

« Moi je t'appellerai Esmeralda. Toi, appelle moi comme tu veux. Je ne veux pas en savoir plus petit oiseau... Le secret te protègera plus que moi de ce que tu fuis. J'ai été à ta place. »

Il avait fui la colère de sa belle-mère pendant des années, devenant une fille puis une chèvre. Il avait été un jeune caché, traqué. Il ne fallait pas être devin pour savoir qu'un jeune SDF dans la capitale se cachait de quelque chose. Si ce n'était pas de quelqu'un en particulier c'était de toutes les menaces tapies dans l'ombre d'une ville aussi grande. Alors, pour Dionysos, pas besoin d'une identité.

« Par contre dis moi... quelle finesse dans ton jeu ! Qui t'a appris cela ? »

Il ne put s'empêcher d'enchaîner les questions, curieux comme toujours.

« Et, toi qui vient du Sud, comme moi, quelle grisaille ici, comment cela se fait-il que le soleil ne monte pas jusqu'ici ! Quel dommage... »

Comme toujours, obnubilé par l'esprit, il ne se rendait peut-être pas compte que sa nouvelle amie crevait de froid, et peut-être de faim.




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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyVen 1 Sep - 14:25

Bonheur fugace


Ce regard… Un étrange sentiment me frappa, très perturbant. J’eus l’impression que ce jeune homme lisait en moi et voyait qui j’étais vraiment, mon passé et ces secrets que j’avais enterré et qui me pourchassaient… Un regard trop adulte, mature et insistant qui détonnait très fort avec ces vêtements légers et festifs dont il s’était affublé…

Ce sentiment persista un long moment… Cette impression d’avoir affaire à quelqu’un qui était infiniment plus que ce qu’il donnait l’air d’être. Quelqu’un qui… me regardait réellement. Pas la vagabonde ou étudiante très fauchée que je donnais l’air d’être, non, moi . Et j’en fus très profondément touchée…

Je n’aurais pu expliquer tout cela, c’était purement du domaine du ressenti. Mon coeur me soufflait que cet homme avait quelque chose d’hors norme, mon cerveau me poussait à la curiosité et à la méfiance, là où mon instinct me disait qu’il ne représentait pas une menace pour moi. Il dégageait quelque chose, comme une aura… Une forme de charisme atypique vraiment détonant.

Je m’amusais de sa réaction alors qu’il rentrait dans mon jeu et mon expression s'adoucit.

-Tant qu’ils me font sourire… C’est une bonne chose, non ?

Les occasions étaient trop rares depuis quelques mois… Mais j’apprenais peu à peu. A accepter cette nouvelle vie, à faire le deuil des êtres chers à qui j’avais dû tourner le dos, de mon confort matériel… A vivre sans maman. Je crois que je commençais à m’adapter, c’était moins dur maintenant, sur le plan moral. En un sens, on pouvait sûrement parler de résignation… Mais ce n’était pas vraiment ça. Je n’avais pas abandonné l’espoir d’une vie meilleure , j’avais des objectifs clairement dessiné… Je voulais comprendre ce qui se passait, comprendre qui était réellement ma mère, tout ce qu’elle m’avait caché, comprendre pourquoi on en avait après moi… J’avais besoin de ces réponses pour pouvoir envisager un avenir, faire des plans et reconstruire ma vie.

J’eus l’impression d’avoir touché une corde sensible en lui demandant son nom et je ne compris pas bien pourquoi. C’était peut-être le fils d’une personnalité, quelqu’un qui n’avait pas envie d’être jugé à son passif ou à sa famille… Mais il n’avait qu’à donner un pseudonyme tout comme je le faisais depuis ma pseudo fugue.

-Je te fais penser à Esmeralda ? demandai-je avec un sourire.

Je n’avais pourtant pas grand-chose à voir avec la bohémienne de Victor Hugo… Mais je pris la comparaison pour un beau compliment. Esmeralda passait pour être une figure libre de jadis, émancipée, vaillante… Son destin, en revanche, était pour le moins tragique dans l’oeuvre originale et j’espérais que ma propre route serait autrement plus lumineuse que la sienne…

Mon sourire se fana et l’inquiétude barra soudain mon visage.

Comment savait-il que je fuyais ? Mon coeur cogna lourdement dans ma poitrine et la peur m’envahit… Devais-je quitter les lieux et me cacher loin de cet homme ?
Mais il ne menaçait pas… Aussi étonnant soit sa déclaration, je sentis qu’il me protégeait à sa manière par l’anonymat, qu’il ne nourrissait pas de volonté de me nuire…

“J’avais été à ta place”.

Vraiment ? J’avais du mal à croire que quiconque dans ce pays pouvait avoir vécu une situation similaire à la mienne.

-Je…

Je battis des cils, ayant du mal à revenir à une conversation normale après les derniers mots de mon voisin.

-J’ai eu plusieurs professeurs… Je joue depuis longtemps, répondis-je sans parvenir à me départir de mon inquiétude. C’est ma passion.

J’avais senti qu’il était différent et il confirmait cette impression… Il avait ce quelque chose d’hypnotique qui le rendait attirant. Pas séduisant dans le sens sexuel du terme, non… Juste, magnétique. Qu’avait-il deviné à mon propos ?

Qui était-il ?

Raf… L’homme aux lunettes roses qui venait du sud. C’était peu pour savoir à qui j’avais affaire. Mais d’un autre côté… Voulais-je vraiment savoir ? Mon cerveau me poussait à la méfiance mais mon sixième sens me soufflait toujours qu’il n’avait pas de volonté de me nuire.

-Le soleil est dans le coeur des gens, répondis-je avec un fin sourire. Regarde autour de toi…

Ces jeunes heureux qui dansaient et s’amusaient, je trouvais ça beau. Dans la grisaille de cette ville, il y avait des choses magnifiques. C’était peut-être pour ça que je n’avais pu me résoudre à partir malgré l’insécurité… J’avais abandonné mon pays après ma tentative de suicide, je peinais à me résoudre à quitter la ville où j’avais tant de souvenirs si chers à mon coeur… Paris aurait dû être notre renouveau, à maman et moi. Aurait-elle été assassinée si nous étions restés à Mexico ? Avais-je causé indirectement sa perte ?

-Mais c’est vrai qu’il fait plutôt froid ici… D’où viens-tu ?  


Je ne décelais pas vraiment d’accent chez lui, mais Paris abritait de très nombreux étrangers et il n’y avait rien d’étonnant à en croiser un.

Je me frictionnais doucement les mains pour les réchauffer. Mes muscles se refroidissaient maintenant que je n’étais plus en mouvement, les nuits devenaient plus fraiches, pour ne pas dire froide. L’hiver était à nos portes. Je regrettais l’été, sa chaleur et la douceur de ses soirées...

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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyMer 4 Oct - 18:13

Bonheur fugace


Carpe Diem.



Cette jeune fille était dans cet état de grâce entre l’adolescence et l’adulterie. Elle avait un sourire avenant, facile, pur et à la fois elle s’était pris ses premiers coups. Il la regardait comme une œuvre d’art, un mélange de sentiments humains. Elle vivait une période difficile à n’en pas douter, vu qu’elle vivait dans la rue. Mais elle devait être en train de digérer ses premiers vrais coups durs. Pour Dionysos, rien de plus charmant qu’un être sincère. Il trouvait cela… apaisant. Même s’il aurait aimé qu’elle n’ait pas de secrets.
Après tout, c’était peut-être une part de son charme.

« Oui tu m’y fais penser, avec tes cheveux, ta musique, cette façon un peu gracile de te mouvoir et ce caractère de feu dans les yeux. Comme Esmeralda tu as aussi l’air libre… une jolie façon de dire que tu es à la rue. Je ne te souhaite pas de finir comme elle non plus ... »

Il disait ça en le pensant à moitié. Un destin beau, court, tragique, une étoile filante… quel plus beau destin ? Comme son beau Alexandre le Grand qui avait conquis le monde et s’était éteint dès qu’il s’était arrêté d’avancer. La mort si elle était précédée d’une vie de liberté et de passion pourquoi pas ?
Le dieu sentit qu’en devinant, sans grande difficulté, la situation floue d’Esmeralda, il l’avait désarmée encore une fois. Mais son but n’était pas vraiment de la mettre en porte à faux.
Il entendit son balbutiement mais il ne la regardait pas, il était de nouveau absorbé par la foule. Il se disait qu’ainsi elle pouvait se redonner une contenance, et s’exprimer librement, presque en l’air, sans personne pour la juger. Comme si elle parlait à Dieu…. En un sens c’était ça.
Dionysos sourit quand il l’entendit, pudique, dire que le violon était sa passion.

Il murmura pour lui-même.

« J’ai toujours aimé les passionnés. »

Rien n’était plus vrai que l’amour de Dionysos pour les passions des mortels. Il repensa à cette tirade qu’il avait déjà entendue dans une histoire mortelle et malgré lui, il la déclama. En fourrure blanche, lunette rose, le dos avachi sur un banc, le regard brillant, un soupçon d’ivresse. Il la déclama comme il avait toujours fait du théâtre, comme on lit une belle phrase qui touche l’âme. Mais il la déclama doucement, de manière presque inaudible, comme si la lassitude des années avait éteint son éclat. Ou comme si le mystère du silence devait entourer cette phrase, qu’on ne devait l’entendre qu’à demi.

« On ne lit pas, ni écrit de la poésie, parce que c'est joli. On lit et écrit de la poésie car on fait partie de l'humanité. Et l'humanité est faite de passion. La médecine, le droit, le commerce sont nécessaires pour assurer la vie, mais la poésie, la beauté, la romance, l'amour, c'est pour ça qu'on vit. »

Puis aussi vite qu’elle était arrivée, la tirade s’éteint, il l’avait lancée au vent, il n’y pensait même plus. Il se retourna de nouveau vers cette Esmeralda des temps modernes.
Elle lui faisait penser à Hestia en un sens, il avait l’impression de voir une sorte d’innocence en elle qui n’était pas forcément liée à la jeunesse.

*Comme quoi Hestia, on peut être une vieille dame innocente...*

Dio’ faillit pouffer… Si Hestia entendait ses pensées… elle rirait, ou elle se moquerait de lui en retour ? Vieille dame millénaire sans ride, toujours aussi belle. Le soleil est dans le cœur des gens
Quelle belle phrase, il prit le temps de la savourer. Cela aurait pu être le titre d’un livre. Décidément, c’était une rencontre pleine de poésie. Il obéit sagement et regarda autour de lui. D’ailleurs, du coin de l’œil il s’aperçut qu’une de ses drag queen le cherchait du regard.

« Je viens de Grèce, une petite ville au nord d’Athènes »

Dionysos ne pouvait se résoudre à le prononcer à la française alors sa langue roulait presque. Il la vit se frictionner les mains, de froid. Et au même moment, une voix forte, avec un très fort accent russe, de r roulés, un ton guttural et des envolées chantantes.

« RRRAF ! Pourrrquoi tu es aussi égoïste et tellement pas rrromantique ! Rrregarrrde jeune femme qui meurrt de frrroid et toi qui fait paon avec ton faux fourrurre moche ! Jeune femme doit mourrrir faim aussi. »

Cette grande dame, très maquillée visait très juste. Dionysos sursauta tout en levant les yeux au ciel. Il adorait ces grandes scènes dramatiques, avec Magda tout le monde mourrrait tout le temps.

« C’est vrai Esmeralda, je manque à tous mes devoirs. »

Il enleva la fourrure, torse nu, et la posa sur les épaules de la jeune fille. Elle était encore chaude du corps de Dionysos. Il leva les mains en l’air.

« Tu peux la garder. Et promis c’est pas de la drague ! Je… Tu as faim ? »

Il aurait pu, cet éternel séducteur. Mais quelque chose l’en empêchait ces derniers temps. Ses deux démons/anges, ses deux femmes de sa vie tourmentaient ses idées. D’ailleurs, subrepticement une lame de souffrance passa devant ses yeux. Il chassa ses démons lui aussi. Peut-être qu’Esmeralda et lui avaient de lourds secrets ? Peut-être pourraient-ils s’entraider à se sentir plus légers ?
Dans tous les cas, il fouilla ses poches, dans son cuir noir serré il finit par trouver un arlequin, un peu chaud aussi. Il le montra comme maigre trésor.

« Euh… je sais pas si... »

Dionysos fit une moue à moitié dégoûtée de lui même et tendit la main. A sa place, jamais il ne l’aurait pris mais la faim pouvait pousser à de curieux retranchements.



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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyMar 10 Oct - 17:43

Bonheur fugace


C’était de beaux compliments qu’il m’adressait. Il semblait s’être fait un portrait très romancé de moi et pourtant, il avait su toucher du doigt des réalités que je camouflais… Il savait très exactement ce qu’il disait… Et si je ne comprenais pas comment il s’y prenait, sa capacité à lire en moi me perturbait presque autant que son regard… Il m’observait comme si j’étais importante, précieuse.

Cette rencontre avait quelque chose de surréaliste. Je sentais que quelque chose était en train de se passer, que ce jeune homme était spécial. Je n’avais pas peur, pourtant. Pas vraiment. Il avait quelque chose de magnétique qui me donnait envie de rester et de le découvrir un peu plus. Il me rendait curieuse de lui.

Je levai les yeux vers lui alors que je l’entendais murmurer à propos des passionnés, les yeux braqués droit devant lui.

Les vers qu’il déclamait étaient beaux. J’ignorais s’ils étaient de lui ou s’il citait une œuvre, n’ayant pas assez de connaissance dans le vieux cinéma américain pour reconnaître le texte.

-Babil d'amoureux, caquetage de moineaux. Enfantillages dignes de la Mère l'Oie et d'Homère. Deux coeurs qui s'aiment, n'allez pas chercher plus loin la poésie; et deux baisers qui dialoguent, n'allez pas chercher plus loin la musique, soufflai-je à mon tour, en citant un texte de Victor Hugo que j’avais lu et particulièrement aimé durant mon année de terminale.

La Grèce, c’était donc là d’où il venait. Je comprenais son aversion pour le froid, son corps devait être taillé pour affronter des températures élevées comme moi. Nous étions des enfants du soleil. C’était peut-être le principal défaut de Paris… son climat.

Je levai les yeux vers l'intrigante personne qui avait interpellé Raf, et ne put m’empêcher de sourire en entendant ces propos. Elle était amusante avec tout ce maquillage, cet accent et cet air grandiloquent.

-Oh non mais… ! m’exclamai-je soudain alors qu'il se déshabillait pour me couvrir de sa fausse fourrure. Tu vas geler si tu restes torse-nue !

Franchement, c’était pas une tenue de saison ! Je devais bien reconnaître que sa fourrure, à défaut d’être mon style d’un point de vue esthétique, m’apportait effectivement une chaleur très bienvenue. Cela dit, j’avais maintenant de la peine pour cette drôle d’énergumène qui allait vite se refroidir sans protection.

Et à nouveau, je souris poliment mais néanmoins touchée lorsqu’il me tendis un bonbon qui traînait dans sa poche. Sous l’impulsion de son amie, le jeune homme venait littéralement de m’offrir tout ce qu’il avait… Son vêtement, sa nourriture…

-C’est très gentil, merci à toi, dis-je en prenant le bonbon qu’il me tendait, n’ayant pas le cœur de refuser un cadeau aussi spontané.

Je le glissai dans la poche de mon sweet.

-Ca vous dirait d’aller danser ? proposai-je à Raff et à son amie afin de ne pas rester statique. Comment tu t'appelles ? demandai-je à cette dernière.

Et je tournai à nouveau la tête vers Raff.

-Comment s'amuse-t-on en Grèce ?

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MessageSujet: Re: Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé]   Bonheur fugace [Intrigue I - Terminé] EmptyVen 10 Nov - 19:31

Bonheur fugace


Carpe Diem.



Que n’avait-elle dit ? Comment s’amuse-t-on en Grèce ? Comment s’amuse-t-on chez Dionysos ?

« On lâche tout et on respire enfin ! »

Dans un monde si violent, où l’on doit être méfiant de tous et de tout, lâcher prise c’était le moto du Dieu. Il lui prit la main.

« Nous allions justement chez une amie pour y danser ! »

Et c’était comme ça qu’il avait emmené le petit oiseau dans une petite soirée. Pour une fois ce n’était ni une folle boîte de nuit ni une grande soirée avec le gotha et les vices. C’était une soirée entre amis tout ce qu’il y avait de plus normal, sans compter les drag queen. L’appartement parisien restait luxueux, un appartement d’un amant de l’hôte de la soirée. L’hôte était un ami de Rafael Garavani l’oiseau de nuit.
Le salon avait une petite enceinte et certains y danseraient toute la soirée sous influence. Dans la cuisine, une contre soirée improvisée avec de grands débats de société. Dans la chambre, un nouveau couple d’un soir. Dans la bibliothèque, un jeu d’alcool et des rires.
Dionysos n’avait quitté le petit oiseau de la soirée, elle était jeune, il jouait au chaperon. Heureusement qu’il avait fini par récupérer un cuir, protégeant son torse nu. Il avait laissé la fourrure à cette jeune femme qui en avait sûrement plus besoin que lui.
Et au fil de la soirée entre deux danses, entre deux jeux, un peu pompette pour le dieu, ils avaient discuté. De cœur à cœur, sans dévoiler leur identité, ils avaient parlé sincèrement. Comme si le monde n’avait plus trop existé autour d’eux, une rencontre sincère, ouverte, curieuse. Dionysos avait parlé d’Hestia, de ses doutes, de ses désirs. Il avait aussi écouté, les non dits, les demi mots, les certitudes ébranlées d’un début de vie bien chaotique. Elle était une jeune femme en cours de construction, il devinait en elle une future femme puissante et confiante, de ces femmes qui n’avaient pas peur mais qui doutaient parfois, de ces femmes qui osaient être aimantes mais qui savaient se défendre.

« Chacun peut définir ce qui est important pour lui. Pour certains c’est la résistance mentale, tenir jusqu’au bout. Pour d’autre c’est d’être bien entouré d’amis. La richesse, l’amour, le plaisir… et parfois ça change aussi. Dans ma vie j’ai voulu me battre pour ma liberté, profité du confort, tout oublier puis tout me souvenir exactement comme c’était. Je crois, petit oiseau, que même si tu es à la rue, seule au monde, la cible de pervers, que tu ne manges pas à ta faim, que tu n’as pas toujours la possibilité de te laver… je crois petit oiseau que cela va changer. Et tu ferais mieux d’y croire. Car personne ne pourra te l’enlever. J’ai connu un prisonnier heureux, menotté, entravé, il n’avait pas vu la lumière du jour depuis des semaines… il m’a dit qu’il était libre. Je n’y ai pas cru mais ce que je croyais ou non il s’en fichait. Il m’a dit que ce n’était pas parce que ses mains étaient enchaînées qu’il ne se sentait pas libre. Et ça, personne n’a jamais pu lui enlever. »


Pourtant, même si ce qui importait le plus au dieu était le cœur, l’âme et l’esprit, il n’avait pas oublié en fin de soirée que la demoiselle avait un corps et manquait de tout. Il lui avait ainsi proposé la chose suivante :

« Tu sais Esmeralda, j’ai une amie violoniste qui part souvent en tournée. Elle est au Japon pour un contrat d’un an, il doit bien lui rester un vieux violon dans son appartement… il sera peut-être désaccordé...J’ai le double des clefs. Si tu souhaites y passer quelques nuits, je n’y vois pas d’inconvénient et elle n’en verra pas non plus. Tant que tu n’abîmes rien… Passe jeudi soir à l’Ambroisie je te les donnerai. Demande Monsieur Garavani. »

Et il s’était évaporé. Parler autant d’Hestia, être aussi sincère, connaître le cœur de cette jeune femme, cela avait donné à penser à Dionysos qui avait besoin d’être seul, réfléchir.


Bye bye:



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