"Non. Je ne veux pas voir le moindre païen dans mes hôtels dorénavant. La guerre est déclarée. Si le moindre divin Grec passe la porte, je veux un démon dans sa chambre le soir même. Aucun répit. Même chose pour les Celtes. Ils n'ont qu'à aller dormir dans leurs temples rustiques ou chez leurs fidèles, je ne fais pas chambre d'hôtes." Je terminais de pianoter quelques informations sur un de mes ordinateurs portables, un Mac plus précisément, forcément, CEO d'une multinationale aussi riche en affaires comme la mienne, il fallait bien ça, alors qu'une de mes assistantes me ramenait un Starbucks, je refermais rapidement l'ordinateur, le prenant en main, le café dans l'autre pour me diriger vers l'Ascenseur.

Un seul regard pour l'assistante et elle comprend que c'est les escaliers qui l'attendent. Je n'ai pas besoin d'avoir toujours des gens à mes côtés dans toutes les pièces, et clairement je n'ai pas besoin d'elle à ce moment là. Même si elle semble vouloir connaître la promotion canapé, je me ferai un plaisir de la tringler un autre jour, aujourd'hui j'ai plus urgent. A la limite, je la présenterai à Belzébuth, il se fera un plaisir de la corrompre pour l'emmener en Enfer, elle et son âme. Soyons honnêtes, elle est à peine potable, un 6, tout au plus. Je ne les prends pas pour leur beauté, mais pour leur efficacité. Peut être que pour Noël, je lui offrirai un ravalement de façade.

Enfin les portes de l'Ascenseur s'ouvrent et je vais en direction du bureau de l'un de mes Managers, j'ai quelques problématiques à régler avec lui, sur l'hôtel visiblement, c'est lui qui voulait me voir. Il faut dire que j'ai aussi une vie humaine, malgré moi, pour maintenir les apparences, bien que dans cet hôtel, qui est le principal de ma chaîne, 70% des employés soient des démons. C'est d'ailleurs une certaine agitation qui interrompt ma marche et me fait tourner la tête, alors qu'un de mes vigiles empêche un homme de passer. Et pas n'importe lequel. Je reconnaîtrai cette énergie entre mille, perdu au milieu de nulle part.

Qu'est ce qu'il fichait là Mich Mich couteau à pâté ?

Bien entendu, je n'accède pas à sa demande, le regardant quelques instants de haut, avant de lever les yeux au ciel, puis continuer ma route en direction de là où j'allais initialement, c'est à dire jusqu'au bureau du Manager Daine, qui lui avait certainement d'autres problématiques, hautement plus importantes, que de me casser les pieds pour pas grand chose. Et puis, si j'engageais et faisais sortir des démons plus baraqués que les autres, c'était pas pour rien. Tout de même. Mais forcément, il a fallu que mon frère passe. Je retenais un soupir et de lever les yeux au ciel, alors que pour les apparences, j'affichais un sourire, quand Michel se posta devant moi. "J'ai pris exemple sur Père pour le recrutement. 2 en réflexion mais 18 en combat. C'est pas ça tes caractéristiques ? Oh j'oubliais, 1 en charisme aussi." Je me stoppe alors, Mac toujours en main, le Starbucks dans l'autre, alors que d'un oeil je fais comprendre au démon derrière nous que je gère et qu'il retourne à sa place illico, parce qu'il n'avait déjà pas géré ce problème alors qu'il n'aggrave pas son cas. Maintenant, à la petite scenette d'entrée de l'Ange, j'hausse un sourcil, cette fois ci le soupir passe allègrement la barrière de mes lèvres. "Ascenseur." Que je dis simplement, sans un mot de plus, ni un regard pour lui.

Je m'y dirige alors, en silence, déposant mon café encore plein et chaud dans les mains de ma secrétaire qui venait à peine de finir de descendre les étages et d'arriver au rez-de-chaussée alors que je montais dans la cabine avec Michel, retournant au dernier étage du bâtiment qui était mon bureau, mais également mon penthouse.

Ne lui adressant pas la parole, ne le regardant pas, restant dos à lui, j'attendais patiemment que nous montiâmes les étages et une fois arrivés, j'allais jusqu'à la baie vitrée la plus proche et l'ouvrais en grand. "Bon retour. Maintenant prends tes ailes, et dégage de mon hôtel et de ma vie !"

"Appelle moi encore une fois comme ça, et je te renvoie moi même au Paradis à coup de fourche dans un endroit tellement Saint que tu ne pourras même plus passer la porte et que tu seras Damné à vie." Que je fais alors à mon frère, en me tournant immédiatement sur lui, le regard noir, lançant presque des flammes de rage, alors que mon personnel s'était éloigné, surtout ceux qui passaient dans le couloir, ayant compris parfaitement que ce n'était pas le moment de me demander quelque chose ou encore même de faire une connerie en ma présence, sinon c'était aller direct pour l'Enfer.

En allant alors jusqu'à l'ascenseur, je reste fermé, froid et je ne parle plus à personne. Je n'avais pas envie de le revoir, jamais, à aucun moment de ma vie Michel n'était le bienvenue. En même temps c'était le seul frère qui m'avait envoyé en Enfer. Il était la raison de ma chute, la douleur du voyage entre le Paradis et l'Enfer. Et s'il était là, ce n'était que pour une seule raison : Père. Rien que ça, ça me donnait envie de vomir. D'ailleurs, en arrivant, je lui intimais de prendre ses ailes et de sauter par la fenêtre pour rentrer chez lui. Refus, bien entendu. Et la raison invoquée me fait ouvrir un peu plus grand les yeux. "Attends.. excuse moi une minute.. protéger nos alliances ? Sérieusement ?! Mais c'est la meilleure celle là ! Aucun d'entre nous n'était dans ce putain de labyrinthe monté par des divins à l'esprit détraqué et les Nouveaux Dieux ne sont que des gosses." J'essaie de contenir ma colère, mais clairement, c'est difficile, très difficile. "L'autre gamine de Science là ? Incapable de patienter 3 minutes pour qu'on renvoie un Minotaure dans sa cage qu'elle lâche une bombe nucléaire à la gueule de tout le monde, DONT LA MIENNE. Et c'est MOI qui ne sait pas protéger nos alliances ?!" Je peste, me dirige vers le bar pour me servir un verre de whisky. Je m'arrête alors, observant Michel, avant de sortir un second verre et lui servir aussi un verre. Il a beau être un sacré con, c'est mon frère. "J'aurai été plus qu'en droit de demander réparation, et Père m'a ordonné de ne rien faire, de leur pardonner. J'ai pardonné ! Qu'on ne me dise pas que j'en fais qu'à ma tête comme avant. Je crois que je mets plus d'eau dans mon vin que ce chialeur de Jésus !"

"Oh bien sûr, le Grand Michel dans toute sa splendeur." Que je réplique amer, une fois dans l'ascenseur tous les deux, avant de reprendre. "Tu n'as eu le dessus sur moi, uniquement que parce que Père l'a bien voulu et parce que j'ai mis à l'amende trois de nos frères juste avant. Tu es arrivé à la fin pour finir le travail et tu te prostrés en Héros ? Arrête de lire la Bible, tu vas vraiment finir par y croire." Je ricane légèrement, mauvais. "Je reste le fils préféré de père, la preuve en est que je ne suis pas mort de un, j'ai obtenu tout un Royaume à gérer, là où tous ceux qui m'ont suivi n'ont été que des Hommes pendant des siècles, et encore aujourd'hui, c'est moi qu'on vient voir en premier, parce que moi, j'accepte de me salir les mains et de dire ce que je pense à Père, là où vous, vous préférez aller vous recroqueviller dans votre coin, attendant que votre colère passe." Je lève les yeux au ciel, alors que l'ascenseur s'ouvre et que nous pénétrons dans mon penthouse, me servant immédiatement un whisky, étant donné que la suite ne me plaisait pas du tout.

Forcément, je me défends. Il veut quoi encore Michel avec sa missive ? Je la récupère et la lis rapidement en diagonale en grognant, avant de la laisser brûler entre mes mains. "Très bien, il veut jouer ? Pas de soucis, je vais envoyer Guerre dire Bonjour au Pape. Comme c'est son idée de la faire sortir, il n'y verra pas d'inconvénient de la voir en Personne. S'il meurt, Père devra s'en trouver un autre." j'hausse alors les épaules, ce n'est qu'un humain de toute manière, des Papes, il peut y en avoir des centaines, Guerre il n'y en a qu'une. Et voilà que Michel commence à prendre ses aises, s'installant tranquillement sur un des canapés. "Tu veux pas une bière tant qu'on y est ? T'es pas chez toi. D'ailleurs, c'est quoi cette enveloppe ? T'as pris le premier clochard que t'as trouvé dans la rue ?"

Et enfin, vint le sujet le plus touchy à mes yeux. Les alliés. Enfin, si on peut appeler ça des alliés. je grimace un peu et regarde au loin par la baie vitrée, mon verre de whisky toujours en main, le faisant tourner un peu. "Je n'en ai rencontré que trois pour le moment. Science est la plus antipathique des trois. Une adolescente impatiente qui se pense supérieure à tout le monde mais qui est incapable de patienter pour obtenir ce qu'elle veut. Elle est capable de produire une explosion nucléaire qui part d'elle. Elle est dangereuse. Le jour où Père voudra stopper l'alliance, c'est certainement la Premier à tomber, elle peut faire sauter des villes entières." Un instant de silence, alors que je prenais le temps de boire un peu de whisky. "Puis vient Internet, une enfant, dans un corps d'adolescente. Difficile à suivre, sûrement parce que nous sommes nous même dépassés, elle semble blasé de tout, de ce que j'ai compris, c'est la petite dernière de son panthéon, sur les réseaux elle peut avoir la moindre info en quelques instants, et enfin Argent.." Je me tourne enfin vers Michel pour l'observer. "C'est Père. Il fait bonne figure, il rabroue ses "enfants" devant les autres et donne bonne figure, je l'ai vu à la réunion que j'ai tenu, mais il n'en pense pas moins. Nous ne sommes qu'une alliance de fortune pour lui. Il est extrêmement puissant, si ce n'est le Divin le plus puissant juste derrière Père. De toi à moi, c'est la première fois où j'ai un doute de victoire de notre part si on fait un affrontement frontal. J'ai évalué toutes nos forces. Notre seul salut, serait que Père lui même descende, et il ne l'a jamais fait."

"Je ne dors plus depuis que je suis devenu le Roi de l'Enfer, Père m'a enlevé ce droit. Bienheureux ceux qui peuvent encore dormir." Que je répond alors sombrement, toujours dos à lui, alors que j'attends la fin de la montée de ce fichu ascenseur, dans le silence. Je n'ai pas envie de le voir, ni sa tête, ni son vaisseau, son énergie, lui, tout court. Il m'énerve, et je ne comprends pas pourquoi Père a décidé que de me le mettre dans les pattes était une bonne idée. Parce que c'est faux.

Et j'en ai la preuve supplémentaire avec cette missive, que je finis par faire brûler sous ma rage, entre mes doigts alors que je sous entends que ma chère Guerre, une des 4 terreurs, les pires saletés que l'Enfer puisse refermer, irait dire bonjour à l'homme censé être le plus Saint sur Terre. La réaction de mon frère jumeau ne manque pas de me faire sourire en coin. "Oh, vous n'êtes donc pas au courant ? Gabriel semblait pourtant bien informé de la situation. Il faut croire que la hiérarchisation parmi vous à encore fait des siennes." Puis, mon sourire s'éteint alors que je vois bien dans son regard ce qu'il pense. "Change ce regard immédiatement. J'ai refusé de la faire sortir. C'est une idée du Pape. Mais on ne m'a pas laissé le choix. Je suis le Roi de l'Enfer te rappelles tu ? Satan. Lucifer. Le Mal incarné. Le Malin, le Diable, je suis le Mal. Père a ordonné, j'ai pris mes responsabilités, elle est dehors, mais ce sont sur ses ordres." Je laisse un instant de silence, buvant une gorgée de whisky, avant de reprendre avec un doux sourire sarcastique. "Mais si tu ne me crois pas, je t'en prie, vas donc discuter avec, lui."

Et voilà par la suite que Michel se prends pour un squatteur 2.0, à prendre mon canapé comme son nouveau fauteuil, me faisant hausser un sourcil, plus un commentaire par la même occasion. En entendant son nom puis voyant la prothèse, je lèves les yeux au ciel. "Toujours quelque chose pour te faire remarquer." Puis je lui tourne le dos à nouveau, allant vers mon bar pour me servir un second verre, tout en commençant le tour d'horizon des nouveaux Dieux, sur un ton bien plus sérieux. Bien que Michel me sorte par les yeux, je n'étais pas stupide au point de ne pas prendre en considération ses qualités indéniables de combattant. "Encore ses plans stupides qu'on doit deviner nous même. Un jour il faudra vraiment lui passer le mot qu'on a pas le temps de jouer, surtout qu'on entre dans une période de guerre intense. Les Slaves, les Nordiques et les Grecs ont créé un semblant d'alliance, tandis que les Celtes de leur côté commencent quelque chose aussi. On a perdu Marseille, et tu es le seul Ange présent dans les parages, du moins.." Je laisse passer un silence, et termine, bien plus amer. "Reconnu comme tel."

Puis, faisant apparaître dans la main de mon frère une carte enflammée, il y vit le numéro d'Arthur Dupré. "Voici le numéro de Belzébuth. Il travaille en étroite collaboration avec Science, il pourra t'en dire plus sur elle. Elle est proche d'Internet. Mon seul conseil est d'éviter tout ce qui touche à la technologie, mais pour avoir des infos sur eux sans la technologie.. bonne chance."

"La ferme le boiteux." Que je rétorque alors, accompagné d'un joli doigt d'honneur dans sa direction, alors que je vais immédiatement vers le bar pour me servir un verre. Je sais que les discussions avec lui sont irrémédiablement chiantes et surtout, il arrive à me faire sortir de mes gonds très vite. Entre Père et lui, je ne saurai dire lequel des deux est le plus rapide. Peut être faire un concours un jour tiens, par curiosité. Finalement, nous changeons de sujet, et nous arrivons sur quelque chose d'un peu plus amusant pour moi, même si, en soit j'en ris un peu jaune, parce que je ne comprends toujours pas le plan de Père sur ça, que je trouve encore un peu trop brutal. Qu'on ne se méprenne pas, je n'ai jamais aimé les humains, je les méprise tous, je n'ai aimé que Père, et je lui ai donné tout l'Amour qu'il méritait avant que je ne me fasse jeter de la Cité d'Argent, mais ça.. invoquer Guerre en première.. C'est presque une volonté de suicide. Ou alors de chaos. Mais j'ai négocié, négocié de nombreuses choses avec lui, et j'en ai obtenu de nombreuses, des assurances aussi. Il reste Dieu et sa parole vaut quelque chose, tout comme la mienne. J'ai beau être le Diable, je ne mens pas. "Tu iras t'expliquer avec le Pape, de toute manière, on ne me laisse plus accéder à la Basilique sans l'un de mes précieux Frères, parce que moi aussi j'ai des trucs à dire au Pape." Que je répond dans une tirade sarcastique avec mon verre de whisky au bord des lèvres et qu'il me présente son véhicule. Si je montre peu d'intérêt de prime abord, il n'en est rien intérieurement. Je note chaque information qu'il me donne pour m'en servir plus tard, mais il le sait bien. De chaque frère que je puisse avoir, il est celui qui me connait le mieux, et en même temps..

"Tu peux le lancer sur quelqu'un le cas échéant, ça crée un effet de surprise si jamais tu es pris au dépourvu, penses y." Mon visage était tout à fait sérieux, mais le sourire qui bordait mes lèvres contrastait totalement, alors qu'on abordait par la suite les plans de Père, ce qui rendit immédiatement mon visage bien plus sombre et non jovial. Les remarques de Michel à ce sujet ne manquèrent pas de me faire râler un peu plus. "Avec tes références humaines stupides, tu me donnes encore plus envie de vomir. Je préfère largement être l'idole de soldats qui seraient prêts à mourir pour moi, que de gamins émo gothiques qui pensent que le satanisme c'est une mode." Sujet sensible, à aborder avec modération. "Ineffable mon cul. Il ne sait juste jamais où il veut vous emmener, donc il marmonne deux trois conneries et c'est à vous de réfléchir à sa place, et quand quelqu'un à enfin l'ampoule qui s'allume au dessus de ses plumes, Père finit par dire, voilà, c'est exactement ce que je voulais vous faire comprendre, et tout le monde dit Amen. Arrête d'être con Michel putain." ça y est, je recommence à m'énerver, et le sujet des nouveaux Dieux n'arrange rien, je termine mon verre cul sec, et je pars dans une énumération si rapide que j'en perd le compte moi aussi. "La technologie, l'argent, la science, Internet, les médias, la Mondialisation, les véhicules, la route, les fusées, l'aérospatial, les téléphones, les caméras de surveillance. TOUT MICHEL, absolument TOUT. Tu veux espionner l'Espion avec un grand E ? Bonne chance. Plus rapide qu'Internet même ? Maîtriser les flux monétaires que le Dieu de l'Argent gère en temps réel ?" Je prends un temps de pause, alors que ma rapidité pourrait passer pour de la panique, alors que c'est surtout de la colère. "Père a laissé ses divinités grimper, il a laissé la Science se développer, puis la technologie apparaitre avec le temps, pourquoi ? Pour qu'aujourd'hui nous faisions face à ÇA ! Et le seul moyen de gagner, c'est de frapper si fort, avec une force que même moi je n'ai pas envie de faire sortir des Enfers, parce qu'elle est incontrôlable."