La vie m'est & trop molle & trop dure [Intrigue III - Terminé]

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La vie m'est & trop molle & trop dure

La plupart de nos suspicions sont éveillées par ce que nous connaissons de nous-mêmes. --  feat Romi

En l’espace de six ans, la Mort Noire avait eu un impact non négligeable jusqu’au cœur de l’Europe, n’épargnant totalement que de rares zones. De nombreuses années avaient été nécessaires pour que ce mal ne soit plus qu’un lointain souvenir et que les nombreuses grandes cités puissent retrouver un nouveau souffle, suite à cet impact si dévastateur. A mesure que les années s’étaient écoulées, Circé était remontée le long de la péninsule italienne traversant successivement Naples et Rome jusqu’à suivre la côte toscane pour finalement parvenir sur les terres de Liguria : territoire de la République de Gênes. La Superba, la Dominante dei mari. Voilà bien une cité dont le prestige se dégageait dans la moindre parcelle de terre, le moindre navire entrant dans le port ou le quittant, ses églises et les demeures des nobles qui se pavoisaient dans les rues. Un lieu parfait dans lequel la sorcière grecque avait cherché à se faire une place, se trouvant la proie parfaite en un armateur réputé. Plusieurs années d’utilisation de ses capacités pour obtenir ce qu’elle voulait, détruire avec discrétion ceux qui tentaient de prendre une place trop importante, frayant de fait avec nobles et notables pour accroître toujours plus cette richesse que possédait son armateur « d’époux ».

Un petit manège qui dura plusieurs années avant que ce rouage ne commence petit à petit en la personne de Cosimo Fieschi. Un notable quand il en existait beaucoup d’autres à Gênes mais qui avait attiré l’attention de Circé pour sa position financière plus qu’attrayante pour requérir un financement pour des échanges commerciaux plus lointains. Un homme qu’elle avait réussit à charmer mais qui ses dernières semaines n’était plus aussi proactif qu’il ne l’avait été, éveillant naturellement la curiosité de la grecque qui ignorait comment il pouvait réussir à se libérer de ses charmes sans toutefois être totalement libre. Il s’agissait-là d’un fait relativement intrigant qui commençait à l’agacer. Trois solutions étaient possibles : soit l’humain se défaisait naturellement de son charme, soit il était la proie d’un autre, soit elle perdait la main et là elle devait se poser de sérieuses questions. Si quelqu’un d’autre utilisait Fieschi, de qui s’agissait-il ? Etait-il au courant de sa présence ? Ce n’était tout de même pas une nymphe ?! En ce jour de juin de l’an 1576, n’écoutant alors que son agacement et sa volonté de dévoiler ce mystère, Circé se rendit alors chez le notable.

Combien de temps elle attendit dans la pièce où elle avait été menée par l’un des nombreux serviteurs de la demeure, elle l’ignorait et ce n’était pas l’attente qui lui importait -bien que cela puisse être quelque peu agaçant-. Une porte s’ouvrit alors que Circé prenait place à nouveau sur la banquette,  après avoir observé par la fenêtre ce qu’il se déroulait au-dehors et cette dernière ne pu que poser immédiatement son regard la personne qui venait d’entrer qui était non pas sur Cosimo mais une jeune femme qui portait un peignoir luxueux trop grand pour elle. Il y avait quelque chose d’intrigant dans ce qu’elle dégageait mais aussi d’alarmant. Circé l'observa s'asseoir en se mettant habilement en valeur. Etait-elle en train de s'inquiéter que le notable oublie ses affaires urgentes pour une paire de jambes ? Ou bien que la paire de jambes en question essayait de lui mettre à mal ce qu'elle avait mis en place ? Lequel des cieux s'était décidé à lui envoyer une nymphe ou autre obligé ?

- Une coupe de vin, ce serait avec plaisir. Malheureusement l'affaire dont je dois traiter avec signore Cosimo ne peut faire l'objet d'une commission de votre part signora...

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Malgré la résistance dont pouvaient faire preuves certains humains, aucun d’entre eux ne pouvait se vanter d’avoir lutté contre l’influence que Circé exerçait sur leur esprit et si tel avait pu être le cas ils n’avaient pas eu le privilège de voir une énième aurore dans leur vie. Pour ce qui était de Cosimo Fieschi, s’il avait pu faire preuve d’une certaine volonté grâce à cette position de notable qui lui avait permis de se forger dans l’art politique et légal, il restait cependant un humain dont la grecque se servait depuis plusieurs longues semaines pour satisfaire les intérêts de son époux du moment -et par extension les siens-. Le notable pouvait tout à fait occuper ses soirées avec les femmes de son choix, elle ne pouvait cependant pas laisser s’installer la moindre rêvasserie qui viendrait ralentir voir arrêter le processus de validation du financement. Cette distraction s’offrait langoureusement à la vue de la sorcière qui ne pouvait qu’observer ces mouvements félins qui trahissaient l’accomplissement d’une œuvre de chair des plus récentes. Qui était cette femme pour autant embrumer l’esprit de Fieschi ? Comment avait-elle pu s’attendre à ce que Circé accepte de lui transmettre la moindre requête ?

- Navrée de vous décevoir mais certaines affaires ne peuvent être transmises par une…courtisaneconquête, réagit-elle avant de décrocher son regard de la femme pour le poser sur un serviteur se délectant bien trop de la vue qui s’offrait à lui. Il finit par s’exécuter, quittant la pièce quelques instants avant de revenir muni d’un plateau sur lequel étaient posées deux coupes d’ores et déjà prêtes à être servies ainsi qu’une carafe si elles voulaient être à nouveau servies. Prenant la coupe qu’on lui tendit, Circé y trempa ses lèvres afin de découvrir le goût du vin qui lui était servit puis en prit une gorgée tandis que la jeune femme en face d’elle reprenait la parole. Elle haussa un sourcil. Ainsi donc la présence de cette femme galante n’était que temporaire ? Voilà qui était quelque peu rassurant, quelque peu. Le sourire affiché fit plisser légèrement les paupières de Circé avant que cette dernière ne se fige un instant lorsque la femme poursuivit. Attendre un jour ou deux. A sec. La grecque reprit une gorgée de vin, se donnant le temps de réfléchir à ce qui venait d’être dit et cette éclat qu’elle venait de voir au fond de ces yeux azurs.

- Je comprends bien mieux pourquoi Cosimo n’est pas aussi alerte que d’ordinaire, j’aurai probablement dû prendre quelques dispositions pour m’assurer qu’il ne puisse être détourné des travaux que je veux qu’il mène, répondit-elle avant de porter une nouvelle fois à ses lèvres sa coupe. Caterina Giustiniani. Signora Angelisca, quand comptez-vous me rendre ce qui est mien ?

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Malgré un bon millénaire d’expérience il n’était pas toujours aisé de déterminer à quel genre d’êtres humains Circé pouvait avoir affaire. La plupart se lisaient comme des livres ouverts, transparents tant dans leurs sentiments que dans ce qu’ils voulaient voir être accompli ; d’autres portaient un masque si épais et finement travaillé que la sorcière éprouvait des difficultés à les mater. Même si aucun être humain n’était parvenu à lui résister sans user d’un subterfuge. La femme qui se trouvait en face d’elle faisait partie de ceux dont elle ne pouvait percer les mystères et il s’agissait-là de ces obstacles auxquels Circé n’aimait que peu se confronter. Les mouvements étaient félins. Le phrasé n’était pas issu des basses strates de la société mais il n’y semblait pas y avoir de noblesse pour autant. Elle semblait se servir de Cosimo pour ce que son vit avait à offrir, pourtant elle ne se qualifiait pas de conquête. De fait, Cosimo ne paraissait pas avoir été le chasseur mais la proie, une capture aisée à en croire les mots de la dénommée Romilly. Lorsque cette dernière confirma le fait que dispositions aurait dues être prises qu’il ne cède pas à l’appel de la première sirène venue, Circé plissa légèrement les yeux.

Qui était vraiment cette femme ? Avait-elle agi par simple volonté de satisfaire son désir de luxure ? Ou bien la luxure n’avait été qu’un moyen d’obtenir quelque chose d’autre ? Un rictus déforma momentanément la bouche de Circé avant qu’elle ne maîtrise à nouveau ses traits dans un masque empreint de neutralité. La sorcière grecque savait donner de sa personne lorsqu’il le fallait et lorsqu’elle en avait envie mais son pouvoir lui permettant d’obtenir ce qu’elle voulait, le reste n’était que simple plaisir de la chair. Elle prit une profonde inspiration, laissant la jeune femme poursuivre puis se mouvoir jusqu’à la fenêtre. L’ouvrir pour inspirer l’air qui vint s’engouffrer dans la pièce. Il serait si simple de la pousser et de la laisser s’écraser en contre-bas… mais il n’était pas envisageable de laisser Fieschi être accusé du meurtre, balayant ainsi des semaines de travail. Profitant de l’instant d’inattention de la Angelisca, Circé se leva mais alors s’apprêtait à avancer, cette dernière se retourna et sembla s’adresser à elle. S’installer au bord de la mer ? Si cela pouvait être en une cité éloignée de Gênes, ce n’était guère important de le savoir.

- L’Adriatique a bien plus à offrir que la mer au Milieu des terres, bordée de cité ne demandant qu’à connaître vos… compétences, répondit-elle avant de commencer à s’approcher de son interlocutrice. Je n’ai pas besoin de céder à la fornication pour obtenir ce que je veux, les mots sont bien plus efficaces avec moi. Si vous n’êtes pas une conquête, qu’êtes-vous signora ? poursuivit-elle avant de faire appel à son pouvoir de charme.

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Circé n’aimait pas sensation qui glissait sur sa peau et qui s’y accrochait comme si de la poix lui était doucement versée sur son corps. Cette femme avec qui elle échangeait depuis plusieurs minutes à présent ne lui inspirait pas la moindre confiance. De prime abord, s’il ne s’agissait que d’une humaine, elle ne lui aurait qu’à peine accordé son attention avant d’user de ses pouvoirs pour s’en débarrasser. La faire partir le plus loin possible de la cité. Or, ce qui se trouvait devant elle était loin d’être une mortelle et si sa suffisance pouvait par moment l’induire en erreur, lui faire commettre des faux pas, son instinct ne la trompait pas suffisamment pour qu’elle puisse l’ignorer aisément. Cette plantureuse courtisane était une créature ou une déesse et si elle appartenait à son panthéon, elle se serait d’ores et déjà démasquée. Cette dernière pouvait bien partir où elle le souhaitait tant que sa destination se trouvait être éloignée de Gênes et des terres helléniques. Il n’était pas question que par le plus grand des hasards elle trouve son île et d’autant moins qu’elle soit en contact avec les dieux hellènes : ils seraient capables de croire qu’elle était envoyée par la sorcière elle-même pour leur causer des troubles.

Utiliser son pouvoir de charme en sachant que l’être qui se trouvait en face d’elle n’était pas humain ne se trouvait pas être la pensée la plus illuminée que Circé ait pu avoir ces dernières années. Non seulement cela serait voué à l’échec mais cela révèlerait sa nature sans qu’elle puisse savoir à qui elle avait affaire. Elle vit un sourcil se hausser un court instant sans que toutefois le visage ne perde de sa superbe, ne se départisse de ce sourire charmant et agréable. La femme s’était imperceptiblement rapprochée et elle tendit une main vers la grecque, venant lui caresser la joue. Ne pas essayer de jouer à cela avec elle… Il s’agissait donc bien d’une créature ou d’une divinité mais laquelle ? N’ayant guère le temps de réagir, Circé ne pu se soustraire au baiser que lui vola la signora Angelisca avant que cette dernière ne reprenne rapidement la parole, restant outrageusement -pour cette époque- proche d’elle. A quel jeu pouvait-elle bien se prêter ? Alors que la volonté de saisir cette gorge entre ses doigts la poussa à se pencher légèrement en avant, son interlocutrice décida de s’éloigner.

Serrant les mâchoires, la sorcière prit une profonde inspiration afin de tenter de remettre de l’ordre dans ses pensées puis elle se tourna vers la Angelisca qui avait déjà reprit sa coupe de vin. En ce qui concernait Cosimo la courtisane n’était pas à craindre ? Circé haussa un sourcil. La peste était l’ennemi le plus dangereux pour les humains et non cette mystérieuse créature -ou déesse-. Un léger rire quitta la bouche de Circé qui, sourire aux lèvres, se rapprocha de son interlocutrice.

- La Mort Noire sévit depuis bien longtemps, je vous concède qu’elle est mauvaise pour les affaires. Mais vous représentez un danger équivalent parce que vous perturbez la conclusion d’un accord commercial. Je vous prie donc de rendre son corps et son esprit à cet homme et d’en trouver un autre qui n’est pas déjà sous mon charme, réagit-elle avant de reprendre à son tour sa coupe et d’en boire une longue gorgée sans détourner son regard de celle qui représentait une menace, aussi temporaire soit-elle.

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Rabat-joie. Ce mot prêtait à sourire si toutefois la sorcière se trouvait dans une humeur plus libérée quand cet instant car s’il y avait bien un domaine dans lequel elle savait se montrer sérieux, il s’agissait bien de celui des affaires commerciales. Elle ne voulait pas céder et cette position ferme semblait provoquer le plus grand des ennuis dans l’esprit de son interlocutrice : par tous les dieux, qui était-elle ? Et pourquoi avait-il fallut que cette femme choisisse une proie qui appartenait déjà à une autre ? Elle prit une profonde inspiration, se contentant d’observer cette femme répondant au nom de Romilly alors que cette dernière répondait à la réaction que Circé avait eu en recevant ce baiser si contraire aux conventions de ce monde. Ne pas dégoûter les autres femmes d’une telle expérience. Le visage ne s’était pas mué en expression qu’arborait ceux qui recevaient habituellement les baisers de cette viles tentatrice.

- Aimer les femmes ne fait pas partie de mes inclinaisons et ce n’est pas pour autant que j’empêcherai la réalisation de tels… rapprochements. Je ne doute pas que d’ordinaire vos baisers se révèlent efficaces sur ceux qui les reçoivent et j’en ai la preuve avec notre ami commun.

Elle l’observa s’allonger sur la banquette de manière fort séductrice, se mettant à jouer avec ses cheveux. Une divinité ou une créature ? Mais laquelle ? Toujours les même questions qui restaient pour le moment sans la moindre réponse. Cosimo était vivant et bien portant, fort heureusement. La signora Angelisca aurait pu le tuer mais n’en avait pas vu l’intérêt ? Circé haussa un sourcil, restant toutefois silencieuse. Cosimo pourrait à nouveau se plier à sa volonté mais elle ne pourrait oublier que des pouvoirs avaient pris le dessus sur les siens, lui ravissant l’assujettissement de l’humain. La jeune femme prononça deux mots qui éveillèrent la curiosité de la sorcière : des sœurs ? Et ces dernières semblaient plus enclines à se montrer dangereuses pour leurs proies que celle qui se tenait en face d'elle. Les paupières de la sorcière se plissèrent légèrement alors que cette Romilly lui déclarait que sans elle, elle n'aurait pu savoir qu'il était possible de lui ravir le contrôle psychique de ses humains.


- Oh mais je vous en suis reconnaissante alors vous devriez me dire ce que vous êtes et qui sont vos sœurs, afin que notre petite affaire ne se reproduise pas.

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Revoir son jugement sur la question. Cette femme n’avait décidemment rien en commun avec toutes celles qu’elle avait pu croiser à cette époque, jusqu’alors, et si elle se trouvait être des plus horripilantes pour avoir marché sur ses plates-bandes, Circé ne pouvait nier qu’elle était curieuse d’en apprendre plus. Elle s’employait alors à faire parler celle qui était en apparence qu’une simple humaine, celle dont les baisers provoquaient une sorte de magie, celle qui disposait de sœurs et de frères capables de faire la même chose qu’elle infligeait à son humain. Cette dernière, bien que parlant aisément, ne semblait pas prête à révéler d’elle ce qu’elle était.

- Avec ce baiser, vous me laissez croire que vous craignez celle que je pourrais être. Rien ne me garantie que ce baiser innocent ne provoque point d’effets plus… lents. Lorsque la signora Angelisca lui fit constater qu’elle ne semblait pas reconnaissante que Cosimo soit encore en vie, Circé se pinça les lèvres un instant avant de passer une main sur sa nuque. Décidemment cette femme savait jouer de ses mots et de son corps pour obtenir ce qu’elle voulait, abaisser les défenses de ceux auxquels elle faisait face. Au bout d’un instant, Circé laissa un soupir s’échapper de sa bouche alors que la brune reprenait la parole, lui demandant de se présenter en premier, considérant avoir donné suffisamment d’indice sur sa condition pour ne pas avoir à le faire elle-même. Devait-elle le faire ? Prenant ainsi le risque de se dévoiler auprès d’un être issu d’un panthéon cherchant à éliminer toute trace du sien sur leur terres ? Plaçant ses mains derrière son dos, la grecque se retourna et observa à nouveau au travers du verre qui réduisait les bruits provenant d’en contre-bas. Nul ne soupçonnait ce qu’elle était et elle s’arrangeait pour que cela reste ainsi.

La signora Angelisca reprit la parole et Circé l’écouta. Peut-être pouvait-elle la croire sur le fait qu’il ne s’agissait que d’un malheureux concours de circonstances mais ce qu’elle voulait était la garantie que la brune ne vienne se servir à nouveau de Cosimo. Du moins pas tant qu’il n’aurait pas signé ce maudit contrat qu’elle attendait depuis plusieurs jours. Elle prit une profonde inspiration. L’humain s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et avait été victime du charme de l’Angelisca, s’en trouvant épuisé. Quant à la sorcière elle-même, ainsi donc elle avait eu de la chance de ne pas se trouver en présence d’une des sœurs ou de l’un des frères de la brune. Angelisca. Charme. Frères et sœurs.

- Vous être une création de celui que les humains appellent Dieu ou du moins, faites partie de ses nombreux minions qu’ils lumineux ou ombrageux, n’est-ce pas ? commença-t-elle, son regard se portant sur l’horizon. Un danger pour elle si elle n’y prendre pas garde. Nous nous ressemblons sur un point : nous faisons tomber les humains sous notre charme afin d’obtenir d’eux tout ce que nous voulons. Ce qui nous différencie se trouve être non seulement notre panthéon mais la magie. Vos baisers… votre être tout entier est fait de magie. Moi je la manipule. Elle tourna légèrement la tête sur le côté. Je suis une enchanteresse. De nos jours les humains me nommeraient sorcière et s’en prendraient à moi comme une hérétique. Nos dieux se font la guerre depuis plusieurs siècles et je ne tiens pas à y être mêlée aujourd’hui, quittons-nous sans dommages en espérant ne point nous revoir. Elle se tourna à nouveau vers la brune. Cela vous convient ?

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Une succube. Ainsi donc il s’agissait de la nature réelle de cette femme qui malgré elle avait touché ce qu’il ne fallait pas, cela venait expliquer bien des choses concernant Cosimo. Ecoutant silencieusement les explications de la brune, Circé se pinça les lèvres. Si elle venait à contrarier la créature, cette dernière se servirait alors de magie au travers de ce baiser volé quelques instants plus tôt. Ce Dieu unique disposait vraiment de soldats tous aussi étonnant les uns que les autres, et en l’espace de deux cents ans elle venait de croiser à nouveau un de ces êtres dont les mortels avaient peur.

- Les humains sont si fragiles face aux créatures que les dieux ont créés.

Il était certain que face à de nombreuses créatures les humains se révélaient n’être nulle autre chose que des fourmis qu’il était possible d’aisément écraser. Comment pouvaient-ils résister face à des êtres à même de contrôler leur esprit d’un simple mot ou à l’aide d’une potion ? Comment pouvaient-ils espérer à s’échapper d’une traque menée par les enfants d’Echidna ? Comment pouvaient-ils songer à dormir du sommeil du juste lorsque des créatures de la nuit se tenaient prêtes à bondir, tapies dans l’ombre, prêtes à leur arracher leur âme ou la moindre trace de vie en eux ? Quelques part la succube et elles se ressemblaient, elles se servaient des mortels comme d’un moyen d’obtenir ce dont elles avaient besoin, que cela soit vital ou non. Mais les points communs s’arrêtaient là et Circé devait garder à l’esprit que devant elle se tenait l’outil du Dieu unique, qui pouvait aisément se révéler être une épine dans le pied si elle n’y prenait pas gare. Comme la découverte inopinée que son contrôle sur l’esprit humain pouvait être perturbé par la première succube venue.

- Votre Dieu a peut-être emporté cette guerre d’influence des humains mais il n’est pas victorieux, après tout… les miens existent toujours et certains d’entre eux n’aiment pas tendre l’autre joue. Et de loin d’eux cette idée de se laisser être insultés, certains n’abandonneraient pas l’idée de se venger d’avoir été forcés à s’agenouiller même si deux noms en particuliers y gagnaient à voir simplement le chaos et la guerre régner sur le chemin. Lorsque la brune reprit la parole, Circé haussa légèrement un sourcil avant de laisser un léger sourire apparaître sur son visage. En effet mais je ne donne pas uniquement dans la métamorphose porcine. Lorsque l’on me porte atteinte de quelque manière que ce soit, je suis aussi à même de créer des monstruosités, répondit-elle sans toutefois préciser que la monstruosité à laquelle son esprit songeait n’était qu’une erreur dans un dosage transformant une nymphe en la chose la plus crainte par les marins.

Sans plus de détour, l'enchanteresse indiqua la sortie avant de se diriger vers les appartements de Cosimo : qu'il fut épuisé ou non par la succube, il n'était pas question qu'elle attende quelques heures de plus.

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