«We spend some weekends on the grind Surveillance is outside, we see when you arrive Ride or die, my son» Valence, an 1600 --  feat. Belzébuth

Les muscles étaient endoloris, chaque parcelle de son corps faisait souffrir Olga qui avait depuis bien longtemps oublié depuis combien de temps, elle se trouvait dans cette pièce à devoir écouter les Inquisiteurs la questionner et laisser le bourreau faire son œuvre pour la faire parler. La Reconquista avait été un véritable succès pour les humains désireux de récupérer les territoires occupés d’Al-Andalus, un conflit qui avait duré quelques huit cents ans années entre deux branches de la Foi unique avant que la chrétienté finisse par l’emporter. Si elle s’était employée à prendre les armes du côté de la Foi qui lui permettait de continuer à respirer, sa ferveur dans les combats n’aurait probablement pas été similaire si elle avait su à quel point les humains pouvaient rivaliser d’imagination en appliquant le concept de Limpieza de sangre. Des idées, ça elle en avait eu pour convertir son peuple. Mais des idées visant à s’assurer de la pureté du sang des croyants. Une véritable obsession qui avait finit par créer le tribunal del Santo Oficio de la Inquisición, auquel elle devait faire face en tant qu’hérétique depuis que cet incube sous l’apparence d’un noble l’avait dénoncée. Fornication. S*d*m*e. Protestantisme. Elle s’était refusée à lui, bien trop orgueilleuse pour s’abaisser à une quelconque intimité avec un démon et elle payait les conséquences produites par l’esprit sans limites des êtres humains. Elle senti des doigts venir tirer sur son menton, la forçant à lever le visage vers l’inquisiteur. Elle se souvenait de son regard lorsque le bourreau avait procédé à la Toca. De ses traits crispés par l’agacement alors qu’elle se trouvait sur le Potro,

- No sabes a quién están torturando, Inquisidor, murmura-t-elle en accrochant le regard de l’homme. Creéis que estáis asegurando la pureza del cristianismo, eliminando a estos herejes y que seréis recompensados por ello, pero os equivocáis. Seigneur, qu’il était pénible de s’adresser à son géôlier dans une langue issue du latin, dans ces conditions. Epuisée, l’esprit embrumé par la douleur, elle ne put retenir le rire qui s’échappa de sa gorge douloureuse. Cuando os llegue la hora, seréis juzgados y os esperarán las llamas del infierno por torturame. Une puissante gifle assénée puis elle fut détachée de cette chaise couverte de pics et elle fut entrainée hors de la salle. Marcher était pénible, cependant cela l’était bien moins que de ressentir des poignes fermes sur des bras qui avaient longuement été mis à rude épreuve. Et si elle cru être menée directement à l’instant de sa condamnation à mort, la crainte fit reculer la brume dans son esprit à mesure qu’ils s’enfonçaient dans les couloirs, s’enfonçant sous la surface de la terre jusqu’à un corridor à l’odeur pestilentielle où se trouvaient plusieurs portes constituées de barreaux de fer. Les battements de son cœurs commencèrent à s’emballer tandis que le sentiment de crainte se transformait en une peur bien réelle qui la ramenait plusieurs siècles plus tôt. Por favor no hagas esto, commença-t-elle à supplier, trouvant un regain d’énergie pour se débattre alors qu’ils la menaient jusqu’à une geôle possédant une porte de bois. Puis une voix qui s’éleva non loin d’elle vit se figer Olga. Rares étaient ceux capables d’exprimer une telle moquerie et tous étaient liés de près ou de loin à cette armée dont elle faisait partie. Etait-ce l’incube qui se décidait à lui jouer un nouveau vilain tour ? Ou bien s’agissait-il d’un autre soldat de Lucifer, qui s’était lui aussi fait avoir par l’obsession espagnole de ces deux derniers siècles ?

Jetée sans plus de cérémonie dans la cellule, Olga s’empressa de se recroqueviller contre la porte pour non seulement tenter de sentir un peu d’air mais aussi pour fuir l’oppression de cette pièce qui semblait déjà se refermer sur elle. Que ce supplice soit bref. Il lui fallut produire un effort certain pour s’adresser au goguenard suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre.

- Lequel es-tu, démon ?

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Si elle ne nourrissait pas une grande inquiétude quant à la perspective d’être blessée ou tuée de quelque manière que ce soit, se sachant protégée par la bénédiction conjointe de Michel et de Rémiël autant que par Dieu lui-même, Olga n’en restait pas moins sujette aux faiblesses humaines comme la peur. Elle savait tenir bon face aux méthodes de torture de cette époque mais l’enfermement était sans le moindre de doute celle qui était la plus efficace pour la faire plier. La peur était naturelle, programmée chez chaque être humain pour détecter et répondre à une situation de danger. La phobie, en revanche, était une réaction vive et instinctive d’une crainte angoissante injustifiée d’une choses ou d’une situation, dans son cas : être enfermée dans un espace restreint et sombre. Malgré le brouillard de douleur lié à la séance de torture qu’elle venait de subir, la Sainte avait senti la crainte profonde et insidieuse se réveiller à mesure qu’elle était entraînée sous la surface de la terre, le couloir semblait rapetisser à mesure qu’elle avançait. Elle supplia les deux hommes, se débattant pour ne pas être amenée dans ce qui se cachait derrière cette porte de bois, seule une voix extérieure l’interpellant un instant.

Qui était-ce ? Elle l’ignorait. Tout ce qu’elle savait était qu’elle devrait lutter contre elle-même en présence d’un témoin, qui semblait d’ores et déjà s’amuser de la situation. Désormais dans sa cellule plongée dans la pénombre et recroquevillée sur elle-même, Olga s’employa à tenter de reprendre le contrôler pour ne serait-ce que s’adresser à celui qui osait se moquer. Rapprochant ses jambes de sa poitrine, enroulant ses bras autours, elle ferma les yeux. Combien de temps avant l’exécution publique ? Seigneur, que ce supplice soit bref. Je vous en prie. La voix du vilain la ramena à la réalité. Pas son plus grand admirateur ? Y en avait-il ne serait-ce qu’un seul parmi les démons ? Il riait, cela signifiait qu’il n’était pas mécontent de la voir dans cette situation. Ses doigts se pressant avec force sur ses jambes, elle se força à faire abstraction de la moquerie. Ris tant que tu le peux, démon. Dans cette situation, face à sa plus grande peur, elle ne pouvait pas réagir mais une fois qu’elle serait dehors et qu’elle aurait une occasion de se venger… Contrôler sa respiration et les battements de son cœur ? Quel merveilleux conseil. Plus aisé à donner qu’à réaliser.

Soufflant profondément, Olga s’étendit sur le sol, empoignant sa tunique, et elle s’employa à tenter de maîtriser sa respiration mais la peur restait présente. A nouveau, la voix du démon s’éleva : qu’avait-elle fait pour se retrouver ici ? A cause de la présence d’un démon. Sentant une larme couler sur sa joue, elle sentit un nouveau coup de chaleur la saisir alors qu’elle prenait une inspiration pour s’exprimer.

- Piégée. Dénoncée comme… héré…tique par un… un incube. Protestante. For… fornicatrice. Qu’il soit écrasé par la colère de Dieu. Et toi… qu’as-tu fais ?

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Allongée sur le sol, Olga tentait désespérément de trouver le contrôle dans cet état de panique qui la saisissait face à la folle perspective que cette pièce se referme sur elle… l’écrase. Il lui fallait apaiser les battements de son cœur en ralentissant sa respiration, essayer de détendre ses muscles qui se crispaient, mais comment concentrer son esprit sur l’apaisement quand de l’autre côté de cette porte, dans sa porte geôle, se trouvait un démon riant de la situation dans laquelle elle se trouvait ? Une nouvelle vague de chaleur accompagnée de cette sensation d’oppression la saisit à nouveau alors qu’elle prenait une inspiration pour répondre à la question de ce serpent. La main toujours agrippée au pan de sa tunique, elle songea un instant à cet incube dont elle pouvait imager sans mal le sourire empli d’une satisfaction malsaine de la savoir torturée avant qu’elle ne monte sur le bûcher. Elle avait déjà embrassé la mort et la mission qui lui avait été confiée ne touchait pas encore au but, elle ne craignait pas ce qui l’attendait lorsqu’elle sortirait de cet enfer souterrain. Mais cet incube, elle se ferait une joie toute particulière de lui faire payer ce qu’il lui avait fait.

Sentant son cœur comme se crisper, Olga porta une main sur sa poitrine avec un rictus de douleur avant souffler bruyamment pour reprendre ensuite une profonde inspiration. La voix du démon attira à nouveau son attention, éloignant quelques instants cette peur toujours présente en elle. Ainsi, il avait été torturé et condamné à mort pour s’être acoquiné avec une sorcière et pour hérésie ? Voilà qui n’était guère étonnant pour une engeance telle que les démons. Aucune discrétion, aucune prudence, qu’ils pouvaient être sots ! Si se moquer de la situation du démon fit son chemin dans son esprit, l’espace de quelques battements de cœur, la perspective de subir ce supplice d’être enfermée durant plusieurs jours la ramena droit vers sa peur viscérale. Laissant un cri s’échapper, elle frappa du poing contre la porte.

- Saint Rémiel, consol…consolateur des âmes, apporte-moi réconfort… et encourage…ment dans mes moments de doute… et de déses..poir, murmura-t-elle tandis qu’à nouveau la voix du démon lui parvenait. Jusqu’où la bénédiction qui lui avait été accordée conjointement par les archanges Rémiel et Michel pouvait aller ? Jusqu’à présent, elle avait affronté les maladies, les armes mais le feu… Son corps pouvait-il s’en remettre ? Serait-il protégé d’une quelconque façon et seule la chaleur viendrait faire bouillir ses entrailles ? Peut-être moins… l’incube…  ne voudra pas attendre trop longtemps. Avec un peu de chance, l'impatience du démon le pousserait à non seulement avancer l'exécution mais aussi à se révéler aux yeux de la foule. Expulsant doucement l'air de ses poumons, Olga se recroquevilla à nouveau contre la porte, attendant que les gardes viennent la chercher.

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»Tu n’as pas répondu à ma question. Jusqu’où s’étend ta bénédiction ? »

Il gardait le secret de son nom, elle garderait celui de sa bénédiction.

La cellule était étroite, étouffante. Olga de Kiev, Sainte guerrière, sentait son souffle se raccourcir à mesure que les heures s’étiraient. La peur de ces lieux confinés la tenaillait comme un étau, faisant battre son cœur contre ses côtes avec une force presque douloureuse. Les ténèbres épaisses enveloppaient chaque parcelle de l’espace, transformant chaque son en un écho assourdissant. Une goutte d’eau tombait régulièrement quelque part, sa cadence implacable marquant le passage du temps comme une sentence interminable. Dans cette obscurité oppressante, les bruits provenant de la cellule voisine ne cessaient de capter son attention. Dès son arrivée dans ce cachot, elle avait compris qu’un autre être y était enfermé. Un démon, qui ne lui communiquerait pas son nom. Les murmures rauques, les éclats de rire cyniques et les bruits de métal raclant la pierre ne laissaient guère de doute sur la nature de son voisin. Pourtant, plus que la présence de cette abomination, c’était ce qu’il faisait qui la perturbait.

Les sons avaient changé. Ce n’étaient plus de simples provocations d’abord adressées à elle puis au garde. Maintenant, elle distinguait des bruits précis : des chocs sourds contre la porte de sa cellule. Le démon ne restait pas passif. Il tentait de sortir. Olga ferma les yeux et se concentra sur ses prières. Elle cherchait à apaiser son esprit, à ignorer l’agitation venue de l’autre côté du mur. Mais les paroles sacrées qu’elle récitait dans un souffle n’arrivaient pas à couvrir le tumulte intérieur qui la consumait. Ses pensées s’égaraient malgré elle. Elle se demandait quel mal cet être pouvait semer s’il parvenait à s’échapper. Pourquoi luttait-il si ardemment pour se libérer ? Il faisait partie des démons les plus craints, nul doute qu’il trouverait une nouvelle enveloppe rapidement après être passé sur le bûcher. Cette question en soulevait une autre, plus lancinante encore : et elle, pourquoi restait-elle là, impuissante ? Les chaînes invisibles de la peur l’enserraient plus fermement que celles forgées par ses geôliers. Elle avait affronté des hordes d’ennemis, traversé des champs de bataille ensanglantés, et pourtant, ce cachot sombre et étroit la réduisait à l’état d’une enfant terrifiée.

Ses pensées dérivèrent vers les hommes qui l’avaient conduite ici. Ces inquisiteurs qui, sous le prétexte de servir Dieu, n’avaient fait preuve que de cruauté. Les souvenirs étaient encore vifs : les regards froids, les questions insidieuses, les instruments de torture exposés comme des reliques sacrées. Ils prétendaient purger l’Église de ses ennemis, mais leurs actes trahissaient une soif de pouvoir bien plus qu’une réelle dévotion. Ils avaient souillé le nom du Seigneur par leurs actions, et cela, Olga ne pouvait le tolérer. Elle serra les poings. Si elle parvenait à sortir de cette cellule, elle ne fuirait pas. Elle ne chercherait pas refuge ni réconfort. Elle rendrait justice. Ces hommes pervertis, qui utilisaient la foi comme un prétexte à leurs atrocités, méritaient de goûter à la colère divine. Elle n’hésiterait pas. Leurs âmes appartenaient déjà à l’Enfer ; elle ne ferait qu’accélérer leur voyage.

Un bruit sourd, plus fort cette fois, la fit sursauter. La tentative du démon semblait s’intensifier. Un grondement résonna dans la pierre, semblable à un rugissement étouffé. Était-il en train de réussir ? L’idée d’un combat contre les gardes dans cet espace confiné l’oppressait davantage, mais elle se raccrocha à une conviction inébranlable : Dieu était avec elle. Même dans cette obscurité, même enfermée dans cette tombe de pierre, sa foi restait une arme plus puissante que n’importe quelle lame. Si un garde venait à elle, il ne trouverait pas une femme brisée, mais une guerrière prête à le repousser, coûte que coûte.

Les bruits cessèrent soudainement. Un silence lourd s’abattit, comme si le monde entier retenait son souffle. Olga resta immobile, tendue, ses sens en alerte. Elle ne savait pas si le démon avait renoncé ou s’il préparait une autre manœuvre. La tension était presque insoutenable, mais elle refusait de céder à la panique.

Dans cet instant suspendu, une certitude naquit en elle. Quoi qu’il arrive, elle sortirait de cette cellule. Pas pour fuir, mais pour accomplir la volonté divine. Que ce soit contre ces hommes de l’Inquisition ou contre le démon lui-même, elle agirait. La peur qui l’engloutissait n’était qu’une autre épreuve, une ultime tentation du Mal pour la détourner de son chemin. Elle serait forte. Elle était une sainte, une guerrière, et sa foi lui permettrait de surmonter ces ténèbres. Dans le silence, une seule pensée résonnait dans son esprit : elle ne laisserait les hommes corrompus qui l’avaient enfermée ici, triompher. Ils devaient tous rendre des comptes, et elle serait le bras de la justice divine.

Se relevant aux mots du démon, Olga prit un pas d’élan et abattit son épaule contre la porte de bois, elle répéta l’opération jusqu’à ce que les même bruits entendu précédemment lui parviennent et qu’elle finisse par céder alors que son épaule était devenue douloureuse. Elle s'empressa de sortir.

- Ces hommes pervertissent la Foi... je dois rendre Justice, fit-elle essoufflée, son regard posé sur le démon.

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