lies and temptation [Intrigue II - Terminé]

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

- Chez toi. Il n’y a pas de vin d’Italie divin dans les boîtes, Je vais t’attendre dehors …

Douces paroles dans les oreilles d’un homme. Si William n’était pas le genre à se lancer dans de grandes histoires d’amour, par raison et par ce qu’il n’en ressentait pas l’envie ni le besoin, son humanité le rendait faible, face à une si belle plante.
Sans l’ombre d’un plan en tête, mais préférant toutes les situations à celle de rester ici, à admirer son pote flirter avec la serveuse, il se leva, enfila son blazer noir et sortit du bar en vitesse pour attendre sa partenaire.

Sur place, il aviserait. Il commencerait pas ouvrir cette fameuse bouteille et en boire plus de la moitié pour faire le vide dans son esprit et ne pas penser à Nora. Puis il s’assurerait que son invité ne soit pas une tête vide, car plus que tout, il détestait les michtoneuses, aussi belles soient-elles et pour le reste, il improviserait. Peut-être jouerait-il à l’homme d’affaires épuisé, pressé d’aller dormir, ou peut-être s’octroierait-il une petite parenthèse de plaisir. A suivre.

Galant, il ouvrit la portière de la berline noire qui l’attendait devant le bar après un sms discret à son chauffeur et prit place à son tour.

On rentre. Dit-il au conducteur qui acquiesça, lançant un sourire complice à son employeur depuis le rétroviseur intérieur.

Sans un mot, avec à peine un regard, il fit sortir la jolie blonde et l’invita à le suivre jusqu’à l’étage d’un immeuble luxueux du quartier Faubourg, si elle le désirait encore. C’était maintenant ou jamais, qu’elle pouvait prendre une toute autre direction, le chauffeur prêt à la ramener chez elle.

Audacieuse, elle suivit le mouvement.

Le silence du trentenaire était presque pesant, alors que lui s’en accommodait sans la moindre gêne. Il n’avait pas honte des blancs et ne cherchait pas à meubler ni à jouer au gros lourd séducteur.

L’appartement était décoré avec gout et les lumières orangées vinrent créer une atmosphère agréable pour prendre un verre.

Installe toi, fais comme chez toi.

Rien de très compliqué. Rien ne dépassait, tout était rangé au cordeaux et malgré la beauté de l’endroit, la pièce était parfaitement impersonnelle, à l'image d'un appartement témoin. Pas de bibelots de voyages, pas l’ombre d’une photo de famille. Une décoration hors de prix, tout droit sortie d’un magazine.

William sortie une bouteille de blanc, comme il l’avait proposé un peu plus tôt et alluma une grande enceinte située à côté d’une imposante télé.
Ses gestes étaient saccadés et il manqua de faire tomber la petite assiette d'apéritifs qu’il venait de déposer sur la table du salon. Derrière cette façade d’homme plein d’assurance, derrière ce charmant costume qui le donnait un air ténébreux se cachait un adolescent mort de trouille, peu habitué à avoir de la visite. Encore moins féminine !

Il tendit un verre à Tatiana et lui proposa de trinquer.

A la tienne. J’espère qu’il te plaira. J’ai peut-être un peu surcôter mon histoire, mais il vient d’Italie.

Après une première gorgée, il se lança.

Je dois bien avouer préférer une fin de soirée paisible avec un bon vin à la cohue des boîtes parisiennes. Te sens-tu bien ?

Il s’inquiétait pour elle. Touchant.

Stle de déco:

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Il y a autant de caractères que d’hommes, dit-on. Assurément, chacun est unique ! Pourtant, il y a des caractéristiques communes entre de parfaits inconnus, formant une masse standard. Face à l’inconnu, nous avons une certaine tendance à agir d’une même façon. L’instinct ou le patrimoine génétique construit sur des millénaires … qu’importe !

Prenons l’exemple de la situation présente : une femme qui prend les devants et fait une proposition fort intéressante à un homme, et ce dernier qui accepte. Que se passe-t-il après ? Sauf exception, il n’y a pas beaucoup de surprises. Certains sont extrêmement silencieux, rongeant leur frein ou réfléchissant à mille à l’heure sur la suite des événements. Certains sont très bavards, dévoilant autant leurs craintes que leurs attentes. Toujours est-il qu’ils sont assez vulnérables et quasiment à la merci de la gent féminine … jusqu’à obtenir leur dû. Après l’acte, bien souvent, nous n’avons subitement plus aucune réelle valeur. Nous ne sommes plus que de petits boulets dont il faut se débarrasser sans trop tarder. Du moins, tel est le cas de ce genre d’histoire – des histoires sans lendemain.

Est-ce que je désire une destinée aussi banale avec ce cher William ? Quelle attitude ou relation est la plus profitable pour mon panthéon, pour les Nordiques, voire pour moi ? Enfin, à nouveau, à qui ai-je véritablement affaire ? Voilà à quoi je pense durant tout ce calme trajet.

Faubourg Saint Germain. Appartement d’une taille fort respectable. Décoration de gout et mobiliers de qualité. Pièces propres et ordonnées.

Pourtant, le malaise s’installe. Je ne vois rien. Il n’y aucune photo de lui ou de ses semblables – c’est-à-dire des humains en chair et en sang – sur les murs, ou les rares supports ou étagères et nulle décoration jurant avec le style modern surfait de ce lieu (un tapis, un tableau, une figurine, une console, une bibliothèque …. Etc).

C’est une fausse façade, ou plutôt une caserne de soldat. Il ne lui sert qu’à manger, dormir et, de temps à autre, baiser quelques demoiselles rencontrées par hasard. Je comprends que ma tache va être plus rude et, surtout, j’ai la réponse à mes questions. Je dois le fréquenter plus d’une nuit si je veux percer la carapace de cette torture, et voir à travers ses belles illusions de militaire.

Je pose négligemment sac et veste sur une chaise, puis tournoie sur moi-même, d’un pas hésitant, ne sachant pas ou m’asseoir. Mon champ de vision ne se limite qu’à des chaises et des tables. C’est tout sauf intime – et clairement une barrière conséquente pour tout rapprochement futur. La question est de savoir comment exprimer ce petit désagrément sans fâcher ou rendre cet homme nerveux. Je ne le connais pas encore assez, donc je ne sais pas à quel point il est sensible à la critique ou à la suggestion.

Par contre, je le devine clairement maladroit. Entre l’assiette qui a failli tomber, les gestes saccadés et cette inquiétude dans la voix en m’interrogeant sur mon bien être. Je me contente de le gratifier d’un sourire chaleureux, presque timide.

- Un vin d’Italie est rarement une déception, le rassurais-je. Cet appartement est bien mieux rangé que le mien. Je veux bien avoir le numéro de la femme de ménage. A moins que tu adores l’ordre et tu sais le maintenir.

Je ris légèrement, profitant pour boire à petites gorgées.

- Est-ce que nous pouvons ouvrir une fenêtre ? J’ai un peu chaud. Ca doit être mon sang russe.

La bénédiction de ma mère a bien des avantages, mais elle est accompagnée d’un sacré désagrément : je ne supporte pas la chaleur à l’excès.

- William n’est pas un prénom français très courant, je crois. C’est plutôt anglais, ou américain, non ? William Shakespear, William Baldwin, William Thomson, William Wallace ...

lies and temptation [Intrigue II - Terminé] Anya-Taylor-Joy

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

Ce n’était pourtant pas son genre, d’inviter de parfaites inconnues à son propre domicile. Les rares fins de soirées de ce type terminaient généralement chez elles. Pragmatique et l’esprit d’ordinaire affuté, il n’avait jamais jugé bon de dévoiler son intimité, ni de servir son adresse personnelle sur un plateau d’argent comme il venait de le faire.
Sa nervosité était à son apogée malgré une certaine froideur dans son attitude et le malaise gagna la vaste pièce devenue trop étroite pour deux. Comment briser la glace ? Comment se comporter avec cette divine créature sans même savoir ce qu'il attendait d’elle, finalement ?
Un coup d’un soir ? Une rencontre divertissante ?

Elle déambulait dans la pièce, cherchant sans succès où s’installer. Eternel solitaire, Chulainn n’avait pas trouvé utile de poser un canapé de plus et s’était créé un espace cinéma un peu plus loin, de quoi rajouter une pointe de gêne dans cette ambiance déjà tendue. Sympa des chips à table, non ?!

La jeune femme posa son regard ici et là, cherchant un point d’accroche, un sujet de conversation. Dos à elle, il sourit en coin, car la pauvre petite ne trouverait pas grand chose. Il n’était pas un grand sentimental et n’avait jamais construit de famille, pas d’enfants, pas d’épouses, pas de souffrances inutiles.
Sa vie n’était qu’une succession d’évènements et d’époques, comme un livre d’aventure dans lequel il jouait le premier rôle. Sans la princesse.

Hum..
J’habite seul, j’imagine que ça aide.
Soit plus sympa bordel ! S'insurgea t-il mentalement contre lui-même.

Pas de mascara dans la salle de bain, pas de talons à dissimuler dans l’entrée, pas de cheveux au sol, sans femme, ni animaux, le risque de désordre était minime. Il était un peu maniaque, aussi.
L’ambiance était pesante, et si les silences ne l’incommodaient pas plus que ça, il ne pouvait les faire durer plus que cela, par respect pour son invitée.

Peux-tu prendre nos verres ? Nous changeons de pièce, suis moi.

Passant tout proche de la demoiselle, il l’incita d’un regard supplémentaire à lui emboîter le pas. Derrière une porte coulissante ; un vaste salon ressemblant plutôt à une luxueuse garçonnière. Un large canapé, une barre de son, une grande télé équipée de toutes une panoplie de consoles, un imposant billard posé en plein milieu et quelques éléments plus personnels : sa bibliothèque et son piano.

Il déchargea à nouveau ses provisions sur la table basse, proposant silencieusement à la jeune femme, d’un simple geste de la main, de s’installer sur le canapé gris chiné tandis-ce qu’il s’en alla ouvrir la fenêtre, pour rafraîchir le sang Russe un peu trop chaud par rapport au sien.

J’espère que vous n’êtes pas une espionne Russe, Tatiana ? J'ai regardé un tas de film un peu flippant sur le sujet.
C’est exact, ce n’est pas français. Je suis né en Irlande, mais la météo est absolument désastreuse. Paris est une si belle ville, vous ne trouvez pas ?

Enfin, il s’installa à côté d’elle, avec un air plus détendu.

Comment une jeune femme Russe se retrouve t-elle dans un bar chic à Paris ?

Trouver un riche mari ? Un projet professionnel ? Il releva ses yeux clair jusqu’aux siens, cherchant à sonder dans son regard la fiabilité de la réponse à venir. Après tout, elle avait été plutôt douée sur cette première partie de soirée, pour réussir à arriver jusqu’ici.
Confortablement installé, il s’empara d’une petite télécommande et lança une musique de fond apaisante pour faire redescendre d’un cran le malaise qui s’était installé entre eux. Bientôt, ce ne serait plus qu’un mauvais souvenir et il l’inviterait à danser, comme prévu.

Pourquoi ne pas avoir suivi Edouard ? J’ai pourtant cru apercevoir une certaine alchimie entre vous deux dès votre arrivée.

Le revirement de situation était troublant. Une fois la brune envolée, Tatiana avait habilement usée de ses charmes pour le dompter et il avait saisi l’opportunité sans même s’interroger sur ses intentions… Ah, les hommes…

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S’il dit vrai, je peux donc pleinement apprécier cette soirée sans le risque de la visite surprise de la copine, de la fiancée, de l’épouse, voire des enfants – en bas âge, ou adolescents. J’ai déjà eu une mésaventure de ce type, m’ayant considérablement refroidi. Il est extrêmement difficile de gérer une femme jalouse ! Par ailleurs, je n’ai jamais saisi ce concept de monogamie. L’être humain n’est pas fait pour s’adonner qu’à une seule et unique créature, toute son existence. La disparité des religions, la diversité des entités au sein d’une même religion, la notion de divorce, les maitresses ou amants des anciens nobles et souverains sont tout autant de preuves de la versatilité de l’Homme.

Subitement, William me demande de prendre les verres et de le suivre. Je m’y plie, espérant que la prochaine pièce sera un tantinet moins vide et malaisante que celle-ci. Il est difficile de trouver un sujet de discussion d’un lieu issu tout droit d’un magazine de décoration. Du moins, je suppose qu’il veut engager un peu la conversation avant la suite. Je ne vois aucune action entreprenante ou audacieuse pour m’inciter à me déshabiller – ou à le déshabiller. Je ne comprends pas exactement ce qu’il désire. L’indécision de l’inconnu ne me perturbe pas tant que ça. J’en ai connu des caractères extrêmement timides, incapable de prononcer le moindre mot en la présence d’une femme.

La nouvelle pièce est bien plus agréable, dévoilant davantage le caractère de l’homme. Je remarque la bibliothèque fournie et le piano entretenu. Avons-nous un artiste, du moins une âme sensible ? Cependant, son canapé large, confortable et de bonne facture, son billard et ses jeux me donnent matière à croire un petit coté macho. Je le vois davantage inviter ces potes à une soirée poker, qu’une petite blondinette à une soirée strip poker. Et je comprends, enfin, la problématique. Il n’a pas l’habitude d’inviter qui que ce soit dans son pré-carré.

Assise, je suis prête à siroter mon verre tranquillement. Je me fige, fixant le brun avec de grands yeux interrogateurs. Je ne réponds pas immédiatement, tentant de mettre de l’ordre dans ces pensées un tantinet embrumées par quelques verres. Je peux être résistante, mais je ne suis pas invincible. L’alcool monte toujours à la tête, plus ou moins rapidement, plus ou moins violemment.

- Ai-je affaire aux services de renseignement secrets de la France ? , le taquinais-je. Je suis née en Russie, et j’y ai vécu jusqu’à la fin de mes études universitaires. Je me suis spécialisée dans les arts du spectacle. A côté, j’ai développé mon propre spectacle de magie. Si les Russes sont très versés dans l’art, j’avoue que Paris m’a toujours davantage attiré. La diversité de sa population, sa Tour Eiffel, ses Champs Elysées et toutes ces choses si clichées mais si belles sur les photos. Un jour, j’ai fait mes valises et j’ai embarqué dans un avion Air France. Et voilà !

J’hausse les épaules pour clôturer l’histoire.

- Si tu ne vois pas une Russe comme moi dans un bar chic, ou est-ce que tu me vois exactement ? , me moquais-je gentiment.

Volontairement, je joue sur ces clichés de la femme sensible, retournant ses questions habilement, semant un petit trouble dans son esprit. J’espère qu’il cessera de me poser des questions comme un inspecteur, par la suite. Monsieur est donc possiblement paranoïaque, en plus d’être maladroit.

- C’est la première fois qu’un homme me demande pourquoi avoir choisi lui et non l’ami.

Je ne ris pas, préférant feindre un rire gêné et des traits inconfortables.

- Tout d’abord, Edouard ne m’a pas proposé une danse ou un vin italien exquis.

Je soulève mon verre, comme témoin.

- Puis, Edouard semble s’amuser avec tout le monde. Toi, tu sembles choisir. Ca te rend unique, quelque part. Et j’ai bien voulu essayer, en profitant de la place vacante laissée par ma copine. Est-ce que tu es déçu, par hasard ?

A nouveau, je lui retourne ses propres questions pièges.

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

Son histoire tenait la route et il en eut presque des remords, d’avoir douté ainsi d’elle, mais après tout, elle n’était qu’une inconnue rencontrée dans un bar un soir de semaine, sa méfiance n’était-elle pas légitime ? Elle n’était donc pas une espionne Russe infiltrée dans la capitale, c’était moins palpitant, mais plus rassurant.

A la botte d’un mari fortuné ? Dit-il avec humour, surfant sur les clichés.
Mais je ne vois pas de bague à ta main, dois-je conclure que tu es aussi libre que je le suis ?

Simple vérification. Il n’était pas de ces hommes à la conscience légère, capable de séduire la femme d’un autre, même si certains méritaient leurs sort, à force de négligence.

Retour à l’envoyeur. Ses questions intrusives lui reviennent en pleine tête et ce petit jeu semble l’amuser. N’était-il pas censé tirer les rênes ? Par sa simple condition d’homme ? Visiblement, le match était serré et la jolie Russe ne lui ferait aucun cadeau. Elle énuméra les raisons de son choix et il hocha la tête lorsqu’elle évoqua le vin, tout à fait délicieux, il fallait l’avouer. Confiante, elle le questionna à son tour sur son choix, un choix qu’il ne regrettait pas le moins du monde.

Il se leva du canapé sans fournir de réponse, termina le fond de son verre et se posta devant elle, une main tendue pour l’inviter à le rejoindre. Les vieilles habitudes avaient la vie dure. Si son appartement était digne de faire la couverture d’un catalogue de décoration de l’année, si son look était en parfait adéquation avec son époque, son attitude quant à elle était restée bloquée des années en arrière. La galanterie, cette drôle de manière de séduire (de tenter du moins) une femme avec pudeur et classe, sa façon de vouvoyer si facilement…

Pas l’ombre d’une déception. Dit-il, un sourire provocateur en coin des lèvres.
Enfin, les barrières commençaient à s’effriter.
Je t’ai promis une danse. Je peux ?
Le tutoiement lui piqua les lèvres, mais grâce à lui, il se sentirait plus proche d’elle.

Le son de la musique monta d’un cran, sans le moindre remord pour les voisins sûrement endormis. Le tempo était plutôt lent et envoûtant, propice aux rapprochements, par les mots ou par les gestes, la tension commençait à monter et l’alcool également.

J’espère que ma maladresse ne t’effraie pas ? Je suis un homme solitaire qui n’a pas l’aisance d’Edouard pour parler aux femmes.

Il la rapprocha de lui, profitant de l’espace offert par cette vaste pièce pour honorer cette danse.
Ses yeux azur défiants ceux de la jeune femme, sans faiblir un seul instant, il lui adressa un sourire au coin des lèvres, appréciant sa compagnie.

Tu es absolument magnifique.

La clarté de sa chevelure, la finesse de sa clavicule, le charme de son sourire provocateur. Cela ne faisait aucun doute, tous les hommes célibataires - ou pas - se damneraient pour prendre sa place.
Et pourtant, le plus dur était à faire pour lui : sortir la Déesse de son esprit. Accorder à Tatiana toute son attention et ses faveurs. Savourer la délicatesse de cette rencontre inattendue. L’oublier, elle, Morrigan.

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Un rire cristallin s’élève dans les airs, lorsqu’il scrute mon doigt ou m’interroge sur mon état civil.

- Les clichés ont la vie bien dure. Je n’ai pas encore trouvé l’âme sœur ou, comme vous le dites, chaussure à mon pied.

La vérité est que je suis extrêmement satisfaite de ma vie actuelle. Chaos et ordre marchent main dans la main et apportent bien des surprises, pimentant mon existence. Je n’ai absolument aucune place pour une seconde personne, à moins qu’elle ne soit pleinement et totalement dédiée à la cause slave et est prête à passer les intérêts de celle-ci avant les siennes. Hormis les fidèles et les prêtres de notre panthéon, peu peuvent répondre à de tels critères. Et, fort malheureusement ou heureusement, aucun ne me convient actuellement.

Finalement, l’interrogation cesse et l’homme se révèle timidement à moi. Il m’invite à danser, me complimente et m’offre même quelques confessions. Ainsi donc, William est un bourreau du travail – ou un amoureux transit – qui n’a pas l’habitude d’alpaguer ou de séduire des femmes dans les bars. Je ne suis qu’à moitié surprise. Avec un tel minois, il doit attirer les demoiselles comme des mouches. Il n’a pas besoin de fournir un effort particulier …

A sa question, j’aurais aimé détailler mes sentiments : l’absence d’une touche personnelle à la pièce précédente, le sentiment d’être dans un appartement de location, le malaise vis-à-vis de son silence, de sa maladresse ou de la raison première pour laquelle les Nordiques ont autant d’intérêts envers lui …. Cependant, je ne pipe pas un mot. Je sais que trop de discours peut tuer une ambiance, ou réactiver les ménages suspicieux de mon interlocuteur. Je n’ai pas besoin de me tirer une balle dans le pied, quand la tâche semble déjà bien ardue.

- Cessons de parler d’Edouard. Je vais croire que c’est lui que tu désires, et non moi.

Mon ton mêle confidence, ordre et malice à la fois.

- Tu es un véritable gentleman. Charmant. Séduisant. Intéressant. Je suis heureuse d’être là, avec toi.

Je profite de cette danse pour me rapprocher davantage. Yeux dans les yeux, souffles aux effluves alcoolisées entremêlées, corps contre corps … j’oublie la mission, et je me perds contre lui. L’instant est agréable. C’est une accalmie dans la tempête de ma vie. Elle détonne avec mes soirées enfiévrées, mais s’apparente considérablement à celles réservées aux rituels en l’honneur de Morana – solennel, intime, calme …

Je ne réfléchis pas aux prochains mouvements. L’alchimie entre deux personnes est toujours particulière et unique. Dans certains cas, les atomes collent immédiatement et les événements s’enchainent avec une rapidité déconcertante. Dans d’autres cas, les affinités tardent et l’étincelle arrive au moment le plus inattendu – un regard, un mot, une expression etc…. Enfin, dans tous les cas, il faut prendre garde à ne pas se précipiter ou à ne pas trop traîner.

Je colle mon rythme au sien, tentant de deviner ses envies et ses émotions.

- Où as-tu appris à danser ? C'est rare, de nos jours, demandais-je, reconnaissant sa maitrise, sa posture … Décidément, il a bien des surprises. On dirait un homme venu d’une époque complètement révolue.

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

L’horloge tournait et les minutes défilaient, rendant la compagnie de la jolie Russe de plus en plus agréable et le souvenir de Morrigan de plus en plus flou. William n’avait jamais réussi à trouver chaussures à son pied lui non plus, non pas parce qu’il ne croyait pas en ses capacités à rendre une femme heureuse, mais car il ne parvenait pas à chasser complètement la Deesse de son esprit. Même lorsqu’il s’efforçait de ne pas penser à elle, elle était là, gravitant autour de lui sans qu’elle même ne le désire. Depuis qu’il avait reçu cette bénédiction le rendant immortel, son corps semblait comme connecté au sien, dans les moindres pores de sa peau.
Pourtant, ce soir-là, dans son chic appartement Parisien, aux côtés de cette sournoise créature, les pas de danses sensuels et progressifs parvenaient petit à petit à faire tomber ses barrières. Son esprit, verrouillé à double tour, commençait à s’ouvrir délicatement.

Trouver l’âme sœur est une quête ambitieuse. Je te mentirai en te disant que je ne l’ai jamais rencontré, mon âme sœur. Mais aimer ne suffit pas toujours, les relations humaines sont parfois plus complexes que ça.

Ils savaient s’aimer, se détester, rire aux éclats, se soutenir ou se battre. Au fil des époques, leur relation avait vécu des montagnes russes et s’il pensait parfois être arrivé au bout de ses capacités à supporter ces innombrables variations, ce n’était pas le cas.

Pas d’Edouard, pas de Morrigan. Il se le répéta plusieurs fois, jusqu’à s’en convaincre parfaitement.
Il reprit sa danse, ramenant contre lui le corps de Tatiana avec conviction.

Des années d’entrainement sans doute. J’ai toujours aimé danser à l’ancienne, il parait que les vieilles traditions tout comme les vêtements vintages reviennent à la mode, non ?

Habillé d’un costume trois pièce très bcbg à l’anglaise, William sourit sans la quitter du regard. Elle était belle, envoûtante, intrigante, effrayante à la fois. Ne rien savoir de cette femme le mettait dans une situation complexe et à la fois excitante, lui qui aimait avoir le contrôle parfait sur sa vie, à l’image de cette décoration millimétré sans la moindre poussière.
L’alcool glissait désormais dans ses veines, le rendant plus spontané. La musique devint plus vive, entraînant leurs corps respectifs dans un ballet harmonieux, rapprochant leurs souffles l’un de l’autre avant de les éloigner à nouveau, comme un supplice. Lorsque le tempo se fit plus lent, propice à laisser la proximité s’installer entre eux plus de quelques secondes, il glissa sa main le long de son dos, remontant jusqu’à ses cheveux blonds. Ses doigts vinrent caresser l’angle de sa mâchoire et son regard brûlant se confronta au sien, en quête d’une approbation. C’était un gentleman avant tout ! Lentement, il approcha ses lèvres des siennes, plaquant son corps au siens de sa main libre avant de l’embrasser délicatement. La douceur de ses lèvres chassèrent toutes ses pensées de son esprit et il savoura chaque seconde de ce premier baiser. Il libéra son otage, plus ou moins, puisqu’il poursuivit son exploration au fil des notes de musique, déposant à présent un baiser dans son cou, puis dans le creux de sa clavicule…

Il n’était pas question de créer de scandale, dans cette époque où les femmes avaient la libre parole, ainsi, il se força à détacher le regard de la naissance de sa poitrine, préférant s’assurer qu’il ne dépassait pas les limites.

Aucun doute, c’est bien toi que je désire. Dit-il, avant de l’embrasser à nouveau pour confirmer ses propos.

Il était à sa merci, envoûté par le son de sa voix et par ses nombreux atouts féminin qui réveillaient en lui ses envies endormies.

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Tatiana Dourov & William Doyle « FRANCE, APPARTEMENT DE WILLIAM, 06 NOVEMBRE 2021»

- Je pense que notre société a idéalisé l’âme sœur. Les hommes et les femmes veulent le découvrir presqu’instantanément, sous la forme d’uncoup de foudre ou d’un événement exceptionnel. Or, je crois qu’une âme soeur peut avoir besoin de temps pour se dévoiler. Quelques jours, semaines, mois, voire années. Ou alors plusieurs rencontres.

Je ne peux pas m’empêcher de m’exprimer sur certaines croyances que je considère ridicule, dérisoire ou faussée, mais qui sont ancrées au plus profond de l’imaginaire d’une société. Qu’importe les rôles que je joue, le naturel revient toujours au galop.

- Je pense que tu es de cette seconde catégorie. Ton appartement le reflète bien. Il y a une première impression : impersonnelle, sortie tout droit d’un beau magazine de décoration. Et puis, il y a la découverte d’un toi intime.

Lorsqu’il approche son visage du mien, je ne m’écarte pas, je n’oppose aucune farouche résistance.

- Plus chaleureux.

Ses lèvres se joignent aux miens. Je réponds au baiser. Je feins la timidité, appréciant cette douceur et délicatesse. Il met fin à ce premier contact, mais poursuit son exploration.

- Plus tendre.

Il dépose un baiser au creux de mon cou, m’arrachant quelques frissons tout le long de mon échine. Décidément, cette partie de mon corps a été d’autant de baisers galants, que de crocs affamés.

- Plus surprenant.

La clavicule est la troisième heureuse victime. Chatouilleuse, je me tortille malgré moi. Lorsque mon regard croise le sien, je m’excuse d’un sourire amusé.

- Plus d’audace.

Il me désire. Si cette déclaration est plaisante à entendre, elle me laisse bien songeuse. Est-ce que son désir a une heure de péremption, ou une date de péremption ? Quelle est la différence ? Elle est bien simple ! Si c’est une affaire d’heures, je serais éjectée du lit et de l’appartement dès que monsieur sera satisfait. Dans ce cas de figure, je vais avoir bien du mal à accomplir ma mission. Par contre, si c’est une affaire de date, alors je peux espérer quelques instants supplémentaires dans l’antre du démon inconnu, dénicher sa véritable nature et me faire un cocon utile pour la mission secrète.

Je doute que la demande du panthéon nordique se cantonne à faire les yeux doux. Nos alliés doivent vouloir davantage, soit des informations sur ses forces et ses faiblesses, soit une proximité physique ou émotionnelle pour mieux servir quelques objectifs annexes ou principaux. Je ne sais pas. Ce flou est la raison principale pour laquelle j’ai besoin d’être plus qu’une aventure passagère, une inconnue parmi d’autres …

Tant de questions qui fondent drastiquement dans l’oubli et le néant au fur et à mesure que les lèvres de ce cher homme échauffe ma peau et mes sens. Je finis par poser une main sur sa poitrine, l’invitant à reculer de quelques pas. Là, sous son regard, tranquillement et lentement, je retire ce haut et le sous-vêtement. Poitrine à nue, je croise les bras, m’approche de lui, m’y colle, saisis l’une de ses mains et la pose sur l’un des seins. Plongeant mon regard enflammé dans le sien, je l’invite silencieusement à se dévoiler.

- Ne te cache pas. Moi aussi, je te désire.

Codage par Magma.

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

La perfection. Elle était divine, cette femme Russe dont il aurait dû se méfier depuis les premiers instants.

Le son de sa voix lui caressait l’oreille et l’ennivrait davantage alors même que la fameuse bouteille de vin italien n’avait plus quitté la table depuis de longues minutes. Il était ivre d’elle, de la blancheur de sa peau, de la chaleur de ses mots. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Il sentait la curiosité dans son regard et dans ses questions, mais ne parvenait plus à trier ses idées devant tant de beauté.
Il n’était qu’un homme après tout. Un homme au pied du mur, face à ses pulsions et ses désirs. Un homme formé avec brutalité et malgré tout tiraillé par une pointe de raison qui tentait de reprendre l’ascendant.

Pouvait-il s’accorder les faveurs d’une inconnue sans prendre de risque ? Pouvait-il enfin s'octroyer une petite pause sans penser à elle ? Avait-il le droit de passer du bon temps sans promesse d'un lendemain ?

Il écouta chaque mot prononcé avec attention, envouté, prêt à exécuter ses ordres sans broncher. Pour un laps de temps du moins. Il reprendrait le contrôle plus tard peut-être.
Il recula de deux pas et son corps tout entier s’embrasa sous le dessin parfait de sa poitrine. Il se mordit la lèvre, préférant vérifier que tout cela n’était pas qu’un simple rêve.

La belle se rapprocha, plaquant ses seins contre son torse et lui donnant l’autorisation d’en profiter de façon plus concrète. Non, il ne rêvait pas.

Tatiana Dourove, vous êtes une femme dangereuse..

Par son audace, par ses charmes, par ce corps absolument parfait qui pouvait mener n’importe quel homme au bout du monde. Il n’y avait pas d’excès, rien d’ostentatoire, uniquement les courbes d’une femme gâtée par la nature.
Il glissa sa main libre dans le creux de ses reins pour la presser davantage à lui.

Je ne suis pas marié et il n’y a aucune femme ici. Mais peut importe ce qu’il se passera dans cet appartement entre nous, je resterai l’homme d’une seule femme. A jamais.
Cela te pose-t-il un problème ? Cette soirée ne sera qu’une parenthèse dans nos vies respectives, Tatiana. Je ne sais pas offrir plus que cela.

Première bourde.
L'honnêteté était une qualité parfois bien dangereuse. A demi-mot, William venait d’avouer sa fidélité émotionnelle pour une autre et si ses mots n'auraient eu que peu de sens dans l’esprit de bien des femmes en quête d’un histoire d’un soir, qu’en serait-il pour une prêtresse Slave envoyée en mission par celui qu’il croyait être son ami ?
Naïf, il tentait de s’assurer qu’elle n'attendait rien de lui sans prendre la mesure du danger qui rôdait dans cette pièce. Ils pourraient se revoir à sa guise, pour déboucher autant de bouteilles de vin qu’elle le souhaitait, il pourrait assouvir ses désirs, qu’ils soient charnels ou matériel, mais son cœur, lui, n’était pas libre et ne le serait peut-être jamais. Son esprit pouvait l’être, pour une courte durée. Il avait essayé, souvent, de casser ce lien qui le ramenait inlassablement à Morrigan, sans jamais y parvenir.
Il pouvait feindre l’amour, il pouvait même être berné par celui-ci, pendant quelques semaines, quelques mois tout au plus avant que son esprit ne se mette à souffrir de l’absence de la Déesse de la guerre.

Pour adoucir ses mots et ne pas faire fuir sa belle après cette brève mise au point, il continua avec délicatesse son exploration, déposant mille et un baisers dans son cou, jusqu’à la naissance de sa poitrine.

Ses pensées étaient plus que jamais torturées. Pourquoi diable ne pouvait-il pas se libérer de cette emprise invisible après tant d’années ? Pourquoi Morrigan y parvenait-elle et pas lui ? Il s’insurgeait contre lui-même d’avoir trop parlé. Après tout, il y avait tant de connards capables de virer des femmes de leurs lits après une nuit de passion.

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Tatiana Dourov & William Doyle « FRANCE, APPARTEMENT DE WILLIAM, 06 NOVEMBRE 2021»

La situation prend une tournure extrêmement inattendue, me laissant pantoise. Je ne réponds pas immédiatement à la question posée, me contentant de le fixer avec surprise et embarras. La situation se tend davantage lorsqu’il continue baisers et caresses. Je ne comprends pas l’intérêt d’une telle manoeuvre.

La confusion est aussi grande que ma surprise. Je n’ai pas à feindre ces expressions : elles sont sincères. Les hommes honnêtes sont rares, perdant tout courage devant une femme nue. Il semble qu’il existe des exceptions à la règle, ces êtres uniques qui n’existent que pour mettre en lumière une attitude générale.

William Doyle m’a pris au dépourvu. Je ne sais pas exactement comment réagir.

Je recule d’un pas, puis d’un second. J’attrape un haut et le plaque contre ma poitrine. L’espace est nécessaire pour que je puisse réfléchir posément à ce contexte très particulier. Qu’importe qu’il existe ou non une alchimie entre nos peaux, il est impossible de se concentrer avec un homme vous couvrant de baisers.

Ma mission est de me rapprocher de ce type et, sûrement, de découvrir quelques secrets. A défaut si je ne peux pas les obtenir en une seule nuit, je dois gagner sa confiance et avoir de nouveaux tickets d’entrée dans sa garçonnière. Je ne pourrais pas y parvenir si le doute règne dans l’esprit de l’homme vis-à-vis de mes intentions ou de mes motivations.

Je dois jouer, l’attendrir, l’orienter vers de fausses pistes.

- C’est assez gênant.

Mon ton est hésitant, ma voix est un brin basse.

- Je veux dire que … je n’ai pas vraiment réfléchi au-delà de cette nuit. Les hommes ont rarement été aussi sincères avec moi. Ils prennent, ils me renvoient gentiment ou moins gentiment et ils ne me rappellent plus vraiment.

Mon cerveau réfléchit à mille à l’heure, notamment à tout ce que j’ai pu dire au cours de la soirée. Je repense à mes paroles vis-à-vis de la personnalité cachée de l’homme – sa tendresse, son audace et toutes ces belles paroles pour flatter un égo.

- Tu m’as attiré car tu semblais différent de ces types. Un homme qui a de la retenu, du charme et une certaine élégance … ce n’est pas très fréquent. Je ne t’ai pas charmé dans … l’idée de t’enchaîner à une quelconque promesse. Je pense que … j’espérais une nuit aussi différente que toi.

Est-ce que je vais trop loin ? Est-ce que je vais l’effrayer ? Advienne que pourra, à ce stade-ci ! J’aurais pu rebondir sur sa phrase, lui dire que ce n’est pas bien grave, mais je crains que ces paroles sonnent fausses ou me rangent dans la case des coups d’un soir à ne plus jamais revoir.

- Alors, j’avoue que je ne sais pas quoi comment agir, ou quoi faire.

Je le fixe avec un regard aussi interrogateur qu gêné.

- Est-ce que tu as vraiment envie de moi ? Est-ce que tu as l’impression de mal agir, à cause de moi ? Est-ce que le fait que j’ai envie de toi, malgré que tu m’as avoué ton amour pour une autre, fait de moi une mauvaise personne ? Est-ce que je viens de gâcher la soirée ?

Je lui tends une perche. Je ne me rhabille pas. Mieux, le haut glisse accidentellement, laissant voir un sein. D’une certaine façon, je le tente telle une ingénue et lui laisse encore une belle occasion de croquer à la pomme interdite.

- Je suppose que la question est … ce que nous recherchons respectivement de ce soir.

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Il y a toujours un moment où le chemin bifurque. Chacun prend une direction différente en pensant que les chemins finiront par se rejoindre. Ce n'est pas grave, on est fait l'un pour l'autre, notre fin nous réunira-- feat. @Tatiana Dourov

La flatterie, une arme redoutable pour s’attirer la sympathie des gens, y comprit d’un guerrier tel que William. Souvent courtisé, sans doute à cause des tenues hors de prix qu’il aimait afficher en soirée, il n’était pas le genre d’homme à rentrer accompagné et cela se ressentait. Maladroit, hésitant, son respect pour les femmes était tel qu’il craignait de mal faire, d’être un goujat de plus à profiter d’une nuit de plaisir sans se soucier du lendemain et des émotions de sa partenaire. Non, il n’était pas ce genre de type, dirigé par des pulsions animales incontrôlables au point d'en oublier ses valeurs et son respect.

Son égo s’enflamma sous les compliments. Différent, charmant, tenu à aucune promesse envers elle, Tatiana caressait la bête dans le sens du poil, brisant une par une les barrières qui les séparaient encore. Avec tact et retenue, elle lui laissa entendre qu’il n’était tenu de rien, sans lui fermer de porte non plus. C’était ingénieux de sa part, de laisser toutes les options ouvertes entre eux. De se revoir ou de ne pas le faire. Pas de chaînes entre eux, disait-elle , accompagnée d’une pointe de gêne dans sa voix tout à fait attendrissante.

Il la laissa s’exprimer, se contentant de continuer à danser avec délicatesse dans un rythme plus langoureux et propice à une brève discussion de mise au point. Les questions s’enchainèrent, lui faisant perdre l’avantage (perdu depuis bien longtemps, en vérité).

Tatiana D - Est-ce que tu as vraiment envie de moi ? Est-ce que tu as l’impression de mal agir, à cause de moi ? Est-ce que le fait que j’ai envie de toi, malgré que tu m’as avoué ton amour pour une autre, fait de moi une mauvaise personne ? Est-ce que je viens de gâcher la soirée ?

Toutes ces questions auxquelles il ne savait pas parfaitement répondre. Evidemment qu’il la désirait, quel homme sain d’esprit serait en mesure de repousser une si belle femme ? Avait-il l’impression de mal agir ? Assurément. Pourquoi était-il là, avec une autre que celle qui hantait ses pensées ? Pour tenter de la sortir de sa tête ? Pour se persuader lui-même qu’il n’était pas impacté par les sentiments qu’elle lui avait annoncé pour un autre ? Pour cette délicieuse promesse de ne pas avoir de chaîne, lui qui traînait les siennes depuis plusieurs centaines d’années, trop connecté à la Déesse pour s’en défaire ? Ou pour de plus saines raisons, telle que l'attirance physique qu'il ne pouvait nier envers Tatiana ? Un peu tout ça à la fois.

Une très mauvaise personne, en effet. Dit-il en la rapprochant de lui, avec plus d’assurance.
J’ai le sentiment de mal agir, c’est exact. Je ne peux vous dire pourquoi, mais je suis certain que vous saurez chasser ces doutes de mon esprit, n’est-ce pas ?

Le tissu qui recouvrait sa poitrine glissa à terre, sans doute le fruit du destin, d’un heureux hasard, ou quelque chose dans ce genre là. Il pinça ses lèvres de ses canines, comme un chien fou. Elle le tentait, se jouait de lui, c'était délicieux.

Tatiana Dourov - Je suppose que la question est … ce que nous recherchons respectivement de ce soir.

Je crois que nous avons la réponse à cette question. Dit-il en baissant les yeux sur le morceau de tissu qui gisait au sol.

William prit un instant pour augmenter le son de l’enceinte, pour se laisser porter par la musique et pour cacher les râles à venir de ses voisins curieux. L’entente était scellée dans les meilleures conditions : ce soir-là, il n’aurait d’yeux que pour elle, créature à l’accent Russe et à la peau d'albâtre.

Il caressa sa nuque, laissant ses doigts tracer leur chemin jusqu’à la naissance de ses seins.

Oublions les règles, oublions tout pour cette nuit. J’ai envie de vous, j’ai envie de vous depuis que j’ai croisé votre regard au bar. Chuchota-t-il.

D’un geste vif et assuré, il souleva la jeune femme au poid plume pour la plaquer sur le premier mur disponible. Ses lèvres vinrent chercher les siennes, pleines d’ardeur et remplies d’un désir brûlant.

Loin de se douter qu’il pactisait avec le diable, William ne parvenait plus à faire taire ses envies, charnelles, pulsionnelles, inavouables.
Son corps au garde à vous, il s’impregna de son odeur, de la délicatesse de sa peau, tantôt avec douceur, tantôt avec ardeur. Son sang battait jusqu’à ses tempes, lui faisant perdre la tête à vitesse grand V.

Accrochez-vous. Dit-il avant de faire une volte rapide en direction de la chambre à coucher.

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Tatiana Dourov & William Doyle « FRANCE, APPARTEMENT DE WILLIAM, 06 NOVEMBRE 2021»

L’amour au vouvoiement est une expérience bien particulière. La sensation d’être une personnalité importante - comme une princesse – se heurte à la vulgarité animale de l’acte charnel. Le cocktail est étonnant, la contradiction est grisante. Incapable de deviner si l’homme est un bon, passable ou mauvais amant, je ne le corrige pas et prends mon plaisir dans chaque menu détail donné ou perche tendu.

Dos contre le mur, il m’embrasse avec ardeur. J’apprécie ce contact brûlant et tente d’y répondre au mieux. J’aurais pu me contenter de cette position-ci et subir ses premiers à coup. Or, ce cher William a une toute autre idée. Poupée de porcelaine, il m’arrache délicatement à ce mur et me porte de ses solides bras jusqu’à la chambre à coucher. J’aurais pu saisir l’occasion pour détailler la pièce, chercher des indices et autres, mais je me retiens. Je dois le convaincre de me garder plus qu’une nuit, avant toute chose. La fouille aux indices est réservée à une autre occasion – ou plus tard.

- J’ai grande hâte de faire davantage connaissance avec vous, Monsieur Doyle. J’apprécie déjà ce premier échange …

Mains autour de sa nuque, lèvres non loin des siennes, je prends quelques initiatives. Je dépose quelques baisers tantôt mordants, tantôt doux sur son cou, sur la mâchoire ou sur le recoin des lèvres. Par expérience, j’évite de le déranger visuellement. Il ne manquerait plus que je l’embrasse, qu’il ferme les yeux et qu’il cogne sur quelques gros meubles. J’ai déjà eu droit à mon lot de malheureux petits accidents. J’ai appris ma leçon.

Codage par Magma.

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William se redresse et rejoint la salle de bain, laissant sa douce seule et sans surveillance.
Tragique erreur, monsieur le guerrier.

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Tatiana Dourov & William Doyle « FRANCE, APPARTEMENT DE WILLIAM, 06 NOVEMBRE 2021»

La matinée arrive, enfin. Et tout mon pari va se jouer à cet instant-ci. Il va prendre sa douche. Je grogne, feins d’être trop épuisée – quoique, je le suis sérieusement – pour quitter le lit de ce pas. J’attends qu’il revienne pour lui offrir un regard implorant et une bouche en cœur.

- Est-ce que je peux te demander de me préparer un petit déjeuner ? Avec pleins de bonnes choses. Tu m’as donné bien faim, ce soir.

Je glousse. Doucement, je m’extirpe, m’étire, nullement rougissante ou gênée de ma nudité. Je roule des muscles, je joue des articulations, je me penche si besoin. Je le laisse l’admirer une dernière fois – à moins qu’il ne me rappelle.

- Pendant ce temps, je vais prendre une douche et me préparer.

S’il me propose des céréales, je le pousserai à me trouver des croissants et pâtisseries françaises. S’il me propose un pseudo brunch, je ne peux que sauter de joie. Dans tous les cas, j’aurais tout le temps nécessaire pour farfouiller les tiroirs assidûment, prendre des photos de tout ce que je peux trouver d’utile. Cerise sur le gâteau ? Si je fais le moindre bruit, difficile de me soupçonner. J’ai glissé. Je me suis cognée. Les excuses toutes faites sont à disposition.

Codage par Magma.

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Les rounds s'enchaînèrent sans qu’il n’ait à quémander. Tatiana représentait pour le soldat, l’incarnation même de la tentation. Elle se jouait de lui avec une aisance déconcertante, profitant de la plus grande faiblesse des hommes pour faire du soldat, le pantin de ses désirs, ou du moins, de ses projets.
William ne rechigna pas et leurs ébats reprirent de plus belle, plus fluides, plus proches, plus efficaces au fur et à mesure où les corps s’apprivoisaient.

Enfin, après une nuit torride et une matinée sportive, la jolie blonde à la silhouette envoûtante, lovée dans les draps de son lit, réclama à manger. William sourit, presque soulagé à l’idée de pouvoir avaler quelque chose, son estomac criant famine depuis de longues minutes déjà.

En pleine action, William n’avait montré aucun signe de pudeur, mais tout était différent désormais. Le jour se levait, elle était encore là et demandait même à déjeuner en sa compagnie. Il fronça les sourcils, se demandant un instant s’il n’était pas préférable de l’inviter à sortir.
Bien trop galant pour se montrer vexant, il balaya ses craintes et s’habilla en vitesse après s’être rincé, pour masquer ses blessures, désormais plus visibles grâce à la lumière qui se faufilait entre les rideaux.

Vos désirs sont des ordres.
Je.. je n’ai rien à manger dans les placards.

Célibataire fortuné, il passait son temps à commander ses repas sur son portable. Préparer un petit déjeuner sympathique devenait une mission à part entière.

Je file à la boulangerie le temps que tu te laves. Il y a du café dans la cuisine.

William regarda la jeune femme, cherchant à lire derrière ses sourires charmeurs sans trop de succès. Tous les hommes de cette terre étaient-ils parano, lorsqu’une jolie femme occupait leurs lits, le temps d’une nuit ? Certainement pas ! Il inspira profondément, se confortant dans l’idée qu’elle n’avait rien de dangereux et qu’elle pouvait bien rester seule quelques minutes, le temps d’une douche.

C’est à côté, je reviens dans 10 minutes.

Il jeta un bref coup d’oeil autour de lui avant de tourner les talons et quitter l’appartement le temps de quelques courses.
A son retour, une quinzaine de minutes plus tard, le temps de bavarder avec la boulangère, la divine créature n’avait pas quitté la chambre, la cuisine était déserte. Ah les femmes.. toujours aussi longues à se préparer!

Anxieux, ses sens étrangement en alerte, il referma délicatement la porte d'entrée et déposa les mignardises sans faire frétiller l'emballage avant de rejoindre, à pas de velours, l'entrée de la chambre.

Est-ce que tout va bien ?

Sans crier garde, il entra la pièce de tous les péchés et découvrit la jeune femme, apprêtée, délicieuse, comme à son habitude.
Décidemment, il était vraiment fou à lié.

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Tatiana Dourov & William Doyle « FRANCE, APPARTEMENT DE WILLIAM, 06 NOVEMBRE 2021»

Les hommes et les femmes sont l’esclave de leur plaisir. La joie d’un acte charnel, l’euphorie d’une victoire inespérée ou attendue, la satisfaction de s’adonner à un loisir favori suffisent largement pour occulter la méfiance naturelle imprimée dans la génétique de chacun et pousser le guilleret ou l’euphorique à une confiance superficielle. William et moi-même ne sommes des exceptions. Si le brun est extrêmement comblé par cette nuit, je feins une émotion semblable. Elle était belle, douce et agréable, mais elle est loin du piquant de mes nuits enflammées et folles et, surtout, nous ne connaissons pas assez nos corps. Il s’est retenu, je l’ai senti. Je me suis retenue, j’y étais obligée. Je me note que j’ai à faire sauter ces verrous de pudeur, si nos échanges se poursuivent. Et pour y arriver, j’ai à multiplier nos rencontres et, surtout, le contexte et son déroulement. Il ne sera pas à l’aise si tout rime qu’avec sexe. Il a besoin d’avoir une conversation, d’être un peu bousculé, d’être mis en confiance. Une vraie donzelle au masculine ! Et moi, en bonne gentlewoman, je vais briser lesdites barrières.

Le chevalier blanc s’éclipse. Les boulangeries pullulent à chaque coin de rue, en France. Je n’ai qu’une dizaine de minutes au maximum, que ce soit pour grappiller un indice, ou pour me préparer. Alors, je m’impose trois minutes top chrono pour farfouiller les tiroirs. Je tombe assez vite sur une vieille photo où il pose avec une femme. La photo est vieille. Trop vieille. Est-ce une photo authentique ? Si oui, quel âge a-t-il ? Si non, est-il un féru des vieilles époques ? Qu’importe, je n’ai pas trop le temps de me poser la question, je cherche mon téléphone, prends une photo et range le tout sagement. Alors, je me précipite dans la salle de bain qui a été témoin des prémices de débats matinaux, prends une douche assez rapide et m’habille aussitôt. Lorsqu’il apparait, je sursaute et pousse un cri de surprise.

- J’ai eu peur ! Je n’ai pas dû entendre la porte …

A quel moment est-ce qu’il est arrivé, lui ? J’ai bien fait de ne pas m’être éternisé dans la chasse aux trésors.

- Mais sinon, oui, je vais très bien. Grâce à toi.

Je le gratifie d’un nouveau baiser. Puis, d’un pas gracile, je me dirige vers la cuisine et commence à picorer. Je ne m’éternise pas, afin que de ne pas perturber le quotidien de ce type des plus organisés, voire maniaque. Là, avant de partir, je lui tends une petite carte de visite – une professionnelle en a toujours une, surtout une pro du spectacle.

- J’ai beaucoup aimé notre soirée. Si la solitude te démange, que tu recherches une compagnie sans promesse … Pense à moi. J’ai aussi mes propres démons, j’ai aussi besoin d’une échappatoire de temps en temps.

Un dernier baiser et je m’éclipse.

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Sujet: Re: lies and temptation [Intrigue II - Terminé]